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Roman francophone - Page 6

  • Les insurrections singulières. - Jeanne Benameur (Actes sud, 2011)

    arton21976-126ff.jpgAntoine a quarante ans. Après que sa compagne l'ait quitté, il retourne vivre chez ses parents. En même temps, l'usine dans laquelle il travaille le met au chômage technique, avant le chômage tout court, car ils délocalisent au Brésil. C'est un moment de bilan, de réflexion sur sa vie. Pourquoi travaille-t-il dans cette usine comme son père, alors qu'il voulait être architecte. Pourquoi Karima l'a-t-elle quitté. Pourquoi ne réussit-il pas  à prendre cette parole qu'il a pourtant au fond de lui. Le seul moment où il réussit à s'exprimer, c'est pour militer au syndicat, mais même cela il n'y croit plus. Quel chemin va prendre sa vie, et surtout quel chemin veut-il que sa vie prenne ?

    Beaucoup de finesse et d'introspection dans ce très beau livre qui a parfois des accents d'Annie Ernaux avec les relations fils / parents et les questions de différences de classe. Le thème du roman initiatique se conjugue avec bonheur avec celui de l'évolution du sens du travail.

    Quelques mots très intéressants de l'auteur sur la genèse de ce roman : "D'octobre 2005 à novembre 2006, j'ai rencontré des ouvriers d'Arcelor-Mittal à Montataire et ceux de Godin à Guise ; c'était au cours de "cafés de paroles" initiés par le collectif La Forge. Y était questionné ce qu'est le travail aujourd'hui. A Montataire, j'ai appris que le groupe Mittal investissait massivement au Brésil. Les lignes d'ateliers fermaient en France. 

    J'ai été touchée par ce qui se disait, par la lucidité terrible de ceux qui voyaient bien que le travail avait perdu toute valeur, que les hommes ne comptaient simplement plus. J'ai été touchée par la détresse et la dignité, par la colère et tout ce qui ne parvenait pas à se dire. A la suite de chacun de ces rendez-vous j'ai écrit un texte qui était remis aux participants la fois suivante. Et ainsi se tissait au fil du temps, entre nous, un lien. Celui des mots. A la dernière rencontre, l'un des participants a dit : "Et maintenant, où on va parler?"

    Cette question m'a émue profondément. Je ne sais pas où ces femmes et ces hommes peuvent parler aujourd'hui mais ce que je savais, c'est que j'écrirais quelque chose. Ma façon à moi de poursuivre."

     

    Les autres avis Noryane, Noukette, BelleSahi, Sylire, Géraldine, Clara. Saxaoul, Theoma

     

  • Galadio. - Didier Daeninckx (Gallimard, 2010)

    9782070129539.jpgL'Allemagne dans les années trente. Galadio est un adolescent, fils d'une Allemande et d'un soldat africain venu occuper la Ruhr avec l'armée française. C'est donc un métis allemand, et rapidement il est arrêté puis conduit dans un hôpital pour être stérilisé. Ensuite il ira faire office de figurant dans les studios de cinéma allemand pour des peplums à la gloire du Reich. Dans ce cadre il a la possibilité d'aller tourner en Afrique, une occasion unique de retrouver la famille de son père...

    Sur un sujet méconnu, la persécution des métis allemands, Daeninckx fait un récit efficace et émouvant, très cinématographique.

     

    Si j'ai lu ce roman, c'est parce qu'il était dans la liseuse qui a été prêtée à la médiathèque pour unnamed.jpgquelques semaines (avant d'en acheter pour les prêter aux adhérents...). C'est donc mon premier livre lu sur ce genre d'appareil. Je dois dire que j'ai eu le coup de foudre pour ce petit appareil tout léger, que l'on peut mettre facilement au fond de son sac et dont on peut agrandir les caractères pour plus de confort. N'était le prix d'achat, et surtout le prix des livres ensuite, je m'en achèterais un tout de suite ! Pour le moment, je vais attendre que l'on en achète pour la médiathèque...

     

     

     

  • Le sixième jour. - Andrée Chedid (Castor poche Flammarion, 1971)

    le sixieme jour.jpgDans le cadre des lectures du Blogoclub, j'ai lu ce roman que je me promettais depuis longtemps de découvrir.

    Une épidémie de choléra sévit en Egypte. Le maître de Hassan est atteint, il le sait, et sait aussi que "le sixième jour, ou bien on meurt, ou bien on ressuscite...". Quand Om Hassan, la grand-mère d'Hassan, s'aperçoit que son petit fils aussi est atteint, elle fera tout ce qu'elle peut pour le guérir, sans oublier la phrase du maître. Tout jusqu'à essayer de lui donner son propre souffle.

    C'est une histoire magnifique et tragique, une sorte de conte sur le destin, l'amour, la vie, la mort. Le personnage de la grand-mère est universelle, ici il s'agit de choléra mais cette histoire pourrait s'appliquer à beaucoup d'autres drames.

    Je remercie les blogueurs et blogueuses du Blogoclub de m'avoir enfin permis de découvrir ce très beau roman qui est ici publié en collection Jeunesse mais a été à l'origine écrit pour des adultes. A lire à tout âge !

