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Roman étranger - Page 10

  • La réception d'adieux. - Anita Desai (Encre bleue, 1999)

    medium_dyn004_original_68_120_pjpeg_2540011_95bf2c8bcffcde5c68acc83ed323aa53.jpegDeux nouvelles composent ce recueil.

    "La réception d'adieux" présente la dernière soirée des Raman avant leur départ à Bombay. Pourtant peu présents dans les réceptions mondaines, ils ont invité toutes les personnes qui comptent dans la ville. Madame Raman va de l'un à l'autre comme dans un rêve, étonnée que toutes ces personnes lui expriment des paroles chaleureuses, regrettent son départ ou lui rappellent des souvenirs communs. Toutes ces années vécues presque en solitaire lui semblent irréelles face aux témoignages de sympathie et d'affection qui lui sont prodigués. N'est-ce pas la nuit sans lune et les rares éclairages qui modifient aussi les comportements et donne à cette soirée un éclat inoubliable ?


    "Le sociologue et la bohémienne" présente un jeune américain venu faire une étude sociologique en Inde accompagné de sa jeune épouse. Celle-ci, oppressée par la climat, la foule et la pauvreté, ne supporte pas le séjour à Bombay. Physiquement et moralement, elle se sent mal et ne rêve que de campagne verte et fraîche. Ils décident de joindre un village situé en hauteur dans les montagnes à quelques heures de bus de Bombay. Là-bas l'air est frais, les temples à taille humaine et les hippies bien sympathiques. Cette Inde là, elle l'aime. Mais ce n'est pas le cas de son mari...medium_images.40.jpeg


    Ces deux récits sont très vivants, faciles à lire, et offrent deux approches très différentes de l'Inde.

    L'auteur, Anita Desai, est née en 1937 d'une mère allemande et d'un père bengali, elle vit aux Etats-Unis où elle enseigne.

  • La moitié d'une vie. - V.S. Naipaul (10/18, 2004)

    medium_9782264037541.gifNaipaul fait partie, avec Salman Rushdie, Amitav Gosh, Anita Desai ou Anita Bau Badami, des écrivains de l'exil. De parents indiens(brahmanes), il est né à Trinidad ; à 18 ans il obtient une bourse d'étude pour Oxford et devient journaliste, puis écrivain. Ses oeuvres (contes, récits de voyage, romans, autobiographie) sont inspirées par ses nombreux voyages dans le monde et bien sûr en Inde. Toutefois il est souvent sévère à l'égard des Indiens restés dans leur pays dont il critique l'immobilisme et le fatalisme. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2001.


    Dans "La moitié d'une vie", il s'agit de Willie. Fils d'un brahmane qui, par révolte contre sa famille et l'ordre établi, a épousé sans amour une femme de basse caste, il vit une enfance perturbée entre des parents qui l'aiment mal et qu'il n'admire pas. A 18 ans il part à Londres où il doit tout apprendre, la vie sociale, les usages, l'histoire, les femmes,... Peu à peu il s'essaie au journalisme et à l'écriture de nouvelles. Mais sa condition de sang-mêlé l'empêche de se sentir à l'aise dans cette société. Il ne trouve pas sa place dans le milieu littéraire. Il ne découvre les plaisirs des sens que par des amours illicites ou payantes. C'est avec une Portugaise (métis Africaine) qu'il découvre enfin l'amour et qu'il part en Afrique pendant une vingtaine d'années. Mais le colonialisme vit ses dernières années et lui-même aura du mal à trouver sa place dans ce pays où il saura, toutefois, découvrir de vrais plaisirs sensuels.


    Le constat est plutôt sombre, comme si la naissance du héros le condamnait à une existence ratée. Dans ce roman qui se lit au demeurant avec plaisir et facilité, on retrouve les thèmes chers à l'auteur : l'exil, le déracinement, le métissage medium_images.17.jpget la quête identitaire. Une note positive peut-être : le roman se termine alors que notre héros quitte l'Afrique et revient en Europe. Il a 40 ans, il est au milieu de sa vie. Que va-t-il faire dans la seconde moitié ? Vous le saurez (et je le saurai...) en lisant "Semences magiques" qui est la suite de ce roman..

  • Mes jours : mémoires d'un Indien du Sud. - R.K. Narayan (Le Serpent à plumes, coll Motifs, 2005)

    medium_9782268056630TN.gifJ'ai eu une excellente surprise en lisant ce récit. En effet je l'avais pris car Narayan fait partie des quelques écrivains qui ont écrit après Tagore mais avant les romanciers contemporains que nous connaissons mieux (Rushdie, Naipaul, Nair, Desai, etc...). Je m'attendais donc à un récit encore influencé par Tagore et emprunt de classicisme. Pas du tout ! Ce livre qui est en fait une autobiographie de l'auteur, est d'une étonnante vivacité et se lit presque comme un roman d'aventures !

