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inde

  • Un sari couleur de boue. - Kashmira Sheth (Ecole des loisirs, Medium, 2010)

    61ta6N4KPdL__BO2,204,203,200_PIsitb-sticker-arrow-click,TopRight,35,-76_AA300_SH20_OU08_.jpgNous sommes en Inde en 1920. Leela a treize ans, elle est mariée mais habite encore chez ses parents, elle doit rejoindre sa belle-famille l'année prochaine. Quand tout à coup son mari est piqué par un serpent et meurt. Elle est donc veuve à treize ans. Et, comme c'est dit sur la quatrième de couverture, il y a pire que d'être intouchable, c'et être veuve. Pendant un an elle va devoir vivre cloîtrée chez elle, avoir la tête rasée et porter un sari "couleur de boue". Elle ne devra jamais se remarier et portera malheur pendant toute son existence.
    Leela et sa famile doivent donc respecter les traditions et fermer leur porte à tous pendant un an. Cette petite fille insouciante doit tout à coup accepter cette situation sans rien dire.
    Pendant ce temps en Inde un personnage commence à bousculer les traditions et les consciences et à tenir tête aux Anglais. C'est Gandhi. Grâce à lui en Inde on commence tout doucement à imaginer que l'on peut désobéir, ne pas tout accepter et même parfois se révolter. Ce mouvement servira Leela qui pourra demander à suivre les cours de son institutrice chez elle, et même peut-être continuer ses études après cette année de réclusion et seulement si son père est d'accord...

    Cette histoire est le récit de la vie de la grande tante de l'auteur et celle-ci restitue merveilleusement bien la vie dans une famille indienne à cette époque. Sans exagération ni pathos, elle nous fait partager le quotidien de cette enfant insouciante qui peu à peu va mûrir et être amenée à se poser des questions sur son existence, sur les inégalités hommes-femmes, sur l'action de ce Gandhi qui va dans le sens de ses interrogations personnelles. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour ce roman qui est publié dans une collection pour adolescents (l'excellente collection Medium de l'Ecole des loisirs) mais peut tout à fait intéresser un public adulte.

  • Le regard de l'Inde. - V.S. Naipaul (Grasset, 2010)

    naipaul.jpgNaipaul, écrivain d'origine hindoue né à Trinidad, prix Nobel de littérature en 2001, est surtout connu pour ses romans évoquant la culture coloniale, l'exil et aussi les traditions indiennes, antillaises et européennes.

    Ce petit récit est une réflexion sur sa famille, d'origine hindoue, qui a dû s'exiler à Trinidad à la fin du 19è siècle. Pourquoi personne dans sa famile ne parlait de la vie "d'avant" ? Pourquoi les traditions hindoues étaient-elles respectées mais presque en cachette ? Comment Gandhi, de la même génération que ses grands-parents, a-t-il gardé son âme et ses traditions indiennes pendant ses vingt ans passés en Afrique du Sud ?

    Ce livre est passionnant quand on s'intéresse à l'histoire de l'Inde mais justement j'aurais aimé qu'il soit plus long ! Evoquer autant de sujets que les origines de l'auteur, sa famille, l'Inde et Gandhi dans ce petit livre est un peu frustrant. J'ai vu que ce récit était tiré d'un ouvrage plus important inédit en français... En espérant qu'il sera bientôt traduit..

    Un article du Nouvel Obs sur ce livre

     

  • Retour en Inde. - Patrick Boman (Arléa, 2009)

    retour en inde.gifDe Patrick Boman j'avais lu plusieurs livres de sa série "Peabody", romans policiers qui se passent en Inde fin XIXè et qui mettent en scène un officier de police de l'Empire de Indes très peu "politically correct". L'auteur est un grand voyageur, un journaliste qui a aussi fait mille métiers et aime observer ses congénères.

    Dans ce récit, il nous emmène en Inde aujourd'hui, un pays qu'il connait bien car il y est venu plusieurs fois pour des séjours assez longs. Mais là il n'y est pas retourné depuis 18 ans et il est curieux de voir si le pays est toujours le même ou si les grands mutations mondiales l'ont modifié en profondeur.

