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Les routes de l'imaginaire - Page 33

  • Un amour exclusif. - Johanna Adorjan (Presses de la Cité, 2009)

    un amour exclusif.jpgAlors qu'ils ont respectivement 71 et 82 ans, les grands-parents de l'auteur se donnent la mort, un dimanche matin, dans leur maison de Copenhague. Ce n'est pas complètement une surprise car ils l'avaient déjà évoqué depuis que lui était malade, mais une telle décision amène forcément des interrogations. Johanna Adorjan va, par petites touches, essayer de découvrir qui étaient ses grands-parents en interrogeant ses parents et quelques amis de la famille. Juif hongrois, son grand-père sera arrêté pendant la seconde guerre et déporté pendant que sa grand-mère survivra grâce à des faux papiers. Ensuite ils fuiront la Hongrie en 1956 pour aller vivre au Danemark. Toute leur vie sera marquée par ce drame et cette fuite, et cet "amour exclusif" s'expliquera sans doute par ces épreuves qui ont soudé à jamais ce couple.

    L'auteur fait preuve de beaucoup de pudeur pour parler de cette histoire. Elle alterne le récit imaginaire de leur dernière journée et l'enquête qu'elle mène pour répondre aux nombreuses questions qu'elle se pose sur leur vie et leur personnalité. Encore un récit personnel dans cette rentrée littéraire qui en compte beaucoup, mais encore une fois un récit délicat sur la quête de l'identité et les conséquences de la guerre.

    Celsmoon a beaucoup aimé

  • La solution esquimau. - Pascal Garnier (Zulma, 2006)

    la solution esquimau.gifInColdBlog m'ayant alléchée avec son billet ici, je me suis soudain rappelé que j'avais ce livre de Pascal Garnier qui m'attendait chez moi ! Je l'ai donc lu d'une traite (comme tous les Pascal Garnier !)

    Le narrateur, écrivain las de la littérature jeunesse, écrit un roman qui met à mal la morale. Louis, son héros, décide de faire comme Amélie Poulain : faire le bien autour de lui... mais pas de la même manière. Il remarque que ses amis seraient soulagés de bien des soucis s'ils héritaient, il décide donc de tuer anonymement d'abord sa mère, puis les parents de ses amis. Un peu surpris qu'ils ne débordent pas de bonheur, il continue toutefois son oeuvre philanthropique...

    Parallèlement, le narrateur se débat avec une créativité parfois en berne, une belle-fille ravissante et envahissante, des voisins gentils mais eux aussi très envahissants, et un ami désespéré. L'univers s'assombrit, la mort rôde, la fiction ne rejoindrait-elle pas la réalité ?

    Ce petit livre est comme d'habitude un régal. Plein de petites phrases qui font mouche, il se joue de la morale tout en observant avec tendresse ses personnages. La vie, ce n'est facile pour personne, surtout pas pour les personnages de Pascal Garnier... 

     L'avis enthousiaste de Laurent et ceux de Cuné et de Clarabel

  • Couleur de peau : miel (T.1 et T.2). - Jung (Quadrants, 2007-2008)

    couleur de peau miel 1.jpgHasard des lectures (et des disponiblités à la bib), je lis cette BD que je guettais depuis longtemps juste après le livre d'A.M. Homes. Or les deux sont sur le même thème : enfants adoptés, ils reviennent sur ce sujet. A.M. Homes décrit la rencontre avec ses parents biologiques alors qu'elle est adulte et attendra plusieurs années avant d'en parler. Jung en fait une bande dessinée à plus de quarante ans.

    Jung est né en Corée en 1965. Enfant des rues, il est recueilli dans un orphelinat puis adopté par une famille belge. Entouré de quatre frères et soeurs belges, puis d'une petite soeur coréenne adoptée, il vivra l'enfance d'un enfant de son âge.... quoique pas tout à fait. Sa mère n'est pas quelqu'un de tendre et il est à la recherche d'affection, les enfants de son âge le traitent parfois de chinois, ses rêves sont peuplés d'images lointaines,... Adolescent, en plus des émois de cet âge, il hésite entre amour, amitiés, copine, asiatique, pas asiatique. Il s'est découvert un don pour le dessin et c'est par là qu'il réussira à s'exprimer; Pourtant il gardera longtemps ce traumatisme de l'abandon et à la fois le désir et la peur de l'attachement.

