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adam olivier

  • Peine perdue. - Olivier Adam (Flammarion, 2014)

    adam.jpgDe nos jours dans une petite station balnéaire proche de l'Esterel sur la Côte d'Azur, alors que deux événements vont bouleverser ses habitants. Antoine, footballeur amateur, beau gosse un peu marginal, est retrouvé mourant devant l'hôpital. Et une tempête particulièrement forte provoque des noyades et des disparitions. Une vingtaine de personnages vont intervenir tout à tour, en lien avec ces deux faits. Marion, ex-compagne d'Antoine et mère de son fils. Paul et Hélène, très âgés, qui viennent passer sans doute leurs dernières vacances ici. Pourquoi sortent-ils alors que la tempête fait rage, et pourquoi Paul est-il repêché alors qu'Hélène est retrouvée noyée ? Coralie qui court entre son job à l'hôtel et ensuite celui à l'hôpital. Anouck, écrivain solitaire qui a accueilli quelques jours la jeune adolescente de la maison voisine. Jeff, l'ami d'Antoine, qui n'a pas toute sa tête mais qui, lui, sait ce qui s'est passé ce soir-là et ne veut rien dire, pourquoi ? Et aussi ce joueur de l'équipe adverse à qui Antoine a mis un coup de tête la semaine dernière, est-ce lui qui a voulu se venger ?

    C'est par petites touches, au fur et à mesure de l"intervention de tous ces personnages, que va se dessiner une réalité qui est tout sauf rose. Une région touchée par un chômage de masse, vivotant grâce au tourisme l'été, des emplois précaires, des jeunes qui essaient de rester au pays, des couples essayant de s'en sortir malgré tout, et des trafics, petits, gros,... L'ensemble forme un puzzle que l'on voit se dessiner au fur et à mesure de la lecture. C'est certes un procédé régulièrement utilisé par les écrivains mais cette multitude de récits, loin de nous perdre (enfin, juste les premières lignes...), nous fait entrer dans l'intimité de chacun et donne au final un récit que j'ai trouvé très fort et très cohérent. Ou comment dans une société très dure, où le chômage et la précarité sont le lot de beaucoup, la vie personnelle est aussi de plus en plus difficile. Sauf pour certains, et la fin est vraiment terrible.... (en même temps vous avez déjà vu des happy ends chez Adam ?). "Peine perdue" dit le titre, et qui mieux qu'Olivier Adam sait décrire ce mal-être, ce spleen, ce désespoir avec le style imagé, incisif et percutant qui est le sien ?

    Les avis sur Babelio, tous très positifs

     

  • Les lisières. - Olivier Adam (Flammarion, 2012)

    adam.jpgPaul, écrivain retiré en Bretagne et encore meurtri par la séparation avec sa femme, doit retourner voir ses parents en banlieue parisienne. Sa mère est hospitalisée, son père seul chez lui. Cette maison il n'aime pas y retourner, d'ailleurs il n'y va qu'une fois par an, quelques heures, pour montrer ses enfants à ses parents. Il y a peu de tendresse dans ce milieu ouvrier, "chez ces gens-là, on ne parle pas". Peu de tendresse non plus avec son frère  qui a clairement changé de milieu et est vétérinaire dans une banlieue plus huppée. Restent ses copains d'enfance. Quelques uns ont "réussi" et sont partis, mais la plupart sont restés et errent de CDD en CDD.
    Ce séjour forcé est une occasion pour Paul de constater à quel point il est "sur la lisière" de tout. Comme mari puisqu'il a réussi à décourager sa femme. Comme père car il ne voit plus ses enfants que tous les quinze jours et il meurt de ne pas les voir plus souvent. Comme frère car tout les a toujours opposés et rien, pas même la maladie de leur mère, ne les raccroche l'un à l'autre. Comme fils il est constamment rembarré par son père, un homme bourru qui s'est fait un rempart du quotidien. Comme ami enfin car, bien qu'il écrive précisément sur les aspects les plus noirs de la société, dans cette banlieue qu'il connait par coeur pour y avoir vécu (il évoque ses propres livres), ses anciens copains lui disent tous "tu ne peux pas savoir", "tu ne peux pas comprendre", le chômage, la précarité, la difficulté d'être heureux au quotidien.

    Dans ce récit visiblement très autobiographique (il multiplie les allusions à son oeuvre), on découvre vraiment un homme qui se met à nu. J'ai lu environ un livre sur deux d'Olivier Adam, un peu réticente je l'avoue à lire ses histoires de plus en plus noires. Ce récit est vraiment la synthèse, l'explication, l'aboutissement de ses oeuvres précédentes. Il y évoque sans détour ses angoisses, il nous fait entrer au plus profond de lui-même, dans l'origine de ses inspirations, dans ses descentes aux enfers. Je n'avais lu aucune critique de ce livre, j'avais juste aperçu l'auteur à la Grande librairie, j'ai donc pris ce livre comme un coup de poing et, comme beaucoup de lecteurs, j'aime bien recevoir des coups de poing en matière de littérature :-)

    Petite anecdote : on m'a montré l'article des Inrocks qui massacrent ce livre en quelques phrases (d'ailleurs tous les lecteurs protestent dans les commentaires...). J'ai compris pourquoi. A un moment donné du récit, il décrit de manière très ironique les bobos parisiens qui se promènent Les Inrocks sous le bras... Petite vengeance mesquine des journalistes donc...

     

    Antigone a le même avis que moi, Clara est plus réservée

     

  • A l'abri de rien . - Olivier Adam (L'Olivier, 2007)

    7937a96243441ddbc80d3eb87d7137cd.jpgDans une ville côtière face à l'Angleterre, les réfugiés Kosovars, Kurdes, Ethiopiens,... errent dans l'attente d'un hypothétique passage. Après la fermeture du camp de Sangatte, ils n'ont plus aucun abri et leur misère apparait au grand jour, sauf que personne ne les regarde !  Même Marie qui habite là depuis toujours ne les a jamais regardés, sauf ce jour où l'un d'eux l'aide à changer la roue de sa voiture. Est-ce pour cela qu'elle s'arrête devant cette tente et, presque sans le vouloir, commence à aider, à faire de "l'humanitaire" ? Mais Marie est très fragile, dépressive, elle a du mal à assumer son quotidien et celui de son mari et de ses enfants. Qu'est-ce qui la pousse tout à coup à sacrifier les siens pour se mettre à sauver les autres ?

    Olivier Adam a du talent et il en faut pour traiter ce sujet délicat. Je trouve très intéressantes et très émouvantes ces pages sur ces réfugiés qui n'ont pratiquement aucune chance d'avoir une vie meilleure. On est pris par l'histoire et on s'attache aux personnages. J'ai en revanche quelques réserves sur l'ambiance lourde et poisseuse et le destin dramatique de Marie. L'enfance pas drôle, la soeur morte, le chômage, le dépression, ... Peut-être Olivier Adam en fait-il un peu trop...

    En résumé un bon livre bien sûr avec une écriture percutante mais pas le meilleur d'Olivier Adam à mon avis (je sens que je vais me faire lyncher par les afficionados...)

    L'avis de Clarabel, toujours inconditionnelle, du Blog des Livres, plus nuancé