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Roman étranger - Page 11

  • Retour au pays bien-aimé. - Karel Schoeman (Phébus, 2006)

    medium_2752902077.01._AA240_SCLZZZZZZZ_V59428426_.jpegGeorge, la trentaine, retourne en Afrique du Sud où il est né. Ses parents sont morts en exil en Europe et il souhaite voir la ferme où ils habitaient et où il est né. Chez lui on parlait de ce pays comme d'un paradis mais, quand il arrive, rien n'est plus comme avant, la ferme a été détruite et les propriétés alentour survivent comme elles peuvent. Il est accueilli par une famille voisine qui est à la fois heureuse de revoir le fils de leurs anciens amis, et envieuse envers ceux qui ont choisi d'émigrer pour une vie meilleure.

    Probablement très autobiographique, ce roman est un hymne à un pays adoré et à jamais perdu, la nostalgie en est vraiment le thème principal. Comment aimer encore ce pays qui a tellement changé, comment accepter d'y vivre alors que plus rien n'est comme avant ?

    J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui exprime avec sensibilité des sentiments parfois contradistoires. Les personnages sont décrits avec justesse et on a l'impression de les avoir rencontrés. Une seule chose m'a gênée, c'est l'imprécision de la période à laquelle se passent ces événements. Rien dans le texte ne donne la moindre indication. J'ai cru au début que c'était la période post-abolition de l'apartheid, mais en fait il semble que ce soit beaucoup plus ancien. L'auteur étant né en 1939, l'histoire se passerait environ en 1970 et ferait référence à des événements des années quarante (l'émigration massive des Afrikaners). J'ai cherché mais n'ai pas trouvé trace d'événements particuliers à cette période (si ce n'est la guerre !). Cette imprécision me gêne quand même car je pense que l'auteur a voulu donner un témoignage vécu et ça en enlève un peu la force.

  • La table citron. - Julian Barnes (Mercure de France, 2006)

    medium_9782715225183.gifEncore un livre de Julian Barnes, auteur que j'apprécie beaucoup. Cette fois ce sont des nouvelles, ça signifie que je vais avoir du mal à en donner une idée globale et que ça va être inégal.... Il y a toutefois un fil conducteur, c'est la vieillesse et la mort. Ce thème est parfois traité de façon nostalgique ou dramatique, d'autre fois de façon plus humoristique ou poétique (c'est le talent de Barnes de savoir changer de registre très facilement).

    Les nouvelles qui m'ont plu : L'histoire de Mats Israelson, une histoire d'amour jamais avouée entre deux personnes mariées chacune de leur côté. Quand, à la fin de sa vie, Anders essaie d'avouer enfin cet amour, ils ne se comprennent plus. Ils ont tous deux gâché leur vie sentimentale et, de plus, terminent sur un malentendu... Dans Hygiène, le narrateur, marié et heureux en ménage depuis très longtemps, a pris l'habitude de rendre visite à une femme (prostituée) une fois par an, à l'occasion de sa réunion annuelle d'anciens combattants à Londres. Au fil des années il s'est attaché à cette femme. Cette année, quand il arrive, on lui dit qu'elle est morte. Il en est profondément affecté.

    Pour les personnes qui ne connaissent pas Julian Barnes, je ne conseillerais pas de commencer par ce livre, je trouve qu'il est meilleur dans des récits plus longs. Mais, je l'avoue, je ne suis jamais très satisfaite des recueils de nouvelles....

  • Un homme dans sa cuisine. - Julian Barnes (Mercure de France, 2005)