    CouleurDePeauMiel2_.jpgVoilà une bande dessinée magnifique, tout en noir et blanc, avec un dessin tourmenté et pourtant tendre quand il le faut. Les tourments de cet enfant et de cet adolescent nous touchent énormément par ses faiblesses, ses angoisses, son humour aussi. Quelques notes en fin d'ouvrage donnent des renseignements sur l'auteur et sur sa quête d'enfant adopté. Non il ne recherchera pas sa famille biologique. Oui il est passionné par l'Asie et il ira en Corée. Et oui il a fini par épouser.... une Coréenne adoptée !

    Les avis tout aussi enthousiastes de Joëlle et de Passion de lire

  • Le sens de la famille. - A.M. Homes (Actes Sud, 2009)

    le sens de la famille.gifDécidément, après Anne Wiazemsky et Marie Sizun, je suis en plein dans les récits personnels de cette rentrée littéraire. Pourtant Le jeu de l'ange m'attend mais il me faudrait plus de temps...

    Dans ce récit, A.M.Homes qui s'est faite surtout connaître en France l'an dernier avec Ce livre va vous sauver la vie (que je n'avais pas lu), relate un moment important de sa vie. Elle sait depuis toujours qu'elle a été adoptée, mais un jour, alors qu'elle a 31 ans, sa mère biologique, Ellen, donne de ses nouvelles et fait savoir qu'elle aimerait la voir. Coup de tonnerre dans la famille d'A.M.

    Peu à peu A.M. en apprend un peu plus sur les circonstances de son adoption et saisit mieux les zones d'ombre de sa vie. Ses parents adoptifs venaient de perdre un enfant, ils voulaient adopter mais ne voulaient pas faire la longue procédure habituelle d'adoption. Ayant entendu parler d'une jeune femme qui ne voulait pas garder son enfant, ils vont l'adopter... sans que la jeune femme, Ellen, ait jamais signé les papiers autorisant cette adoption. Mal remise de la mort de son fils, angoissée à l'idée qu'Ellen puisse reprendre sa fille, la mère adoptive d'A.M. n'a pas été une mère aimante et tendre. Pourtant A.M. se sent appartenir à cette famille au plus profond d'elle-même. Elle sera très secouée par la réapparition de sa mère biologique qui est très demandeuse de son affection, et par la rencontre avec son père biologique. Celui-ci avait rencontrée Ellen quand elle était très jeune alors que lui était plus âgé et père de famille. Tiraillé entre le plaisir de revoir sa fille biologique et ses obligations familiales, il décevra souvent A.M.

    C'est à un parcours très personnel que nous convie A.M. Homes. Nous suivons avec elle l'évolution des relations très particulières entre une jeune femme adoptée et ses parents biologiques. Elle-même a souvent l'impression de ne pas savoir où elle en est et elle attendra plusieurs années avant d'écrire ce livre qui éclaircit pour elle ce qui fait sa "lignée". Lignée biologique, qu'elle a voulu approfondir, mais aussi lignée "adoptive" avec le beau personnage de sa grand-mère à qui elle est sûre de ressembler, même si elles n'ont pas le même sang.

    J'ai bien aimé cette recherche d'identité qui est mise en valeur pas une écriture sobre, pas du tout mélo. C'est plutôt le résultat d'un travail que l'auteur aurait fait avec un analyste. En tout cas il passionnera toutes les personnes qui ont eu de près ou de loin à voir avec cette situation.

    L'avis mitigé de Cathulu .

  • Zazieweb s'arrête !

     

    zazieweb logo.gif

    zazieweb accueil.jpg

    Même si je ne le visite plus guère depuis que j'ai mon blog, Zazieweb reste ma première véritable expérience littéraire sur le Web. Ce site très riche a été à l'origine de bien des expériences du Web 2.0 et et la base de donnée qu'il constituait était inégalée. Et Zazieweb a aussi été pour moi le début de rencontres virtuelles qui se sont transformées en rencontres réelles, ou en tout cas en relations durables. Nous sommes nombreux sur les blogs à être passés par Zazieweb et  ça me fait tout drôle que ce lieu s'arrête ! Merci en tout cas à Isabelle Aveline d'avoir tenu à bout de bras cette belle aventure pendant 13 ans !

