J'aime entrer dans les romans de McCarthy comme j'aime entrer dans ceux de Mingarelli. Dans les deux cas, on se trouve plongé dans un univers sans référence historique ni géographique, où les personnages évoluent comme mus par un destin implacable. Dans ce roman c'est encore plus vrai que dans les précédents.
Sur une route, on ne sait pas où, on ne sait pas quand, un père et son enfant marchent. Autour d'eux un paysage post-apocalyptique où aucune vie n'apparait. Les villages ont été pillés. Une fine couche de cendre recouvre tout. Que faire sinon marcher, marcher , aller vers un Sud où on trouvera la mer. La nourriture : quelques restes trouvés dans les maisons pillées. Le sommeil et le froid : à l'abri d'un rocher ou d'un arbre. Le danger : quelques rares groupes de pillards qu'il faut à tout prix éviter. Le trésor : cet enfant qui est miraculeusement en vie et que le père essaie de réconforter malgré la situation.
On entre ou pas dans ce genre de récit, mais quand on y entre, c'est vraiment magnifique. On sait que l'écriture de McCarthy est toujours très sobre et les descriptions comme les dialogues sont réduits au minimum. Pourtant au bout de quelques pages on s'attache d'une manière incroyable à l'errance de ces deux personnages dignes de Beckett et de "En attendant Godot". L'amour, la mort, la survie, tout est dit là sur l'essentiel de ce qui fait l'essence de la vie. Sans jamais lasser le lecteur, McCarthy nous nous emmène sur cette route sans fin où, pourtant, la vie de ces deux personnages est ce qu'il y a de plus important au monde.
L'avis tout aussi enthousiaste de Essel, de Philippe, de Bellesahi et de Fluctuat
Dans un lieu retiré de Sardaigne, au bord de la mer, Madame vit dans une grande maison reconvertie en chambre d'hôtes. Elle est seule, avec ses robes faites de tissus récupérée, toujours entre deux amants provisoires, et refusant de vendre aux promoteurs. Ses voisins, un grand-père original, une adolescente amie, un jeune homme trompettiste partie à Paris...
Dans ce roman on trouve un des principaux drames d'Israël que nous connaissons très mal (enfin... moi en tout cas), c'est la difficile cohabitation (et c'est un euphémisme) entre juifs séfarades et juifs ashkenazes. Je savais qu'ils avaient forcément une histoire différente, mais nous sommes plusieurs à avoir lu des romans israéliens où cet antagonisme est violent.
Troisième roman de Kenneth Cook, auteur australien, "A coups redoublés" se lit d'une traite, presque comme un thriller !
Quelque part en Israël, un écrivain célèbre doit assister à une soirée organisée en son honneur dans un quelconque centre culturel. Il sait d'avance que l'on va présenter ses oeuvres, faire des lectures de ses textes et qu'il va devoir répondre aux questions de ses lecteurs. Toujours les mêmes questions : pourquoi écrivez-vous, comment vivez-vous votre célébrité, comment trouvez-vous l'inspiration. Pour retarder au maximum l'arrivée à cette soirée (à laquelle d'ailleurs il arrivera en retard..), il va boire un verre dans un café et commence à
procédé. J'ai regardé les critiques professionnelles qui sont dithyrambiques mais je me demande si ce n'est pas l'écrivain, le vrai, Amos Oz, qui est célébré ainsi. Si l'on parle d'Oz, alors moi aussi je tombe à genoux tellement j'ai été emportée par le superbe "Une histoire d'amour et de ténèbres". Si on parle de ce livre, je trouve qu'il est moyen et même un peu facile !
Agnon est le principal auteur de langue hébraïque d'avant Israël qui soit un peu connu en France. Il a servi de modèle à tous les autres écrivains, a eu un billet de banque à son effigie, le prix Nobel de littérature en 1966, et sa rue était barrée avec la mention "Silence, écrivain au travail !"
Comme d'habitude, quand je découvre un auteur j'ai envie de lire un autre livre de lui. Après le roman plutôt pour la jeunesse Riki, un enfant à Jérusalem, je suis tombée sur ce petit poche à deux euros avec trois nouvelles de Shahar traduites de l'hébreu.
Vie amoureuse
Mari et femme
Autre grande figure de la littérature israélienne (avec Appelfeld), Amos Oz. Je n'avais rien lu de lui et j'ai choisi de le découvrir par son autobiographie, imposant livre de presque 600 pages.
de l'Est , ils rejoignent Israel en 1919 pour l'un et dans les années 30 pour l'autre. Leur minuscule appartement en sous-sol, à Jerusalem, est tapissé de livres et chez eux littérature et tolérance vont ensemble. Bien sûr une telle "saga" ne va pas sans des portraits étonnants, des anecdotes émouvantes et des circonstances tragiques. On est littéralement emporté par l'itinéraire de cet auteur dont la vie personnelle se mêle à l'histoire mondiale.