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Roman étranger - Page 9

  • Deux sans barreur. - Dirk Kurbjuweit (Autrement, 2005)

    medium_9782746706095.gifCe livre est l'histoire d'une amitié inconditionnelle telle qu'on peut en connaître à l'adolescence. "La nuit où la fille tomba du ciel, Ludwig devint mon ami". Le roman commence ainsi. Ludwig et le narrateur se sont trouvés, comme on dit, et ne se sont pas quittés entre douze et dix-huit ans. L'école, les loisirs, le téléphone, c'est l'âge où on se dit tout et où on a beaucoup à se dire ! Et comme sport, ils en choisissent un qui nécessite d'être complètement en communion avec l'autre, l'aviron deux sans barreur, c'est-à-dire que les deux rameurs doivent avancer à la même cadence exactement et effectuer en même temps les manoeuvres. Leur défi pendant toutes ces années : battre des jumeaux qui pratiquent ce sport. Mais Ludwig a une sensibilité exacerbée, il est toujours celui qui propose de nouveaux défis, tente de nouvelles expériences. Rien n'est jamais acquis pour lui, il faut toujours aller plus loin. Le ton du récit annonce que cette histoire n'aura pas de happy end....

    Ce petit livre est vraiment magnifique. Le style sobre nous fait entrer au plus profond de cette histoire et des sentiments du narrateur. C'est le type même du "roman d'apprentissage" qui présente la lente transformation d'un enfant en adulte par le passage de cette période passionnée et douloureuse de l'adolescence. Le personnage de Ludwig qui nous apparaît toujours à travers le récit du narrateur est complexe, ardent, et son amitié pour le narrateur n'est pas sans ambiguité. Le narrateur au contraire parait entrainé par Ludwig, il est fasciné par lui mais lui cache quand même des éléments importants de sa vie (ses relations avec sa soeur notamment). L'absence totale de références géographiques ou temporelles en font, de plus, une histoire vraiment universelle. Vraiment ce récit est un coup de coeur pour moi. Je sais que InColdBlog l'a aussi a-do-ré (je cite). C'est vraiment un petit bijou à découvrir.

  • Dans le scriptorium. - Paul Auster (Actes Sud, 2007)

    medium_auster.gifUn nouvel opus de Paul Auster est toujours un grand moment. Va-t-il encore réussir à nous surprendre, va-t-on retrouver ses thèmes favoris, son style, son art de la narration ? On peut répondre oui à toutes ces questions avec ce "petit" récit (seulement 146 pages...)

    Dans un lieu indéfini, un vieil homme, M. Blank, est dans une pièce, peut-être enfermé. Des étiquettes sont collées sur les objets avec leur nom dessus. Quelques visiteurs viennent le voir, dont il a du mal à se rappeler les noms. Sur son bureau, des photos, un stylo et des textes. Il s'interroge. On l'interroge. De quelle histoire est-il le héros, lui qui ne se souvient de rien et auquel on demande quelque chose, oui mais quoi ? . Il se rappelle un peu d'Anna (Blume) qui vient lui apporter à manger. Et un peu des autres aussi...

    Comme on le pressent, on est en plein dans l'univers austérien. Ses thèmes récurrents : l'enfermement, la mise en abîme des histoires, la perte d'identité, la place de l'écrivain, la quête,.... Nous les retrouvons tous concentrés dans ce récit où la place de l'écrivain et ses relations entre l'auteur et ses personnages occupent une place centrale. Les références à ses autres livres sont nombreuses (et je ne les ai sans doute pas toutes repérées) aussi je ne conseillerais pas à un "novice" de commencer par là, mais peut-être peut-on aussi le prendre comme une introduction à l'oeuvre de Paul Auster... Tout est possible avec cet écrivain ! En résumé, plutôt pour initiés mais superbe !

    Les avis de Papillon, Flo, Florinette, Essel, Laurent

  • Comme tous les après-midi. - Zoya Pirzad (Zulma, 2007)

    medium_9782843043918.gifCette fois j'avoue que j'ai été attirée par cette jolie couverture géométrique rose. Tiens des nouvelles. Tiens des nouvelles iraniennes. Pourquoi pas ? Surtout que le thème en est, pour une fois, le bonheur quotidien... Comme tous les après-midi....je vais regarder la voisine d'en face Je vais m'occuper du prochain repas. La neige va continuer à tomber. Mon mari va arriver à sept heures. A quoi peut bien penser le monsieur assis sur le banc dans le square... Autant de petits morceaux de vie qui n'ont rien d'extraordinaire mais qui expriment la vie quotidienne dans ce qu'elle a de rassurant et d'agréable.

    L'avis de Clarabel , d'Hervé et de Cathulu

  • Mal de pierres. - Milena Agus (Liana Levi, 2006)

    medium_9782867464331.gifVoilà un petit roman qui va faire partie des petits livres que l'on conseille et que l'on offre inlassablement comme "Soie" ou "Neige".

