"Le gone du Chaâba", voilà un livre que j'avais prévu de lire depuis longtemps. Je connaissais l'histoire, je connaissais l'auteur (notre actuel "ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances") mais j'ai quand même été bluffée ! Récemment je lisais Annie Ernaux qui disait qu'entre l'enfance de son père et celle de François Mauriac (qui étaient contemporains) , il semblait y avoir trois siècles de distance. Entre l'enfance de Begag et la mienne, à peine plus récente, il y a aussi des siècles. Son jeu préféré, avec ses copains, était d'aller fouiller dans les ordures quand la benne venait les déverser au bout de leur bidonville par exemple, et je parle de la ville de Lyon dans les années soixante, pas de Calcutta ou du Caire ! Bien sûr pas d'eau courante, de la terre sur le sol des baraquements, aucun moyen de faire les devoirs correctement. Malgré cela, il est le seul dans la famille qui ne se débrouille pas trop mal à l'école. Mais le livre s'arrête alors qu'il est en sixième.. Vite il me faut la suite.....
Dans "Béni ou le paradis privé" c'est son adolescence qu'il raconte. Cette fois lui et sa famille ont été relogés dans un HLM à Lyon avec le confort moderne. Moins de misérabilisme donc mais le dur apprentissage pour Azouz du racisme latent dans la cité et dans la vie quotidienne. Un passage émouvant, celui où il va pour la première fois en boîte avec des copains, pas plus riches que lui mais à la peau plus claire. Tout le monde entre dans la boîte.. sauf lui à qui on demande sa carte de membre !!
Le tout est écrit sans haine ni esprit de revanche. C'était comme ça, c'est tout. Et il avait la chance de bien "apprendre à l'école" comme disait ses parents; Même si je trouve qu'il est allé se fourvoyer dans ce gouvernement, je reconnais qu'il doit beaucoup à l'école de la république et que c'est sans doute dans cette continuité qu'il essaie de faire quelque chose maintenant au niveau de l'Etat.
Le troisième livre, "Le marteau-pique-coeur", est très émouvant car il traite de la mort de son père. Les souvenirs qui affluent, l'enfance qui revient, et surtout le côté arabe qui revient très fort car l'enterrement doit bien sûr se faire en Algérie avec toutes les traditions. Un très beau livre à lire et à offrir.