Comme souvent chez Paul Auster, on est d’emblée plongé dans une structure en "poupée russe". Le narrateur nous raconte sa vie, il retrouve son neveu Tom qui nous raconte sa vie, celui-ci rencontre Harry qui nous raconte à son tour...etc... Ce qui fait que, quand on termine un chapitre, on lève le nez en disant "Heu... je suis où ? ? ? Et j’en suis où ? ? ?". On adore ou on déteste ! Moi j’adore et je trouve que Paul Auster est l’un de ceux qui manient le mieux ce procédé (car c’en est un). C’est un vrai raconteur d’histoires et, cette fois encore, on se laisse prendre.
Nathan se croit à la fin de sa vie quand il s’installe à Brooklyn. Il est seul, malade. Pourtant sa rencontre avec son neveu Tom, qui lui aussi se laisse sérieusement aller depuis quelques années, sera le début d’une longue aventure. Le hasard, toujours lui dans l’œuvre de Paul Auster, tirera les ficelles des existences, amorcera les rencontres, bouleversera les vies.
Résolument optimiste pour une fois, ce roman montre que l’amitié, l’amour, la confiance peuvent encore être les bases de l’existence. Pourtant les critiques de la société américaine nuancent cette vision des choses. Si les valeurs intimes sont exaltées, les dérives de l’Amérique actuelle et la stupidité des politiques sont accusées de malmener la société et de laisser la voie libre aux extrémistes de toutes sortes (sectes, éducation, télévision, etc...).
Le roman se termine sur l’image de Nathan marchant dans Brooklyn, heureux de profiter de la vie, ce matin-là. Autour de lui les familles se sont rapprochées, les couples se sont formés. Et lui est même retombé amoureux. Ce n’est pas si mal la vie en Amérique !
Mais pour combien de temps ? ? ?
Nous sommes le 11 septembre 2001.
Roman étranger - Page 12
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Brooklyn Follies. - Paul Auster (Actes Sud, 2005)
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Une vie passionnante, et autres nouvelles. - Susan Minot (Folio, 2003)
Ah, les relations hommes-femmes, voilà un sujet inépuisable ! Les héroïnes de Susan Minot tentent de s'y retrouver dans le labyrinthe de désirs, de sentiments et d’apparences qu’est leur vie. Pas facile d’être soi-même et de ne pas tenir compte du regard des autres. Pas facile non plus de se réconcilier avec soi-même après une rupture.
En tout cas ces quelques nouvelles donnent envie de lire en entier le recueil "Sensualité" dont elles sont extraites.
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La blessure. - Anna Enquist (Actes sud, 2005)
Dans l’univers d’Anna Enquist, écrivain et psychanalyste, on retrouve toujours la famille, la complexité des relations humaines et les blessures de la vie. Dans ce recueil de nouvelles, ces thèmes se conjuguent avec la mer, omniprésente aux Pays-Bas.
La nouvelle la plus marquante, tirée d’une histoire vraie, raconte comment Jacob est parti avec son père et son frère pour pêcher le flétan, à pied, sur la mer gelée. Mais, quand ils veulent rentrer, le pan de glace se détache et ils vont dériver pendant quatorze jours.
Les autres nouvelles parlent de relations amoureuses difficiles, de rapports parents-enfants conflictuels et de folie, dans des atmosphères étouffantes et fascinantes. -
Terre et cendres. - Atiq Rahimi (POL, 2000)
Comment parler de la guerre dans un roman ? Atiq Rahimi a bien compris que c’était en montrant la détresse d’une personne en particulier qu’on la décrivait le mieux.
En Afghanistan, pendant la guerre contre la Russie, un village a été bombardé et tous ses habitants ont disparu. Tous sauf un vieil homme et son petit fils. Le vieil homme se met alors en route pour annoncer à son fils qui travaille au loin à la mine que, de toute sa famille, ne restent que lui et le petit Yassin. Pas une fois les bombardements ne sont décrits précisément, seuls les impressions du vieil homme apparaissent : des gens qui courent, sa belle-fille qui sort nue en hurlant…
La guerre c’est çà et l’auteur en parle de façon poignante.