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Les routes de l'imaginaire - Page 32

  • Missak. - Didier Daeninckx (Perrin, 2009)

    missak.jpgJe remercie Babelio grâce auquel j'ai reçu ce livre. Mon mari se l'est approprié dès son arrivée, aussi c'est lui qui fait ce billet...

    "Roman, document ou docu-roman. Réalité ou fiction. Des histoires ou l'Histoire... Voilà les questions qui viennent à l'esprit à la lecture du dernier livre de Daeninckx.
    A travers le Paris des années cinquante où le Parti Communiste était encore une force de premier ordre, J.L. Dragère, journaliste à l'Humanité, est chargé de rechercher des documents retraçant la vie de Missak Manoukian. Cela va lui donner l'occasion et nous permettre de rencontrer des personnages qui ont joué un rôle dans la vie de ce Résistant et qui ont croisé ce héros méconnu dont la lettre d'adieu est à l'origine du célèbre poème d'Aragon L'Affiche rouge.

    Ceux que la période allant des années trente à l'après-guerre intéresse, trouveront dans cet ouvrage le parcours de ces Arméniens, Italiens et Polonais qui se sont mis au service de la France et sont entrés dans la Résistance au nom des valeurs qu'elle représentait.

    Ecrit sous forme d'enquête journalistique, le livre se lit facilement et avec beaucoup de plaisir."

    masse_critique.jpg

  • Medz Yeghern. - Paolo Cossi (Dargaud, 2009)

    medzyeghern.jpgEntre 1915 et 1916, un million cinq cents mille Arméniens furent massacrés par le gouvernement et l'armée de l'Empire Ottoman. Les Arméniens, de religion chrétienne, étaient présents sur ce territoire depuis plusieurs siècles. Les conflits avec les Ottomans furent nombreux, mais rien d'aussi important que ce qui se passa au début du 20è siècle. L'élimination des Arméniens fut programmée : au début, l'armée et l'administration furent débarrassées des éléments arméniens, puis les hommes furent déportés, et enfin le reste de la population fut capturée et envoyée dans des camps.

    Ces événements sont évoqués par Paolo Cossi par le biais de trois personnages. Un Allemand qui, au risque de sa vie, prit le risque de désobéir à sa hiérarchie et de prendre en photos ces massacres. Mehmet Talaat Pacha qui fut ministre de l'Intérieur de 1913 à 1917, puis fut assassiné. Et un jeune Arménien qui, blessé à mort, fut sauvé par un jeune Turc.

    Le dessin noir et blanc de Paolo Cossi, faussement naïf, donne vie à ces personnages grâce à des visages très expressifs. L'histoire, vue à travers eux, parait à la fois dérisoire et tragique. J'ai bien aimé le récit très expressif de cette tragédie.

  • La clé des mensonges. - Jean-Bernard Pouy (Folio Policier, 2009)

    la cle des mensonges.gifZapala est un gendarme bientôt à la retraite. Pour son dernier transfert, on lui demande d'accompagner une jeune fille en train à Bordeaux. De quoi est-elle accusée ? Il n'en sait rien et s'en moque, mais il est bien obligé de se poser des questions quand il se rend compte qu'ils ont été suivis dans le train par des individus qui n'hésitent pas à tirer sur eux... Commence alors une cavale qui va les emmener en Charente et en direction de la Gironde. La clé de l'affaire est ... une clé, une petite clé que l'on peut même avaler, puis récupérer. Il ne sait pas ce qu'elle ouvre mais elle l'obligera à se replonger dans une affaire politico-financière obscure et à retrouver des sensations fortes qu'il pensait avoir oubliées.

    Ce livre a été publié il y a une vingtaine d'années en Série noire et déjà on reconnait ce qui fera la patte de Pouy : un personnage désabusé persuadé d'avoir raté sa vie et qui n'a rien à perdre. Une histoire très noire et qui, on le sait, ne s'éclaircira pas. Et une folle cavale qui va les conduire vers une fin inexorable... Pas le meilleur Pouy, il fera mieux plus tard, mais une lecture efficace et oppressante pour amateur de polars noirs !

     Comme moi  Yv l'a lu d'une traite

  • Retour en Inde. - Patrick Boman (Arléa, 2009)

    retour en inde.gifDe Patrick Boman j'avais lu plusieurs livres de sa série "Peabody", romans policiers qui se passent en Inde fin XIXè et qui mettent en scène un officier de police de l'Empire de Indes très peu "politically correct". L'auteur est un grand voyageur, un journaliste qui a aussi fait mille métiers et aime observer ses congénères.

    Dans ce récit, il nous emmène en Inde aujourd'hui, un pays qu'il connait bien car il y est venu plusieurs fois pour des séjours assez longs. Mais là il n'y est pas retourné depuis 18 ans et il est curieux de voir si le pays est toujours le même ou si les grands mutations mondiales l'ont modifié en profondeur.

