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lodge david

  • La vie en sourdine . - David Lodge (Rivages, août 2008)

    a4348f92068d3979fc93c41d247ad172.gifDesmond, le narrateur, est un professeur d'université en linguistique récemment mis à la retraite. Cette retraite se déroule très tranquillement entre la télévision, la lecture du journal, et quelques activités organisées par sa femme, plus jeune que lui et passionnée par son magasin de décoration. Rien que de très banal si ce n'est que Desmond est depuis plusieurs années affligé d'une surdité évolutive. D'abord discrète, cette surdité le handicape de plus en plus et toute sa vie s'en trouve bouleversée. Les appareils auditifs étant parfois plus gênants qu'efficaces, il a du mal à garder des relations sociales normales. Il ne réussit plus à partager une conversation pendant les dîners entre amis et se sent complètement exclu de leurs préoccupations. Sa femme finit par s'impatienter de devoir attendre qu'il ôte le casque de la TV et remette son appareil auditif pour lui parler. Et, pour compliquer le tout, dans une soirée de vernissage (très bruyante bien sûr), il répond poliment à une étudiante sans comprendre réellement ce qu'elle lui dit. En fait elle lui demande de l'aider à faire son mémoire de recherche sur les lettres de suicidés et leur analyse linguistique. Cette jeune fille ne tardera d'ailleurs pas à lui causer quelques soucis....Et, autre souci, il se rend compte que son père a de plus en plus de mal à vivre seul dans sa maison mais ne veut pas entendre parler d'aide sous quelque forme que ce soit...


    Le résumé, foisonnant, montre que Lodge n'a rien perdu de sa verve pour imbriquer et développer des histoires avec le ton enlevé et plein d'humour qui est le sien. La grosse différence avec ses romans (que j'ai à peu près tous lus sauf les tout derniers) est que cette fois la partie personnelle, la surdité et les problèmes avec son père, est complètement autobiographique (il le signale à la fin du livre) et donc que le récit prend une épaisseur beaucoup plus importante. L'analyse de ce que ressent quelqu'un qui perd peu à peu l'ouïe est poussée à son extrême, les aspects psychologiques sont extrêment bien décrits ainsi que la solitude et le sentiment de rejet que provoque cette infirmité. L'auteur ne perd rien de son humour pour en parler mais c'est sous un ton souvent cynique, et le ton oscille sans cesse entre l'humour caustique (le week-end dans le "Center Park" anglais, ainsi que les scènes avec l'étudiante) et l'extrême gravité (son impression d'être "emmuré", mais aussi sa visite à Auschwitz).



    J'ai été très agréablement surprise par ce dernier livre de Lodge dont j'avais un peu abandonné les histoires d'universitaires à le libido exacerbée. Déjà Thérapie lui avait permis de faire passer beaucoup d'auto-dérision dans son problème de douleur au genou qui devenait existentielle. Avec La vie en sourdine, on entre carrément dans ses pensées les plus secrètes et c'est toujours avec beaucoup de distance (c'est ce qu'on appelle l'humour anglais sans doute...) qu'il nous offre ce récit où l'émotion côtoie la causticité.


    L'article de Lire et le billet de Mazel qui cite l'article du Monde. L'avis d'Armande