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Roman francophone - Page 5

  • Le faire ou mourir. - Claire-Lise Marguier (Rouergue, 2011)

    le faire.jpgDam est un adolescent introverti, incompris par sa famille, mal intégré au lycée. Un jour il est agressé par le groupe des rappeurs et c'est Samy, du groupe des gothiques qui prend sa défense. Etonné par ce geste, il l'est encore plus par la gentillesse avec laquelle toute la bande l'accueille et l'intègre. Il se met lui aussi à se teindre les cheveux et à s'habiller en noir. Mais sa famille est furieuse, son père surtout qui s'en prend violemment à lui et à ses amis. Dam ne sait pas répondre à cette agressivité. La seule manière qu'il ait de l'exprimer est de se faire des scarifications sur le corps. Seul le sang qui jaillit calme le volcan qui est en lui mais qui ne réussit pas à s'exprimer. Et il ne réussit pas davantage à mettre des mots sur le trouble qu'il ressent en présence de Samy.

    Davantage qu'un roman sur un adolescent gothique et homosexuel, ce livre un récit qui essaie d'exprimer la violence des émotions que l'on ressent à cet âge-là. L'incompréhension avec la famille, l'impossibilité de mettre des mots sur ses émotions, la sexualité encore indécise mais débordante, la gaucherie du corps. Ce livre est un véritable coup de poing car il nous met face à ce qui justement reste indicible. L'auteur, une jeune femme, a réussi de manière magistrale à se mettre dans la peau de cet adolescent et à nous attacher à lui jusqu'au bout. L'intensité est telle que c'est parfois à la limite du supportable, mais cela existe et elle nous fait regarder en face le bouleversement et le désarroi de ce jeune.

    A lire absolument, l'interview de l'auteur réalisée par InColdBlog (attention, lisez-là après avoir terminé le livre)

     

    Et les critiques excellentes chez tous les blogueurs  Clara  Clarabel  Laure  Stéphie  Théoma InColdBlog

  • Cartons. - Pascal Garnier (Zulma, 2012)

    cartons.jpgUne femme disparue, un emploi intermittent,... Brice quitte la ville et va s'installer dans une maison isolée dans un petit bourg perdu. Le déménagement a été douloureux, l'emménagement l'est encore davantage. Les cartons s'accumulent et rien ne l'oblige à les défaire. Il attend. Mais quoi ? Le retour d'Emma ? Les visites de Blanche, figure fantômatique du village ?

    L'atmosphère fait tout d'abord penser à Une lointaine Arcadie, de Jean-Marie Chevrier, où le héros quitte tout pour vivre une vie solitaire dans une maison perdue dans la campagne. Mais Pascal Garnier nous réserve des surprises. Peu à peu le récit bascule et notre héros oscille entre rêve et réalité, tout cela au milieu de ses cartons ! La bonne surprise est que la fin n'est pas complètement noire comme d'habitude chez Pascal Garnier, mais plutôt gris foncé ;-)  C'est sans doute un des derniers récits de cet auteur, donc il faut le savourer !

     

    Laurent et Moustafette ont savouré...

  • La traversée. - Alain Vircondelet (First editions, 2012)

    traversee.jpgAlain Vircondelet a quinze ans quand il embarque en juin 1962 avec ses parents sur le "Ville d'Alger" qui les emmène à Marseille. Avec eux, plus d'un million de Français ont choisi entre "la valise ou le cercueil". Mais pour tous ce départ est un déchirement, d'autant plus qu'ils ne sont pas les bienvenus en France. Mais avant tout ce sont les souvenirs des années heureuses qui sont dans toutes les mémoires lors de ce départ. Pour l'auteur, c'est l'occasion de revenir sur son enfance à Alger bouleversée dès le début des "troubles". Et pendant la traversée, il lit L'éducation sentimentale de Flaubert, comme si ce départ était pour lui un passage vers l'âge adulte.

    Nourri de souvenirs mais aussi de références littéraires (l'auteur est un grand admirateur de Camus), ce récit est un témoignage très complet bien que très personnel sur cette période de l'histoire. On trouve souvent cette nostalgie de la vie en Algérie dans les témoignages de Pieds-noirs, mais ici le fait que l'auteur retrace ses souvenirs d'adolescent est particulièrement touchant. Il n'aura de cesse de parler de ce "paradis perdu" en écrivant sur ce sujet, tout en poursuivant une carrière d'écrivain et de biographe. Je remercie Babelio de m'avoir envoyé ce livre que je n'aurais peut-être pas lu spontanément mais qui en fait m'a permis de mieux comprendre le ressenti de ces Français d'Algérie.

