Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Roman étranger - Page 2

  • Indignation. - Philip Roth (Gallimard, 2010)

    9782070123094.jpgLes Etats-Unis en 1951, pendant la guerre de Corée. Marcus, jeune homme sérieux dans les études, agréable avec ses parents, courageux (il a aidé son père à la boucherie casher toute sa jeunesse), prend la décision de partir loin de sa famille poursuivre ses études dans une université. Il souhaite s'éloigner de son père qui ne supporte pas de le voir grandir, s'éloigner, vivre sa vie loin de lui. Mais là-bas, Marcus ne s'intègre pas bien à la vie d'étudiant, lui ne souhaite que travailler sérieusement, avoir un petit job et dormir suffisamment. Son premier voisin de chambre est trop bruyant, le second trop renfermé, et surtout la belle Olivia vient bousculer sa vie bien réglée. Comment faire face à tous ces bouleversements, comment devenir quelqu'un sans renier ses principes mais en vivant avec les autres ?

    Beaucoup de questions sont posées dans ce roman de Philip Roth, bien différent de ses précédents ouvrages. Ici il nous propose le récit d'apprentissage d'un jeune Américain dans ces années cinquante bien puritaines et conservatrices. Les passages drôles alternent avec les passages plus dramatiques, notamment pendant les envolées de Marcus face au directeur de l'université où son indignation s'exprime clairement ! Ce joli roman est toutefois profondément pessimiste sur la nature humaine puisque c'est l'indignation de Marcus et sa sincérité qui le mèneront à sa perte !

    Les avis de Dasola, Sylvie, Amanda

  • Rosa candida. - Audur Ava Olafsdottir (Zulma, 2010)

    rosa candida.jpgLe jeune Arnljotur quitte son pays, l'Islande, son frère jumeau autiste et son père pour aller rejoindre un monastère et s'occuper de son jardin, autrefois l'un des plus beaux du pays. Il laisse aussi sa fille de quelques mois qu'il a eu "par hasard" comme il dit, et dont il ne s'est jamais occupé. Sur le continent il va successivement tomber malade, trouver une auberge au fond des bois, rencontrer une jeune fille... Mais sa grande découverte est le monastère, son jardin qu'il entreprend de restaurer, les frères moines. Tout s'organise pour le mieux jusqu'à ce que la mère de sa fille lui demande de s'occuper de celle-ci pendant quelques semaines. Cette enfant dans ce village montagnard perdu, près d'un monastère, est-ce bien raisonnable ? Mais oui...

    Ecrit comme un conte merveilleux, ce livre nous fait cheminer auprès du jeune Arnljotur tout au long de son périple quasi initiatique. Sa personnalité candide (comme sa rose "rosa candida") est extrêmement attachante et cette histoire originale a un côté merveilleux qui nous enchante.

    Beaucoup de lecteurs et lectrices ont aimé ce roman. Pour ma part c'est Mélanie, notre chère libraire de Neverland, qui m'a convaincue de le lire en me disant que c'était son coup de coeur de la rentrée. Pour ma part je vais le conseiller à mes lecteurs... dès qu'il ne sera plus réservé, car pour l'instant il sort tout le temps !

    L'avis d'Aifelle et de nombreux avis chez B.O.B.

  • Les jeux de la nuit. - Jim Harrison (Flammarion, 2010)

    9782081222663.jpgTrois nouvelles composent ce recueil.

    Dans La fille du fermier, on fait la connaissance de Sarah, adolescente vivant dans le Montana. Quand sa mère, pourtant confite en dévotion, part avec un autre homme, elle reste avec son père et partage avec lui la vie rude de cette région. Elle a pour seuls amis leur voisin le plus proche, le vieux Tim, et Vagabonde, son chien. Mais elle grandit et les hommes commencent à essayer de l'approcher. Quand l'un deux abuse d'elle, elle jure de se venger, même s'il lui faut attendre longtemps.

    Dans Chien Brun, le retour, on retrouve le héros déjà présent dans plusieurs récits de l'auteur. C'est un peu le double de Jim Harrison. Force de la nature, il n'a pas de sang indien mais est Indien dans sa tête. Son existence est passionnée, nomade, imbriquée dans la nature. Sa nature sensuelle lui fait regarder de près chaque femme qui s'approche, mais aussi chaque bouteille de whisky et chaque bon plat bien consistant.