    Les sensations sont les mêmes à l'arrivée, les odeurs, la chaleur.... Les hôtels aussi, l'auteur livre quelques notes pour chaque hôtel (mais pas d'hôtel de luxe pour voyageurs fortunés...). De Calcutta à Bombay via Chandernagor et Bénarès, il retrouve l'Inde familière, la foule, la religion omniprésente, les castes, l'attente partout, le tourisme local... L'Inde a-t-elle vraiment changé ? Bien sûr les classes moyennes et supérieures ont profité du développement économique, surtout dans les métropoles. Mais ailleurs, certes le téléphone portable s'est répandu mais dans ce pays immense les changements mettent du temps à être visibles...

    J'aime beaucoup les récits de voyage et me laisse facilement embarquer vers des destinations lointaines, j'ai donc lu ce joli petit livre avec plaisir,  toutefois je pense qu'il plaira vraiment aux lecteurs qui sont allés en Inde et qui retrouveront bien cette atmosphère particulière. Une bonne idée de cadeau pour des amis voyageurs...(15€)

  • Peabody se mouille . - Patrick Boman (Le Serpent à Plumes, 2001)

    medium_9782877307239.gifSuite des aventures de Peabody, inspecteur britannique en poste en Inde en 1899. Il est obèse, obsédé et repoussant, mais le justice lui tient au corps et il n'aura de cesse de la faire respecter.

    Ici c'est un morceau de prépuce offert dans une boîte au Raja local qui met le feu aux poudres. Qui ose faire une telle offense au Prince ? D'autant plus que le même jour on retrouve un homme avec des vêtements luxueux mort à la porte du palais ( jeté par-dessus les murailles ? ). Peabody est chargé d'enquêter mais il y a une telle effervescence en ce moment au Palais que ces enquêtes passent au second plan. Le prince actuel, anesthésié par l'opium, a du mal à résister aux assauts de son frère et de sa soeur qui guignent le trône. Quel rôle doivent jouer les Britanniques dans ces querelles de palais ? Peabody, le pasteur, la femme du pasteur et le "Résident" eux-mêmes ne sont pas toujours solidaires...

    C'est un régal de lire ces aventures qui nous plongent au coeur de l'Inde la plus populaire et, c'est vrai, la plus pittoresque ! Peabody n'est pas du tout un sujet britannique comme on l'imagine, il aime l'Inde et les Indiens et se complait à vivre parmi eux au grand dam de ses compatriotes qui passent une grande partie de leur temps à comploter afin d'obtenir un peu plus de pouvoir. Mais Peabody est plus roublard qu'eux et il réussira, sans en avoir l'air, à changer le cours des choses dans cette vallée du Gange bien agitée !

  • Peabody met un genou à terre. - Patrick Boman (Picquier, 2003)

    medium_9782877306850.gifQuelle bonne surprise que ce roman policier ! J'assimilais cette série, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, à celle de Sarah Dars  qui présente un héros détective brahmane plutôt insipide dans une Inde édulcorée.

    Ici pas du tout ! Le héros est fonctionnaire de police de l'Empire britannique (l'histoire se passe autour de 1900) mais il est plongé jusqu'au cou dans les bas-fonds de Delhi ! Sexagénaire obèse, grand fumeur et libidineux, il parle l'hindi et peut donc se mêler à la foule indienne et être au contact avec toutes les couches de la société. Le récit, pas du tout politiquement correct (les vices de tous les corps de la société y sont abondamment décrits), grouille de détails, de couleurs, presque d'odeurs. Ca a un air de "Parfum" de Süskind ce livre ! Et l'intrigue tourne autour des malversations des hauts fonctionnaires britanniques qui ne souhaitent pas que le vicieux et encombrant Peabody se mêle de leurs affaires ! Mais il est aussi gros que fin limier et aussi vicieux qu'honnête et épris de justice !

    Voilà un polar qui nous plonge tout droit au coeur d'une Inde contrastée et vivace.

    De mère française et de père suédois, Patrick Boman passe une grande partie de sa vie à voyager, à écrire des romans et à être journaliste.

  • Mariage arrangé. - Chitra Banerjee Divakaruni (Picquier, 2001)

    medium_287730521X.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegL'auteur, surtout connue pour son roman "La maîtresse des épices", nous propose ici un très beau recueil de nouvelles sur le thème du mariage et de l'amour.

