Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les routes de l'imaginaire - Page 6

  • Dragon bleu, tigre blanc. - Qiu Xiaolong (Liana Levi, 2014)

    qiu.jpgL'inspecteur Chen, attaché à la brigade des affaires spéciales de Shanghai, apprend qu'il est démis de ses fonctions. On lui propose une promotion qui est destinée, il le comprendra vite, à l’éloigner des affaires qu'il suivait jusque là. Mais quelle affaire est assez explosive pour une telle décision ? Il va prendre du temps pour réfléchir en s'occupant de la sépulture de son père, mais il est rapidement rattrapé par ses enquêtes. Pendant ce temps en ville on ne parle que des membres du parti qui gravissent rapidement les marches du pouvoir...

    Je lis depuis le début les aventures de Chen (depuis 2001...) et je suis habituée au rythme lent de ses enquêtes, entrecoupées de réflexions sur l'évolution de la Chine actuelle, et aussi des noms des thés qu'il déguste régulièrement (je m'en inspire pour choisir mes thés... je vous conseille notamment le thé vert "Puits du dragon", délicieux, un des préférés de Chen)

    Bien que les enquêtes ne soient souvent que des prétextes pour parler de son pays et des grands changements qui s'y produisent, Qiu n'oublie pas qu'en Chine comme ailleurs (en Laponie avec Olivier Truc, en Mongolie avec Ian Manook ou au pays basque avec Marin Ledun), c'est l'appétit du pouvoir et de l'argent, donc la corruption, qui mène le monde ! Donc oui on le sait déjà, mais on lit toujours des polars pour se rendre compte jusqu'où les hommes peuvent aller pour en obtenir toujours plus !

     

    Edit du 13/06/2014 : Qiu Xiaolong à Etonnants voyageurs

    Saint-Malo 009.jpg

  • Les visages écrasés. - Marin Ledun (Seuil, 2011)

    ledun2.jpgNous sommes en 2009 dans une entreprise qui ressemble beaucoup à Orange, à un moment où les suicides sur le lieu de travail se multiplient. L'histoire est racontée par le médecin du travail. Dans son cabinet elle reçoit les salariés malades du harcèlement, des rythmes effrénés, des objectifs inatteignables, du management à la menace, des restructurations et des mises au placard, de la hiérarchie elle aussi malade de la pression qu'elle subit et qu'elle doit faire subir à ses équipes. Angoisses, dépressions, insomnies, consommation de barbituriques; Que faire pour soulager ses patients qui fondent en larmes dans son cabinet ? Comment surmonter ses angoisses à elle qui ne réussit pas à jouer son rôle qui est de soigner, d'atténuer la souffrance ?

    Ce roman très noir (classé en "polar") est un véritable coup de coeur mais surtout un vrai coup de poing à l'estomac ! L'auteur, ancien ingénieur à France-Telecom, parti en 2008, démonte les rouages d'un système qui broie l'individu sans pouvoir accuser qui que ce soit. Les responsabilités sont diluées, le chef d'équipe obéissant au chef qui lui-même obéit au directeur. Chacun est pris dans une toile dont il ne peut s'échapper et qui le rend malade. Ce thème du harcèlement est décrit de manière remarquable dans ce roman que j'ai trouvé insoutenable à de nombreuses reprises. Et inutile de dire qu'il n'y a pas de happy end ! A lire et à offrir de toute urgence (il est paru en poche)

     

    Les avis d'Actu-du-noir , d' Aifelle,  Alex Cathulu Moustafette Saxaoul

     