    Il n'y aura pas de troisième nouvelle pour moi car je dois avouer que je n'ai pas été convaincu par les deux premiers récits. J'ai tellement aimé des romans tels que Dalva, La route du retour, Retour en terre, que, malgré les descriptions lyriques de la vie au fond du Montana et le caractère bien trempé des héros, j'ai regretté une certaine facilité dans l'écriture et la narration. Jim Harrison est merveilleux dans les longs récits où il a le temps de laisser s'épanouir toute sa verve et tout son lyrisme. Je suis moins convaincu par ces nouvelles où on a l'impression qu'il court derrière ses personnages. Croyez que je suis déçue d'avoir été déçue car Jim Harrison est dans mon Pantheon personnel des meilleurs écrivains. Mais lisez l'avis d'Amanda qui est plus enthousiaste.

    L'avis plus positif d'Amanda

  • Purge. - Sofi Oksanen (Stock, 2010)

    9782234062405.jpgEn 1992, l'Estonie a gagné son indépendance. La vieille Aliide reçoit une étrange visite. Une jeune fille, Zara, traquée, blessée, frappe à sa porte et lui raconte une histoire plus ou moins vraisemblable d'un mari violent qui la poursuit. Aliide vit seule dans sa maison, toujours un peu craintive. Il faut dire qu'elle a subi l'occupation soviétique alors qu'elle n'était qu'une enfant. Sans leurs parents, elle et sa soeur Ingel ont survécu jusqu'à ce que Hans arrive et tombe amoureux d'Ingel. Mais pour Aliide Hans est l'homme de sa vie et elle fera tout pour le protéger quand il en aura besoin. Et quelle est la place de Zara dans cette histoire ?

    Voilà sans doute un des romans les plus marquants de cette rentrée littéraire. Un pays froid, mal connu, qui a connu des tragédies. Une famille en plein dans la tourmente. Et un beau caractère de femme qui porte l'histoire. En lisant ce roman, j'ai beaucoup pensé à Dina, l'héroïne de la saga de Hebjorg Wassmo, une histoire tragique aussi portée par le magnifique personnage de Dina. Le froid, le sang, la passion, le sexe, la guerre, la violence, tout est là pour emporter le lecteur et c'est réussi. Je mettrai un bémol dans le concert de louanges qui entoure ce livre, c'est le recours trop systématique aux flash-backs vers des dates et des lieux différents à chaque chapitre (ou presque). L'auteur (finlandaise) sait raconter une histoire, on le voit, mais le côté puzzle m'a un peu agacée...

    Les avis de Sylvie , Dasola (agacée comme moi par le va et vient spacio-temporel...), Aifelle

  • 84 Charing Cross Road. - Helene Hanff (Autrement, 2001)

    419R92Q4RTL__SL500_AA300_.jpgVoilà typiquement un roman à mettre dans mon challenge BRAC (Bon Roman A Conseiller) car je ne l'avais jamais lu (en même temps, je ne dois pas être la seule...) bien qu'il soit sorti depuis plusieurs années et qu'il ait beaucoup de succès !

    En 1949, Helene Hanff, une Américaine, écrit à un libraire dont la librairie est située 84 Charing Cross Road à Londres pour lui commander des livres d'occasion. Passionnée de littérature, très fantaisiste, plutôt fauchée mais très généreuse, elle s'enthousiasme pour ce libraire qui lui permet d'étancher sa soif de découvertes. Peu à peu des liens amicaux se créent, Helene envoie des colis à Londres qui souffre toujours du manque de nourriture, elle s'intéresse à la famille du libraire. Une véritable amitié est née, elle durera plus de vingt ans. Ce livre est une sélection de leur correspondance.

    Voilà en effet un très joli livre qui ne peut que plaire à tous les amoureux des livres. La passion des livres peut créer de véritables amitiés comme ici, et comme aujourd'hui avec les blogs d'ailleurs... Je ne partage peut-être pas l'enthousiasme dithyrambique de certains, mais j'ai passé un très bon moment en le lisant et je le conseillerai autour de moi !

