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Roman francophone - Page 4

  • La survivance. - Claudie Hunzinger (Grasset, 2012)

    survivance.jpgJenny et Sils sont libraires. Suite à des difficultés financières, ils doivent quitter leur librairie et leur domicile. Ils vont alors habiter une maison en ruine qui leur appartient mais qui est dans les montagnes. Tout est à faire et ils doivent s'improviser réparateurs, maçons, plombiers,... Ils ont quelques économies et elles leur servent à acheter le strict nécessaire pour se nourrir. Peu à peu la maison devient habitable (je n'ai pas dit confortable !) et ils s'habituent à cette solitude. Leur passion, c'est la littérature, et heureusement ils ont apporté des caisses de livres de leur ancienne librairie. Les mois vont s'écouler là à lire, parler de littérature, observer les cerfs, et s'habituer à vivre hors du monde...

    A la lecture de ce livre, impossible de ne pas penser à Une lointaine Arcadie de Jean-Marie Chevrier. Même thème (fermeture de librairie, retour à la nature), même désir de s'affranchir de la société et de vivre seul(s) en compagnie des livres. Ce thème est poussé à bout dans ce roman car la moindre visite et la moindre sortie leur paraissent incongrues. C'est le  rêve "soixante-huitard" de vivre en dehors de la société de consommation qui se matérialise. Pour ma part j'ai trouvé ce roman original mais la citadine que je suis ne s'est absolument pas identifiée aux héros. Vivre avec des livres, d'accord (d'ailleurs c'est ce que je fais tous les jours dans mon travail...), mais cet idéal spartiate et uniquement intellectuel de vie en vase clos m'a empêchée d'être aussi enthousiaste que les autres blogueurs.

    Des avis enthousiastes chez Sylvie, Clara, Midola, Dominique, Keisha

     

  • Bonne année 2013 / Les pays. - Marie-Hélène Lafon. - (Buchet-Chastel, 2012)

    rentrée littéraire 2012

    Je profite de ce premier billet de l'année pour souhaiter une très bonne année, avec plein de belles lectures, à tous les lecteurs et lectrices de mon blog. N'hésitez pas à me mettre un petit mot (surtout ceux qui n'en laissent pas habituellement), cela me fera plaisir...

     

    rentrée littéraire 2012Claire, fille de paysans du Cantal, vient s'installer à Paris et faire ses études à la Sorbonne. Elle choisit la voie difficile des lettres classiques. Pourtant tout l'éloigne des étudiants qu'elle côtoie. A eux la facilité, l'élégance, la légèreté, l'humour, les sorties. A elle le travail, la discrétion, la transparence, et encore le travail. En effet la seule manière pour elle de réussir est de travailler deux fois plus que les autres. Il lui manque les "codes" pour faire partie du monde étudiant parisien, elle réussira grâce à son obstination.

    Obstination est un terme qui convient bien à ce roman. En effet l'héroïne (l'auteur elle-même ?) réussira dans cette voie (voir la fin du roman) en "creusant son sillon". Le parrallèle avec le monde paysan court tout le long du livre mais ce bel hommage au monde paysan n'empêche pas le désir d'en sortir.

    Le style est très riche, la langue recherchée, trop parfois, presque étouffante. Mais cette manière de raconter son itinéraire et son ascension sociale, à l'opposé de l'écriture au scalpel d'Annie Ernaux, est intéressante. J'ai L'annonce, du même auteur, qui m'attend...

    Papillon l'a trouvé "un peu léger".

     

  • Noël et La liste de mes envies. - Grégoire Delacourt (Lattès, 2012)

    sapin.jpg


    Je trouve que ce livre termine bien l'année, en cette période où nous finissons de faire nos listes de Noël...

    J'en profite d'ailleurs pour souhaiter à tous les lecteurs et lectrices de mon blog de très bonnes fêtes de fin d'année, un très bon Noël et plein de cadeaux !