    Les sensations sont les mêmes à l'arrivée, les odeurs, la chaleur.... Les hôtels aussi, l'auteur livre quelques notes pour chaque hôtel (mais pas d'hôtel de luxe pour voyageurs fortunés...). De Calcutta à Bombay via Chandernagor et Bénarès, il retrouve l'Inde familière, la foule, la religion omniprésente, les castes, l'attente partout, le tourisme local... L'Inde a-t-elle vraiment changé ? Bien sûr les classes moyennes et supérieures ont profité du développement économique, surtout dans les métropoles. Mais ailleurs, certes le téléphone portable s'est répandu mais dans ce pays immense les changements mettent du temps à être visibles...

    J'aime beaucoup les récits de voyage et me laisse facilement embarquer vers des destinations lointaines, j'ai donc lu ce joli petit livre avec plaisir,  toutefois je pense qu'il plaira vraiment aux lecteurs qui sont allés en Inde et qui retrouveront bien cette atmosphère particulière. Une bonne idée de cadeau pour des amis voyageurs...(15€)

  • Boulevard des branques. - Patrick Pécherot (Folio policier, Gallimard, 2008)

    boulevard des branques.jpgDernier volet de la trilogie de Pécherot. Cette fois nous sommes en 1940, Paris est vide, les Parisiens ont presque tous quitté la capitale. Nestor, notre ami apprenti détective, est chargé de veiller sur un psychiatre dépressif. Mais un matin il se réveille trop tard, le professeur Griffard s'est tué (ou on l'a aidé à se tuer). Un peu déçu d'avoir mal fait son travail, Nestor se retire, mais il n'est pas tranquille pour autant ! On l'assigne à résidence alors que plus loin sa secrétaire l'appelle d'urgence à Chartres ! Train, vélo, voiture ! Un rythme endiablé pour ce polar qui, comme les autres, nous plonge complètement dans la grande Histoire avec l'exode, les théories eugénistes, l'or espagnol, les banques russes et les nazis !

    L'histoire s'achève en 1941 alors que Nestor est emprisonné dans un stalag. Il s'en évadera quelque temps plus tard, là où commence 120 Rue de la gare de Léo Malet (que je me suis empressée de relire..)

    J'ai vraiment adoré cette trilogie où Pécherot rend hommage à Léo Malet en imaginant les débuts de Nestor (Burma) et en faisant revivre le Paris d'alors. Le style, populaire et gouailleur, est bourré de trouvailles et on a du mal à quitter cet argot parisien renouvelé et ses personnages attachants !

    L'avis de Moisson noire

     

     

  • Belleville-Barcelone. - Patrick Pécherot (Série noire Gallimard, 2004)

    belleville barcelone.gifNous sommes en 1938. Notre héros Nestor est appelé pour retrouver une fille de famille qui est partie avec son amoureux. Mais cette enquête entrainera Nestor bien plus loin qu'à Paris, jusqu'à la guerre d'Espagne et ses ravitaillements en armes. En France le Front Populaire vit ses derniers jours. A Belleville se côtoient anars et admirateurs d'Hitler et de Staline... Comme d'habitude Nestor se retrouve dans des situations difficiles , mais heureusement il y met un peu de poésie, et André Breton aussi !

    Suite des Brouillards de la Butte. Pécherot poursuit son hommage à Léo Malet et aux débuts de celui qui sera Nestor Burma. L'évocation du Paris d'alors est magnifique, la langue réjouissante, c'est un petit bonheur de lecture que cette trilogie. A lire pour le plaisir de la langue, de l'humour et des rues de Paris !

     L'avis de Moisson noire

  • Les herbes folles (Alain Resnais, avec André Dussolier, Sabine Azema, Emmanuelle Devos, ..., 2009)

    les herbes folles.jpgMarguerite se fait voler son sac en allant à Paris. Georges trouve son portefeuille par terre dans un parking.... Il va le rendre à la Police mais ne peut s'empêcher, en regardant les photos de cette femme, de fantasmer. Il l'appelle, lui écrit, essaie de la voir. Marguerite s'étonne, s'agace, prend peur, est intriguée aussi...Ils ont une passion en commun, l'aviation. Mais il a une femme, des enfants, une maison. Elle a un métier prenant...

    Présenté comme une fable, ce film explore les méandres de l'imaginaire de chacun, les fantasmes, les non-dits. Toutefois, malgré de très belles images et une musique attachante, je n'ai absolument pas adhéré à ce film. Je trouve que Resnais n'a pas su choisir entre réalisme et fantaisie, ce n'est ni vraisemblable psychologiquement ni assez déjanté pour que l'on s'amuse ou que l'on prenne de la distance. A noter que sur Allociné les trois quarts des critiques ont adoré et les trois quarts des spectateurs ont détesté !!!

