Noyelles Godault dans le Pas-de-Calais, siège de l'usine Metaleurop, usine métallurgique qui transformait des métaux lourds. Ses activités ont été à l'origine de pollutions chroniques par le plomb. En 2003 l'usine ferme, mettant 830 ouvriers au chômage.
Dans ce récit, Judith, dix-huit ans, essaie de mieux connaître son père, mort alors qu'elle avait cinq ans. Dans ce village qui ne vit que grâce à l'usine, c'est aussi à cause d'elle que les enfants ont un taux inquiétant de plomb dans le sang, que les ouvriers ont des cancers foudroyants et qu'il est interdit de manger des légumes du jardin et de jouer dehors. Là-bas la fumée de plomb est un poison. Et pourtant c'est leur gagne-pain, et quand quelqu'un essaie de monter un comité pour porter plainte contre l'usine, tout le monde réagit violemment. Le père de Judith essaie de s'interposer. Treize ans après Judith veut comprendre la vie d'alors, quand il y avait encore l'usine et quand son père était vivant.
J'avais repéré ce livre depuis longtemps d'après d'excellents billets et, je confirme, ce roman est d'une force inouïe avec une histoire que l'on n'est pas prêt d'oublier : le quotidien des ouvriers avec cette usine qui leur assure certes leur quotidien mais qui les rend malades ou qui les tue quand il y a un accident, et il y en a souvent. L'horizon se ferme quand l'usine s'arrête et avec elle les seuls emplois du coin. Pascal Dessaint mêle la dimension sociale à la dimension intime de ces vies comme les autres, et cela donne un récit poignant et douloureux. C'est un bel hommage à l'histoire de cette usine et de ses ouvriers et plus largement aux ouvriers victimes des fermetures d'usine.
Les avis de Clara, Cathulu, Cune