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Roman étranger - Page 5

  • Le chasseur . - Julia Leigh (Actes Sud, 2000)

    9782742729050.gifLe nouveau livre de Julia Leigh, Ailleurs, m'avait beaucoup plu et j'étais curieuse de lire son premier livre paru en 2000 (elle n'écrit pas beaucoup la demoiselle...).

    Cette fois l'histoire se passe en Australie (le pays de naissance de l'auteur) et immédiatement on reconnait l'atmosphère étrange déjà présente dans Ailleurs. Un homme, scientifique et chasseur, arrive pour une mystérieuse mission. Il va loger chez une famille et monter régulièrement plusieurs jours dans les montagnes environnantes. Dans cette famille, le père, chasseur, est mort récemment et ce sont les enfants qui mènent la maison, la fille surtout, le petit garçon obéit et la mère dort, assommée par les calmants. Il va donc faire le va-et-vient entre cette maison et la nature sauvage où, on l'apprend bientôt, il doit débusquer le dernier tigre de Tasmanie. Pour cela il doit vivre avec la nature, la connaître, savoir la lire,...

    L'expression "faire corps avec la nature" ne m'a jamais paru aussi juste que dans ce roman qui est un véritable hymne à la nature et aussi à l'homme qui sait l'apprivoiser. La traque est longue, la bête rusée, et ce combat, entrecoupé des descentes à la maison pour reprendre des vivres, est extraordinaire de lyrisme et de poésie tout autant que de dureté et de ténacité.

    Ce livre est réellement magnifique et c'est sans doute un des meilleurs que j'ai lus récemment. Pourquoi l'ai-je raté à sa sortie ? Mystère. En tout cas je n'oubliera pas de sitôt cette traque implacable et envoûtante au bout du bout du monde !

    Je n'ai pas trouvé de billet sur ce livre... mais en 2000 on n'avait pas encore de blog ;-)

  • Ailleurs . - Julia Leigh (Bourgois, août 2008)

    9782267019957.gifUne femme arrive dans un château avec deux enfants et y retrouve sa mère, son frère et sa belle-soeur. Cette dernière vient d'accoucher d'un enfant mort et porte ce bébé dans une couverture dans ses bras, sans vouloir le quitter. C'est dans cette atmosphère lourde, dans cet endroit clos, que ces personnages vont cohabiter pendant quelques jours. Que peut-on explorer, le parc, le lac.... Qui peut-on espionner, le frère,.... Comment les enfants vivent-ils ce séjour, rêve ou cauchemar....

    Ce petit récit d'une centaine de pages est un petit bijou dans la pure tradition du roman anglais du 19è siècle et, n'était l'apparition d'un téléphone portable et de quelques références françaises, on pourrait tout à fait le situer dans une Angleterre révolue. L'histoire m'a immédiatement fait penser au "Tour d'écrou" d'Henry James mais je vous laisse lire le billet de Lamousmé qui y a vu beaucoup d'autres références et en parle avec lyrisme....

     

    Les avis enthousiastes de Lamousmé, Papillon

  • La malédiction du chat hongrois . - Irvin Yalom (Galaade Editions, août 2008)

    9782351760505.gifJ'avais été complètement séduite par Le bourreau de l'amour du même auteur et j'avais hâte de lire ce récit sous-titré Contes de psychothérapie.

    En commençant ce livre, je me suis demandée, en bonne bibliothécaire-qui-classe-ses-livres si je devais le mettre en psycho ou en roman. En effet ça commence comme Le bourrreau de l'amour par des séances de psychanalyse menées par un certain "Irv" qui est visiblement l'auteur lui-même. Il a toujours son extraordinaire talent qui nous permet de suivre une thérapie comme si c'était un polar !

    Pourquoi Irène reste-elle bloquée sur sa situation, pourquoi n'accepte-t-elle pas l'aide d'Irvin pour tenter de surmonter son deuil, quel est l'événement ou le rêve qui va la faire évoluer, pourquoi a-t-elle des réactions aussi imprévisibles ?

    Et Paula, qu'est-ce qui qui lui donne cette extraordinaire énergie pour aider les autres malades, mais pourquoi tout à coup se détache-t-elle d'Irvin, pourquoi lui en veut-elle, comment va-t-elle vivre cette rupture ?