    Dans la Sardaigne de la seconde guerre, l'héroïne attend désespérément le prince charmant. Tous les hommes se détournent d'elle, un à un. Un seul, réfugié dans sa famille, plus très jeune, voudra l'épouser. Mais elle ne réussit pas à lui donner un enfant, prise qu'elle est par ce "mal de pierres" (des calculs rénaux) qui l'obligera à partir en cure. Là-bas elle rencontrera le "Rescapé", malade comme elle mais tellement à son écoute. Neuf mois plus tard..... Mais l'histoire n'est pas finie...

    Comme l'ont écrit les critiques et les blogueurs, ce livre est un petit bijou que j'ai dégusté et que j'ai d'ailleurs relu sitôt la dernière page tournée (bien obligée... vous verrez..). Un grand bravo à Liana Levi d'avoir découvert cet auteur et d'avoir publié cette histoire subtile et délicate sur le secret et ses variations.

    L'avis de Papillon, Clarabel et Cuné.

  • Devdas. - Sarat Chandra Chatterjee (Les Belles Lettres, 2006)

    medium_devdas.gifCe roman fait partie des classiques de la littérature indienne. Il a été écrit en 1917  et depuis a été adapté neuf fois au cinéma ! Il faut dire que plus romanesque, tu meurs !

    Parvoti et Devdas sont inséparables pendant toute leur jeunesse. Mais, au moment du mariage, Parvoti n'est pas acceptée comme épouse (ses parents sont commerçants, ce n'est pas assez glorieux pour la famille de Devdas). Parvoti va donc devoir accepter un mari, certes riche et important, mais veuf et beaucoup plus agé qu'elle. Elle mettra tout son coeur à s'occuper de la maison et à aimer son mari, mais bien sûr.... c'est Devdas qu'elle aime vraiment !!! Et Devdas, de son côté, ne se marie pas, fait les quatre cents coups, dilapide son héritage et s'attache à une prostituée. Mais bien sûr..... c'est Parvoti qu'il aime ! Et quand il sent la mort venir, c'est chez Parvoti qu'il va !

    C'est très agréable à lire bien que l'écriture ne soit pas exceptionnelle. En revanche ça donne un aperçu des thèmes chers au cinéma indien actuel (Bollywood...). Avis aux amateurs !

  • Une épouse pour le Sahib. - Khushwant Singh (Picquier, 2001)

    medium_9782877305228.gifKhushwant Singh est très connu en Inde. En effet, en plus d'être écrivain, c'est un journaliste provocateur et controversé. Avec son habitude de combattre tous les fanatismes et toutes les intolérances, il s'est mis à dos les intégristes de tous côtés ! Pour le grand public, c'est aussi celui qui termine tous ses articles par une histoire drôle.

    Ce recueil reprend à peu près toutes les facettes de l'auteur. A la fois plein d'humour mais aussi très cruel, il s'attaque aux travers de la société indienne comme peu d'indiens le font.

    La première nouvelle est vraiment cruelle : un jeune Bengali éduqué à Oxford, fonctionnaire de première classe, épouse une jeune fille du même milieu que lui, l'éducation à Oxford en moins. Et ce "moins" fera qu'il ne daignera jamais s'occuper de cette jeune femme, qui a certes apporté une dot importante, mais à laquelle il manque l'éducation anglaise essentielle à ses yeux. La fin de la nouvelle (je vous le dis : elle se suicide) sonnera comme un couperet !

    Une autre nouvelle, "Karma", est tout aussi cruelle. C'est le court récit d'un Indien très riche, éduqué lui aussi à Oxford et imbu de ce que cette éducation a pu lui conférer de prestige et de hauteur de vue. Il doit prendre le train et s'imagine déjà ouvrant son Times face à ses voisins de première classe éblouis par ses vêtements et son allure. Sa femme, indigne de lui, voyage en troisième classe. Mais c'est un groupe de militaires anglais ivre morts qui entre dans son wagon et, loin d'être impressionnés par son allure, l'insultent, le sortent du wagon en le traitant de "noiraud" et le jettent sur la voie, lui et son Times !

    La dernière nouvelle, "Sur moi-même", autobiographique, fait un portrait sincère de l'auteur qui montre sa sensibilité sous son apparence extravertie.

    Ce recueil est une vraie bonne surprise dans un registre de réalisme, d'humour et de cruauté que l'on ne rencontre pas souvent chez les écrivains indiens.

     

  • La mère du 1084. - Mahasweta Devi (Actes Sud, 2001)

    medium_la_mere-130x250.jpegCe livre est très différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent sur l'Inde. Ici c'est le récit d'une mère qui cherche à comprendre pourquoi son fils a été assassiné. Pendant les années 70, il faisait partie des jeunes du mouvement maoïste bengali contre lequel la répression policère a été terrible. Son récit est un aller-et-venu entre le temps de l'enfance de Brati, les jours qui précèdent sa mort, et maintenant. Sa douleur est encore aggravée par la nécessité d'avoir rendu secret cet assassinat (par respectabilité) et de ne pas avoir pu lui rendre les hommages funéraires rituels. Quel sens encore trouver à la vie après ce drame ? L'écriture, magnifique, retrace l'itinéraire de cette femme qui s'éloigne peu à peu de son milieu, la bourgeoisie, de sa puissance et de son hypocrisie, pour comprendre ce qu'est réellement la vie.