    L'avis de Sylire, de Papillon, et beaucoup d'autres sur Blog O Book

  • La fuite de Tolstoï. - Alberto Cavallari (Christian Bourgois, 2010)

    tolstoi.jpgEn 1910, dans la nuit du 27 au 28 octobre, Tolstoï, qui a 82 ans, quitte la propriété familiale avec son secrétaire, sans prévenir sa femme ni ses enfants. Il prend un train, puis un autre, essayant de brouiller les pistes. Ses proches sont prévenus, certains viennent le retrouver et essaient de le convaincre de rentrer. Mais il repart jusqu'à Chamardino où habite sa soeur, puis reprend un train mais, fiévreux, doit s'arrêter dans la petite gare d'Astapovo où il mourra quelques jours plus tard.

    Hasard de l'édition, après les derniers jours de Zweig, voilà ceux de Tolstoï. Pourtant il n'y a pas grand-chose de commun entre ces deux fins de vie. Tolstoï fuit sa propriété essentiellement pour des raisons familiales. Sa femme, avec laquelle il est mariée depuis presque 50 ans, est très instable psychologiquement et lui fait de nombreuses scènes. Certains de ses proches la soutiennent, d'autres au contraire sont du côté de Tolstoï. Celui-ci cherche un peu de paix, un peu de calme pour continuer à écrire.

    Le travail de recherche de Cavallari a été facilité par la quantité de sources parlant de cet épisode. Il faut dire qu'à cette époque en Russie tout le monde écrivait, tout le temps ! Chacun tenait son journal intime, les gens s'envoyaient des lettres, des télégrammes. Pendant ces quelques jours, je n'ai pas compté combien de courriers ont été échangés, mais c'est assez impressionnant. Et on peut ajouter les témoignages écrits des personnes qui ont reconnu Tolstoï ainsi que les articles des journaux locaux qui mentionnent son passage. Inutile de dire qu'il n'a pas réussi à garder longtemps son incognito !

    J'ai trouvé vraiment très intéressante cette plongée dans l'intimité de Tolstoï pendant quelques jours. On suit ses réflexions, son travail, ses inspirations, ses tiraillements entre la vie confortable et la vie austère qui l'attire...Il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je me replonge dans Anna Karenine ou Guerre et paix...

    En cette année de centenaire de sa mort, de nombreuses publications sont prévues.

     

  • Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates. - Mary Ann Shaffer, Annie Barrows (Nil, 2009)

    cercle.gif

    Lu dans le cadre de mon challenge perso "Rubrique à BRAC = Bons Romans A Conseiller".

    Ce livre a tellement été chroniqué sur la blogosphère que je me permets de recopier le résumé de l'éditeur :
    Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant. Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies... Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.

    Je n'avais pas pris le temps de le lire à sa sortie, pourtant ce n'est pas faute d'avoir vu des bons billets sur la blogosphère. "Malgré" cette profusions d'avis enthousiastes, je dois dire que je n'ai pas été déçue et j'ai moi aussi beaucoup aimé ce livre. Sans être le roman du siècle, il conjugue avec bonheur l'émotion, le côté historique, l'humour, l'amitié, l'amour aussi bien sûr, et surtout la thème qui nous réunit ici : l'amour de la lecture ! Cette idée de cercle littéraire permet de mettre en scène des personnages très différents qui abordent tous la lecture de manière personnelle et j'ai trouvé cette idée très émouvante. Et puis il y a Juliet bien sûr, qui écrit aussi mais qui hésite, qui doute, qui cherche. Sa rencontre avec Guernesey sera déterminante.

    Tous les personnages de ce roman sont attachants. La description de la situation de Guernesey pendant la seconde guerre est inédite et bien vue. La forme épistolaire rend la narration très vivante. Bref un excellent roman à offrir autour de soi !