    Le récit qui exprime le mieux l'humour de son auteur est celui de Myrna. D'ailleurs le thérapeute ne s'appelle plus Irvin mais Ernest... La thérapie de Myrna n'avance absolument pas, elle se montre étrangère, ne s'implique pas, ne raconte rien. Jusqu'au jour où elle s'anime, pose des questions, avance réellement. Ernest, d'abord embêté car il lui a fait une réflexion maladroite et blessante, pense que cette réflecion a été salutaire. Je vous laisse découvrir ce qui l'a fait changer... Ou comment le thérapeute doit se montrer modeste sur son rôle...

    Et le dernier récit est véritablement un conte et mérite que ce livre soit réellement classé dans les romans car cette fois c'est un récit quasi fantastique que nous propose l'auteur, avec une telle force qu'on se surprend à être effrayé, puis à douter, puis à rire !

    Bref je l'adore ce Irvin Yalom et, heureusement, je n'ai pas encore lu ses trois autres livres :-)

  • L'homme qui marchait sur la Lune . - Howard McCord (Gallmeister, août 2008)

    d31f7ad97e2d9635f565dd97a20214ce.gifLe narrateur est William Gasper. Il marche pendant des jours sur la "Lune", une montagne désertique au coeur du Nevada. Ce marcheur solitaire est un observateur attentif de la nature dont il est très proche, il est aussi un observateur de la nature humaine car ses monologues intérieurs témoignent d'une vie bien remplie. Peu à peu son passé s'éclaire. Ce sentiment d'être suivi, même dans ce lieu désert, ne lui est pas étranger, il a toujours vécu traqué et le danger ne lui fait pas peur. Les pans de sa vie s'entrouvrent quand on apprend qu'il a été tueur professionnel pour l'armée américaine.....


    Ce récit extrêment lent, jusqu'au coup de théâtre final, est un hommage à la nature et aux grands déserts américains. Le lyrisme avec lequel le narrateur en parle est vraiment très beau et l'inquiétude qui monte peu à peu accentue encore le caractère surnaturel de cette marche sur cette montagne. C'est presque un récit de voyage qui nous est présenté, n'était cette poursuite latente qui, on le sent, va mal se terminer... Voilà un roman extrêment original dans cette rentrée littéraire, d'un auteur américain vétéran de la guerre de Corée et auteur de plusieurs récits et recueils de poésie.


    A noter, les très beaux livres de l'éditeur Gallmeister qui s'est spécialisé dans les livres sur la nature, américaine surtout, que ce soit dans des romans, des polars ou des récits de voyage.

     

    Les avis tout aussi positifs de Cuné, Sylvie

  • Je suis déjà venue ici . - Mariko Koike (Picquier, septembre 2008)

    84c0e3be10dd209268ceb69fb64442a8.jpgDans cette dizaine de nouvelles traduites du japonais, nous faisons connaissance avec les femmes japonaises aujourd'hui. Ni prudes, ni volages, elles essaient de vivre selon leur désir et bien sûr ce n'est pas facile. Que ce soit une serveuse et son client, une femme et son amant fou de ses petits plats, une belle-mère et son beau-fils, une femme et son amant d'un soir, toutes tentent de faire fi des modèles imposés et de vivre leur vie à elle.

     

    Ces récits ont beaucoup de charme et nous montrent une réalité japonaise qui pourrait tout à fait être aussi une réalité européenne. La libération de la femme est passée par là mais, même si cela permet de vivre plus librement, on voit que ce n'est hélas pas non plus un passeport pour le bonheur !

  • La vie en sourdine . - David Lodge (Rivages, août 2008)

    a4348f92068d3979fc93c41d247ad172.gifDesmond, le narrateur, est un professeur d'université en linguistique récemment mis à la retraite. Cette retraite se déroule très tranquillement entre la télévision, la lecture du journal, et quelques activités organisées par sa femme, plus jeune que lui et passionnée par son magasin de décoration. Rien que de très banal si ce n'est que Desmond est depuis plusieurs années affligé d'une surdité évolutive. D'abord discrète, cette surdité le handicape de plus en plus et toute sa vie s'en trouve bouleversée. Les appareils auditifs étant parfois plus gênants qu'efficaces, il a du mal à garder des relations sociales normales. Il ne réussit plus à partager une conversation pendant les dîners entre amis et se sent complètement exclu de leurs préoccupations. Sa femme finit par s'impatienter de devoir attendre qu'il ôte le casque de la TV et remette son appareil auditif pour lui parler. Et, pour compliquer le tout, dans une soirée de vernissage (très bruyante bien sûr), il répond poliment à une étudiante sans comprendre réellement ce qu'elle lui dit. En fait elle lui demande de l'aider à faire son mémoire de recherche sur les lettres de suicidés et leur analyse linguistique. Cette jeune fille ne tardera d'ailleurs pas à lui causer quelques soucis....Et, autre souci, il se rend compte que son père a de plus en plus de mal à vivre seul dans sa maison mais ne veut pas entendre parler d'aide sous quelque forme que ce soit...


