Les lisières. - Olivier Adam (Flammarion, 2012) (26 septembre 2012)

adam.jpgPaul, écrivain retiré en Bretagne et encore meurtri par la séparation avec sa femme, doit retourner voir ses parents en banlieue parisienne. Sa mère est hospitalisée, son père seul chez lui. Cette maison il n'aime pas y retourner, d'ailleurs il n'y va qu'une fois par an, quelques heures, pour montrer ses enfants à ses parents. Il y a peu de tendresse dans ce milieu ouvrier, "chez ces gens-là, on ne parle pas". Peu de tendresse non plus avec son frère  qui a clairement changé de milieu et est vétérinaire dans une banlieue plus huppée. Restent ses copains d'enfance. Quelques uns ont "réussi" et sont partis, mais la plupart sont restés et errent de CDD en CDD.
Ce séjour forcé est une occasion pour Paul de constater à quel point il est "sur la lisière" de tout. Comme mari puisqu'il a réussi à décourager sa femme. Comme père car il ne voit plus ses enfants que tous les quinze jours et il meurt de ne pas les voir plus souvent. Comme frère car tout les a toujours opposés et rien, pas même la maladie de leur mère, ne les raccroche l'un à l'autre. Comme fils il est constamment rembarré par son père, un homme bourru qui s'est fait un rempart du quotidien. Comme ami enfin car, bien qu'il écrive précisément sur les aspects les plus noirs de la société, dans cette banlieue qu'il connait par coeur pour y avoir vécu (il évoque ses propres livres), ses anciens copains lui disent tous "tu ne peux pas savoir", "tu ne peux pas comprendre", le chômage, la précarité, la difficulté d'être heureux au quotidien.

Dans ce récit visiblement très autobiographique (il multiplie les allusions à son oeuvre), on découvre vraiment un homme qui se met à nu. J'ai lu environ un livre sur deux d'Olivier Adam, un peu réticente je l'avoue à lire ses histoires de plus en plus noires. Ce récit est vraiment la synthèse, l'explication, l'aboutissement de ses oeuvres précédentes. Il y évoque sans détour ses angoisses, il nous fait entrer au plus profond de lui-même, dans l'origine de ses inspirations, dans ses descentes aux enfers. Je n'avais lu aucune critique de ce livre, j'avais juste aperçu l'auteur à la Grande librairie, j'ai donc pris ce livre comme un coup de poing et, comme beaucoup de lecteurs, j'aime bien recevoir des coups de poing en matière de littérature :-)

Petite anecdote : on m'a montré l'article des Inrocks qui massacrent ce livre en quelques phrases (d'ailleurs tous les lecteurs protestent dans les commentaires...). J'ai compris pourquoi. A un moment donné du récit, il décrit de manière très ironique les bobos parisiens qui se promènent Les Inrocks sous le bras... Petite vengeance mesquine des journalistes donc...

 

Antigone a le même avis que moi, Clara est plus réservée

 

05:22 Écrit par Cathe | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : adam olivier |  Imprimer |  del.icio.us |  Facebook |