Lakhdar est un jeune Marocain élévé selon les principes de la religion musulmane. Il a appris le français au lycée et dévoré tous les polars qu'il trouvait. Quand son père le découvre en compagnie de sa cousine, il le bat et le met à la porte. Commence alors une longue errance qui se termine par une aide providentielle : les Frères musulmans proposent de l'héberger et lui demandent de s'occuper de leur petite librairie. Lakhdar en profite pour lire encore plus, toujours les polars mais aussi le Coran. Mais le Printemps arabe est lancé, les manifestations se multiplient, la radicalisation de certains mouvements aussi. Quand Lakhdar se retrouve seul à la mosquée au moment des premiers attentats, il prend peur et s'enfuit. Mais la chance est encore avec lui : un européen lui propose de travailler à la numérisation d'ouvrages et d'archives, puis le fait entrer dans une compagnie maritime. Il peut ainsi subvenir à ses moyens et continuer de voir Judit, une jeune espagnole qui étudie l'arabe. Son destin l'amènera enfin en Espagne...
A travers le périple de ce jeune marocain, l'auteur fait un panorama de la situation actuelle dans les pays arabes. Le quotidien, la montée des extrêmes, le poids de la religion, mais aussi l'ouverture au monde grâce aux médias. Lakfdar et Bassam, son ami d'enfance, auraient pu avoir une destinée commune. Qu'est-ce qui fait que l'un s'émancipe de son milieu et que l'autre rejoint les extrêmes ? C'est presque une épopée que nous narre Mathias Enard dans un style riche, lyrique et sans concessions. Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi dans l'histoire pour être vraiment emportée, le côté démonstratif est peut-être trop appuyé, mais j'ai, comme avec Parle-moi de batailles, de rois et d'éléphants, été séduite par l'écriture de l'auteur. En fait c'est Zone du même auteur que j'aimerais lire...