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Roman étranger

  • Wilderness. - Lance Weller (Gallmeister, 2013)

    wilderness.jpgDans une maison de retraite, une dame âgée et aveugle revient sur sa vie. Une vie étrange puisqu'elle évoque ses "trois" pères. Le second notamment qui a eu une destinée hors du commun. Après avoir survécu aux terribles combats de la bataille de Wilderness, en 1864, il se terre dans une cabane au fond des bois. Traumatisé par la violence des combats de la guerre de Sécession, il vit comme un ermite mais décide un jour de partir et de rejoindre le lieu où il vécut heureux dans sa jeunesse. Mais il est attaqué par deux hommes qui lui volent son chien et il part à leur poursuite jusqu'à cette découverte dans la montagne...

    C'est le premier roman de l'auteur et on ne peut qu'admirer son talent pour avoir créé un tel personnage avec un tel destin ! Un homme que tout destinait à une vie banale pris dans les tourments de la guerre, son retour et sa solitude  proche de la folie, la fin de sa vie enfin où il se surpasse involontairement avec cette épisode final inoubliable (je ne le raconte pas...). L'écriture est recherchée, dense, précise, l'auteur prend son temps pour la description des hommes comme celle des lieux et des paysages. Même si j'ai trouvé quelques longueurs, quel talent et quel souffle pour présenter ce destin à la fois humble et grandiose, américain certes mais aussi universel !

    A lire l'interview de l'auteur par Incoldblog

    Ils l'ont lu et ont aimé : Dominique, Keisha, Papillon et sans doute beaucoup d'autres

  • Intermède. – Owen Martell (Autrement, 2013)

    intermede.jpgQuelques semaines dans la vie de Bill Evans… En 1961, Bill Evans, pianiste de jazz génial et tourmenté, est terrassé par la mort de son bassiste, Scott Lafaro et sombre dans une profonde dépression. Son frère l’invite chez lui quelques jours, puis ses parents, tous essaient de l’aider et de l’éloigner de ses mauvais démons (drogue et alcool). Un personnage tel que Bill est forcément le centre de la famille et chacun se positionne par rapport à lui, revient sur les souvenirs communs, essaie de le soutenir sans déséquilibrer sa vie familiale.

    Ce récit très littéraire et très poétique n’est pas du tout une biographie de Bill Evans, juste une évocation de ce musicien à un moment particulier et dans son contexte familial. L’auteur insiste sur les réminiscences que sa présence provoque chez ses proches, et le musicien lui-même n’est souvent vu qu’à travers le regard des autres. Un récit original mais dans lequel j’ai eu du mal à entrer, malgré toute l’admiration que j’ai pour la musique de Bill Evans.

     

    L'avis enthousiaste de L'Ivre de lire

  • La Lettre à Helga. - Bergsveinn Birgisson (Zulma, 2013)

    lettre helga.jpgArrivé à la fin de sa vie, Bjarni écrit une lettre à celle qui a été le grand amour de sa vie, Helga. Agriculteur passionné par son travail, ses moutons, son pays, l'Islande, il a des accents lyriques pour parler de son quotidien et de la nature. Ses accents sont aussi lyriques pour évoquer Helga, sa voisine, qu'il a passionnément désirée, qu'il a aimée pendant une année, et qu'il a continué à chérir le reste de sa vie.

    Ce petit livre a été un vrai bonheur de lecture et un réel coup de cœur pour moi. La coexistence d'envolées poétiques , de considérations pratiques sur la vie des éleveurs, de détails crus sur son désir et sa relation avec Helga, et les épisodes franchement drôles (le saloir...) donne un charme fou à ce petit texte. Certains ont été agacés par le personnage de Bjarni, égocentrique et lâche. Pour ma part j'ai appréhendé ce texte un peu comme un racontar de Jorn Riel avec des détails réels mais aussi des exagérations propres aux récits nordiques, donc j'ai été émue mais j'ai aussi éclaté de rire à certains passages. Un récit original à découvrir...

    Les avis de Fransoaz, Midola, Jérôme, Hélène

  • Transatlantic. - Colum McCann (Belfond, 2013)

    irlande1845. Frederick Douglass, noir américain défenseur de la cause noire, est invité par son éditeur à faire une tournée en Irlande pour la sortie de son livre. Il est ovationné par les Irlandais. Sans doute influencée par ses idées, la jeune femme de chambre de son éditeur, Lily, quitte ses employeurs et prend le bateau pour les Etats-Unis. Son destin et celui de ses descendants en seront bouleversés.

    1919. Alcock et Brown tentent la première traversée de l'Atlantique en avion. Parmi les journalistes, Emily Ehrlich (fille de Lily) et sa fille, Lottie, jeune photographe. Elles confient aux pilotes une lettre à remettre en Irlande, ce sera le premier courrier postal aérien.