    Plus de précisions sur la page d'accueil de Zazieweb

     

  • Eclats d'enfance. - Marie Sizun (Arlea, 2009)

    eclats d'enfance.jpgJe n'avais pas lu les deux livres précédents de Marie Sizun, mais je me souvenais des articles passionnés de Sylire à son sujet, aussi j'ai eu envie d'ouvrir ce joli livre des éditions Arléa.

    Cette fois il ne s'agit pas d'un roman mais d'un récit autobiographique. Marie Sizun est née dans le 20è arrondissement. Elle habite toujours Paris mais n'est pas retournée sur les lieux de son enfance. Un jour par hasard elle y passe et les sentiments mêlés qu'elle éprouve lui donnent envie d'écrire sur cette enfance et surtout sur ce quartier. Ses souvenirs, c'est par le biais des rues et des lieux qu'ils lui reviendront. On n'entre presque pas dans la grande bâtisse en briques rouges où elle habitait, en revanche on parcourt les rues environnantes de manière aléatoire, non-chronologique, de manière à faire ressurgir ces "éclats d'enfance", ces souvenirs qui apparaissent à l'évocation d'un nom, d'un lieu. Par cercles concentriques, l'auteur redécouvre les endroits qu'elle a explorés avec sa mère, son père, puis seule, et ces endroits ont une telle charge émotive qu'ils lui permettent de retrouver précisément des moments forts. Les nombreuses séances de cinéma avec sa mère. Les trop rares promenades avec ce père absent pendant la guerre, puis absent complètement. L'odeur du métro, les retours de l'école par le raccourci ou par le grand chemin, les anecdotes de l'enfance,...

    C'est avec beaucoup de retenue que Marie Sizun évoque son enfance. Sans jamais dire "je" (c'est "elle" ou "tu"), elle réussit pourtant à faire passer une incroyable émotion dans ce récit. Dans ces années de l'immédiat après-guerre, l'enfant découvre avec stupeur les bidonvilles à quelques centaines de mètres de chez elle, le cimetière du Père-Lachaise, la place des Fêtes sans fête,...Ses premiers émois, ses angoisses, ses découvertes nous parlent car nous avons tous un lieu d'enfance qui a été essentiel pour nous. Je pense que ce livre ravira ses lecteurs et sera pour les autres, comme pour moi, une belle porte d'entrée dans son univers.

  • Les autres, c'est rien que des sales types. - Jacques Bertrand (Julliard, 2009)

    les autres c'est rien que.gifA chaque rentrée littéraire, à côté des livres "sérieux", il y a toujours quelques livres légers et même franchement drôles. Cette année il y a La revanche des otaries de Wackenhein chroniqué ici par Laurence , et puis il y a Jacques Bertrand qui nous avait offert l'an dernier un Sales bêtes réjouissant, et qui récidive cette année avec cette fois les humains en ligne de mire.

    Tel un La Bruyère moderne, il nous propose une typologie des différents types humains que nous croisons forcément. Le touriste, le con, le commerçant, le parisien, .... Autant de qualificatifs qu'il épingle en décortiquant quelques expressions ou habitudes. Le grand con est plutôt inoffensif, le petit con souvent teigneux, et le gros con la plupart du temps un gros bêta. Le touriste est très différent selon qu'il est en solo (là il déteste les groupes), en groupe (il a déjà tout vu à la télévision), littéraire (il rédige ses ouvrages dans un bistrot à St Malo..),....Le commerçant est soit très commerçant (c'est souvent une critique), ou soit pas commerçant (c'est aussi une critique...),...

    Bref il nous propose une classification quasi scientifique de nos contemporains. C'est léger, bien vu, un peu inégal comme souvent dans ce genre d'exercice, mais toujours drôle. A conseiller aux lecteurs qui cherchent des livres drôles en bibliothèque ! (encore que l'humour ne soit pas le même pour tout le monde...)

    A noter que ce recueil rassemble les choniques de l'auteur dans Des Papous dans la tête sur France-Culture.