    medium_9782715225084.gifC'est toujours un plaisir pour moi d'ouvrir un livre de Julian Barnes. Cet écrivain anglais très francophile ne m'a jamais déçue, et j'ai lu une bonne partie de ses livres (mais pas le gros "Une histoire du monde en dix chapitres et demi"). J'aime son humour, sa délicatesse et son écriture fluide.
    Ici ce n'est pas vraiment un roman, plutôt un essai sur la cuisine (il a aussi été critique gastronomique) et c'est une bonne surprise. Elevé dans une famille traditionnelle où seules les femmes s'approchaient du fourneau, il a été obligé de s'y mettre quand il a commencé à vivre seul; Et il s'est pris au jeu ! Des dizaines de livres de cuisine, plein d'essais culinaires, des tas de recettes mises en pratique ! Seule faiblesse de notre auteur : c'est un "obsessionnel anxieux" (c'est lui qui le dit). C'est-à-dire qu'il faut qu'il ait absolument tous les ingrédients, leur mesure exacte et des explications extrêmement précises sinon c'est la panique ! Suivent donc quelques beaux exemples de panique, pas mal de réussites aussi et quelques belles réflexions sur les auteurs de livres de cuisine, les ingrédients, les invités, etc...
    En résumé : un régal et une bonne idée de cadeau pour un homme (et pour une femme aussi bien sûr)

  • Cinq matins de trop. - Kenneth Cook (Autrement, 2006)

    medium_9782746708235.gifSi vous aimez les histoires charmantes, les bons sentiments et les happy ends, passez votre chemin. Dans ce livre s'exhalent des parfums de jeu, d'alcool et de sang. Avec quelques pâles rayons d'espoir toutefois.

    Grant est instituteur dans le fond du désert surchauffé d'Australie. Aussi, quand les grandes vacances arrivent, il prend le car pour Bundanyabba, petite ville surchauffée et poussiéreuse, avant de rejoindre Sydney par avion. A "Yabba", le semblant de vie tourne autour des bars et de la salle de jeu. C'est tentant pour Grant d'y passer la soirée et d'y jouer ses maigres économies. Au jeu, c'est bien connu, on gagne, on gagne, .... jusqu'à ce qu'on perde tout ! Mais à Yabba, la solidarité existe (c'est le rayon d'espoir). On propose, tout le monde propose à Grant des verres de bierre. Un repas, et de la bierre. L'hospitalité, et de la bierre. Le massacre des kangourous, et de la bierre. Dans un dernier sursaut, Grant essaie de se sortir de cet enfer et de rejoindre Sydney avec un chauffeur routier...

    Ce livre se lit comme un thriller, d'une traite jusqu'à la fin. Les situations violentes dans lesquelles se retrouve le héros sont d'autant plus difficiles à supporter qu'elles sont proposées de bonne foi par les autochtones et qu'elles contribuent à l'initiation de Grant à la "vraie vie".
    Je me disais que c'était un livre très cinématographique mais j'ai lu qu'il avait été adapté au cinéma sous le titre Outback (Le réveil de la terreur).
    L'auteur, écrivain australien célèbre, l'a écrit en 1961 et il est mort en 1987.

  • American psycho. - Bret Easton Ellis (Laffont, 1992)

    Après avoir lu « Lunar Park », j’étais curieuse de découvrir le si controversé « American psycho ». J’étais prévenue : BEE est un drôle de lascar, provocateur certes, mais aussi très brillant, aimant par dessus tout conduire le lecteur là où il l’a décidé (voir « Lunar Park ») Voilà pourquoi j’ai tout de suite pris le roman et ses péripéties au second degré et aussi tout de suite ressenti l’humour noir omniprésent.

    L’histoire en deux mots : des golden boys passent leur temps à dépenser leur argent pour les vêtements les plus chers, les restaurants les plus branchés, la dope la plus blanche et les filles les plus sexys. Parmi eux, Patrick Batman, au physique de top model et au portefeuille très bien garni, est, à ses heures perdues, un dangereux psychopathe agressant ou tuant passants et amis.

    Pendant tout le livre, les personnages sont exclusivement préoccupés de mettre ce qu’il faut et d’aller où il faut pour être « in ». Au début c’est un peu agaçant, puis l’accumulation est telle (tout doit être « de marque »,même le gel pour les cheveux, le dentifrice ou les chaussettes) que çà devient fascinant. Cà ne va quand même pas durer 500 pages ces histoires d’Armani, Ralph Lauren, etc ? Mais si !
    Mais le scandale est surtout venu du reste : la drogue (classique, rien à dire), l’argent (très facilement gagné et dépensé sans compter), le sexe (very hot mais entre adultes consentants) et surtout la violence des meurtres. Alors là c’est franchement insoutenable (je ne m’y suis pas attardée) , mais, justement, çà arrive à un tel degré d’horreur, allié à une telle banalité apparente, que l’on ne peut y croire !

