Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les routes de l'imaginaire - Page 10

  • L'enfance d'Alan. - Emmanuel Guibert (L'Association, 2012)

    guibert.jpgAprès avoir écrit La guerre d'Alan, Emmanuel Guibert nous fait découvrir L'enfance d'Alan. Alan Ingram Cope est un vieil américain rencontré par l'auteur à l'Ile de Ré et qui lui a confié ses souvenirs de soldat, d'abord aux Etats-Unis pendant la préparation militaire, puis en France pour le Débarquement. Cette fois c'est l'Amérique d'avant-guerre qui est évoquée. Alan nait en Californie dans une famille modeste qui est rapidement confrontée à la crise économique. Il nous fait partager ses émotions d'enfant, ses premières découvertes, ses chagrins.

    Beaucoup d'anecdotes dans ce recueil qui a un charme un peu "rétro" tout en restant sobre et plein de justesse  sans nostalgie excessive. Le dessin, d'abord en couleur, passe au noir et blanc et reste assez sombre avec beaucoup d'ombres et des effets graphiques originaux. Et cela me donne bien envie de connaitre la suite, donc de lire La guerre d'Alan...

  • Les secrets du IIIè Reich. - François Kersaudy (Perrin, 2013)

    kersaudy.jpgPour ce billet, je laisse la plume souris à mon mari.

    Ayant déjà écrit de nombreux ouvrages sur la Deuxième Guerre mondiale, (on lui doit notamment une passionnante biographie de Churchill), François  Kersaudy  se penche cette fois sur les coulisses du IIIème Reich. S’appuyant sur une solide bibliographie, il démonte les mécanismes secrets qui ont permis la mise en place de ce système totalitaire.

    D’une lecture agréable, ce livre montre  certains traits de la personnalité d’Hitler et présente le côté « boite de scorpions » des principaux dirigeants du régime, véritable mafia. Depuis les antécédents familiaux du chef nazi jusqu’à sa santé en passant par ses relations avec les femmes, de la folle équipée de Hess à la Nuit des longs couteaux, l’auteur insiste sur certains aspects, certes connus, mais il en  fait une  description si fouillée et si documentée que cela nous permet de mieux comprendre comment une telle barbarie a pu voir le jour au XXème siècle.

    Historien rigoureux, François Kersaudy allie dans ce livre le sérieux de la documentation et le plaisir de  lecture.

     

    Merci à Babelio

  • Le code de Cambridge. - Tony Gheeraert (Le Pommier, 2010)

    gheeraert.jpgArnaud est un étudiant parisien plutôt falot et il est tout étonné quand on lui propose une prestigieuse bourse pour aller étudier à Cambridge. Le thème de la recherche : Lady Charity Backwater, mystérieuse puritaine qui vécut au temps de la révolution anglaise et fut accusée d'avoir poignardé son mari, un fidèle du roi Charles 1er. Mais une fois à Cambridge, il est logé dans un manoir qui présente toutes les caractéristiques du manoir hanté, la jeune universitaire avec laquelle il a commencé à sympathiser est retrouvée assassinée peu après qu'il l'ait quittée, et il apprend que tous les étudiants qui ont travaillé sur le personnage de Charity Backwater ont soit disparu, soit été enlevés, soit ont carrément été assassinés ! Il faut l'admettre, cette histoire est étrange, d'ailleurs des phénomènes bizarres ont lieu dans le manoir...

    C'est un régal de lire cette histoire qui est dans la lignée des très bons romans policiers historiques avec ses vieux grimoires, son cadavre dans la bibliothèque, ses revenants et ses références littéraires et historiques. La brume anglaise se prête bien à cette ambiance et l'érudition de l'auteur se mêle à un humour très british ! A ne pas lire seul dans une maison isolée...