    Tous les liens vers les lectures d'Andrée Chedid chez Sylire

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  • Charly 9. - Jean Teulé (Julliard, 2011)

    9782260018247.jpgJe vous laisse en compagnie de mon mari, c'est lui qui a l'habitude de lire les livres autour de l'Histoire..

    "L'auteur nous raconte les deux dernières années de la vie du roi de France Charles IX qui s'étendent du 24 août 1572, nuit de la Saint-Barthélémy, au 31 mai 1574, date de son décès.

    J'avoue ma déception à la lecture de ce dernier livre de Jean Teulé. En effet autant j'avais apprécié deux de ses ouvrages précédents, Je François Villon et surtout Le Montespan, autant celui-ci me laisse une impression mitigée. Certes l'auteur s'appuie sur des faits réels et l'hypothèse des causes de la folie et de la mort de Charles IX est séduisante. Mais sa propension à décrire dans les moindres détails les massacres, les membres écartelés, les viscères étalés, le sang omniprésent, m'a dérangé. L'époque était en effet troublée et violente, mais il est dommage que cet étalage de corps sanguinolents prenne le pas sur la narration historique, même s'il s'agit d'un roman. De plus Jean Teulé, dans ses interviews, tient pour certains des faits qui ne sont pas prouvés. Il semble de plus en plus marcher sur les traces de Dumas et comme lui réinterprète l'Histoire à sa façon..."

     

    Critiques et infos sur Babelio.com
  • Homo erectus. - Tonino Benacquista (Gallimard, 2011)

    9782070132928.jpgChaque semaine des inconnus se rassemblent et se racontent. Ils racontent quoi ? Leurs histoires d'amour ratées, leur souffrance, leur solitude, leurs rapports difficiles avec les femmes. Comme chez les alcooliques anonymes, ceux qui écoutent ne portent pas de jugement, l'écoute peut être la meilleure des thérapies. Parmi eux trois hommes qui vont sympathiser le temps de ces rencontres.
    Denis, garçon de café, qui n'avait pas de problème avec les femmes jusqu'à ce qu'il ait trente ans et qu'il essaie d'avoir une relation durable, mais c'est mission impossible comme si tout à coup il était devenu repoussant. Et un jour une femme inconnue lui demande de s'installer chez lui...
    Yves, parisien marié à une femme intéressante qu'il adore, apprend qu'un soir avec ses collègues elle est sortie dans une boîte et a passé la nuit avec un "entraineur", le bellâtre de service. Pour lui toute histoire d'amour est désormais impossible et il ne fréquentera que des prostituées.
    Et Philippe, intellectuel reconnu, s'intéresse aux "people" et commence à vivre une histoire d'amour avec un top-model. Cette histoire va-t-elle durer ?

    Benacquista est un auteur que je lis toujours avec plaisir. Il a de la fantaisie à revendre mêlée de beaucoup de tendresse pour ses personnages. C'est tout à fait le cas ici où nous lisons ces récits comme des fables à propos des relations entre les hommes et les femmes. Des passages  drôles, des réflexions fines, des moments émouvants, de l'amour, du sexe,... bref un bon moment de lecture.

  • Annie Ernaux. - L'autre fille (Nil, 2011)

    9782841115396.jpgUn jour de 1950, Annie Ernaux a dix ans et elle surprend une conversation. Sa mère raconte à une cliente qu'elle a eu une autre fille qui est morte à six ans de la diphtérie et qui était "plus gentille que celle-ci". Ni son père ni sa mère ne lui parleront jamais de cette soeur décédée, elle vivra avec ce secret qu'elle n'aurait pas dû découvrir. Ce n'est que beaucoup plus tard que des parents plus éloignés évoqueront avec elle cette soeur.

    En moins de quatre-vingt pages, Annie Ernaud réussit magnifiquement à évoquer ce secret, cette filiation cachée qui est un morceau de puzzle essentiel pour elle. L'autre soir à La grande librairie elle affirmait que cet épisode n'était pas le "morceau manquant" qui expliquait tout. En même temps elle écrit : "Il fallait que tu meures à six ans pour que je vienne au monde et que je sois sauvée". A lire absolument quand on suit l'oeuvre d'Annie Ernaux.

  • Un garçon singulier. - Philippe Grimbert (Grasset, 2011)

    grimbert.jpgLouis est un étudiant loin de l'agitation de l'après-mai-soixante-huit. Il est solitaire, plutôt littéraire, indécis sur ses choix futurs. Il cherche un job d'été mais a du mal à trouver quelque chose qui convienne à son caractère. Aussi lorsqu'il voit une annonce pour s'occuper d'un jeune garçon "singulier" en Normandie, il est intrigué, d'autant plus qu'il connait cette commune côtière normande. En fait Iannis est un adolescent autiste qui vit avec sa mère. Celle-ci essaie en vain de terminer son roman, trop occupée à s'occuper de son fils et surtout au bord de la dépression ! Comment Louis va-t-il réussir à créer une relation avec Iannis, et comment ses souvenirs d'enfance vont-ils remonter dans ce lieu qu'il a connu ?

