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Les routes de l'imaginaire - Page 12

  • Bonne année 2013 / Les pays. - Marie-Hélène Lafon. - (Buchet-Chastel, 2012)

    rentrée littéraire 2012

    Je profite de ce premier billet de l'année pour souhaiter une très bonne année, avec plein de belles lectures, à tous les lecteurs et lectrices de mon blog. N'hésitez pas à me mettre un petit mot (surtout ceux qui n'en laissent pas habituellement), cela me fera plaisir...

     

    rentrée littéraire 2012Claire, fille de paysans du Cantal, vient s'installer à Paris et faire ses études à la Sorbonne. Elle choisit la voie difficile des lettres classiques. Pourtant tout l'éloigne des étudiants qu'elle côtoie. A eux la facilité, l'élégance, la légèreté, l'humour, les sorties. A elle le travail, la discrétion, la transparence, et encore le travail. En effet la seule manière pour elle de réussir est de travailler deux fois plus que les autres. Il lui manque les "codes" pour faire partie du monde étudiant parisien, elle réussira grâce à son obstination.

    Obstination est un terme qui convient bien à ce roman. En effet l'héroïne (l'auteur elle-même ?) réussira dans cette voie (voir la fin du roman) en "creusant son sillon". Le parrallèle avec le monde paysan court tout le long du livre mais ce bel hommage au monde paysan n'empêche pas le désir d'en sortir.

    Le style est très riche, la langue recherchée, trop parfois, presque étouffante. Mais cette manière de raconter son itinéraire et son ascension sociale, à l'opposé de l'écriture au scalpel d'Annie Ernaux, est intéressante. J'ai L'annonce, du même auteur, qui m'attend...

    Papillon l'a trouvé "un peu léger".

     

  • Noël et La liste de mes envies. - Grégoire Delacourt (Lattès, 2012)

    sapin.jpg


    Je trouve que ce livre termine bien l'année, en cette période où nous finissons de faire nos listes de Noël...

    J'en profite d'ailleurs pour souhaiter à tous les lecteurs et lectrices de mon blog de très bonnes fêtes de fin d'année, un très bon Noël et plein de cadeaux !

     

    liste envies.jpgJocelyne est mercière à Arras. Elle aime son mari, son travail, les relations avec ses clientes, le blog qu'elle tient et qui lui apporte beaucoup de satisfaction. Bref elle aime sa vie. Mais un jour elle prend par hasard un billet et gagne une très grosse somme au Loto. Elle ne l'encaisse pas, n'en parle à personne, même pas à son mari, et commence à réfléchir et à faire ses "listes" : ses besoins, ses désirs, ses folies.... Et c'est très difficile pour elle. Elle n'a pas beaucoup de besoins, a du mal à définir ses désirs, et encore plus ses folies...

    C'est un roman léger mais j'ai beaucoup aimé ses interrogations sur ses listes et son ton un peu mélancolique. Ce gain implique que ses désirs et folies soient très matériels, et pour elle le bonheur n'est pas forcément lié aux satisfactions terre-à-terre. D'ailleurs la suite lui donnera raison... A méditer donc en essayant de faire nous aussi la liste de nos besoins, de nos désirs, de nos envies...

    Beaucoup de billets sur les blogs....

     

  • Le dernier Lapon. - Olivier Truc (Métaillié Noir, 2012)

    lapon.jpgNous sommes au nord de la Norvège, en Laponie, pendant la nuit polaire. Là-bas cohabitent les gens des ville et les Lapons qui élèvent leurs rennes et ont des conditions de vie difficiles, notamment l'hiver. Les Lapons ont du mal à garder leur mode de vie d'éleveurs. En effet les compagnies minières ont dans le passé colonisé une partie de la région pour prélever du minerai. Aujourd'hui encore les ressources du sous-sol attisent beaucoup de convoitises. C'est dans ce contexte qu'interviennent un vol et un meurtre. Le vol est celui d'un tambour traditionnel lapon, dérobé dans le musée local alors qu'il venait d'être prêté par un Français. Le meurtre, c'est celui d'un éleveur. Il a été sauvagement assassiné et on lui a coupé les oreilles, comme on le fait aux rennes. L'inspecteur Klemet et sa jeune collègue Nina vont tenter de résoudre ces deux délits. Mais le pouvoir des politiques est puissant et ce qu'ils découvrent peu à peu, notamment les liens avec une expédition polaire d'avant-guerre, met en péril la situation de notables.