     

    tous les livres sur Babelio.com
  • La Liseuse. - Paul Fournel (P.O.L., 2012)

    liseuse.jpgRobert Dubois est un vieil éditeur traditionnel, il aime les livres, le papier, l'encre, les auteurs aussi. Aussi quand une stagiaire entre dans son bureau pour lui proposer une liseuse (e-book I-pad...) il est perplexe. Comment retrouver ses réflexes de lecteur sur cet objet ? Prendre des notes, entrecouper ses lectures de romans de lectures de poèmes, lire au lit... Recevoir une liseuse sur le nez, ça fait plus mal qu'une feuille ! Mais ne pourrait-on pas en profiter pour enrichir certains écrits, retrouver cette liberté chère à Queneau et Pérec ? Ses stagiaires vont lui ouvrir des horizons...

    Voilà une jolie fable sur le livre, l'écriture, l'édition, bref tout ce que les blogueurs littéraires adorent ! On aime se retrouver dans la peau d'un éditeur, connaître ses manies, ses trucs, ses astuces... Et cette jolie stagiaire qui va lui ouvrir la porte, si je puis dire, du livre numérique... C'est agréable à lire, pas inoubliable non plus mais on passe un joli moment. Et j'ai bien aimé quand il prend enfin le temps d'acheter tous les livres qu'il a toujours rêvé de lire ! (mais ce n'est pas encore tout à fait la fin...)

     

    Cuné, Aifelle et Cathulu ont bien aimé aussi

  • Veuf. - Jean-Louis Fournier (Stock, 2011)

    founier.jpgJean-Louis Fournier est veuf de Sylvie avec laquelle il a passé une grande partie de sa vie. Comme dans Où on va, Papa ?, il nous parle d'un drame personnel sans larmoyer. Il évoque des petits faits quotidiens qui lui rappellent cette mort mais toujours avec dérision, comme si tout cela n'avait pas grande importance. Ce sera désormais sa vie. Parfois même le cynisme l'emporte, quand il décrit les amis et relations qui n'osent pas l'appeler pour la bonne année, lui qui en aurait tellement besoin. Ou qui viennent s'appitoyer, l'oeil humide et les mains moites, comme si c'était eux qui avaient perdu leur femme.

    Comment parler et écrire sur la mort de son épouse ? A "La grand librairie", l'auteur a expliqué qu'il avait besoin d'écrire et qu'il ne pouvait pas, par respect envers ses lecteurs, s'effondrer en pleurant. C'est par pudeur qu'il nous livre par petits morceaux ses réflexions mi-figue mi-raisin.Et comme pour son livre précédent, je trouve que ce ton distant et parfois provocateur donne encore plus d'émotion au récit.

  • Une lointaine Arcadie. - Jean-Marie Chevrier (Albin Michel, 2011)

    arcadie.jpgSa femme l'a quitté, sa librairie est fermée, Matthieu n'a plus aucune attache à Paris. Il décide de partir en Creuse dans une maison isolée ayant appartenu à un vieil oncle qui a fini sa vie comme un véritable ermite. Lui-même veut s'affranchir de tous les liens qui le relient encore à la civilisation. Ce que l'on nommerait un choix de "décroissance" est plutôt pour lui une manière d'oser exister seul, loin des autres, dans une solitude choisie. Les mois s'écoulent ainsi, entre la maison, les travaux des champs et sa vache, Io. Une jeune femme du pays, violoniste, tente de nouer quelques liens avec lui. Un voisin passe chaque jour à la même heure lui dire quelques mots. Un couple de randonneurs fatigués s'arrête chez lui. Comment faire coexister son choix de vie et sa relation aux autres ?

    Le sujet est intéressant à une période de retour à la campagne et aux "vraies valeurs" . Le narrateur met en avant le choix presque philosophique de pouvoir vivre seul, avec juste la compagnie de quelques livres. Peux-on vivre seul, est-on plus libre quand on est seul ? Les péripéties montreront que ce choix n'est pas facile à assumer sur le long terme. Le ton utilisé est souvent ironique, parfois désespéré, comme si le narrateur se regardait lui-même essayer de vivre en ermite. L'ensemble donne un livre attachant, avec parfois un peu trop de références à l'Antiquité et de mots compliqués (l'occasion d'ouvrir le dictionnaire...). Sur un sujet similaire, le départ de Paris vers la campagne, lire le magnifique Bonheur fantôme d'Anne Percin.

    Les avis de Dominique, Aifelle, Cathulu

     

  • Quand on est mort, c'est pour toute la vie. - Azouz Begag (Gallimard, Scripto, 2002)

    begag.gifAmar va retourner en Algérie. Mourad, son frère, a été tué par un chauffeur de taxi parce qu'il n'avait pas payé la course, et aller voir sa tombe au pays est le seul acte qui puisse l'apaiser. Mais Amar est universitaire, il n'est pas retourné là-bas depuis treize ans et il se sent bien loin de ce pays et de ses habitants. Pourtant pendant le long voyage en car qu'il va effectuer, il va cohabiter avec toutes sortes de personnes et c'est leur humanité à tous qui va les rapprocher.