    J'ai reçu l'auteur dans la médiathèque en même temps que Claude Pujade-Renaud (il est à droite sur la photo. A gauche c'est le libraire de la librairie Un ange passe à Versailles)

     

    Rencontre auteurs juin 2013_2.jpg

  • A l'ombre de l'oubli. - Mireille Disdero (Seuil, 2013)

    disdero.jpgViolette est une lycéenne passionnée par l'écriture et elle participe avec enthousiasme à un site d'atelier d'écriture de poésie. Un éditeur s'y inscrit et donne des conseils aux écrivains en herbe en les encourageant et en flattant leur créativité. Arnaud, très amoureux de Violette, en devient presque jaloux. Une rencontre "réelle" est organisée par l'éditeur à Paris et Violette y participe. A son retour elle n'est plus la même et même Arnaud, son ami et confident, ne réussit pas à la faire parler. Elle a perdu sa vivacité, ne participe plus au site et interdit les commentaires sur son blog. Pourtant c'est Arnaud qui réussira à lui arracher la vérité...

    Comme dans son précédent roman, Ma vie océan, Mireille Disdero réussit à parler de sujets très douloureux de manière très pudique. On se doute rapidement de ce qui s'est passé et on assiste impuissants à la longue descente vers le néant de Violette. C'est la parole, pas celle que l'on écrit sur un site, mais celle d'un proche, qui réussira à mettre des mots, même douloureux, sur la réalité.

  • Dans l'ombre de la lumière. - Claude Pujade-Renaud (Actes sud, 2013)

    pujade.jpgAvant d'être un saint homme, Saint-Augustin a été Augustinus, un homme qui vivait loin de la foi chrétienne et faisait partie des "manichéens". Pendant une quinzaine d'années, il a vécu en concubinage avec Elissa pour laquelle il a eu une passion très charnelle. Au bout de quinze ans, influencé par sa mère, il la répudie pour faire un riche mariage avec une très jeune fille. C'est à ce moment qu'il a la révélation de la foi et qu'il se convertit à la religion chrétienne. Il deviendra évêque et aura une grande influence intellectuelle et morale.

    Le livre commence dix ans après leur séparation alors qu'il vient faire un sermon à Carthage où habite Elissa. C'est l'occasion pour elle d'évoquer leur relation forte et douloureuse. Elle est encore sous l'emprise de cet homme qui a été pour elle un amant inoubliable et un compagnon d'une intelligence supérieur. Maintenant il prône la rigueur et la chasteté, il villipendie les femmes infidèles et n'hésite pas à se rapprocher du pouvoir pour augmenter son influence. Elissa oscille entre la nostalgie des moments heureux et la colère envers cet homme...

    Claude Pujade-Renaud réussit de manière magnifique à la fois à décrire une époque et à évoquer des sentiments qui sont, somme toute, universels. Les personnages secondaires sont également très attachants, sa soeur et son beau-frère qui sont païens, Sylvanus le savant copiste infirme, Monica la belle-mère... J'ai eu la chance de la faire venir dans ma médiathèque et elle a parlé avec passion de son livre et de la manière dont elle a inventé le quotidien d'Elissa tout en se documentant sur l'aspect historique et religieux.

    Rencontre auteurs juin 2013_2.jpg

  • Le dernier roi d'Angkor. - Jean-Luc Coatalem (Grasset, 2010, Livre de poche, 2011)

    51Preljn2wL._SY445_.jpgA la suite d'une rupture amoureuse, Jean-Luc Coatalem fait le point dans cet appartement familial qu'il occupe et qui porte encore les traces de ses parents et grands-parents. Beaucoup de souvenirs coloniaux, restes des voyages de membres de sa famille. Et des photos. Et, parmi elles, celle d'un garçon du même âge que lui et son frère, Bouk, qui habitait chez son grand-père. En semaine il était en pension, et le dimanche il venait à Viroflay et a fit longtemps partie de la famille avant de disparaître. Il était Cambodgien et la légende familiale disait qu'il était reparti à Angkor. Jean-Luc Coatalem, hanté par cette histoire, part à sa recherche en France, à la pension, au téléphone auprès d'homonymes. Et enfin au Cambodge où il part réaliser un reportage.