    Les blogueurs qui en parlent...Aifelle, Allie, Anna Blume, ArmandeBellesahi, Brize, Caro[line], Cathulu, ClarabelDasola, Dominique, Elfique, Fashion, Florinette Joëlle, Karine, Karine :), Katell, Keisha, La Pyrénéenne, Leiloona, Michel, Mirontaine, Miss Alfie, Nanne, Papillon, Stéphanie, Sylire, Tamara, Yspadadden

  • Victoria et les Staveney. - Doris Lessing (Flammarion, 2010)

    lessing.jpgVictoria, maigrichonne à la peau noire, fréquente une école de quartier à Londres. Un soir c'est Thomas, d'une famille très aisée, qui vient la chercher à l'école et elle découvre, éblouie, le luxe de leur grande maison. Elle essaie de se convaincre qu'un jour elle reviendra. Plus tard, devenue une belle jeune fille, elle revoit Thomas, très attirée par les beautés noires et ils se voient pendant quelque temps. Mais leur histoire se termine, elle attend un enfant et ne lui dit rien. Ce n'est que plus tard qu'elle aura le courage d'aller le revoir. Mais même si la famille tombe sous le charme de la petite fille, il y a un gouffre entre leurs vies respectives...

    Ce récit est écrit comme une fable mettant en scène ce que Doris Lessing a combattu toute sa vie : le racisme, visible ou latent, les préjugés raciaux, les différences de traitement. C'est une histoire efficace, féroce, qui en peu de pages résume tout son combat. Vite lue, elle n'est pas pour autant vite oubliée car elle nous rappelle qu'aujourd'hui encore les combats pour les questions raciales ne sont pas terminés.

  • En plein coeur de la nuir. - Irvin Yalom, Robert Berger (Galaade, 2010)

    yalom.jpgRobert Berger connait Irvin Yalom depuis cinquante ans, depuis leurs études de médecine. Irvin sait que "Bob", chirurgien cardiaque mondialement connu, a vécu des situations douloureuses pendant la guerre, il sait que sa famille a été déportée, mais ils n'en ont jamais parlé. Après une réunion de leur promotion d'étudiants en médecine, Irvin sent que c'est le moment et il écoute Bob. Celui-ci commence par lui parler de son récent voyage à Caracas où il a failli être enlevé et n'a trouvé son salut qu'en menaçant d'appeler la police. Pourquoi cet événement est-il aussi important pour lui et quels souvenirs douloureux cela a-t-il fait renaître ?

    Avec le talent de conteur qu'on lui connait, Irvin Yalom nous offre ce petit récit qui en peu de pages nous parle d'un itinéraire personnel, de la douloureuse époque de la guerre, d'un traumatisme refoulé, et aussi de l'écoute du thérapeute qui sait écouter mais aussi intervenir et encourager.

    Comme d'habitude, je suis conquise par les récits d'Irvin Yalom avec toutefois une petite frustration pour ce récit vraiment très court (72 pages).

  • Scènes de vie villageoise. - Amos Oz (Gallimard, 2010)

    oz.gifKobi, jeune homme timide, cherche à avouer son amour à la bibliothécaire du village. Gili, médecin, attend son neveu qui doit arriver par le car, il n'est pas là mais n'est-ce pas son manteau à l'intérieur. Beni, le maire, ne comprend pas pourquoi sa femme est partie en laissant un mot :" Ne t'inquiète pas pour moi". Pessah, ancien membre de la Knesset, vieillard un peu acariâtre, vit avec sa fille Rachel et héberge à contre-coeur un jeune étudiant arabe. Yossi, agent immobilier, cherche à acquérir une des plus vieilles maisons du village mais la ravissante fille de la propropriétaire la lui fait gentiment visiter.

    Tous les protagonistes de ces histoires habitent un village d'Israël et se croisent, se rencontrent, se côtoient tout au long de ces huit nouvelles. L'ensemble ressemble presque à un roman et me réconcilie avec le genre de la nouvelle que, je l'avoue, je n'aime pas trop... (oui je sais il y a d'excellentes nouvelles et parfois même j'en lis...). Depuis Une histoire d'amour et de ténèbres je suis une amoureuse admiratrice transie d'Amos Oz donc une lectrice pas très objective, mais il faut reconnaître qu'il a un admirable talent de conteur. Quelques lignes suffisent à nous faire entrer dans le quotidien de ce village et nous en ressortons en ayant l'impression de quitter des voisins. La vie israélienne y est particulière car sont encore présentes les blessures du passé, notamment chez Pessah, mais elle est aussi universelle car la solitude, la tendresse, le désir et le douleur sont le quotidien de chacun...