    On retrouve ici le ton plein d'humour et de tendresse d'Azouz Begag. Comme dans Le gône du Chaäba et ses autres livres, il revient sur la question des racines des Algériens vivant en France et leur tiraillement entre deux cultures.

  • Le premier été. - Anne Percin (Le Rouergue, collection La Brune, 2011)

    rentréeC'est un été comme les autres, Catherine et sa soeur sont en vacances à la campagne chez leurs grands-parents. Le soleil, la piscine, les flirts, les émois de l'adolescence. Puis un événement qui surgit pour Catherine, une apparition, un désir soudain, un mystère... Quand les deux soeurs reviennent quinze ans après vider la maison, tout resurgit soudain avec violence...

    Comme d'habitude dans les romans d'Anne Percin, il y a une révélation qui vous foudroie et il ne faut pas trop en dire sous peine de déflorer le sujet. Ici se mêlent la sensualité et la cruauté dans une histoire presque comme les autres. C'est le presque qui est essentiel. Il suffirait d'un rien pour que ce soit un banal flirt d'été. Mais la première ligne nous met en garde : "C'est une croix plantée à la sortie du village". Et une autre phrase, dans le paragraphe suivant : "Un drame dont je ne suis peut-être pas responsable". Mais ne cherchez pas à deviner, vous ne le pourrez pas !

    Je continue à être une inconditionnelle d'Anne Percin qui sait creuser avec subtilité le tréfond de l'âme humaine et j'ai hâte que Bonheur fantôme sorte en poche pour pouvoir l'offrir autour de moi !

    Les avis tout aussi passionnés de  InColdBlog, Clara , Cuné ,  Griotte, Sylire , cathulu , sandrine

     

  • Les souvenirs . - David Foenkinos (Gallimard, 2011)

    foenkinos.jpgLe narrateur revient sur les souvenirs qu'il a gardés de ses grands-parents.  Son grand-père, il n'a pas toujours lui dire qu'il l'aimait et les moments heureux passés avec lui sont empreints de regrets. Sa grand-mère il s'en occupera jusqu'au bout, chez elle d'abord, puis dans la maison de retraite où elle part sans réel désir. Ce sera lui, et non pas son père, qui saura la distraire, lui offrir des moments pleins de fantaisie, comme la visite à l'artiste du "tableau avec la vache" qui orne le couloir de la maison de retraite et dont ils aiment se moquer. Lui encore qui la retrouvera le jour où elle fuguera.

    Certes les thèmes sont empreints de nostalgie : la vieillesse, la maison de retraite, la mort. Et pourtant le ton reste léger, tendre, un rien décalé pour masquer l'émotion. C'est le premier roman que je lis de Foenkinos (je dois être la seule blogueuse francophone dans ce cas...) et je dois dire que j'ai été sensible à cette petite musique particulière qui sait parler de choses graves avec délicatesse et humour.

    L'avis très positif d'Emeraude

     

  • Alzheimer mon amour. - Cécile Huguenin (Héloïse d'Ormesson, 2011)

    alzheimer.jpgEntre deux récits de voyage, voilà un très beau récit sur un sujet difficile.

    Cécile Huguenin est psychologue et coach. Très sensibilisée à la maladie d'Alzheimer par son travail, elle a essayé de garder auprès d'elle le plus longtemps possible son mari malade. Elle a aussi su trouver les mots pour parler de cette maladie et surtout de son ressenti à elle pendant ces quatre années.

    Comment exprimer la beauté qui se dégage de ce livre sans paraître mièvre. Il y a de plus de plus de récits sur cette maladie (j'avais lu le très beau L'éclipse de Serge Rezvani), les symptômes nous sont bien connus et autour de nous des proches y sont confrontés, souvent de manière dramatique.

    Le grand talent de Cécile Huguenin est d'avoir en parler avec beaucoup de justesse. Décrire l'espoir insensé d'une amélioration. La résignation du renoncement. Les élans d'amour que l'on ressent mais aussi les pulsions de haine dont on a honte. La souffrance de vivre 24h sur 24h avec un malade. La sensation de vide intense quand on le laisse pour la première fois dans une institution. L'impossibilité de "profiter" de ces heures de liberté.

    Pour Cécile Huguenin, l'apaisement est venue quand elle a pu, comme après un deuil, le remercier d'avoir su la rendre heureuse pendant trente ans.

    Les avis positifs de Brizecathulul'encreuse,chiffonnette, keisha et bien d'autres