Lunar Park. - Bret Easton Ellis (Laffont, 2005) (12 janvier 2006)
« Je ne veux pas avoir à clarifier ce qui est autobiographique et ce qui l’est moins. Mais c’est de loin le livre le « plus vrai » que j’aie écrit. Au lecteur de décider ce qui, dans « Lunar Park », a bien eu lieu » écrit Brest Easton Ellis. C’est vrai que c’est troublant ! Le début est visiblement autobiographique. Ellis revient sur ses précédents romans, sur l’immense notoriété qu’il a alors acquise et sur les changements que çà a impliqués sur sa vie. C’était, et c’est toujours, quelqu’un de tourmenté et d’excessif, essayant de trouver un exutoire dans l’écriture, la drogue, le sexe et l’alcool.
Pourtant, à la fin du premier chapitre, il prend la décision de vivre avec sa compagne, actrice célèbre, avec laquelle il a eu un fils quelques années plus tôt. Ils emménagent dans une luxueuse maison de la banlieue cossue de New-York. C’est là que des phénomènes étranges vont commencer à apparaître (murs qui changent d’aspect, peluche qui semble menaçante, meubles qui bougent,…). Mais ce délire se rapporte toujours soit aux œuvres précédentes d’Ellis (ou du « narrateur », ou de « l’écrivain ») avec des crimes qui suivent la trace de Patrick Bateman dans « American psycho », soit à son enfance et à ses relations difficiles et douloureuses avec son père (apparition de la voiture de son père, vidéo sur ses dernières heures, …). L’angoisse monte jusqu’au paroxysme final.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de choses dans ce livre (trop ?) : un suspense à la Stephen King. Une violente charge contre la façon dont on éduque les enfants aujourd’hui aux Etats-Unis (ils sont tous sous médicaments, on gère leur emploi du temps comme celui d’un ministre,…) et contre la société américaine tout entière. Une réflexion sur le métier d’écrivain (le narrateur voit toujours les faits comme ils apparaissent et aussi comme l’écrivain les verrait).
Un solide sens de la narration fait que l’on accroche bien à l’intrigue et qu’on ne le lâche qu’à regret (le soir avant de faire des cauchemars...). C’est le premier roman d’Ellis que je lis. Je ne le trouve pas aussi « trash » et scandaleux que ce que je croyais… et je crois que je vais continuer avec lui en lisant « American psycho ».
L'avis de Tatiana : http://yansor.blogs.psychologies.com/fig_tree/2005/12/qui...
15:45 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : ellis bret easton | Imprimer | del.icio.us | Facebook |
Commentaires
bonjour cathe !
accroche toi tout de meme pour American Psycho c'est bien plus hard... ;) je t'avoue que je n'ai pas aimé, alors que Lunar Park m'a emballée...
:)
Écrit par : yansor | 13 janvier 2006
Oui, je sais que c'est plus violent. Je vais essayer.
Écrit par : cathe | 14 janvier 2006
courage alors !
Écrit par : tatiana | 17 janvier 2006
J'en ai lu une centaine de pages pour l'instant. La critique de la société et des "golden boys" est féroce, mais c'est quand même un peu répétitif. J'attends la suite....
Écrit par : Cathe | 18 janvier 2006
tu vas tres vite arriver dans le gore.....;)
Écrit par : tatiana | 18 janvier 2006
bon alors tu en es ou, cathe ?
:)
Écrit par : yansor | 19 janvier 2006
Cà y est j'ai eu le premier "gore" (super, le soir avant de s'endormir !). Mais je fais comme pour les films, je ferme à moitié les yeux, je lis un mot sur deux et j'attends que çà passe ;-)
Pour le reste, c'est quand même intéressant car il y a un aspect fascinant dans l'observation quasi clinique du mode de vie de ces golden boys obsédés par leur image et les marques ! Je comprends que, à l'époque, çà ait pu faire scandale. Violence + violente critique sociale d'un milieu très privilégié et très "in" = réaction violente des intéressés et des autres !