    Ce roman est le premier d'un journaliste français qui vit depuis 1994 à Stockholm où il est correspondant du Monde et du Point. Il s'est remarquablement documenté pour écrire ce polar et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on découvre le mode de vie des Lapons aujourd'hui. Le choc de civilisations se fait aussi sentir là-bas et, comme dans d'autres civilisations colonisées, le profit va de pair avec la disparition progressive des autochtones. L'intrigue est bien menée, avec ce zeste d'exotisme propre aux polars "ethniques" (et un peu de manichéisme... mais on pardonne). Sans doute un des meilleurs polars de cette fin d'année. Une belle idée de cadeau de Noël à faire aux amateurs de policiers et même aux autres qui seront intéressés par le contexte social et politique. Et comme ce duo d'inspecteurs est très attachant, on peut parier que c'est le début d'une (longue) série de polar nordique...

    Des avis très positifs chez Emeraude, Michel, Yv, Dominique, Keisha 

  • 14. - Jean Echenoz (Minuit, 2012)

    echenoz.jpgAlors que la première guerre éclate, Anthime et Charles vont rejoindre le front. Les deux jeunes vendéens sont amoureux de Blanche, mais seul l'un d'eux reviendra. Sur le front c'est l'enfer, l'amitié apaise un peu la souffrance, mais la guerre est la plus forte. Et à l'arrière on s'adapte...

    Comme d'habitude le style concis de Jean Echenoz redonne vie à des histoires souvent entendues. Un livre à lire attentivement, sans en perdre une miette, pour savourer les images toujours renouvelées. Ce n'est pas mon préféré de l'auteur mais c'est toujours un plaisir de lire Echenoz.

     

    L'avis de Laurent

  • Démon. - Ken Bruen (Fayard, 2012)

    demon.gifJack Taylor, détective privé accro au cocktail Xanax-Guiness-Jameson, est décidé : il quitte l'Irlande et part aux Etats-Unis. Mais il est refoulé à l'aéroport et est abordé par un étrange individu. De retour dans sa ville natale, Galway, il est confronté à une série de meurtres et à un individu qu'il croit reconnaître. Les victimes sont tuées selon un rite satanique, aucune piste ne se dégage, Jack va devoir se faire aider de ses amis Ridge et Stewart. Mais peut-on réussir à lutter contre le Démon ?

    Ce livre est la huitième enquête de Jack Taylor. Pour moi c'est la première et je dois dire que j'ai été un peu désarçonnée. Non pas tant par le personnage (j'aime assez les privés alcoolo et border-line...) que par le style. Certes on peut dire que l'auteur va à l'essentiel, mais j'ai trouvé que l'accumulation de phrases hachées, de mots jetés à la volée et de répétitions de situations n'apportaient rien au récit et ne fluidifiaient pas la lecture ! En revanche j'ai vraiment trouvé très intéressante la vision de l'auteur sur l'Irlande qui est dans une situation économique et sociale dramatique et j'ai aussi apprécié aussi le ton très caustique du personnage. A retenter donc avec une aventure antérieure...

     

    Les avis très positifs de JM Laharrère, Yvon et Yv.

  • Avant la chute. - Fabrice Humbert (Le Passage, 2012)

    humbert.jpgL'auteur nous présente trois histoires en parallèle. En Colombie, un paysan est tué et ses deux filles vont fuir le pays et braver tous les dangers pour essayer de rejoindre, comme beaucoup de migrants, les Etats-Unis. Au Mexique, le sénateur Urribal règne sur sa province où la guerre entre les cartels de le drogue fait rage. Lui-même n'est pas irréprochable et sa position politique est menacée. Et en France, dans une cité, le jeune Naadir continue à briller à l'école alors que son frère aîné protège sa famille en étant un des caïds du quartier. Toutes ses situations vont rapidement s'aggraver et ces trois histoires vont se rejoindre.

    Fabrice Humbert a l'immence talent de savoir raconter des histoires, et c'est quand même une grande force pour un romancier ! Comme dans ses deux précédents romans (L'origine de la violence et La fortune de Silla), il nous fait suivre plusieurs histoires qui sont le reflet du monde actuel. Dans le précédent, c'était le milieu des financiers internationaux. Ici c'est celui des trafiquants de drogue, et aussi des politiques qui en profitent. Il nous tient également en haleine avec cette question : comment va-t-il faire se rejoindre ces trois histoires ? Et il a aussi le grand talent de savoit terminer un livre. Vous me direz que le thème est bien noir, certes, mais au milieu de toutes ces turpitudes, subsiste quand même une (toute petite)  lueur d'espoir...

     

    L'avis de Laure, tout aussi positif. Saxaoul et Papillon sont plus nuancées.