    1929. Emily et Lottie partent en Angleterre, puis en Irlande, rencontrer Brown, le héros de la traversée de l'Atlantique.

    1998. Le sénateur américain Mitchell est délégué pour mettre en place les pourparlers de paix en Irlande. Il y rencontre une drôle de journaliste, l'esprit encore alerte dans son fauteuil roulant, Lottie Ehrlich.

    2011. Hannah, la fille de Lottie, petite fille d'Emily et arrière petite-fille de Lily, a en sa possession la lettre confiée à Brown en 1919. Ce document a de la valeur car il parle d'un épisode de la vie de Frederick Douglass.

    Quand le roman de termine, la boucle est bouclée. McCann réussit avec ce roman à donner du souffle à une épopée individuelle, celle de Lily, qui est le symbole du courage des émigrants irlandais. L'histoire est magnifique, la construction parfaite et les personnages attachants. Comme Papillon je reste toutefois un peu sur ma faim car j'aurais, moi aussi, aimé cotoyer plus longuement ces personnages féminins hors du commun (et peut-être abréger un peu le périple de Douglass...). J'avais lu et adoré Le chant du coyote et Les saisons de la nuit et j'avais ensuite avandonné McCann...; j'ai eu tort car c'est un excellent raconteur d'histoires.

  • Toni Morrison. - Home (Bourgois, 2012)

    9782267023831.jpgFin de la guerre de Corée. Un homme, Frank, erre, en proie à des pensées noires et à des angoisses. Il n'a pas réussi à avoir une relation stable avec sa petite amie, trop envahi par ses démons. Et là il a appris que sa petite soeur avait besoin de lui et il va parcourir plusieurs centaines de km pour la retrouver. Ycidra avait quitté leur village natal en se mariant. Après cette expérience qui s'est avérée désastreuse, elle a trouvé du travail chez un médecin mais celui-ci a mis sa vie en danger en réalisant des expériences sur elle. Tous deux vont retrouver leur village natal, ce "Home" qui a été si douloureux et pesant pendant leur enfance et apparait maintenant comme un havre de paix.

    Parrallèlement à cette trame, c'est l'atmosphère de l'Amérique des années cinquante qui est évoquée dans ce récit. La pesanteur des traditions et de la morale, l'opprobre jetée sur les Noirs et encore plus sur les femmes noires, la pauvreté d'une majorité de citoyens, c'est tout cela que Toni Morrison exprime avec beaucoup de talent. Son style riche et poétique donne de l'épaisseur à ces personnages qui, dans ce court roman, font figure de personnages universels.

  • Certaines n'avaient jamais vu la mer. - Julie Otsuka (Phebus, 2012)

    otsuka.jpgAu début du siècle, de nombreuses Japonaises ont quitté leur pays pour aller épouser des Américains. Ces mariages "par correspondance" leur ont donné beaucoup d'espoir. Elles étaient pauvres, elles habitaient à la campagne et elles voulaient une vie meilleure. Ces hommes, beaux et élégants sur les photos, leur promettait une vie agréable. Après la traversée, interminable, sur le bateau où elles se retrouvent avec les mêmes peurs et les mêmes espoirs, elles arrivent aux Etats-Unis. Et là la réalité est terrible. Ces hommes sont pour la plupart des ouvriers journaliers qui font des saisons, et leur femme doit les suivre dans les travaux des champs et les habitations précaires. La nuit de noces est souvent violente. Apprendre la langue n'est pas facile. Quand des enfants arrivent, c'est toujours dans la pauvreté. Mais le plus dur est pendant le seconde guerre mondiale quand les Etas-Unis et le Japon entrent en guerre. Les Japonais sont soupçonnés d'être des espions, on les arrête, on les met dans des camps. Destinée tragique pour ces femmes déracinées.

    L'histoire en elle-même est suffisamment intéressante pour captiver le lecteur, surtout après le premier livre de l'auteur sur un sujet semblable, Quand l'Empereur était un Dieu (billet rédigé sur Zazieweb, hélas plus disponible...), mais son style incantatoire, sorte de mélopée, donne une aura universelle à cette histoire. En effet ce n'est pas une héroïne mais des centaines de femmes qui vont avoir les mêmes espoirs, les mêmes peurs, les mêmes douleurs, le même désespoir, et le destin semble avoir maudit toute cette génération de jeunes Japonaises ayant quitté leur pays pour des chimères. Un livre étonnant à découvrir dans cette rentrée littéraire.

  • Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. - Jonas Jonasson (Presses de la cité, 2011)

    vieux.jpgLe jour de ses cent ans, alors que la maison de retraite s'apprête à lui faire une fête, Allan passe par la fenêtre et s'en va prendre un car, n'importe lequel. Et que faire de la valise que lui a confiée ce jeune homme pendant qu'il allait aux toilettes ? Ma foi il la prend avec lui. Mais quand il l'ouvre avec son nouvel ami, un solitaire bourru qui lui a ouvert sa porte, il découvre qu'elle est pleine de billets, et d'ailleurs son propriétaire arrive, plutôt agressif. On le met dans la chambre froide pendant que l'on réfléchit. Mince on l'a oublié. Et qui arrive dehors ? Il faut vite fuir en emmenant la valise et son propriétaire...