     

    liste envies.jpgJocelyne est mercière à Arras. Elle aime son mari, son travail, les relations avec ses clientes, le blog qu'elle tient et qui lui apporte beaucoup de satisfaction. Bref elle aime sa vie. Mais un jour elle prend par hasard un billet et gagne une très grosse somme au Loto. Elle ne l'encaisse pas, n'en parle à personne, même pas à son mari, et commence à réfléchir et à faire ses "listes" : ses besoins, ses désirs, ses folies.... Et c'est très difficile pour elle. Elle n'a pas beaucoup de besoins, a du mal à définir ses désirs, et encore plus ses folies...

    C'est un roman léger mais j'ai beaucoup aimé ses interrogations sur ses listes et son ton un peu mélancolique. Ce gain implique que ses désirs et folies soient très matériels, et pour elle le bonheur n'est pas forcément lié aux satisfactions terre-à-terre. D'ailleurs la suite lui donnera raison... A méditer donc en essayant de faire nous aussi la liste de nos besoins, de nos désirs, de nos envies...

    Beaucoup de billets sur les blogs....

     

  • 14. - Jean Echenoz (Minuit, 2012)

    echenoz.jpgAlors que la première guerre éclate, Anthime et Charles vont rejoindre le front. Les deux jeunes vendéens sont amoureux de Blanche, mais seul l'un d'eux reviendra. Sur le front c'est l'enfer, l'amitié apaise un peu la souffrance, mais la guerre est la plus forte. Et à l'arrière on s'adapte...

    Comme d'habitude le style concis de Jean Echenoz redonne vie à des histoires souvent entendues. Un livre à lire attentivement, sans en perdre une miette, pour savourer les images toujours renouvelées. Ce n'est pas mon préféré de l'auteur mais c'est toujours un plaisir de lire Echenoz.

     

    L'avis de Laurent

  • Avant la chute. - Fabrice Humbert (Le Passage, 2012)

    humbert.jpgL'auteur nous présente trois histoires en parallèle. En Colombie, un paysan est tué et ses deux filles vont fuir le pays et braver tous les dangers pour essayer de rejoindre, comme beaucoup de migrants, les Etats-Unis. Au Mexique, le sénateur Urribal règne sur sa province où la guerre entre les cartels de le drogue fait rage. Lui-même n'est pas irréprochable et sa position politique est menacée. Et en France, dans une cité, le jeune Naadir continue à briller à l'école alors que son frère aîné protège sa famille en étant un des caïds du quartier. Toutes ses situations vont rapidement s'aggraver et ces trois histoires vont se rejoindre.

    Fabrice Humbert a l'immence talent de savoir raconter des histoires, et c'est quand même une grande force pour un romancier ! Comme dans ses deux précédents romans (L'origine de la violence et La fortune de Silla), il nous fait suivre plusieurs histoires qui sont le reflet du monde actuel. Dans le précédent, c'était le milieu des financiers internationaux. Ici c'est celui des trafiquants de drogue, et aussi des politiques qui en profitent. Il nous tient également en haleine avec cette question : comment va-t-il faire se rejoindre ces trois histoires ? Et il a aussi le grand talent de savoit terminer un livre. Vous me direz que le thème est bien noir, certes, mais au milieu de toutes ces turpitudes, subsiste quand même une (toute petite)  lueur d'espoir...

     

    L'avis de Laure, tout aussi positif. Saxaoul et Papillon sont plus nuancées.

  • Le chapeau de Mitterrand. - Antoine Laurain (Flammarion, 2012)

    9782081274129.jpgDaniel Mercier est seul ce soir des années quatre-vingts et il va déguster un plateau de fruits de mer dans une brasserie parisienne. Mais tout à coup c'est François Mitterrand, grand amateur de crustacés, qui vient s'installer à la table voisine. A la fin du repas il part, oubliant son chapeau sur la banquette ! Daniel ne peut s'empêcher de le récupérer discrètement. Mais porter ce chapeau prestigieux lui donne une assurance qu'il n'avait pas, et il ose prendre des positions radicales dans son travail, ce qui lui vaut un bel avancement. Mais il oublie ce chapeau dans le train. La jeune femme qui le prend va le porter et elle aussi va oser ce qu'elle n'arrivait pas à faire, rompre avec cet amant qui de toutes façons ne quittera jamais sa femme pour elle. Mais elle perd le chapeau et la personne suivante.....