Heureusement que j'ai lu "Lunar Park" avant et que je connais donc un peu mieux l'auteur et son aspect caustique et provocateur, car sinon je n'aurais jamais lu "American psycho".
Écrit par : cathe | 19 janvier 2006
Cela fait plusieurs semaines que je tourne autour de ce livre. J'hésite. Je ne sais pas pourquoi quelque chose me retient.
Il faut que j'y réfléchisse encore.
Écrit par : Brod | 21 janvier 2006
Si tu le lis, dis-toi bien qu'il faut le lire au second degré, sinon c'est insupportable ! C'est vraiment une critique violente de la violence ! Si tu n'as jamais lu de livre de cet auteur, je te conseille de faire comme moi : commencer par "Lunar Park"
Je suis allée voir ton site, je l'ai trouvé très sympathique. Tu as peut-être aperçu le post que j'ai fait ici sur mes marque-pages au point de croix. C'est aussi une de mes passions, mais ici j'ai choisi de me limiter à la lecture et à la musique ;-)
Écrit par : cathe | 21 janvier 2006
Le meilleur livre de l'année !!! (selon le mag Lire) Laissez-moi rire ! C'est comme le Goncourt, c'est même pas nul. ça patine dans la semoule (vers la 100è page, je crois) et je ne comprends pas le message... serait-ce : l'homme est pourri ? La société américaine est pourrie ? Tous drogués, homos, alcoolos... bon d'accord, Bret on lui dira... en attendant essaye le psy.
ah j'oubliais : ça fini genre ésotérisme de bazar !
J'en ai marre que les écrivains prennent les lecteurs pour des cons !!!
Écrit par : Philippe56 | 23 janvier 2006
Comme on le voit, les critiques sont contrastées, c'est donc qu'il y a matière à discussion ! ;-)
Écrit par : Cathe | 23 janvier 2006
Un très grand écrivain (il faut lire tous ses livres, c'est une oeuvre) et un roman qui m'a boulversé .Le lecteur entre dans l'intimité de l'auteur qui malgré sa pudeur manifeste dans ses autres romans, est ici obligé de se dévoiler . J'ai eu l'impression de comprendre les problèmatique de Bret durant l'écriture . Un jeu suberbe entre narration, intimité et délires personnels (maitrisé bien sûr !) . Et puis ce drame, son dernier roman
Écrit par : Fred | 21 mars 2006
Oui, même si tout n'est pas autobiographique, on entre quand même dans l'intimité de l'écrivain.
J'ai eu l'occasion d'assister récemment à une conférence de Marc Porée (prof à la Sorbonne, spécialiste des littératures anglaises et américaines) et il mettait Bret Easton Ellis parmi les plus grands écrivains actuels, nottamment avec ce livre.
Écrit par : Cathe | 21 mars 2006
[...] Derrière le récit, un maître d'oeuvre plein de sang-froid joue sur la corde de "la maison Usher" et de souvenirs de Stephen King.
A la fin du roman , on craindrait un moment une overdose de fantastique : l'écrivain multiplie alors les récapitulations de faits étranges qui l'accablent.
Mais il reprend vite son lecteur en mains, le conduit à bon port et le quitte sur un morceau de bravoure :[ je ne vous dis pas lequel pour ne pas deflorer la lecture :-)]
A noter que Brett Easton Ellis donne ses clés pour la lecture d'American psycho, mais le lectures t maître chez lui (rire)
Écrit par : rotko | 25 mars 2006
Oui il emmène vraiment le lecteur où il veut, c'est lui le maître ;-)
Écrit par : cathe | 26 mars 2006
LU récemment et beaucoup aimé; le côté déjanté, décalé et une écriture fascinante que j'ai appréciés. En revanche, je ne lirai sans doute pas ses précédents livres.
Écrit par : Sophie | 10 juillet 2006
Il y a pas mal de va-et-vient entre ses livres, donc quand on a lu "Lunar Park" on est "prêt" à lire les autres, on sait un peu à quoi on s'attend.
Écrit par : Cathe | 12 juillet 2006