    Ce récit est très personnel et cette quête est sans doute une étape importante dans la vie de l'auteur. On y assiste presque en voyeur, mais le style de Coatalem, classique et précis, nous rappelle que, plus que l'histoire elle-même (encore un secret de famille...), c'est la manière très personnelle de la raconter qui est importante. Un récit intéressant, entre confession et récit de voyage...

  • Nouilles froides à Pyongyang. - Jean-Luc Coatalem (Grasset, 2013)

    nouilles.jpgCoatalem, journaliste à Géo, cherche à faire un séjour en Corée du Nord pour illustrer une série de photos. Comme il est inutile d'essayer d'y aller comme journaliste, il se fait passer pour un agent de voyage qui souhaite prospecter pour organiser des voyages là-bas. Il emmène avec lui un ami qui n'a jamais voyagé. Dès l'arrivée, leurs passeports leur sont confisqués et on leur adjoint trois guides/gardiens/chauffeurs. Leur itinéraire a été soigneusement préparé et ils vont devoir suivre à la lettre le programme sans "temps libre". Aucun contact n'est possible avec la population. La nourriture est rationnée, même pour eux, ce qui augure de ce qui se passe pour la population. Le culte du chef suprême est présent partout. Tout est fait pour garder le pays le plus fermé possible.

    Coatalem garde un ton léger pour décrire ce séjour, il raconte quelques anecdotes dont il préfère rire même si c'est toujours fondamentalement dramatique pour ce pays et ses habitants. Je l'ai vu à "Etonnants voyageurs" parler de ce livre. Il ne se considère pas du tout comme un spécialiste de la Corée du Nord, mais sa courte expérience permet quand même d'avoir une vision actuelle de ce pays. C'est un récit facile à lire qui complète la vision, plutôt légère et humoristique aussi, de Guy Delisle dans Pyongyang (chroniqué sur mon ancien site)

     

  • L'Arche des Kerguelen : voyage aux îles de la Désolation. - Jean-Paul Kauffmann, Flammarion, 1993)

    kauffmann.jpgLes Kerguelen, un archipel au bout du bout du monde. Découvert au 18è siècle par le chevalier Kerguelen, oublié, retrouvé, jamais apprivoisé, il sert aujourd'hui de base pour quelques expériences diverses. Trop venté et trop loin de tout, il n'a jamais été réellement colonisé. Kauffmann en rêvait, il y est allé et a vécu plusieurs semaines dans ces îles bien nommées de la Désolation. Toutes les tentatives pour s'y installer ont échoué, seuls quelques scientifiques et quelques militaires font des séjours là-bas. En effet son éloignement lui vaut de posséder encore quelques spécimens de flore et de faune disparus ailleurs. Sensible à l'envoûtement de ce lieu, il découvre les différentes facettes de l'île et essaie de rejoindre le lieu mythique de l'Arche, une voûte de pierre de cent mètres de hauteur à l'entrée de Port-Christmas. Mais les Kerguelen doivent rester un mythe...

    J'avais lu ce livre à sa parution en 1993 mais je l'ai trouvé chez un bouquiniste et l'ai relu avec plaisir. Kauffmann a un réel talent pour s'immerger dans des lieux extraordinaires, loin de tout, et chargés de mystère et pour en tirer des récits passionnants : les Kerguelen, mais aussi Saint-Hélène avec La chambre noire de Longwood, Courlande, et aussi La maison de retour pour cette maison isolée dans les Landes. C'est un livre qui nous transporte certes dans l'espace mais aussi dans le temps car cet archipel est comme hors du temps et Kauffmann l'esprime très bien.

  • Je vais beaucoup mieux que mes copains morts. - Viviane Chocas (Heloïse d'Ormesson, 2012)

    chocas.jpgLe jour où Blanche demande à un pensionnaire de la maison de retraite ce qu'il va faire de sa journée, celui-ci lui répond : "Comme d'habitude, fauteuil !". Cette phrase la décide à mettre en place un atelier d'écriture. Le début est difficile, la confiance doit s'installer, il faut trouver des thèmes, savoir écouter, savoir se livrer aussi. Mais ce projet aboutit au-delà de ses espérances car le groupe de pensionnaires entreprend un jour de partir en cavale...Parallèlement Blanche essaie de transformer son histoire de désir en histoire de coeur...

