Dans ce roman on trouve un des principaux drames d'Israël que nous connaissons très mal (enfin... moi en tout cas), c'est la difficile cohabitation (et c'est un euphémisme) entre juifs séfarades et juifs ashkenazes. Je savais qu'ils avaient forcément une histoire différente, mais nous sommes plusieurs à avoir lu des romans israéliens où cet antagonisme est violent.
Ce récit est autobiographique (le sous-titre est : une confession). Le narrateur a une grand-mère, Emilia, qui est séfarade est fière de l'être. Elle refuse obstinément de souscrire au mode de vie ashkenaze et est révoltée que les séfarades soient vus comme des incultes à la peau sombre. Son petit-fils est tiraillé entre la fidélité à cette grand-mère et son désir de s'intégrer dans la vie israélienne moderne. Mais il doit admettre que, malgré ses brillants résultats scolaires, il n'est pas accepté comme officier et doit rejoindre, à l'armée, les autres séfarades dans les travaux subalternes. Même l'étude de la philosophies, plus tard, ne sera pas suffisante pour l'aider à résoudre ce conflit.
Ecrit dans un style pas toujours facile (n'oublions pas que l'auteur est philosophe..), ce récit vaut surtout pour ce témoignage qui est tout à fait actuel. Il rend d'ailleurs encore plus pessimiste sur l'avenir d'Israël qui doit en même temps résoudre ses conflits intérieurs (n'oublions pas les Arabes israéliens, voir le billet de Laurent) et extérieurs.