    Dans ce roman à la forme très classique, Philippe Grimbert nous fait entrer avec beaucoup de sensibilité dans l'univers d'un jeune homme et dans son approche de l'autisme.Le parallèle avec ses souvenirs d'enfance et ce que Iannis peut lui apporter est également traité avec beaucoup de finesse. On pourrait lui reprocher l'omniprésence de la psychanalyse et de ses thèmes, j'ai toutefois trouvé que c'était abordé de manière intelligente et agréable. Le seul bémol que j'apporterais serait le côté un peu désuet de Louis, mais l'auteur a situé l'histoire il y a quarante ans, donc c'est cohérent...

    De toutes façons je suis une inconditionnelle des livres de Philippe Grimbert, aussi bien de ses romans que de ses essais. Le secret et La petite robe de Paul ont un charme incroyable et ses essais sur la chanson et la psychanalyse sont passionnants et très abordables.

    L'avis de Griotte

     

  • La Centrale.-Elisabeth Filhol (P.O.L., 2010)

    9782846823425.jpgLe narrateur est intérimaire, il a des contrats dans des centrales nucléaires comme "Agent SRP, sécurité et radioprotection". Cela lui donne le droit de faire des missions dangereuses comme DATR : Directement Affecté aux Travaux sous Rayonnements, avec une dose annuelle de radioactivité à ne pas dépasser. Sauf que parfois il y a un "accident" et que la dose annuelle est absorbée en quelques secondes. Comment vivre quand on fait ce métier, quellles relations nouer avec ses camarades et parfois colocataires, comment peut-on à la fois aimer la Centrale et la haïr ?

    Avec une grande économie de moyens, l'auteur réussit la prouesse d'évoquer à la fois un problème mondial très actuel (mais ce livre a été écrit plusieurs mois avant la catastrophe de Fukushima), et une introspection dans le quotidien d'un travailleur. Amour et haine, peur et attirance, danger, mort...Et la vie qui continue, les repas à préparer, l'angoisse du lendemain sans travail. Une écriture minimaliste sert ce sujet difficile et donne un texte magnifique qui reste longtemps en mémoire.

    L'avis tout aussi positif d'Hélène

    Je vais faire comme Amazon et la FNAC : si vous avez aimé Cour Nord d'Antoine Choplin, vous aimerez ce livre!

  • Point de côté. - Anne Percin (Ed Thierry Magnier, 2006)

    point de cote.jpgPierre est adolescent, mais il est surtout très seul depuis la mort de son frère jumeau à 10 ans. Comment en parler, comment même l'évoquer avec ses parents englués dans le chagrin. Aussi il le garde pour lui et s'englue lui aussi dans ce corps qu'il n'aime pas et qui lui rappelle trop son frère. Seule la course l'apaise car il va alors au bout de ses souffrances et espère même s'annihiler dans ces douleurs. Quant aux relations avec les garçons et filles de son âge, c'est trop difficile...

    Après le conseil de Clara de lire ce titre, je suis allée voir sur les rayons de la médiathèque... et il y était ! Difficile le métier de bibliothécaire n'est-ce pas, on a tout à portée de main... et pas davantage de temps que les autres pour lire ;-)

    Je ne regrette bien sûr pas de l'avoir trouvé et de l'avoir lu dans la foulée des deux autres. Celui-ci, qui est son premier roman publié, relate l'histoire du héros de Bonheur fantôme dix ans avant. On retrouve les mêmes qualités que dans Bonheur fantôme, une écriture très juste, une introspection fine et néanmoins pudique des personnages, la sensation de toucher du doigt leur souffrance mais aussi leurs instants de bonheur. Et ce personnage de photographe qui a tellement d'importance dans Bonheur fantôme, on fait sa connaissance ici, aidant Pierre à se révéler, comme lui révèle les photos d'après les négatifs...

    L'avis de Laure qui comme moi a un coup de coeur pour cet auteur (j'ai déjà pris les deux autres qui étaient dur les rayons...) et de Clara, enthousiaste elle aussi.

  • Bonheur fantôme. - Anne Percin (Le Rouergue, la brune, 2009)

    bonheur fantome.jpgPierre, 28 ans, a quitté Paris pour s'installer dans la Sarthe, lui le citadin. Une vieille maison, des chiens et des chats, une boutique de brocante. Et la biographie d'une artiste animalière, Rosa Bonheur, qu'il est en train d'écrire. Mais sa vie d'avant est toujours présente, et cette passion qui l'a amené là où il est maintenant...

    Il ne faut vraiment pas trop en dire pour ne pas dévoiler ce que l'on découvre peu à peu. Quelle délicatesse, quelle poésie, quelle pudeur pour parler d'une histoire somme toute banale. On s'aime, on se quitte, mais on s'aime encore. Tout le talent d'Anne Percin est d'avoir su analyser ces sentiments sans trop en dire, d'avoir su aussi bien exprimer ce que ressent un homme, bref ce livre est vraiment un pur bonheur, comme son titre !

    La blogosphère est unanime :

    Cathulu   Céline   Clarabel   Laurent , InColdBlog  Laure Aifelle Anne