    Sur le modèle de Madame de, le film d'Ophüls avec Danielle Darrieux, où une paire de boucles d'oreilles circule de personnes en personnes, ce récit léger et enlevé nous replonge dans les années quatre-vingts. Les communistes au gouvernement faisaient peur, certains prononçaient "Mit'rand" le nom du président, les artistes se sentaient enfin soutenus... Un roman spécialement pour les bibliothécaires à qui les lecteurs demandent toujours des romans "faciles mais pas à l'eau de rose" !

  • Rue des Voleurs. - Mathias Enard (Actes Sud, 2012)

    9782330012670.jpgLakhdar est un jeune Marocain élévé selon les principes de la religion musulmane.  Il a appris le français au lycée et dévoré tous les polars qu'il trouvait. Quand son père le découvre en compagnie de sa cousine, il le bat et le met à la porte. Commence alors une longue errance qui se termine par une aide providentielle : les Frères musulmans proposent de l'héberger et lui demandent de s'occuper de leur petite librairie. Lakhdar en profite pour lire encore plus, toujours les polars mais aussi le Coran. Mais le Printemps arabe est lancé, les manifestations se multiplient, la radicalisation de certains mouvements aussi. Quand Lakhdar se retrouve seul à la mosquée au moment des premiers attentats, il prend peur et s'enfuit. Mais la chance est encore avec lui : un européen lui propose de travailler à la numérisation d'ouvrages et d'archives, puis le fait entrer dans une compagnie maritime. Il peut ainsi subvenir à ses moyens et continuer de voir Judit, une jeune espagnole qui étudie l'arabe. Son destin l'amènera enfin en Espagne...

    A travers le périple de ce jeune marocain, l'auteur fait un panorama de la situation actuelle dans les pays arabes. Le quotidien, la montée des extrêmes, le poids de la religion, mais aussi l'ouverture au monde grâce aux médias. Lakfdar et Bassam, son ami d'enfance, auraient pu avoir une destinée commune. Qu'est-ce qui fait que l'un s'émancipe de son milieu et que l'autre rejoint les extrêmes ? C'est presque une épopée que nous narre Mathias Enard dans un style riche, lyrique et sans concessions. Il m'a manqué un je-ne-sais-quoi dans l'histoire pour être vraiment emportée, le côté démonstratif est peut-être trop appuyé, mais j'ai, comme avec Parle-moi de batailles, de rois et d'éléphants, été séduite par l'écriture de l'auteur. En fait c'est Zone du même auteur que j'aimerais lire...

  • Un repas en hiver. - Hubert Mingarelli (Stock, 2012)

    9782234071728.jpgTrois soldats allemands en Pologne pendant la guerre. Pour éviter de participer aux fusillades matinales contre les Juifs, ils préfèrent partir "en chasse", marcher pour essayer d'en débusquer. Ce sont trois solitudes qui s'unissent. La faim, le froid, la neige, le cafard, l'inquiétude de l'un d'entre eux pour son fils,... Marcher les unit mais le sens de tout cela leur échappe. Quand ils débusquent un jeune juif caché dans un trou, ils repartent avec lui mais la faim les tenaille depuis le matin. Ils s'arrêtent dans une maison abandonnée et tentent d'allumer un feu avec ce qu'il y a de sec, c'est-à-dire les chaises, les portes... tout ce qui va permettre de faire chauffer un peu d'eau et de semoule. Ils vont même jusqu'à laisser entrer un soldat polonais...

    J'associe complètement Mingarelli à Antoine Choplin. Tous les deux ont l'immense talent d'exprimer un torrent d'émotions avec un style minimaliste. Ici c'est toute l'horreur de la guerre qui s'exprime dans cette marche dans la neige. Comme dans Quatre soldats, cette expérience est universelle, elle pourrait se passer n'importe où et ce récit dénonce l'absurdité de la guerre et l'incompréhension qui anime ces hommes. Ce court récit de 130 pages me restera longtemps en mémoire.