  • L'homme qui a vu l'homme. - Marin Ledun (Ombres noires, 2014)

    ledun.jpgIban, jeune reporter d'origine basque, travaille dans un journal de Bayonne où il couvre les dégâts de la tempête Klaus en 2009. Mais il est rapidement mis sur une autre affaire, celle d'un militant basque, Jokin, qui a disparu depuis trois semaines. Avec Eztia, la soeur de Jokin, il apprend que les disparitions, séquestrations et tortures sont nombreuses chez les militants basques et la police française ne fait jamais d'enquêtes approfondies. Cette disparition dure beaucoup plus longtemps que d'habitude et Iban, bien que démis de l'affaire, continue ses recherches. Menacé, blessé (par qui ?) il continue ses recherches et avec un de ses collègues journalistes il remonte la piste des "GAL", "groupes antiterroristes de libération", qui sont des groupes para-policiers et para-militaires espagnols ayant comme objectif la lutte contre ETA, principalement sur le territoire français. Comment lutter quand la hiérarchie politique et juridique est impliquée ?

    Ce polar est un véritable coup de poing et vaut tous les documentaire ! A travers l'enquête de ce journaliste, sont évoqués tous les aspects de la lutte de l'ETA. Ses luttes internes et sa stratégie ne sont pas occultées, mais c'est bien sûr le rôle de ces fameux "GAL" qui est pointé du doigt. "A qui profite le crime" demande toujours Iban...Qui bénéficie des traitements de faveur, des nominations favorables, qui sont ces spécialistes des affaires non résolues, où vont les valises de billet qui circulent ?.... Ce roman montre encore une fois, s'il en était besoin, la force du roman policier français contemporain et son rôle dans la connaissance des grands conflits actuels. A lire absolument ! (et je vois que son précédent livre "Les visages écrasés" sur le harcèlement au travail a obtenu de nombreux prix...)

  • Regarde les lumières mon amour ; - Annie Ernaux (Seuil, 2014)

    ernaux.jpgCette petite collection propose à des auteurs d'écrire sur le quotidien ou sur ceux dont on ne parle jamais.

    Annie Ernaux a choisi d'écrire sur le supermarché qu'elle fréquente régulièrement dans le centre commercial "Les 3 fontaines" de Cergy-Pontoise. On sait qu'elle aime observer, décrire, décortiquer. Ici c'est à la fois le public et les lieux qui sont ses objets d'observation. Un public varié, d'âge et de milieux sociaux divers car le supermarché est un des seuls endroits de brassage de population. La personne âgée désorientée devant les automates, ceux qui traquent les prix bas, les bavards, les promeneurs,... Dans ce lieu dédié à la consommation, on prend des habitudes, des liens se créent, des comportements implicites se font jour. 

    Sur un sujet qui est souvent pour nous synonyme de corvée, elle réussit à portée un regard de sociologue mais non dénué d'empathie. Lieu de vie et d'envie, il fait partie désormais de notre quotidien alors qu'il n'existait pas pour nos grands-parents. Un drôle de petit livre qui nous fait regarder d'un autre œil nos courses hebdomadaires.

     

    Beaucoup de billets sur les blogs.... je mets celui vers Babelio

     

  • Sigmaringen. - Pierre Assouline (Gallimard, 2014)

    sigmaringen.jpgSeptembre 1944. Le gouvernement français de Vichy est accueilli en Allemagne à Sigmaringen dans le château des Hohenzollern. Pétain, Laval, les ministres et le personnel de service vont loger au château. Les miliciens et les civils qui les ont suivis seront en ville. Pour assurer la bonne marche de ce château de presque quatre cents pièces, Julius Stein, le majordome au service des Hohenzollern depuis quarante ans. A lui la diplomatie, les ballets de serviteurs, les rencontres à éviter entre Pétain et Laval. A lui le gestion des personnels français et allemands. A lui aussi la cohabitation avec l'intendante du maréchal, Jeanne, qui lui fait perdre son légendaire sang-froid. La vie s'organise entre les ministres "actifs" qui imaginent déjà leur retour triomphal en France et les "passifs" qui ont compris la situation. Les jalousies, les trahisons et les rumeurs sont  le quotidien du majordome qui doit veiller à la bonne marche de tout ce petit monde.