    Le résumé, foisonnant, montre que Lodge n'a rien perdu de sa verve pour imbriquer et développer des histoires avec le ton enlevé et plein d'humour qui est le sien. La grosse différence avec ses romans (que j'ai à peu près tous lus sauf les tout derniers) est que cette fois la partie personnelle, la surdité et les problèmes avec son père, est complètement autobiographique (il le signale à la fin du livre) et donc que le récit prend une épaisseur beaucoup plus importante. L'analyse de ce que ressent quelqu'un qui perd peu à peu l'ouïe est poussée à son extrême, les aspects psychologiques sont extrêment bien décrits ainsi que la solitude et le sentiment de rejet que provoque cette infirmité. L'auteur ne perd rien de son humour pour en parler mais c'est sous un ton souvent cynique, et le ton oscille sans cesse entre l'humour caustique (le week-end dans le "Center Park" anglais, ainsi que les scènes avec l'étudiante) et l'extrême gravité (son impression d'être "emmuré", mais aussi sa visite à Auschwitz).



    J'ai été très agréablement surprise par ce dernier livre de Lodge dont j'avais un peu abandonné les histoires d'universitaires à le libido exacerbée. Déjà Thérapie lui avait permis de faire passer beaucoup d'auto-dérision dans son problème de douleur au genou qui devenait existentielle. Avec La vie en sourdine, on entre carrément dans ses pensées les plus secrètes et c'est toujours avec beaucoup de distance (c'est ce qu'on appelle l'humour anglais sans doute...) qu'il nous offre ce récit où l'émotion côtoie la causticité.


    L'article de Lire et le billet de Mazel qui cite l'article du Monde. L'avis d'Armande

     

  • Un jour avant Pâques . - Zoya Pirzad (Zulma, août 2008)

    c4586b82dc1ee8c8be4b8fd4c9391f23.gifCe récit se déroule sur trois périodes de la vie du narrateur. Son enfance d'abord, dans un petit village au bord de la mer Caspienne. Une amie d'école, des petits plaisirs, des gros chagrins. Mais lui est arménien et doit respecter tous les rites de la tradition arménienne. Et elle, Tahereh, est musulmane et fille du concierge de l'école. Nous retrouvons le narrateur à l'âge adulte à Téhéran, marié avec Marta qui s'est tellement bien intégrée à sa famille. Mais quand leur fille Alenouche leur annonce qu'elle va se marier avec Bahzad, le garçon le plus intelligent de l'université mais de religion musulmane, tout le poids de la tradition réapparait et c'est un drame pour Marta. Troisième partie, Marta est morte, le narrateur est seul, plus ou moins fâchée avec sa fille. Sa seule amie est Danik, sa collègue. mais elle aussi cache un drame lié à l'amour et à la religion.


    Ce récit est écrit avec beaucoup de sensibilité et avec le style élégant de l'auteur que j'avais déjà remarqué dans Comme tous les après-midi. Davantage que les souvenirs eux-mêmes, c'est vraiment l'évocation de la vie de la communauté arménienne en Iran qui est originale. Soucieuse de garder ses traditions, elle cultive les liens familieux et le respect des rites (de très beaux passages sur les rites liés aux fêtes de Pâques) mais rejette toute alliance avec une autre communauté. Les personnages de femmes sont magnifiques mais je dois dire que j'ai quand même ressenti un sentiment de "trop peu"  avec ce petit récit de 127 pages  et tout ce que l'on aurait envie de connaître de la vie de ces femmes.


    Les avis de Clarabel, Naina, Laure, Cuné

  • Murakami, Haruki . - Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil (10/18, 2003)

    874e0a48c23d62b69817a700d8149b5a.gifLu dans le cadre du Blogoclub


    J'ai lu ce livre il y a quelques années. Je choisis pourtant de le présenter aujourd'hui car j'en garde un très bon souvenir (et puis je suis en plein dans la rentrée littéraire....)