  • Le chapeau de Mitterrand. - Antoine Laurain (Flammarion, 2012)

    9782081274129.jpgDaniel Mercier est seul ce soir des années quatre-vingts et il va déguster un plateau de fruits de mer dans une brasserie parisienne. Mais tout à coup c'est François Mitterrand, grand amateur de crustacés, qui vient s'installer à la table voisine. A la fin du repas il part, oubliant son chapeau sur la banquette ! Daniel ne peut s'empêcher de le récupérer discrètement. Mais porter ce chapeau prestigieux lui donne une assurance qu'il n'avait pas, et il ose prendre des positions radicales dans son travail, ce qui lui vaut un bel avancement. Mais il oublie ce chapeau dans le train. La jeune femme qui le prend va le porter et elle aussi va oser ce qu'elle n'arrivait pas à faire, rompre avec cet amant qui de toutes façons ne quittera jamais sa femme pour elle. Mais elle perd le chapeau et la personne suivante.....

    Sur le modèle de Madame de, le film d'Ophüls avec Danielle Darrieux, où une paire de boucles d'oreilles circule de personnes en personnes, ce récit léger et enlevé nous replonge dans les années quatre-vingts. Les communistes au gouvernement faisaient peur, certains prononçaient "Mit'rand" le nom du président, les artistes se sentaient enfin soutenus... Un roman spécialement pour les bibliothécaires à qui les lecteurs demandent toujours des romans "faciles mais pas à l'eau de rose" !

  • Palmarès annuel...

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    Comme chaque année, Laurent nous propose le palmarès des bibliothécaires des Yvelines pour la rentrée littéraire.

    Tiens, il y a plusieurs titres en coup de coeur que je n'avais pas repérés... Encore des idées de lecture !!!

    (bon je suis un peu fâchée que personne n'ait mis le Mingarelli en coup de coeur, mais bon, je n'avais qu'à y participer, bien fait pour moi...)

     

    C'est ici

     

  • Toni Morrison. - Home (Bourgois, 2012)

    9782267023831.jpgFin de la guerre de Corée. Un homme, Frank, erre, en proie à des pensées noires et à des angoisses. Il n'a pas réussi à avoir une relation stable avec sa petite amie, trop envahi par ses démons. Et là il a appris que sa petite soeur avait besoin de lui et il va parcourir plusieurs centaines de km pour la retrouver. Ycidra avait quitté leur village natal en se mariant. Après cette expérience qui s'est avérée désastreuse, elle a trouvé du travail chez un médecin mais celui-ci a mis sa vie en danger en réalisant des expériences sur elle. Tous deux vont retrouver leur village natal, ce "Home" qui a été si douloureux et pesant pendant leur enfance et apparait maintenant comme un havre de paix.

    Parrallèlement à cette trame, c'est l'atmosphère de l'Amérique des années cinquante qui est évoquée dans ce récit. La pesanteur des traditions et de la morale, l'opprobre jetée sur les Noirs et encore plus sur les femmes noires, la pauvreté d'une majorité de citoyens, c'est tout cela que Toni Morrison exprime avec beaucoup de talent. Son style riche et poétique donne de l'épaisseur à ces personnages qui, dans ce court roman, font figure de personnages universels.

  • Rue des Voleurs. - Mathias Enard (Actes Sud, 2012)

    9782330012670.jpgLakhdar est un jeune Marocain élévé selon les principes de la religion musulmane.  Il a appris le français au lycée et dévoré tous les polars qu'il trouvait. Quand son père le découvre en compagnie de sa cousine, il le bat et le met à la porte. Commence alors une longue errance qui se termine par une aide providentielle : les Frères musulmans proposent de l'héberger et lui demandent de s'occuper de leur petite librairie. Lakhdar en profite pour lire encore plus, toujours les polars mais aussi le Coran. Mais le Printemps arabe est lancé, les manifestations se multiplient, la radicalisation de certains mouvements aussi. Quand Lakhdar se retrouve seul à la mosquée au moment des premiers attentats, il prend peur et s'enfuit. Mais la chance est encore avec lui : un européen lui propose de travailler à la numérisation d'ouvrages et d'archives, puis le fait entrer dans une compagnie maritime. Il peut ainsi subvenir à ses moyens et continuer de voir Judit, une jeune espagnole qui étudie l'arabe. Son destin l'amènera enfin en Espagne...

    A travers le périple de ce jeune marocain, l'auteur fait un panorama de la situation actuelle dans les pays arabes. Le quotidien, la montée des extrêmes, le poids de la religion, mais aussi l'ouverture au monde grâce aux médias. Lakfdar et Bassam, son ami d'enfance, auraient pu avoir une destinée commune. Qu'est-ce qui fait que l'un s'émancipe de son milieu et que l'autre rejoint les extrêmes ? C'est presque une épopée que nous narre Mathias Enard dans un style riche, lyrique et sans concessions. Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi dans l'histoire pour être vraiment emportée, le côté démonstratif est peut-être trop appuyé, mais j'ai, comme avec Parle-moi de batailles, de rois et d'éléphants, été séduite par l'écriture de l'auteur. En fait c'est Zone du même auteur que j'aimerais lire...