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  • L'Arche des Kerguelen : voyage aux îles de la Désolation. - Jean-Paul Kauffmann, Flammarion, 1993)

    kauffmann.jpgLes Kerguelen, un archipel au bout du bout du monde. Découvert au 18è siècle par le chevalier Kerguelen, oublié, retrouvé, jamais apprivoisé, il sert aujourd'hui de base pour quelques expériences diverses. Trop venté et trop loin de tout, il n'a jamais été réellement colonisé. Kauffmann en rêvait, il y est allé et a vécu plusieurs semaines dans ces îles bien nommées de la Désolation. Toutes les tentatives pour s'y installer ont échoué, seuls quelques scientifiques et quelques militaires font des séjours là-bas. En effet son éloignement lui vaut de posséder encore quelques spécimens de flore et de faune disparus ailleurs. Sensible à l'envoûtement de ce lieu, il découvre les différentes facettes de l'île et essaie de rejoindre le lieu mythique de l'Arche, une voûte de pierre de cent mètres de hauteur à l'entrée de Port-Christmas. Mais les Kerguelen doivent rester un mythe...

    J'avais lu ce livre à sa parution en 1993 mais je l'ai trouvé chez un bouquiniste et l'ai relu avec plaisir. Kauffmann a un réel talent pour s'immerger dans des lieux extraordinaires, loin de tout, et chargés de mystère et pour en tirer des récits passionnants : les Kerguelen, mais aussi Saint-Hélène avec La chambre noire de Longwood, Courlande, et aussi La maison de retour pour cette maison isolée dans les Landes. C'est un livre qui nous transporte certes dans l'espace mais aussi dans le temps car cet archipel est comme hors du temps et Kauffmann l'esprime très bien.

  • La maison du retour. - Jean-Paul Kauffmann (Nil, 2007)

    medium_9782841113088.jpgJe fais partie de la génération qui a vu pendant trois longues années l'annonce à la TV du nombre de jours de détention de ceux qu'on appelait "les otages du Liban". Et c'est toujours avec beaucoup d'émotion que je revois l'image de leur arrivée à Paris le 5 mai 1988. Jean-Paul Kauffmann est hagard, amaigri, sans ses lunettes, et surtout sans Michel Seurat mort en captivité. Vous me direz qu'être otage ne fait pas forcément de vous un bon écrivain, mais Kauffmann est quelqu'un qui a un vrai style. On l'a vu dans les très beaux "La chambre noire de Longwood" (le récit de la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène) et "L'Arche des Kerguelen". Dans "La maison du retour" il raconte l'origine de cette vocation d'écrivain (au départ il était journaliste).

    Au retour de sa captivité, il ne se sent pas capable de reprendre le cours normal de sa vie à Paris, il a besoin d'une sorte de sas pour réapprendre à vivre. Il décide d'acheter une maison, plutôt dans la région de Bordeaux en bon amateur de vin qu'il est. Mais c'est pour une maison perdue dans les Landes qu'il aura le coup de foudre. Et là, pendant de longs mois il va cohabiter avec les deux ouvriers qui restaurent la batisse, découvrant cette nature landaise un peu sauvage, comme lui. Cette parenthèse lui sera nécessaire pour retrouver la notion de temps, les saisons, la nature qui se met en sommeil puis revit. Pour toute lecture "les Georgiques" de Virgile et pour toute musique, un disque de Haydn. La radio des maçons lui donne quelques nouvelles de l'extérieur.

    J'ai lu ce livre d'une traite, complètement immergée dans cette solitude au milieu des pins, avec quelqu'un à la redécouverte de la vie. L'humour n'est pas absent  de ce récit, au contraire avec les descriptions des deux maçons énigmatiques, de l'agent immobilier insaisissable, de l'architecte pressé et des voisins qui lui donnent des conseils pour son "airial" (clairière enserrée dans une vaste pinède). Dix-huit ans après, il peut enfin revenir sur sa captivité mais sans insister, en choisissant de ne conserver que l'amour de la vie qu'il a retrouvé sans doute un peu grâce à cette maison.