    J'ai pris ce livre car j'ai été accrochée par le titre (c'est la phrase que dit un monsieur de 85 ans) et car je me souvenais de Bazar magyar du même auteur que j'avais lu à sa sortie en 2006. Le début évoque vraiment bien l'atmosphère d'une maison de retraite avec ceux qui perdent la tête, ceux qui vont encore bien, ceux qui ont l'air d'aller bien,...La deuxième partie part un peu en vrille de manière très sympathique, façon Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire... En revanche les chapitres intermédiaires sur la passion charnelle torride de Blanche et de son livreur de pizza me posent un problème : vais-je pouvoir conseiller ce livre aux petites dames retraitées qui viennent à la bibliothèque ??? ;-)

     

  • Mes lecture jeunesse du mois

    amour ennemi.jpgAmour ennemi. - Florence Delaporte (Oskar éditeur, 2013)

    Justine, jeune retraitée récemment veuve, va voir sa cousine en Allemagne; A cette occasion elle lui raconte ce qu'elle n'a dit à personne : pendant la guerre elle a été amoureuse d'un Allemand mais ne l'a jamais revu ensuite. Elle revit avec sa cousine ces années qu'elle n'oubliera jamais.

    Un beau roman sur un sujet difficile. C'est, comme souvent, dommage qu'il soit en collection pour la jeunesse car il pourrait plaire à des personnes qui ont vécu ces années-là. Mais bien sûr cela n'empêche pas de leur offrir...

     

     

     

    la ou je vais.jpgLà où je vais. - Fred Paronuzzi (Thierry Magnier, 2013)

    Une journée comme les autres au lycée, pourtant, pour quatre élèves, ces heures seront inoubliables. Ils vont ce jour-là être aidés par quelqu'un, se débarrasser d'un poids, avouer l'inavouable ou changer de vie...

    Un livre très fort qui pointe des situations d'adolescents en grande souffrance. Mais sa grand force est de donner de l'espoir...

    Je suis décidément une inconditionnelle de cet auteur depuis Mon père est américain et Un cargo pour Berlin !

     

     

     

     

    je suis un arbre.jpgJe suis un arbre. - Carole Zalberg (Actes sud junior, 2013)

    Fleur est une adolescente comme les autres, sauf qu'elle vit seule avec sa mère et sa mère est alcoolique. Cela signifie qu'elle dort souvent le matin quand Fleur part, qu'elle dort aussi souvent le soir quand elle revient. Mais parfois elle a disparu, parfois elle est allongée devant la porte ou encore elle est dans un café. Comment vivre normalement, se faire des amis quand on a ce poids. Heureusement elle rencontre Louna dont le père travaille la nuit et qui se sent très seule aussi.

    Un livre plein de sensibilité sur un sujet délicat.

     

     

     

     

    qui va loin.jpgQui va loin revient près. - Christophe Léon (Thierry Magnier, 2013)

    Kimia, jeune congolaise de neuf ans, est envoyée à Paris où elle doit être adoptée. Son père est malade et pense que c'est pour son bien. Mais après des débuts difficiles auprès d'une "tante", elle rejoint ce couple qui va lui apprendre à être une employée modèle, à les servir et à faire le ménage. Pendant huit ans elle va être à leur service sans pouvoir sortir. Le jour où elle s'enfuit, elle se rend compte qu'elle ne connait rien du monde extérieur et qu'elle est une sans-papier...

    On entend parler de ces couples qui profitent du statut de sans-papier de jeunes filles étrangères pour les exploiter. L'auteur nous emmène au coeur de cette situation et dans l'engrenage qui va suivre. Un livre très fort comme les autres de Christophe Léon (Engrenages, La randonnée, Dernier métro)