  • Mon enfant de Berlin. - Anne Wiazemsky (Gallimard, 2009)

    mon enfant de berlin.gifC'est la fin de la guerre. Claire Mauriac, 27 ans, veut être utile et sortir du cocon de sa célèbre famille. Elle est fiancée à Patrice, jeune homme de très bonne famille actuellement prisonnier en Allemagne. Elle part dans le Midi et s'exalte de tous ces moments forts passés au milieu des combats avec ses amis de la Croix-Rouge. Au moment où elle peut rentrer à Paris et sans doute se marier, elle demande à rejoindre la Croix-Rouge dans l'Est et est nommée à Berlin. Là-bas c'est de nouveau une vie difficile mais très exaltante qui la change, la murit, l'autonomise par rapport à sa famille. Et là-bas parmi tous les gens formidables qu'elle côtoie, elle rencontre "Wia", Wiazemsky, prince russe immigré, séducteur et extraverti qui pétille de vie et l'aime pour elle-même (il ne connaît pas François Mauriac)....

    Je crois que tous les lecteurs et lectrices ont été sous le charme de ce magnifique récit. Anne a utilisé les (nombreuses) correspondances de sa mère pendant la guerre, son journal intime ainsi que les souvenirs de ses proches pour retracer cette période. La vie pendant ces années difficiles (aussi bien la fin de la guerre que l'immédiat après-guerre) est évoquée par les yeux de cette jeune femme pourtant de santé fragile (elle est sujet aux migraines) mais qui est dotée d'un sang-froid sans faille pour conduire pendant des heures, s'occuper des blessés, et aussi faire la fête toute la nuit en buvant et fumant. Quelle vivacité dans ce récit qui évoque la naissance de cette passion entre Claire et Wia au milieu des ruines de Berlin qui est pour eux le plus beau des écrins. Ils ne pourront pas s'y marier (quand on s'appelle Mauriac on se marie à Paris...) mais feront leur voyage de noces dans la campagne autour. Autre moment émouvant : les séjours de Claire à Paris où elle ne réussit pas à parler de l'horreur qu'elle côtoie chaque jour et où ses proches ont l'impression qu'elle est là-bas presque en "vacances". Anne a fait un très beau travail de romancière en faisant revivre sa mère pendant les quelques années qui ont précédé sa naissance, puisque l'enfant de Berlin c'est bien sûr elle.

    Les avis tout aussi enthousiastes de Sylire,  Malice et Clarabel

    L'avis contraire de Lilly

    Et l'article de Bibliobs sur ce livre, avec la photo du mariage de Claire et Wia

  • Un roman français. - Frederic Beigbeder (Grasset, 2009)

    beigbeder.gifJe n'avais pas prévu de lire le livre de Beigbeder, et puis les circonstances.... : comme tous les ans on prépare une présentation de la rentrée littéraire pour les bibliothécaires du département, donc on essaie de balayer au maximum tout ce qui parait, notamment les ouvrages qui font "polémique". Je n'avais pas de préjugés contre ou pour Beigbeder. De lui, je sais qu'il fait partie des "people" et qu'il a une réputation de pitre mondain médiatique. Et je lis sa chronique dans Lire chaque mois.

    Bien qu'intitulé roman, ce récit est très largement autobiographique. Il commence par la garde à vue dont a été victime l'auteur, pris en flagrant délit de prise de cocaïne. Sa garde à vue se prolonge 48 h dans des conditions particulièrement difficiles et ce sera l'occasion pour lui de revenir sur sa vie et d'avoir l'idée de ce livre. De cette enfance aisée il ne lui reste que quelques bribes de souvenir. Pourtant ceux-ci reviennent peu à peu au fur et à mesure qu'il évoque ses grands-parents de la haute bourgeoisie basque de droite mais qui ont quand même hébergé des Juifs pendant la guerre. Son père épouse une jeune fille issue de la noblesse (basque aussi), et Frederic et son frère naissent à Neuilly avant de déménager dans différents appartements du XVIè. Mais le divorce de leurs parents, caché pendant plusieurs années, scindent leur vie en deux entre la vie mondaine et exubérante de leur père et celle, calme, de leur mère.

