Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les lisières. - Olivier Adam (Flammarion, 2012)

adam.jpgPaul, écrivain retiré en Bretagne et encore meurtri par la séparation avec sa femme, doit retourner voir ses parents en banlieue parisienne. Sa mère est hospitalisée, son père seul chez lui. Cette maison il n'aime pas y retourner, d'ailleurs il n'y va qu'une fois par an, quelques heures, pour montrer ses enfants à ses parents. Il y a peu de tendresse dans ce milieu ouvrier, "chez ces gens-là, on ne parle pas". Peu de tendresse non plus avec son frère  qui a clairement changé de milieu et est vétérinaire dans une banlieue plus huppée. Restent ses copains d'enfance. Quelques uns ont "réussi" et sont partis, mais la plupart sont restés et errent de CDD en CDD.
Ce séjour forcé est une occasion pour Paul de constater à quel point il est "sur la lisière" de tout. Comme mari puisqu'il a réussi à décourager sa femme. Comme père car il ne voit plus ses enfants que tous les quinze jours et il meurt de ne pas les voir plus souvent. Comme frère car tout les a toujours opposés et rien, pas même la maladie de leur mère, ne les raccroche l'un à l'autre. Comme fils il est constamment rembarré par son père, un homme bourru qui s'est fait un rempart du quotidien. Comme ami enfin car, bien qu'il écrive précisément sur les aspects les plus noirs de la société, dans cette banlieue qu'il connait par coeur pour y avoir vécu (il évoque ses propres livres), ses anciens copains lui disent tous "tu ne peux pas savoir", "tu ne peux pas comprendre", le chômage, la précarité, la difficulté d'être heureux au quotidien.

Dans ce récit visiblement très autobiographique (il multiplie les allusions à son oeuvre), on découvre vraiment un homme qui se met à nu. J'ai lu environ un livre sur deux d'Olivier Adam, un peu réticente je l'avoue à lire ses histoires de plus en plus noires. Ce récit est vraiment la synthèse, l'explication, l'aboutissement de ses oeuvres précédentes. Il y évoque sans détour ses angoisses, il nous fait entrer au plus profond de lui-même, dans l'origine de ses inspirations, dans ses descentes aux enfers. Je n'avais lu aucune critique de ce livre, j'avais juste aperçu l'auteur à la Grande librairie, j'ai donc pris ce livre comme un coup de poing et, comme beaucoup de lecteurs, j'aime bien recevoir des coups de poing en matière de littérature :-)

Petite anecdote : on m'a montré l'article des Inrocks qui massacrent ce livre en quelques phrases (d'ailleurs tous les lecteurs protestent dans les commentaires...). J'ai compris pourquoi. A un moment donné du récit, il décrit de manière très ironique les bobos parisiens qui se promènent Les Inrocks sous le bras... Petite vengeance mesquine des journalistes donc...

 

Antigone a le même avis que moi, Clara est plus réservée

 

Commentaires

  • je n'ai pas lu l'article des Inrocks mais j'ai beaucoup écouté la radio et les avis globalement étaient mitigés, pas franchement mauvais mais pas enthousiastes
    il semble que l'éditeur ait fait un peu le forcing pour présenter ce livre comme LE prochain Goncourt ce qui en a agacé plus d'un je crois
    je te lis avec intérêt car je n'ai jamais lu cet auteur, je ne suis pas certaine de me précipiter

  • Jamais lu non plus, pas faute d'en avoir un sur mes étagères, offert par une fan qui veut que je le découvre (bon, ce n'est pas encore gagné, là)
    J'aime bien ton éclairage sur l'article des Inrocks!

  • @ keisha : bah moi de ceux que j'ai lus, c'est celui-ci que je préfère...

    @ dominique : ce n'est peut-être pas trop dans tes goûts cette littérature de l'ego torturé ;-)

  • Pour avoir lu tous ses précédents romans ( et qui ont pour beaucoup des livres coups de coeur) et vu qu'en juin, le presse annonçait "c''est le plus abouti de ses livres", j'étais impatiente.

    J'ai trouvé qu'il nous servait du réchauffé ... sauf que le réchauffé c'est souvent fade. Quand tu fais référence aux Inrocks, il règle ses comptes avec les journalistes à plusieurs moments .

    Il y a un passage où il parle d'une journaliste qui n'avait pas émis un avis positif sur un de ses précédents romans ( et vu ce qu'il en dit il s'agit du coeur régulier ) et il s'en prend à cette journaliste. Régler ses comptes avec les journalistes et cracher, je trouve cela peu élégant. Et L'histoire de l'anorexie liée au jumeau mort dont il ignorait l'existence...je m'en serais bien passée.

  • @ clara : alors je crois que j'ai eu raison de ne pas lire tous ses autres romans, je n'ai pas senti toutes ces redites...

  • J'ai remarqué aussi, dans les premières pages lues dans un magazine quelques remarques fielleuses sur le monde enseignant... qui ne m'ont pas donné envie de continuer. J'avais déjà abandonné Des vents contraires, alors...

  • @ kathel : je trouve que ce livre est différent de ses précédents... mais à toi de voir :-)

  • Un auteur qui me laisse en dehors à chaque fois que je lis ses livres.

  • @ un autre endroit : mais celui-ci est plus personnel, jette un coup d'oeil dessus à la bib. En revanche c'est très noir...

  • Les avis sont très partagés et le moins qu'on puisse dire c'est que ce livre fait débat. J'ai vu une montée de bouclier sur le blog des huit plumes auquel je participe, parce qu'une autre participante de ce blog a dit que ce livre n'était pas le meilleur de l'auteur.

  • Olivier Adam vient à Rennes en conférence ce WE. j'espère pouvoir acheter le livre et le faire dédicacer en même temps.

  • @ yv : oui, je crois que les afficionados sont déçus et que les autres (moi par exemple) adorent :-)

    @ géraldine : dans son livre il dit détester et surtout être très mal à l'aise dant ce genre de manifestation...

  • Ce livre fait couler beaucoup d'encre.... Je dois dire que j'ai envie de me faire ma propre opinion ! Je n'ai lu que 3 ou 4 livres d'Olivier Adam. J'aime bien ce qu'il écrit, mais il reste toujours dans le même registre, et ça peut lasser, il faut bien l'avouer...

  • @ sylire : pareil pour moi; Et justement celui-là est très différent car il est très autobiographique.

  • j'ai bien aimé aussi, comme toi, j'ai vu le livre comme une somme de tout ce qu'Adam a écrit auparavant.

  • j'ai bien aimé aussi, comme toi, j'ai vu le livre comme une somme de tout ce qu'Adam a écrit auparavant.

  • @ violette : nous sommes d'accord :-)

Les commentaires sont fermés.