     

    Né au début du siècle, Narayan vit à Madras avec sa grand-mère car son père est directeur de lycée et déménage souvent. Il passe donc son enfance dans une maison d'un quartier de Madras et il découvre peu à peu la ville au fur et à mesure qu'il grandit. Ses compagnons : un singe et un paon qui l'accompagnent partout et l'aident à faire les bêtises d'un enfant de son âge. L'école ne lui apporte pas ce qu'il souhaite et est surtout là pour dresser les enfants. Ses grandes vacances se passent avec ses parents et ses frères et soeurs qu'il découvre chaque année avec un peu de crainte et quitte à la fin de l'été avec tristesse. Au fur et à mesure qu'il grandit, on voit naître chez lui le goût de raconter des histoires. Nouvelles, pièces de théâtre, tout est bon pour assouvir son imagination débordante. Après le lycée, sa décision est prise, il sera écrivain ! Mais son père, maintenant en retraite, ne peut seul assurer les revenus de la famille et le narrateur devrait le seconder. Mais les quelques essais qu'il fait dans la vie courante sont des échecs ! Il ne sait faire qu'un chose : écrire ! Heureusement il aura quelques coups de pouce dans sa vie, dont celui de Graham Greene qui a lu un de ses manuscrits en Angleterre et l'a donné à son éditeur. Toujours entre deux orages financiers (une fois qu'il sera marié, ce sera pire), il réussira pourtant à publier une oeuvre assez considérable qui est mal connue en Europe (enfin... de moi en tout cas, et de ce que j'ai lu ;-)  ).

     

    Ce récit est vraiment très moderne dans le ton et dans la narration, je pense que la traduction très fluide est aussi pour beaucoup dans cette modernité. Il donne de l'Inde une image pas du tout caricaturale car il s'attache davantage aux personnes qu'au décor ou qu'à l'arrière-plan politique (la guerre est évoquée mais pas du tout l'indépendance). D'ailleurs après avoir lu les livres de Tagore et celui-ci, je remarque que pas une seule fois n'est évoquée la question des castes. Ici on sait juste incidemment que l'auteur est brahmane mais ce n'est qu'une indication expliquant un détail. Bref voilà un livre très vivant avec plein d'anecdotes que l'on peut tout à fait lire pour découvrir la vie en Inde dans la première moitié du 20è siècle et pour suivre l'itinéraire d'un écrivain indien.

     

    Une chronique de Bernard Frank sur ce livre : . Il a lu ce livre avec "délectation" !

     

  • Souvenirs d'enfance . - Rabindranath Tagore (Gallimard, L'imaginaire, 2005)

    medium_2070704521.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegAprès les nouvelles de Tagore, voilà son enfance, ou comment prolonger un peu le plaisir d'être avec ce grand auteur.

    Ecrit en 1940, soit l'année avant sa mort alors qu'il avait quatre-vingts ans, ce recueil exprime les impressions qui lui restent de son enfance alors qu'il est à la fin de sa vie (il ne le sait pas encore... mais bon..). C'est-à-dire que loin d'être un récit chronologique, c'est une succession de moments qui l'ont marqué. Ses échecs à l'école par exemple, cette école qu'il n'aime pas au point d'essayer de tomber malade par tous les moyens. Mais il avait une santé de fer ! Ou la vie dans cette ville de Calcutta qui changera tellement à l'aube du 20è siècle (eau courante électricité, cinéma... pour les plus fortunés bien sûr). Les petits conflits avec sa (ses) belle-soeur(s), (il était le 14è enfant de la famille), mais aussi les plaisirs partagés avec ses frères. Et l'art dans lequel il excellait, déjà tout jeune, la poésie bien sûr. C'est ce qui lui permettra d'épater quelques filles, et aussi d'être publié dans le journal de son frère.


    Ce qui ressort, c'est la fraîcheur des souvenirs que Tagore garde encore de son enfance malgré son âge. Certes il y a tout un arrière-plan qui, pour nous, parait très exotique (monter à dos d'éléphant , écouter les extraits du Ramayana, ...) , mais le reste pourrait être repris dans "Le petit Nicolas" ! Les découvertes de l'enfance, ses émerveillements, ses roublardises, ... tout cela est universel et on le sent bien dans ce récit. Il y a un petit plus quand même, c'est la poésie qui était déjà présente chez Tagore !