    Sur un sujet plutôt austère, Pierre Assouline réussit l'exploit de faire un roman passionnant et facile à lire. Son idée de raconter cet épisode sombre de l'histoire vue par Julius, le majordome, est pour beaucoup dans cette réussite. Cette période de huit mois, avant la défaite de l'Allemagne, est décrite comme une pièce de théâtre à huis clos avec toutes les passions que cela peut attiser. Julius est un personnage extrêmement attachant, fidèle avant tout à ses maîtres, détestant les nazis, francophile et mélomane, et soucieux de faire respecter les traditions du château. J'ai tout de suite pensé au personnage du majordome dans Les vestiges du jour de James Ivory, et en effet Assouline le cite dans sa (longue) bibliographie. A lire aussi pour les apparitions de Céline qui était aussi du voyage...

     

  • Si tu meurs, elle reviendra. - Maud Tabachnik (Flammarion, coll Vengeance, 2014)

    si tu meurs.jpgFrancis O'Mara et sa femme attendent avec impatience leur fille unique qui vient fêter ses vingt ans. Mais celle-ci, en sortant de la gare, est renversée par un chauffard et meurt sur le coup. Seuls indices : la couleur et la marque de la voiture, une grosse berline étrangère. La police enquête mais ne trouve rien. Francis O'Mara ne peut se résoudre à accepter que l'assassin de sa fille circule librement et mène son enquête de son coté. Où peut-il y avoir de grosses voitures luxueuses dans la région, peut-être près de la plate-forme pétrolière au bord de le la côte. Aidé par un ami policier en retraite, il part là-bas et réussit à monter sur la plate-forme off-shore pour en savoir plus...

    Ce livre est un roman pour adolescent, en tout cas c'est publié dans une collection pour adolescent chez Flammarion. L'intrigue est certes classique et un peu manichéenne, mais tout le talent de Maud Tabachnik (excellente auteur de polar) est d'avoir situé la deuxième partie de l'histoire sur une plateforme off-shore qui est le cadre d'un huis-clos très prenant et la fin, avec cette tempête monstrueuse, est dantesque à souhait ! Bref un très bon policier sur le thème de la vengeance pour les jeunes (niveau collège) qui pourra être lu avec plaisir par les adultes !

  • Les chiens de Belfast. - Sam Millar (Seuil, 2014)

    chiens belfast.jpgDeux meurtres particulièrement violents ont lieu à vingt ans de distance. Puis d'autres suivent, avec des séances de torture très raffinées... Karl Kane, détective privé écrivain à ses heures, doté d'un passé à la James Ellroy, se retrouve en train d'enquêter sur ces affaires. Y a-t-il un lien entre elles, qui est cette femme qui racole des hommes dans les bars avant de les tuer,... Mais la vérité sera encore plus noire qu'il ne l'imaginait.

    Autant le dire, jusqu'à la moitié du livre le lecteur est promené de meurtre en meurte et de torture en torture sans comprendre où l'auteur veut l'emmener. Puis peu à peu les liens se tissent et c'est très habilement que le puzzle prend forme. Le personnage de Karl est attachant, détective pas complètement classique, pas trop désabusé, bien sûr attaché avant tout à la découverte de la vérité, quelles qu'en soient les conséquences. Le dénouement est dur et sans concession. La violence est peut-être un peu trop gratuite, mais bon, des scènes de torture ce n'est jamais gentillet... Bref je pense que je suivrai cette série qui devrait être en trois volumes. Un regret : c'est une intrigue qui pourrait se passe n'importe où, rien de spécialement irlandais.