    On suit toute l’histoire en admirant le souffle de l‘auteur et son habileté à montrer autant de violence tout en la dénonçant, et autant de superficialité et de souffrance à travers un roman en apparence superficiel.
    En bref, ce n’est pas le livre que j’ai préféré ces derniers mois, mais c’est certainement un de ceux qui m’ont le plus marquée.

  • Lunar Park. - Bret Easton Ellis (Laffont, 2005)

    « Je ne veux pas avoir à clarifier ce qui est autobiographique et ce qui l’est moins. Mais c’est de loin le livre le « plus vrai » que j’aie écrit. Au lecteur de décider ce qui, dans « Lunar Park »,  a bien eu lieu » écrit Brest Easton Ellis. C’est vrai que c’est troublant ! Le début est visiblement autobiographique. Ellis revient sur ses précédents romans, sur l’immense notoriété qu’il a alors acquise et sur les changements que çà a impliqués sur sa vie. C’était, et c’est toujours, quelqu’un de tourmenté et d’excessif, essayant de trouver un exutoire dans l’écriture, la drogue, le sexe et l’alcool.

    Pourtant, à la fin du premier chapitre, il prend la décision de vivre avec sa compagne, actrice célèbre, avec laquelle il a eu un fils quelques années plus tôt. Ils emménagent dans une luxueuse maison de la banlieue cossue de New-York. C’est  là que des phénomènes étranges vont commencer à apparaître (murs qui changent d’aspect, peluche qui semble menaçante, meubles qui bougent,…). Mais ce délire se rapporte toujours soit aux œuvres précédentes d’Ellis (ou du « narrateur », ou de « l’écrivain ») avec des crimes qui suivent la trace de Patrick Bateman dans « American psycho », soit à son enfance et à ses relations difficiles et douloureuses avec son père (apparition de la voiture de son père, vidéo sur ses dernières heures, …). L’angoisse monte jusqu’au paroxysme final.

    C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses dans ce livre (trop ?) : un suspense à la Stephen King. Une violente charge contre la façon dont on éduque les enfants aujourd’hui aux Etats-Unis (ils sont tous sous médicaments, on gère leur emploi du temps comme celui d’un ministre,…) et contre la société américaine tout entière. Une réflexion sur le métier d’écrivain (le narrateur voit toujours les faits comme ils apparaissent et aussi comme l’écrivain les verrait).

    Un solide sens de la narration fait que l’on accroche bien à l’intrigue et qu’on ne le lâche qu’à regret (le soir avant de faire des cauchemars...). C’est le premier roman d’Ellis que je lis. Je ne le trouve pas aussi « trash » et scandaleux que ce que je croyais… et je crois que je vais continuer avec lui en lisant « American psycho ».


    L'avis de Tatiana : http://yansor.blogs.psychologies.com/fig_tree/2005/12/qui_a_peur_de_b.html

  • Quand j'avais cinq ans je m'ai tué. - Howard Buten (Seuil, 1981)

    Je ne connaissais pas ce « classique » et je viens de le lire d’une traite. L’histoire de Gil, huit ans, est tout de suite très prenante. Avec ses mots d’enfant, il raconte sa vie de petit garçon, ses copains, son école, ses rêves, son imagination. Mais il est enfermé dans une institution pour enfants, sorte d’hôpital psychiatrique, pour avoir eu un comportement déplacé avec son amie Jessica. Tout le livre sera un aller-retour entre la vie de Gil dans cet institution (il a alors huit ans) et sa vie « d’avant » (à cinq ans). Pourtant sa vie d’alors était celle d’un petit garçon normal avec tout l’imaginaire dont on fait preuve à cet âge-là. La vie semblait toujours être une aventure et Gil était le héros qui saurait combattre les ennemis et défendre les innocents. Dans l’institution on essaie de lui faire avouer un délit qu’il n’a pas commis. Le psychiatre essaie de l’amadouer, puis de l’intimider sans comprendre du tout son être profond. Heureusement il y a Rudyard, un autre médecin qui se met à sa portée, qui l’imite même et qui le met en confiance. La fin dévoilera quels gestes Gil a eus envers Jessica, des gestes de tendresse mal compris par les adultes.