     

  • Mariage arrangé. - Chitra Banerjee Divakaruni (Picquier, 2001)

    medium_287730521X.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegL'auteur, surtout connue pour son roman "La maîtresse des épices", nous propose ici un très beau recueil de nouvelles sur le thème du mariage et de l'amour.

     

    Ces onze nouvelles décrivent comment les femmes vivent aujourd'hui la tradition du mariage arrangé, tradition toujours vivace en Inde. Qu'elles soient en Inde ou aux Etats-Unis, comment peuvent-elles concilier à la fois l'appartenance à une culture et le respect de la liberté individuelle ? Ces nouvelles offrent de magnifiques portraits de femmes indiennes contemporaines, courageuses et volontaires qui essaient de prendre en main leur destin avec toutes les difficultés que cela comporte. Il n'y a pas de réponse unique, chacune essaiera de se construire un avenir meilleur que ce qu'elle vit aujourd'hui. L'une décidera de quitter l'homme (américain) qu'elle aime parce qu'il refuse de comprendre qu'elle attend l'approbation de sa mère. Une autre, au risque d'être bannie par tous, quittera sa belle-famille où elle habite pour éviter qu'on lui impose un avortement (elle attend une fille). Une autre, qui habite aux Etats-Unis avec son mari indien, ne supportera pas que l'ami d'enfance de son mari vienne s'installer chez eux pendant des mois en recréant le mode de vie indien et l'affirmera haut et fort.medium_images.43.jpeg 

     

    Toutes les histoires de ce recueil  sont quasiment des études sociologiques sur le mariage arrangé, le poids des traditions en Inde et le choc subi au contact de la civilisation américaine. L'auteur sait avec beaucoup de sensibilité exprimer la douleur et les questionnements des femmes indiennes d'aujourd'hui, surtout chez celles qui ont adopté un mode de vie américain, c'est une extraordinaire conteuse et j'ai eu l'impression que l'on me racontait des histoires tous ces soirs où j'ai lu ce recueil ! Voilà vraiment une belle manière (encore une....) de découvrir la littérature indienne. (Cuné c'est à toi que ce discours s'adresse ;-)...)

  • La chambre des parfums. - Inderjit Badhwar (Le Cherche Midi, 2004)

    medium_9782749101958.gifCe roman autobiographique de Badhwar est ma première déception en littérature indienne. La quatrième de couverture était pourtant alléchante. L'auteur, né en Inde en 1940, s'est installé aux Etats-Unis où il est devenu journaliste. Là-bas il a vécu la révolution des années soixante qui était à l'opposé des valeurs de son pays natal. Société figée en caste d'un côté, liberté extrême de l'autre. Religion omniprésente d'un côté, mise à bas de toutes les valeurs de l'autre. C'est à la mort de son père, dans cette "chambre des parfums" qui lui rappelle tant de souvenirs, qu'il essaiera d'apaiser le conflit intérieur qui n'a cessé de le hanter.

    Le sujet, très intéressant, est desservi par une écriture journalistique extrêmement banale. Quant à la construction du livre qui multiplie les découpages et les sauts dans le temps, elle est très gênante pour la lecture. Pour faire référence au post de Cuné, je pense que je peux dire que je n'ai pas aimé ce livre à cause du style défaillant et de la construction alambiquée, mais que le sujet est toutefois intéressant ! (pas trop méchante ma critique.. et puis ça m'étonnerait que l'auteur lise mon blog ;-)))  )

  • Nocturne indien. - Antonio Tabucchi (Christian Bourgois, 1987)

    medium_9782264039477.gifContemporain et ami de Manganelli, Tabucchi nous propose pourtant un voyage en Inde bien différent de celui de son compatriote. Ici le fil conducteur est un personnage, ami du narrateur, qui aurait disparu en Inde il y a quelques mois, et que le narrateur recherche en occupant les chambres d'hôtel que celui-ci aurait occupé. Cet itinéraire l'emmène d'abord à Bombay, dans un hôtel de passe, puis à l'hôpital, puis au luxueux Taj Mahal Hôtel. Ensuite c'est le train, Madras, une mystérieuse fugitive, un jaïn qui se prépare à mourir, l'autobus et un monstre devin, le vice-roi des Indes, et enfin la plage.medium_3259130224566.2.gif

    C'est un voyage quasi initiatique (le narrateur cite souvent "Siddharta" de Hermann Hesse) où le hasard laisse découvrir l'Inde par petites touches, la nuit surtout, dans ce pays fait pour se perdre. Un livre au style superbe et la vision d'une Inde très envoûtante à parfum italien parfois ...

    Un film en a été tiré (réalisateur Alain Corneau, avec Jean-Hugues Anglade qui dit que ce tournage a changé sa vision du monde).