  • Le Vagabond et autres histoires. - Rabindranath Tagore (L'Imaginaire-Gallimard, 2006)

    medium_9782070764051.2.gifLes lectures se suivent et ne se ressemblent pas. Après les interrogations sexuelles et sentimentales d'un gay bostonien, voici des nouvelles sur l'Inde rurale de la fin du 19è et du début du 20è siècle !

    J'ai choisi de commencer mes lectures sur la littérature indienne par Tagore qui est l'un des premiers à avoir écrit des oeuvres romanesques telles que des romans ou des nouvelles. En effet, après les grandes épopées comme le Mahabharata et le Ramayana, c'est au 19è que se sont développées les traductions d'auteurs occidentaux et que sont nés les premiers romans.

    Tagore est surtout connu pour sa poésie, pourtant j'ai découvert par ce recueil de nouvelles qu'il savait merveilleusement raconter des histoires de la vie de tous les jours, comme le faisait un Maupassant à peu près à la même époque. Ses sujets de prédilection sont la vie quotidienne des paysans, les traditions, l'intérêt pour l'étude (il a créé une école et une université) et bien sûr l'amour !
    Dans "La jeune mariée", une jeune fille vive et impulsive est unie à un jeune homme calme, cultivé et très amoureux d'elle. Mais il faudra qu'elle apprenne à mûrir avant de devenir une femme en tant que telle !
    Dans "Le vagabond", un jeune homme aime aller et venir, découvrir le monde et les hommes sans attaches ni sentiments. La seule chose qui saura le retenir, c'est la possibilité d'étudier qui lui ouvre le monde. Mais cela suffira-t-il à lui ôter l'envie de voyager ?
    Dans les autres nouvelles, l'amour, la nature et la soif de savoir se mêlent souvent dans de beaux portraits d'hommes et de femmes.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles où l'humanisme et la soif de justice sont toujours présents. Même si certaines situations semblent aujourd'hui un peu dépassées (même en Inde), les sentiments et la nature restent les mêmes et sont superbement décrits.

  • Sexe et dépendances. - Stephen McCauley (Flammarion, 2006)

    medium_9782080690050.gifWilliam est agent immobilier à Boston. Lassé des rencontres gays sur Internet, il essaie la chasteté... La venue de Charlotte et Samuel, couple atypique, l'oblige à s'interroger sur ses sentiments, sur sa vie, sur lui quoi...

    L'art de tenir une intrigue n'est pas le point fort de McCauley, pourtant c'est un romancier que j'adore. Il a un talent fou pour créer des atmosphères et à la fin de ses romans, on connait son héros comme si c'était notre ami d'enfance. Son humour me ravit, je souris d'un bout à l'autre avec tendresse mais aussi avec une larme au coin de l'oeil car ce n'est jamais loin du désespoir. C'est à Woody Allen qu'il me fait penser, un Woody Allen gay... Lisez tous ses autres romans, ils ont tous autant de charme.


    Je n'en dis pas plus car In Cold blog a fait un superbe article ainsi qu'une interview de Stephen McCauley, si, si ! Je vous engage vivement à aller voir tout ça !

  • La circulaire et autres racontars. - Jorn Riel (Gaïa, 2006)

    medium_9782847200829.2.gifGrande nouvelle dans les stations polaires groenlandaises : une circulaire annonce qu'elles vont fermer ! Difficile à admettre pour les trappeurs qui ont passé une partie de leur vie là-bas ! Que faire ? Se révolter ? Faire comme si on ne savait pas ? Se laisser mourir puisque de toutes façons on est très vieux, malade, et qu'on ne veut pas quitter cet endroit ? Ou trouver une femme dans le coin (ou plusieurs...) et rester là en changeant de métier ? On peut aussi ruser et continuer à chasser le phoque là-bas... dans un bateau, rien ne l'interdit !medium_rech.2.jpeg


    Je suis une inconditionnelle de Jorn Riel donc je ne peux pas dire si ce recueil est meilleur ou non que les autres, ils sont TOUS excellents ! Les "racontars", histoires que l'on qualifierait de "marseillaises" si elles n'étaient pas au Groenland, sont truculentes à souhait et on n'a qu'une envie à la fin de chaque chapitre : prendre un catalogue de GNGL (Grand Nord Grand Large : les medium_Vignette_GNGL_Ete_2006.jpegspécialistes des voyages polaires) et rêver !!!!