  • La nuit tombée. - Antoine Choplin (La fosse aux ours, 2012)

    choplin.jpgGouri quitte Kiev sur sa moto à laquelle il a attaché une remorque. Son voyage commence, plein de douleur et de souvenirs, en direction de la "zone". La "zone", c'est celle qui se trouve à proximité de Tchernobyl, là où il habitait, un endroit maintenant interdit à toute personne. Il veut ramener une seule chose, la porte de la chambre de sa fille, là où il a fait des encoches au fur et à mesure qu'elle grandissait. En passant il s'arrêtera voir quelques amis et évoquer la vie d'avant, avant la catastrophe...

    Comme d'habitude Antoine Choplin me ravit avec son écriture minimaliste qui réussit quand même à exprimer tellement de sentiments et de sensations. Dans cette histoire ne restent que les relations humaines, l'amitié, l'amour, pour donner encore un sens à la vie. Un récit certes sombre mais illuminé par le personnage de Gouri qui est poète et sait mettre des mots sur ce qui est souvent indicible.

  • Les lisières. - Olivier Adam (Flammarion, 2012)

    adam.jpgPaul, écrivain retiré en Bretagne et encore meurtri par la séparation avec sa femme, doit retourner voir ses parents en banlieue parisienne. Sa mère est hospitalisée, son père seul chez lui. Cette maison il n'aime pas y retourner, d'ailleurs il n'y va qu'une fois par an, quelques heures, pour montrer ses enfants à ses parents. Il y a peu de tendresse dans ce milieu ouvrier, "chez ces gens-là, on ne parle pas". Peu de tendresse non plus avec son frère  qui a clairement changé de milieu et est vétérinaire dans une banlieue plus huppée. Restent ses copains d'enfance. Quelques uns ont "réussi" et sont partis, mais la plupart sont restés et errent de CDD en CDD.
    Ce séjour forcé est une occasion pour Paul de constater à quel point il est "sur la lisière" de tout. Comme mari puisqu'il a réussi à décourager sa femme. Comme père car il ne voit plus ses enfants que tous les quinze jours et il meurt de ne pas les voir plus souvent. Comme frère car tout les a toujours opposés et rien, pas même la maladie de leur mère, ne les raccroche l'un à l'autre. Comme fils il est constamment rembarré par son père, un homme bourru qui s'est fait un rempart du quotidien. Comme ami enfin car, bien qu'il écrive précisément sur les aspects les plus noirs de la société, dans cette banlieue qu'il connait par coeur pour y avoir vécu (il évoque ses propres livres), ses anciens copains lui disent tous "tu ne peux pas savoir", "tu ne peux pas comprendre", le chômage, la précarité, la difficulté d'être heureux au quotidien.

    Dans ce récit visiblement très autobiographique (il multiplie les allusions à son oeuvre), on découvre vraiment un homme qui se met à nu. J'ai lu environ un livre sur deux d'Olivier Adam, un peu réticente je l'avoue à lire ses histoires de plus en plus noires. Ce récit est vraiment la synthèse, l'explication, l'aboutissement de ses oeuvres précédentes. Il y évoque sans détour ses angoisses, il nous fait entrer au plus profond de lui-même, dans l'origine de ses inspirations, dans ses descentes aux enfers. Je n'avais lu aucune critique de ce livre, j'avais juste aperçu l'auteur à la Grande librairie, j'ai donc pris ce livre comme un coup de poing et, comme beaucoup de lecteurs, j'aime bien recevoir des coups de poing en matière de littérature :-)

    Petite anecdote : on m'a montré l'article des Inrocks qui massacrent ce livre en quelques phrases (d'ailleurs tous les lecteurs protestent dans les commentaires...). J'ai compris pourquoi. A un moment donné du récit, il décrit de manière très ironique les bobos parisiens qui se promènent Les Inrocks sous le bras... Petite vengeance mesquine des journalistes donc...

     

    Antigone a le même avis que moi, Clara est plus réservée