     

    Merci à Babelio

     

    tous les livres sur Babelio.com
  • Wilderness. - Lance Weller (Gallmeister, 2013)

    wilderness.jpgDans une maison de retraite, une dame âgée et aveugle revient sur sa vie. Une vie étrange puisqu'elle évoque ses "trois" pères. Le second notamment qui a eu une destinée hors du commun. Après avoir survécu aux terribles combats de la bataille de Wilderness, en 1864, il se terre dans une cabane au fond des bois. Traumatisé par la violence des combats de la guerre de Sécession, il vit comme un ermite mais décide un jour de partir et de rejoindre le lieu où il vécut heureux dans sa jeunesse. Mais il est attaqué par deux hommes qui lui volent son chien et il part à leur poursuite jusqu'à cette découverte dans la montagne...

    C'est le premier roman de l'auteur et on ne peut qu'admirer son talent pour avoir créé un tel personnage avec un tel destin ! Un homme que tout destinait à une vie banale pris dans les tourments de la guerre, son retour et sa solitude  proche de la folie, la fin de sa vie enfin où il se surpasse involontairement avec cette épisode final inoubliable (je ne le raconte pas...). L'écriture est recherchée, dense, précise, l'auteur prend son temps pour la description des hommes comme celle des lieux et des paysages. Même si j'ai trouvé quelques longueurs, quel talent et quel souffle pour présenter ce destin à la fois humble et grandiose, américain certes mais aussi universel !

    A lire l'interview de l'auteur par Incoldblog

    Ils l'ont lu et ont aimé : Dominique, Keisha, Papillon et sans doute beaucoup d'autres

  • Le deuxième voeu. - Ramon Diaz-Eterovic (Metaillié, 2013)

    diaz.jpgHeredia, privé alcoolique et dépressif comme il se doit, se voit confier une enquête. Il doit retrouver le père d'un client qui devrait être dans une maison de retraite et il découvre peu à peu l'existence d'un véritable business autour des vieillards sans famille. Parallèlement on lui remet une lettre qui lui parle de son père qu'il n'a jamais connu. Ces deux vieillards vont être au centre de sa vie pendant plusieurs semaines et vont à la fois le désespérer sur la nature humaine et redonner un sens à sa vie.

    C'est le premier livre que je lis de cet auteur et bien sûr le premier de cette série qui est très populaire au Chili. J'aime ces héros loosers et déjantés qui font les meilleurs enquêteurs qui soient car ils cherchent vraiment la vérité dans leurs enquêtes en faisant fi des règles et des usages. Il y a un côté Matt Scudder dans cet Heredia mais avec le contexte particulier du Chili et c'est une belle découverte. Retrouver autant de volonté, de révolte et de rage pour faire triompher la vérité et la justice est réconfortant de nos jours ! Merci à BMR MAM pour la découverte (c'était dans leur sélection de 2013)

     

    L'avis d'Actu du noir, de BMR MAM  

  • Le chien qui louche . - Etienne Davodeau (Futuropolis, 2013)

    davodeau.jpgFabien est gardien au Louvre. Quand il va en province rencontrer la famille de Mathilde, on lui montre un tableau peint par le grand-père Gustave et on lui demande si cette toile aurait sa place au Louvre. Il n'ose pas dire non et reste vague. Mais les frères de Mathilde viennent le voir au Louvre et insistent pour qu'il essaie de faire entrer leur tableau dans le musée. Curieusement Fabien est contacté par quelqu'un qui lui fait une proposition étrange...

    Davodeau a beaucoup de talent pour évoquer le musée du Louvre avec ses dessins très évocateurs, et pour créer des dialogues très savoureux (les provinciaux qui montent à Paris...). J'ai toutefois été un peu déçue par cet album alors que Les ignorants reste une de mes BD préférées de ces dernières années, et que j'avais aussi adoré Lulu, Rural... Disons que le recours à cette "confrérie" est bien sûr improbable alors que le reste de l'histoire aurait suffi à faire un excellent scenario. Mais globalement cette BD est louée sur tous les blogs et j'ai quand même passé un bon moment !

     

    Les avis de Kathel, JérômeNoukette, Stephie, Val