Trois soldats allemands en Pologne pendant la guerre. Pour éviter de participer aux fusillades matinales contre les Juifs, ils préfèrent partir "en chasse", marcher pour essayer d'en débusquer. Ce sont trois solitudes qui s'unissent. La faim, le froid, la neige, le cafard, l'inquiétude de l'un d'entre eux pour son fils,... Marcher les unit mais le sens de tout cela leur échappe. Quand ils débusquent un jeune juif caché dans un trou, ils repartent avec lui mais la faim les tenaille depuis le matin. Ils s'arrêtent dans une maison abandonnée et tentent d'allumer un feu avec ce qu'il y a de sec, c'est-à-dire les chaises, les portes... tout ce qui va permettre de faire chauffer un peu d'eau et de semoule. Ils vont même jusqu'à laisser entrer un soldat polonais...
J'associe complètement Mingarelli à Antoine Choplin. Tous les deux ont l'immense talent d'exprimer un torrent d'émotions avec un style minimaliste. Ici c'est toute l'horreur de la guerre qui s'exprime dans cette marche dans la neige. Comme dans Quatre soldats, cette expérience est universelle, elle pourrait se passer n'importe où et ce récit dénonce l'absurdité de la guerre et l'incompréhension qui anime ces hommes. Ce court récit de 130 pages me restera longtemps en mémoire.