Certaines n'avaient jamais vu la mer. - Julie Otsuka (Phebus, 2012) (20 septembre 2012)

otsuka.jpgAu début du siècle, de nombreuses Japonaises ont quitté leur pays pour aller épouser des Américains. Ces mariages "par correspondance" leur ont donné beaucoup d'espoir. Elles étaient pauvres, elles habitaient à la campagne et elles voulaient une vie meilleure. Ces hommes, beaux et élégants sur les photos, leur promettait une vie agréable. Après la traversée, interminable, sur le bateau où elles se retrouvent avec les mêmes peurs et les mêmes espoirs, elles arrivent aux Etats-Unis. Et là la réalité est terrible. Ces hommes sont pour la plupart des ouvriers journaliers qui font des saisons, et leur femme doit les suivre dans les travaux des champs et les habitations précaires. La nuit de noces est souvent violente. Apprendre la langue n'est pas facile. Quand des enfants arrivent, c'est toujours dans la pauvreté. Mais le plus dur est pendant le seconde guerre mondiale quand les Etas-Unis et le Japon entrent en guerre. Les Japonais sont soupçonnés d'être des espions, on les arrête, on les met dans des camps. Destinée tragique pour ces femmes déracinées.

L'histoire en elle-même est suffisamment intéressante pour captiver le lecteur, surtout après le premier livre de l'auteur sur un sujet semblable, Quand l'Empereur était un Dieu (billet rédigé sur Zazieweb, hélas plus disponible...), mais son style incantatoire, sorte de mélopée, donne une aura universelle à cette histoire. En effet ce n'est pas une héroïne mais des centaines de femmes qui vont avoir les mêmes espoirs, les mêmes peurs, les mêmes douleurs, le même désespoir, et le destin semble avoir maudit toute cette génération de jeunes Japonaises ayant quitté leur pays pour des chimères. Un livre étonnant à découvrir dans cette rentrée littéraire.

06:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : otsuka julie |  Imprimer |  del.icio.us |  Facebook |