    Quand Hajime rencontre Shimamoto-san, il a douze ans, elle aussi, ils sont enfants uniques tous les deux, solitaires, sensibles, et ils aiment tous deux les livres, la musique et les chats. La vie les sépare, Hajime grandit, a des petites amies, fait des études, trouve un bon travail. Il épouse même une femme qu'il aime. Mais quelque chose en lui reste insatisfait, comme un manque qu'il ne réussit pas à combler, une complicité perdue et jamais retrouvée. Aussi, quand Shimamoto-san réapparaît dans sa vie…

    Ecrit avec subtilité et poésie, ce roman se lit avec beaucoup de plaisir. Murakami excelle dans la narration des sentiments les plus délicats et dans les problèmes de communication entre les êtres. Les retrouvailles sont peut-être un peu trop "cinématographiques" (un soir de pluie, dans un bar de jazz…) pour qu'on y croie complètement, mais on se laisse prendre à ce "Un homme, une femme" japonais....

  • Michael Tolliver est vivant . - Armistead Maupin (L'Olivier, 2008)

    28c36a3a77ce6c2db439a16e397a6b30.jpgAprès la mise en bouche de InColdBlog et son interview de Maupin, j'avais hâte de découvrir ce livre !

     

    Chronologiquement, il se situe vingt ans après le dernier volume des Chroniques de San Francisco. Ces six volumes retraçaient de manière romanesque, et même rocambolesque, les aventures de la communauté homosexuelle de San Francisco dans les années 70 et 80. Traduits en français dans les années 85 si je ne me trompe pas, ces romans ont été lus par des milliers de lecteurs qui ont alors découvert le 28 Barbary Lane, Anna Madrigal et bien sûr Michael Tolliver. Ils étaient alors jeunes, beaux, découvraient que l'on pouvait afficher son homosexualité et même sa transexualité, et le monde était à eux. Puis ce sont les années Sida, les désillusions et les tragédies.

     

    Dans ce livre, très autobiographique puisque Maupin a une soixantaine d'années, Michael a cinquante-quatre ans, beaucoup de ses amis sont morts. Heureusement il vient de rencontrer Ben, qui a vingt ans de moins que lui mais avec lequel il noue une relation solide, d'ailleurs ils se marient. Pourtant sa famille n'a toujours pas bien accepté sa manière de vivre, et quand il apprend que sa mère est mourante, ce n'est pas simple d'y aller avec Ben par rapport à sa mère mais aussi par rapport à son frère, sa belle-soeur et son petit neveu.


    Ce livre est très différent des Chroniques. Même si l'on aperçoit de temps en temps des personnages de celles-ci (amis, enfants d'amis, vagues relations, ..), le livre est essentiellement centré sur le personnage de Michael, et les questions qui se posent à lui sont graves et, à mon avis, universelles. Bien sûr il est question d'un couple homosexuel, mais il est surtout question d'amour, de fidélité, de tendresse, de vieillesse, de mort,... Quelles sont les valeurs que l'on choisit de privilégier, quels sont les véritables liens qui nous attachent à la famille et aux amis proches ? Heureusement Maupin nous surprend avec ses traits d'humour que l'on avait découverts dans les Chroniques et l'on se surprend à rire tout haut alors que l'on était terriblement ému quelques instants avant. Vraiment un très beau livre qui touchera sans doute particulièrement la communauté homosexuelle mais aussi bien sûr tous les aficionados des Chroniques !

     

  • Le rapport Stein . - Jose Carlos Llop (Jacqueline Chambon, 2008)

    49dd4be932411e2466feb2fbe2f82a5e.jpgMajorque à la fin des années soixante. Le héros est dans un collège de jésuites où la vie est scandée par les cours et les offices. Il vit avec ses grands-parents, ses parents étant à l'étranger pour "affaires". C'est un adolescent rêveur et sensible très attaché à son environnement et à ses amis. Quand soudain arrive au collègue un nouveau, Stein, dont la désinvolture et la liberté d'allure étonnent et provoquent l'admiration. Son attitude, sa maison splendide, sa soeur (aussi splendide), tout provoque un choc chez le héros et ses amis. Mais d'où vient-il ? L'un d'entre eux entreprend de faire des recherches sur lui et sa famille, d'où le "rapport Stein" qui replongera dans le passé espagnol proche et encore très douloureux.


    Ecrit à la première personne, ce récit est un très beau "roman d'apprentissage" où le héros passe de l'adolescence à l'âge adulte en quelques mois. L'écriture épouse bien les états d'âme d'un adolescent et les questions à propos de Stein donnent envie de ne pas lâcher le récit. J'ai été très touchée par ce roman et je pense que je suivrai cet auteur dont j'avais déjà lu "Parle-moi du troisième homme". L'auteur est né en 1956 à Palma de Majorque.