     

    Ces onze nouvelles décrivent comment les femmes vivent aujourd'hui la tradition du mariage arrangé, tradition toujours vivace en Inde. Qu'elles soient en Inde ou aux Etats-Unis, comment peuvent-elles concilier à la fois l'appartenance à une culture et le respect de la liberté individuelle ? Ces nouvelles offrent de magnifiques portraits de femmes indiennes contemporaines, courageuses et volontaires qui essaient de prendre en main leur destin avec toutes les difficultés que cela comporte. Il n'y a pas de réponse unique, chacune essaiera de se construire un avenir meilleur que ce qu'elle vit aujourd'hui. L'une décidera de quitter l'homme (américain) qu'elle aime parce qu'il refuse de comprendre qu'elle attend l'approbation de sa mère. Une autre, au risque d'être bannie par tous, quittera sa belle-famille où elle habite pour éviter qu'on lui impose un avortement (elle attend une fille). Une autre, qui habite aux Etats-Unis avec son mari indien, ne supportera pas que l'ami d'enfance de son mari vienne s'installer chez eux pendant des mois en recréant le mode de vie indien et l'affirmera haut et fort.medium_images.43.jpeg 

     

    Toutes les histoires de ce recueil  sont quasiment des études sociologiques sur le mariage arrangé, le poids des traditions en Inde et le choc subi au contact de la civilisation américaine. L'auteur sait avec beaucoup de sensibilité exprimer la douleur et les questionnements des femmes indiennes d'aujourd'hui, surtout chez celles qui ont adopté un mode de vie américain, c'est une extraordinaire conteuse et j'ai eu l'impression que l'on me racontait des histoires tous ces soirs où j'ai lu ce recueil ! Voilà vraiment une belle manière (encore une....) de découvrir la littérature indienne. (Cuné c'est à toi que ce discours s'adresse ;-)...)

  • Mes jours : mémoires d'un Indien du Sud. - R.K. Narayan (Le Serpent à plumes, coll Motifs, 2005)

    medium_9782268056630TN.gifJ'ai eu une excellente surprise en lisant ce récit. En effet je l'avais pris car Narayan fait partie des quelques écrivains qui ont écrit après Tagore mais avant les romanciers contemporains que nous connaissons mieux (Rushdie, Naipaul, Nair, Desai, etc...). Je m'attendais donc à un récit encore influencé par Tagore et emprunt de classicisme. Pas du tout ! Ce livre qui est en fait une autobiographie de l'auteur, est d'une étonnante vivacité et se lit presque comme un roman d'aventures !

     

    Né au début du siècle, Narayan vit à Madras avec sa grand-mère car son père est directeur de lycée et déménage souvent. Il passe donc son enfance dans une maison d'un quartier de Madras et il découvre peu à peu la ville au fur et à mesure qu'il grandit. Ses compagnons : un singe et un paon qui l'accompagnent partout et l'aident à faire les bêtises d'un enfant de son âge. L'école ne lui apporte pas ce qu'il souhaite et est surtout là pour dresser les enfants. Ses grandes vacances se passent avec ses parents et ses frères et soeurs qu'il découvre chaque année avec un peu de crainte et quitte à la fin de l'été avec tristesse. Au fur et à mesure qu'il grandit, on voit naître chez lui le goût de raconter des histoires. Nouvelles, pièces de théâtre, tout est bon pour assouvir son imagination débordante. Après le lycée, sa décision est prise, il sera écrivain ! Mais son père, maintenant en retraite, ne peut seul assurer les revenus de la famille et le narrateur devrait le seconder. Mais les quelques essais qu'il fait dans la vie courante sont des échecs ! Il ne sait faire qu'un chose : écrire ! Heureusement il aura quelques coups de pouce dans sa vie, dont celui de Graham Greene qui a lu un de ses manuscrits en Angleterre et l'a donné à son éditeur. Toujours entre deux orages financiers (une fois qu'il sera marié, ce sera pire), il réussira pourtant à publier une oeuvre assez considérable qui est mal connue en Europe (enfin... de moi en tout cas, et de ce que j'ai lu ;-)  ).

     

    Ce récit est vraiment très moderne dans le ton et dans la narration, je pense que la traduction très fluide est aussi pour beaucoup dans cette modernité. Il donne de l'Inde une image pas du tout caricaturale car il s'attache davantage aux personnes qu'au décor ou qu'à l'arrière-plan politique (la guerre est évoquée mais pas du tout l'indépendance). D'ailleurs après avoir lu les livres de Tagore et celui-ci, je remarque que pas une seule fois n'est évoquée la question des castes. Ici on sait juste incidemment que l'auteur est brahmane mais ce n'est qu'une indication expliquant un détail. Bref voilà un livre très vivant avec plein d'anecdotes que l'on peut tout à fait lire pour découvrir la vie en Inde dans la première moitié du 20è siècle et pour suivre l'itinéraire d'un écrivain indien.

