Quand on apprécie les oeuvres de Zweig, on s'intéresse tôt ou tard à sa vie, et forcément on sait qu'il s'est suicidé avec sa femme en 1942 alors qu'il était en exil au Brésil. Cet ouvrage, intitulé "roman", se propose de nous rapprocher de cet auteur pendant les derniers mois de sa vie.
Après avoir beaucoup voyagé, il décide de quitter définitivement l'Autriche en 1934 et il part s'installer en Angleterre. En 1941 il s'éloigne encore plus de l'Allemagne nazie et part aux Etats-Unis puis au Brésil avec sa deuxième femme. Déjà très déprimé par ses années d'exil londonien, il est de plus en plus affecté par les mauvaises nouvelles qui lui arrivent d'Europe. Ses amis écrivains soit s'exilent, soit se suicident. Les succès allemands sont autant de coups portés à ses idées pacifistes et il ne supporte pas d'être le témoin impuissant de cette barbarie. Très proche de sa deuxième femme, il se suicide avec elle le 22 février 1942.
Laurent Seksik a fait des recherches documentaires sérieuses pour écrire ce livre, sa longue bibliographie en témoigne : les oeuvres autobiographiques de Zweig et aussi celles de Bernanos (que Zweig rencontre au Brésil), Schnitzler, Klaus Mann, Hanna Arendt. Je trouve en effet que l'aspect documentaire est bien traité. Les dates, les rencontres, l'état d'esprit général de l'époque sont bien reconstitués.
C'est sur le terme "Roman" que je bute, je trouve que le côté romanesque est un peu plus faible. Quelques descriptions, promenades, réflexions de sa femme donnent en effet un côté un peu romanesque à l'ensemble mais n'éclaire pas trop non plus l'indicible. Le tout est un peu descriptif et n'ajoute pas grand-chose aux faits eux-mêmes. J'attendais peut-être davantage de lyrisme d'une biographie "romancée" (car en fait c'est bien de cela qu'il s'agit...)
En tout cas ce livre m'a donné très envie de lire la partie d'Un monde d'hier qui se rapporte à la fin de sa vie...
L'avis de Caroline, très enthousiaste. Il faut dire qu'elle est plongée dans Zweig en ce moment et qu'elle a même organisé un challenge Ich liebe Zweig !