     

  • Les brouillards de la Butte. - Patrick Pécherot (Folio Policier, 2008)

    les brouillards de la butte.jpgOn est à Paris en 1926. Notre héros est monté de province et survit en faisant des petits boulots, notamment collaborateur dans un petit journal. Il croise aussi les artistes de l'époque et s'essaie à la poésie. La nuit venue il aide quelques copains à délester les riches de leur trop plein de richesses... Mais un jour, à la place des lingots attendus, ils trouvent un cadavre dans un coffre-fort et se retrouvent mêlés à une affaire de chantage qui va remonter très haut ! Le propriétaire du coffre-fort trempe dans une magouille qui remonte à l’époque de l’Armistice de 1918. Certains rois de la métallurgie auraient bénéficié de l’aide de l’État pour l’octroi des hauts-fourneaux confisqués à l’Allemagne en guise de dédommagement de Guerre. Notre héros devient malgré lui apprenti enquêteur...

    Cette première aventure de Pipette se poursuivra avec deux autres livres qui présentent en quelque sorte les premières années de "Nestor", qui deviendra le Nestor Burma de Léo Malet. Cette trilogie est donc un hommage rendu par Patrick Pécherot à Léo Malet. La vie de celui-ci se retrouve dans le personnage de Nestor et l'on retrouve avec plaisir les surréalistes, André Breton, les anarchistes, l'histoire en toile de fond et les grandes affaires du moment.

    Patrick Pécherot manie une langue proche du parler populaire et de l'argot pour faire revivre cette période si vivante dans le quartier de Montmartre. On imagine tout de suite dans "Pipette" celui qui sera Nestor Burma avec sa capacité à s'attirer des ennuis en soulevant des lièvres bien plus importants que ce qu'il imaginait !

    J'ai adoré ce premier récit et j'ai bien sûr tout de suite enchaîné sur les deux autres... et sur le premier Malet "120 rue de la gare" (que j'avais lu il y a très longtemps). A suivre donc d'ici les prochains jours...

    A noter que Patrick Pécherot vient de recevoir le prix 813 pour son excellent Tranchecaille !

    Le billet de Nanne

  • Notre palmarès de la rentrée littéraire

     
     
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    Comme chaque année, vous pouvez trouvez ici chez Laurent un palmarès de la rentrée littéraire concocté par un groupe de bibliothécaires :-)

  • Exit le fantôme. - Philip Roth (Gallimard, 2009)

    exit le fantome.jpgLe narrateur, Nathan Zuckerman, est un écrivain âgé qui a choisi depuis onze ans de se retirer dans le Massachusetts pour se concentrer sur son travail d'écriture. Après un cancer de la prostate, il souffre de problèmes d'incontinence et d'impuissance et cette déchéance physique conditionne toute sa vie. Pourtant il retourne à New-York en 2004 pour essayer un nouveau traitement, et là il est violemment confronté à tout ce dont il s'était éloigné depuis toutes ses années. La violence de la politique car c'est la réélection de Bush. L'énergie des jeunes écrivains et leur arrivisme avec Richard Kliman qui veut révéler des secrets de Lonoff, le mentor de Zuckerman. La déchéance des gens de son âge  avec Amy, la muse de Lonoff, très diminuée par ses problèmes de santé. Et surtout le désir qui s'incarne dans Jamie, la jeune femme d'un couple qui souhaite faire un échange de maison avec Zuckerman. Zuckerman est bouleversé par toutes ces émotions dont il s'était soigneusement protégé pendant toutes ces années...

    Dans ce livre l'auteur réussit magnifiquement à évoquer des émotions à la fois individuelles et collectives. Dès les premières pages on reçoit de plein fouet la déchéance physique de Zuckerman, déchéance que l'on suivra tout au long du livre et qui est à la limite du supportable, mais qui permet d'entrer au plus profond du personnage. La violence de son désir pour Jamie et son incongruité sont analysées par un homme se connaissant bien et qui est lui-même déconcerté par cette agitation. La perte de repères de ses compatriotes se traduit par l'effervescence autour des élections, la réélection de Bush et le désespoir des classes intellectuelles. Le monde de la littérature n'est pas moins tourmenté avec une critique littéraire bien égratignée et des jeunes écrivains dénués de scrupules pour réussir.

    Bien que n'ayant pas lu tous les livres de Philip Roth, je me suis immédiatement sentie en phase avec ce personnage tellement proche de son auteur et en même temps bien distancié. Et bien que le fond du livre soit plutôt noir par les thèmes abordés, on sent que l'auteur nous fait un clin d'oeil et nous dit que ce n'est pas la fin pour lui. En effet le narrateur se sert de tout ce qui le bouleverse pour le réécrire et en faire une pièce de théâtre.... Et depuis la parution de ce livre en 2007 aux Etats-Unis, Philip Roth a déjà eu  le temps de beaucoup écrire...

    L'avis de Lapinoursinette