    Ce livre plein de poésie est un magnifique hymne à l’enfance et à son imaginaire débordant. C’est aussi une dénonciation de la psychiatrie classique qui nie le sujet au profit de théories sclérosées. La seule lueur d’espoir vient de Rudyard, sans doute  un double d’Howard Buten qui est lui-même spécialiste des enfants autistes.

  • Comment échapper à sa femme et ses quadruplées en épousant une théorie marxiste. - Tom Sharpe (Belfond, 2005)

    A tous les bibliothécaires et libraires auxquels les lecteurs demandent : "Vous n'auriez pas un livre drôle à me conseiller ?", donnez-leur celui-ci ! Les aventures de Wilt sont franchement hilarantes et, pour peu que l'on accepte du loufoque et de la caricature, on sourit et même on rit franchement.

    Wilt, professeur dans un centre de formation pour adultes, essaie de trouver une excuse pour éviter d'aller passer les vacances chez l'oncle de sa  femme, un militaire  américain en retraite, raciste et anti-communiste. De   plus, ses quatre filles adolescentes risquent de ne pas être des modèles de jeunes filles bien élevées ! Non, c'est décidé, il va réaliser ce dont il rêve depuis longtemps : partir à pied dans la campagne anglaise, au hasard, à la découverte des petits villages et des auberges accueillantes. Bien sûr une successsion de quiproquos et de rebondissements vont le conduire à être mêlé à un crime, tandis que sa femme et ses filles vont être prises pour de dangereuses trafiquantes de drogue et les situations comiques vont se succèder en égratignant au passage les travers des Anglais et des Américains!

    A lire d'une traite, le sourire aux lèvres !

     

  • Un retour. - Alberto Manguel (Actes Sud, 2005)

    Nestor Fabris, exilé argentin habitant Rome, reçoit une invitation pour le mariage de son filleul, à Buenos Aires. Il n'est jamais retourné en Argentine et c'est avec appréhension qu'il prend l'avion. Pourtant c'est d'abord le plaisir de retrouver sa ville natale qui l'envahit. Il arpente les rues, visite les boutiques. Il retrouve même quelques amis d'alors. Mais curieusement les événements mystérieux s'enchaînent. Pourquoi ne retrouve-t-il pas la rue de son hôtel, pourquoi son amie d'alors ne le reconnait-elle pas, pourquoi le café où il s'installe a-t-il des allures fantômatiques... Le récit devient peu à peu fantastique. Cette ville ne contient plus que les fantômes de ses amis, et ceux-ci lui reprochent de les avoir abandonnés en s'exilant.


    On comprend que Manguel ait eu besoin de reparler de cette période douloureuse de sa vie qui doit le hanter comme un cauchemar sans fin. C'est suffisamment fort pour marquer le lecteur, peut-être un peu court, on aurait aimé partager encore avec Manguel un morceau de sa douleur.

  • Parle-moi du troisième homme. - Jose Carlos Llop (Jacqueline Chambon, 2005)

    1949 en Espagne. Sur l'après-guerre flotte un parfum indéfinissable. Dans une ville de garnison pyrénéenne, le narrateur, adolescent, découvre la vie à travers les agissements des adultes. Libellés anti-franquistes chez les militaires, trahison (?) de la mère, espionnage (?) de son oncle... Même les vacances chez ses grands-parents à Majorque lui posent davantage de questions qu'elles ne lui apportent de réponses. Chacun reste sur une vision de l'existence marquée par les conséquences de la guerre. Le narrateur, lui, fera son apprentissage de la vie grâce à ces observations.

    L'auteur nous propose une évocation assez poétique de l'atmosphère de cette époque vue par les yeux d'un adolescent sensible.

    Ah oui, l'allusion au film : pour le narrateur, l'image du bonheur, c'est celle de son père et de sa mère dansant dans la rue à la sortie d'une séance du Troisième Homme.