Une histoire d'amour et de ténèbres . - Amos Oz (Gallimard, 2004) (11 janvier 2008)
Autre grande figure de la littérature israélienne (avec Appelfeld), Amos Oz. Je n'avais rien lu de lui et j'ai choisi de le découvrir par son autobiographie, imposant livre de presque 600 pages.
Sortant de plusieurs livres d'Appelfeld, j'ai d'abord été déstabilisée par le style, beaucoup moins lyrique et beaucoup plus "bavard" si je puis dire. Mais très vite on est emporté par la puissance de cette évocation qui nous mène de la vie de ses grand-parents au 19è siècle en Europe de l'Est jusqu'à la création d'Israël et même jusqu'à quelques incursions de nos jours.
Les parents de l'auteur ont tous les deux été élevés dans des familles juives non pratiquantes et ont de solides racines intellectuelles et littéraires. Le père parle une quinzaine de langue et ce n'est qu'à cause d'un concours de circonstances qu'il n'a pas été nommé professeur à l'Université mais est resté bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de Jérusalem. Sa mère a une culture très russe et française et donne des cours particuliers. Elevés en Europe
de l'Est , ils rejoignent Israel en 1919 pour l'un et dans les années 30 pour l'autre. Leur minuscule appartement en sous-sol, à Jerusalem, est tapissé de livres et chez eux littérature et tolérance vont ensemble. Bien sûr une telle "saga" ne va pas sans des portraits étonnants, des anecdotes émouvantes et des circonstances tragiques. On est littéralement emporté par l'itinéraire de cet auteur dont la vie personnelle se mêle à l'histoire mondiale.
Pourtant, au milieur du livre, une brèche apparaît : il nous annonce que sa mère s'est suicidée à 38 ans alors qu'il avait onze ans (il est né en 1939). Et soudain ce livre nous apparait comme une quête désespérée de comprendre. Pourquoi ce suicide, pourquoi cet abandon, pourquoi son père ne lui en parle-t-il jamais, même quand Amos Oz partira à quinze ans dans un kibboutz (il y restera quarante ans) ? Le livre, sous un aspect très agréable à lire et dans un style très enlevé, est une tentative de mieux connaître cette mère, son histoire et son entourage, et peut-être les raisons de sa mort !
L'avis tout aussi enthousiaste de Pierre Assouline
07:00 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : oz amos | 
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Commentaires
Ah !!!! Ce livre je l'ai lu à sa sortie un régal j'ai beaucoup aimé ce livre magnifique déchirant sublime. J'ai très envie lire d'autres livres de lui. Mais je pense que le Salon du livre va être une excellente occasion.
Voir sur mon blog : le 17 mars à Beaubourg à 19h David Grossman, et à 20h15 Amos Oz interviewé par Clémence Boulouque.
Ton billet sur une histoire d'amour et de ténèbres et magnifique !
Écrit par : Alice | 11 janvier 2008
Une biographie passionnante à ce qui semble et un témoignage sur la Palestine du début du siècle; noté.
Écrit par : moustafette | 11 janvier 2008
Je ne savais pas par quelle lecture attaquer l'oeuvre d'Amos Oz. Je pense que cette autobiographie est un bon début. Je la note.
Écrit par : Naina | 11 janvier 2008
C'est un livre que je vais noter. Je pense qu'il devrait me plaire. Tu as un certain courage de rester sur ce même thème un bon moment.
Écrit par : sylire | 11 janvier 2008
@ Alice : je vois qu'on est vraiment du même avis sur ce livre magnifique ! J'espère pouvoir le voir pendant le Salon du Livre.
@ Moustafette, Naina et Sylire : oui, c'est vraiment un livre magnifique :-)
Écrit par : cathe | 11 janvier 2008
Il fut même très sérieusement question de lui proposer la Présidence de l'état d'Israël (ne serait-ce que pour contrebalancer le poids des militaristes). Mais finalement S. Peretz a été retenu.
Cette citation d'Amos Oz avait été retenue pour mes récents voeux de nouvel an :
- "Enfant, j'espérais devenir un livre, quand je serais grand. Pas un écrivain, un livre : les hommes se font tuer comme des fourmis. Les écrivains aussi. Mais un livre, même si on le détruisait méthodiquement, il en subsisterait toujours quelque part un exemplaire qui ressusciterait sur une étagère, au fond d'un rayonnage dans quelque bibliothèque perdue, à Reykjavic, Valladolid ou Vancouver."
Pendant ce temps, la FNAC a ouvert son catalogue à des livres (au moins 200) qui posent question quant à leurs engagements nazis ou fascistes :
http://blogyadvashemfr.blogspot.com
Écrit par : Mazures | 11 janvier 2008
Un des plus beaux livres lus ces 5 dernières années! Je l'ai beaucoup offert. Et conseillé!
Écrit par : Marie | 13 janvier 2008
@ mazures et marie : nous sommes d'accord sur cet écrivain et ce livre :-)
Écrit par : cathe | 13 janvier 2008
J'avance doucement dans ma lecture. C'est un livre très intéressant mais très dense.
Écrit par : sylire | 08 mars 2008
@ sylire : c'est vrai que je l'avais lu pendant les vacances de Noël quand j'avais du temps !
Écrit par : cathe | 10 mars 2008