     




    L'avis de Laurent

  • A la vitesse de la lumière. - Javier Cercas (Actes Sud, 2006)

    medium_9782742762767.gifDeuxième coup de coeur de la rentrée (après "Fils unique"), ce roman de Javier Cercas, l'auteur des "Soldats de Salamine" (j'ai pas lu mais je viens de l'acheter en poche..).

    Le narrateur, visiblement un double de l'auteur, est un jeune étudiant espagnol peu travailleur mais persuadé qu'il va un jour devenir un écrivain célèbre. Un de ses profs lui propose de partir comme assistant d'espagnol dans une université américaine. Là-bas il  se lie avec Rodney, un assistant quadragénaire taciturne et original. Mais Rodney ne revient pas après les vacances de Noël. Parti à sa recherche, le narrateur rencontre son père qui lui raconte alors que Rodney vit avec le poids de son passé, et son passé s'appelle la guerre du Vietnam. Le narrateur repart avec toute la correspondance de Rodney pendant cette guerre et la conviction qu'il doit raconter cette histoire. Mais il retourne en Espagne et sa vie quotidienne et superficielle reprend son cours, jusqu'à ce que...

    Pris au départ par obligation (avec des collègues nous faisons bientôt une présentation de la rentrée littéraire alors j'essaie d'en lire un maximum. Je vous donnerai notre palmarès...), je l'ai lu d'une traite (merci les jours de congés ! ) et j'ai admiré le style narratif de l'auteur. Pour définir ce style, je dirais que ça m'a fait penser à Paul Auster. On trouve chez Cercas cette même croyance des personnages en leur destin ("si je n'avais pas suivi ces cours, je n'aurais pas rencontré Rodney et ma vie  n'aurait pas été la même..."), la même introspection et le même souffle lyrique que chez Paul Auster.
    La guerre est visiblement un sujet majeur chez Cercas puisque son premier roman parlait de la guerre d'Espagne. Ici je trouve intéressant qu'un Espagnol ait fait des recherches sur les séquelles du Vietnam sur les anciens combattants qui sont revenus au pays en ayant vécu l'enfer mais en étant méprisés par leurs concitoyens pour leur participation à une guerre inutile.
    Bref, ce roman est vraiment très réussi. Il mêle très habilement réalité, création littéraire et réhabilitation par l'écriture et il crée des personnages qui resteront dans notre mémoire.

    L'avis d'Anne-Sophie

  • Le désordre de ton nom . - Juan José Millas (Galaade Editions, 2006)

    medium_9782351760215.gifJulio Orgaz est éditeur et à ce titre il vit plus ou moins de l'imaginaire des autres. Pourtant son imaginaire à lui est en panne, il lui joue même des tours. C'est pourquoi il a commencé une psychanalyse auprès de Carlos Rodo, analyste renommé. Après chaque séance, il va se promener dans un parc à proximité et c'est là qu'il rencontre Laura à laquelle il s'attache de plus en plus. Incidemment il parle d'elle à son analyste, incidemment encore il parle de son analyste à Laura....
    Raconté comme ça, ça ressemble à un vaudeville. Mais ici le ton n'est pas à la plaisanterie. A sait tout sur B et C. B sait que A va chez C. C croit ne rien savoir, mais est-ce tout à fait exact ?
    Ecrit par un romancier espagnol assez célèbre dans son pays, ce roman recèle de bonnes idées, peut-être pas complètement abouties. Un auteur à suivre en tout cas.

  • Un homme bien sous tous rapports. - Chi Li (Actes Sud, 2006)

    medium_9782742762880.gifDe nos jours dans une grande ville de Chine. Bian a quarante ans, il vient d'être licencié et n'ose pas le dire à sa famille. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il a pourtant suivi l'itinéraire de tout bon Chinois traditionnel depuis sa naissance, mais depuis quelques anées les choses vont trop vite, il y a trop de changements dans ce pays. Enfant de paysan, il a réussi à monter dans la hiérarchie sociale mais maintenant on n'a plus besoin de lui. Marié de façon arrangée, il a quand même été un bon époux mais sa femme a tout misé sur la réussite professionnelle. Que doit-il faire pour surmonter son sentiment d'angoisse perpétuelle ?

    J'aime beaucoup Chi Li. Je trouve qu'elle réussit bien à prendre le pouls d'une société chinoise qui a évolué de façon vertigineuse en quelques années, au détriment souvent de l'équilibre de ses habitants. Chacun de ses livres met en parrallèle le collectif et l'indiciduel.
    Ceux que j'ai lus :  Préméditation, c'est une vengeance familiale sur fond de guerre sino-japonaise.
    Pour qui te prends-tu, c'est une tranche de vie de la Chine actuelle qui montre les malaises et les contradictions de la société.