Voilà un auteur que je suis depuis le début et ses romans ont toujours été de bonnes surprises. L'intrigue n'est en général qu'un prétexte pour montrer la formidable évolution de la Chine à la fin des années 1990 et l'auteur réussit à bien nous accrocher avec son sympathique héros, l'inspecteur Chen, amateur de littérature et poète à ses heures.
Dans ce nouveau récit, c'est la période concernant Mao qui est évoquée. Le gouvernement confie à Chen une enquête portant sur un document compromettant concernant Mao, et que détiendrait Jiao, petite-fille d'une amie proche de Mao. Pour mener son enquête, Chen doit revenir sur la période de la Révolution culturelle et sur la vie privée de Mao. Révéré comme un Dieu, il avait quand même des préoccupations très humaines et ses "petites concubines" ont été nombreuses et parfois maltraitées. L'une d'elles aurait donc eu des documents ou photos compromettantes et les aurait légués à sa fille puis à sa petite fille.
Cette fois encore l'aspect policier est presque secondaire par rapport aux questions qui se posent dans le Shanghai actuel. La cohabitation des jeunes et des anciennes générations, la spéculation immobilière, les intérêts financiers, la "mode Mao", tout cela est décrit de manière très agréable. J'avais été déçue par son précédent livre, De soie et de sang, qui était une banale histoire de serial killer, mais celui-ci m'a beaucoup plu. Les citations, extraits de poèmes et évocations culinaires qui émaillent le récit, donnent un ton particulier et original à ces romans. Et j'avais eu le plaisir de rencontrer Qiu au Salon du livre sur la Chine il y a quelques années et de parler avec lui (en anglais...) et j'imagine toujours Chen avec son visage sympathique et souriant !