     

    Une chronique de Bernard Frank sur ce livre : . Il a lu ce livre avec "délectation" !

     

  • Souvenirs d'enfance . - Rabindranath Tagore (Gallimard, L'imaginaire, 2005)

    medium_2070704521.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegAprès les nouvelles de Tagore, voilà son enfance, ou comment prolonger un peu le plaisir d'être avec ce grand auteur.

    Ecrit en 1940, soit l'année avant sa mort alors qu'il avait quatre-vingts ans, ce recueil exprime les impressions qui lui restent de son enfance alors qu'il est à la fin de sa vie (il ne le sait pas encore... mais bon..). C'est-à-dire que loin d'être un récit chronologique, c'est une succession de moments qui l'ont marqué. Ses échecs à l'école par exemple, cette école qu'il n'aime pas au point d'essayer de tomber malade par tous les moyens. Mais il avait une santé de fer ! Ou la vie dans cette ville de Calcutta qui changera tellement à l'aube du 20è siècle (eau courante électricité, cinéma... pour les plus fortunés bien sûr). Les petits conflits avec sa (ses) belle-soeur(s), (il était le 14è enfant de la famille), mais aussi les plaisirs partagés avec ses frères. Et l'art dans lequel il excellait, déjà tout jeune, la poésie bien sûr. C'est ce qui lui permettra d'épater quelques filles, et aussi d'être publié dans le journal de son frère.


    Ce qui ressort, c'est la fraîcheur des souvenirs que Tagore garde encore de son enfance malgré son âge. Certes il y a tout un arrière-plan qui, pour nous, parait très exotique (monter à dos d'éléphant , écouter les extraits du Ramayana, ...) , mais le reste pourrait être repris dans "Le petit Nicolas" ! Les découvertes de l'enfance, ses émerveillements, ses roublardises, ... tout cela est universel et on le sent bien dans ce récit. Il y a un petit plus quand même, c'est la poésie qui était déjà présente chez Tagore !

  • Le Vagabond et autres histoires. - Rabindranath Tagore (L'Imaginaire-Gallimard, 2006)

    medium_9782070764051.2.gifLes lectures se suivent et ne se ressemblent pas. Après les interrogations sexuelles et sentimentales d'un gay bostonien, voici des nouvelles sur l'Inde rurale de la fin du 19è et du début du 20è siècle !

    J'ai choisi de commencer mes lectures sur la littérature indienne par Tagore qui est l'un des premiers à avoir écrit des oeuvres romanesques telles que des romans ou des nouvelles. En effet, après les grandes épopées comme le Mahabharata et le Ramayana, c'est au 19è que se sont développées les traductions d'auteurs occidentaux et que sont nés les premiers romans.

    Tagore est surtout connu pour sa poésie, pourtant j'ai découvert par ce recueil de nouvelles qu'il savait merveilleusement raconter des histoires de la vie de tous les jours, comme le faisait un Maupassant à peu près à la même époque. Ses sujets de prédilection sont la vie quotidienne des paysans, les traditions, l'intérêt pour l'étude (il a créé une école et une université) et bien sûr l'amour !
    Dans "La jeune mariée", une jeune fille vive et impulsive est unie à un jeune homme calme, cultivé et très amoureux d'elle. Mais il faudra qu'elle apprenne à mûrir avant de devenir une femme en tant que telle !
    Dans "Le vagabond", un jeune homme aime aller et venir, découvrir le monde et les hommes sans attaches ni sentiments. La seule chose qui saura le retenir, c'est la possibilité d'étudier qui lui ouvre le monde. Mais cela suffira-t-il à lui ôter l'envie de voyager ?
    Dans les autres nouvelles, l'amour, la nature et la soif de savoir se mêlent souvent dans de beaux portraits d'hommes et de femmes.

    J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces nouvelles où l'humanisme et la soif de justice sont toujours présents. Même si certaines situations semblent aujourd'hui un peu dépassées (même en Inde), les sentiments et la nature restent les mêmes et sont superbement décrits.