    On peut avoir une lecture cynique de ce livre, et je crois que certains critiques l'ont eu, où quelqu'un de (très) riche et (très) connu revient sur ses (petits) malheurs comme dans le sketch des Inconnus Auteuil Neuilly Passy, ou le Blues des fils de famille. D'autres critiques en font un incontournable de la rentrée. Je ne l'ai pas abordé comme cela, j'ai pris comme postulat que l'auteur faisait preuve de sincérité dans sa recherche d'un fil conducteur qui aurait mené sa vie. Après tout on peut être riche et célèbre et s'interroger sur soi, n'est-ce pas ....La garde à vue n'est clairement qu'un prétexte, c'est là où le terme "roman" se justifie. C'est probablement une réflexion que Beigbeder menait depuis longtemps et qui est devenu une urgence après cette épisode. Comme toute recherche de ses origines, celle-là est intéressante, parfois émouvante, et suit l'évolution de la société française au XXè sicècle. Je mettrai un bémol pour le style. S'il est agréable dans les chapitres intimistes, il abuse des comparaisons hasardeuses  et des excès de références littéraires (par exemple quand il se compare à Oscar Wilde dans La geôle de Reading) dans de nombreux paragraphes.

    En résumé ce n'est pas une mauvaise surprise que ce livre qui ne mérite, au final, "ni cet excès d'honneur, ni cette indignité"!

    Pour Mango c'est un coup de coeur

     

  • Volkswagen Blues . - Jacques Poulin (Actes Sud Babel, 1998)

    Lecture du Blogoclub : La tournée d'automne de Jacques Poulin

    Je m'apprêtais à recopier mon billet sur Tournée d'automne de Jacques Poulin que j'ai lu il y a quelque temps et que, comme tous les Poulin, j'ai adoré, mais je ne le retrouve pas ! Visiblement j'ai dû oublier de faire le billet. En tout cas je me souviens très nettement de cette atmosphère douce où les livres jouent un grand rôle. Et puis un livre sur un bibliobus ne peut que plaire à une bibliothécaire :-)

    Je mets donc le billet sur cet autre livre de cet auteur, que j'ai aussi beaucoup aimé.

    medium_9782742718009.jpg

    Quand Jack prend son combi Volkswagen (une histoire qui commence avec un combi Volkswagen ne peut pas être mauvaise...), il est bien décidé à retrouver son frère qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'années. Il ne pensait pas faire le chemin avec une jeune fille fantasque, libre comme l'air, métissée indienne et mécanicienne de son état ! Pourtant c'est avec elle qu'il va reconstituer l'itinéraire de ce frère qui semble avoir suivi la piste des pionniers, de Québec à San Francisco, par la route de l'Oregon, avec "Sur la route" de Kerouac dans la poche ! Ce road-movie à travers le Canada puis les Etats-Unis est la quête d'un homme à la recherche de son enfance et de ses souvenirs, ça va se transformer en un morceau  de vie exalté par l'appétit de vivre de la jeune fille.

    Quand j'avais lu La tournée d'automne, j'avais cherché  des renseignements sur Jacques Poulin, j’avais vu que les mêmes thèmes (livres, écriture, tendresse, douleur de vivre) et les mêmes personnages (Jack Waterman) se retrouvaient dans tous ses livres.

    Je reprends mon commentaire d'alors qui convient complètement aussi à ce livre : ce ne sont pas les péripéties qui comptent mais les réflexions des personnages sur eux-mêmes et sur la vie. Beaucoup de tendresse, d’émotion et aussi d’humour permettent de traiter des sujets sérieux. Ce livre est aussi un bel hommage à la littérature avec les références à Hemingway et Kerouac.

    Une très belle phrase trouvée sur un article consacré à Jacques Poulin définit bien l’atmosphère de ses livres : ses personnages, est-il écrit, « frôlent le bonheur et craignent de s’en approcher de peur qu’il disparaisse ».

     

    Je rajoute le commentaire d'un bloggeur québécois (Louis)  : "Jacques Poulin écrit des fictions qui, étrangement, ressemblent à nos vies, ou à tout le moins à ce que nos vies pourraient être. Ses passions, ses réflexions, ses questionnements sont les nôtres. Il est toujours fascinant de découvrir nos pensées sous la plume d'un autre que nous."