    C'est le début de ce roman et cette allure va continuer pendant les 450 pages du récit. Cette histoire complètement déjantée a des allures de thriller et on ne peut pas le lâcher tellement les péripéties sont drôles, bien menées et haletantes. J'ai tout de suite pensé aux romans de Paasilinna car l'auteur, Jonas Jonasson, partage avec lui le goût de l'absurde et de la narration. Seul bémol, l'histoire parrallèle de Allan qui m'a vite lassée car on comprend vite le principe. Mais mis à part ces petites longueurs (que l'on peut passer sans dommage pour l"intrigue), je me suis régalée avec ce roman au ton nouveau. J'espère que l'auteur aura autant d'imagination que Paasilinna pour continuer dans cette veine !

    L'avis de Dasola. Je sais que beaucoup d'autres l'ont lu...

  • L'ivresse du kangourou, et autres histoires du bush. - Kenneth Cook (Autrement, 2012)

    kangourou.jpgComme dans ses autres livres, Kenneth Cook nous régale avec le récit, plus ou moins véridique mais tellement drôle, de ses aventures en Australie. Bien sûr nous avons des rencontres avec des animaux particulièrement hostiles : un kangourou alcoolique, d'inoffensifs lézards qui terrorisent un pilote et obligent l'auteur à conduire un avion, ou un rat particulièrement virulent dans un espace restreint... Mais le vol d'une voiture qui n'est pas la sienne, et l'inauguration d'un restaurant panoramique sans panorama ne sont pas à négliger...

    Bref, comme Cathulu je suis une inconditionnelle de ces histoires un poil exagérées mais franchement hilarantes ! Mais je crois que c'est hélas le dernier récit traduit de cet auteur mort en 1987.

  • Mary Ann en automne. - Armistead Maupin (L'Olivier, 2011)

    maupin.jpgAprès de nombreuses années à New-York, Mary Ann Singleton, une des héroïnes des premières Chroniques de San Francisco (elle animait une émission) revient à San Francisco. Trompée par son mari et atteinte d'un cancer, elle vient se faire opérer ici et demande à Michael de l'héberger. Michael et Ben lui font une place dans leur vie, elle-même essaie de s'intégrer à leur existence tout en se faisant soigner. C'est presque une vie calme et tranquille...

    Quel plaisir de retrouver tous les personnages de Maupin dans ce nouvel épisode. La furie du début a bien disparu et, vingt ans après, les personnages ont muri et bien changé. Dans le précédent roman déjà, Michael Tolliver est vivant, on voyait leur vie après les années Sida, l'insouciance disparue, le souvenir des amis décédés... Et la difficulté de vivre en couple que l'on soit homo ou hétéro. On retrouve ici le couple Michael et Ben, bien solide, qui fait une place à Mary Ann. Il y a toujours cette tendresse propre à Maupin et son attachement (très autobiographique sans doute) à ses personnages.

    Michael Tolliver est vivant m'avait davantage touchée car il était consacré de manière très profonde et très personnelle au personnage de Michael. Ici c'est plutôt une mosaïque de personnages qui se retrouvent autour de la personne de Mary-Ann, mais le charme opère toujours !

    Les avis de Lecturissime et de Theoma et le billet très complet d'InColdBlog

  • Le rabaissement. - Philip Roth (Gallimard, 2011)

    roth.jpgSimon Axler, la soixantaine, est un acteur fini. Il est déprimé, il n'a plus confiance en lui, d'ailleurs il demande à être hospitalisé. Une fois rentré chez lui, il continue à broyer du noir et son agent ne réussit pas à le convaincre d'accepter un nouveau rôle. C'est alors qu'il a la visite de Pegeen, la fille d'amis d'enfance à lui. Elle a 25 ans de moins que lui, et est lesbienne, rien qui puisse les rapprocher. Et pourtant c'est ce qui arrive ! Tel un nouveau Pygmalion, il va transformer ce garçon manqué en ravissante femme et vivre une passion physique avec elle. Mais ce rêve peut-il durer ?...

    Ma dernière phrase suggère que ce rêve pourrait bien se transformer en cauchemar... En effet Philip Roth réitère dans l'atmosphère intimiste et très noire de ses derniers romans. Le talent est toujours là, l'écriture fluide et attachante. Toutefois j'ai trouvé l'argument bien léger et très rebattu. Un vieil homme qui retrouve vigueur et vivacité avec une femme plus jeune (fut-elle lesbienne) avant de retourner aux ténèbres... Un Roth contournable à mon avis, il en a tellement écrit de meilleurs...