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Roman francophone - Page 13

  • Les naufragés du Batavia, suivi de Prosper . - Simon Leys (Points Seuil, 2005)

    medium_9782020654357.jpgEn 1629, au large de l'Australie, un navire hollandais fait naufrage. Trois cents rescapés se massent sur les îlots avoisinants. Mais alors que le capitaine part chercher du secours, les deux tiers des survivants sont massacrés par un membre de l'équipage devenu fou ! Cette tragédie a marqué les esprits et de nombreux ouvrages y ont été consacrés. Simon Leys, mieux connu pour ses essais sur la Chine, voulait depuis longtemps écrire un livre sur le sujet. Ce ne sera finalement que ce petit récit qui retrace cette incroyable histoire et donne envie, c'est l'auteur qui le confirme, d'en lire davantage sur le sujet.

    Le second récit, Prosper, est aussi très intéressant et surtout très bien écrit. Simon Leys a accompagné un voilier thônier breton pour une campagne de pêche. C'était en 1958, les bateaux n'avaient pas encore les équipements modernes que l'on connaît, et c'était vraiment l'aventure de partir ainsi plusieurs semaines à la pêche au thon. Leys décrit très bien le monde de la pêche en mer, les hommes, le navire, les tempêtes, la vie à bord telle qu'on l'a vue dans de nombreux films.....

    En général j'aime bien les récits maritimes sauf s'ils utilisent un vocabulaire trop spécialisé (la série des Patrick O'Brian est trop indigeste pour moi) . Leys n'étant pas marin de métier, même s'il connaît bien le sujet, il décrit ce monde de manière très vivante et précise sans nous assommer de mots inconnus (enfin.. quelques uns quand même pour moi..) et j'ai passé un bon moment à lire ses deux petits récits.

  • Le serrurier volant. - Tonino Benacquista et Tardi (L'Estuaire, 2006)

    medium_9782874430183.gifVoilà un très joli petit livre au beau papier ivoire avec des illustrations sepia de Tardi, dans la collection "Carnets littéraires" de l'Estuaire, éditeur belge. Rencontre d'un auteur et d'un dessinateur sur un thème qui, d'un commun accord, devait être parisien et, je cite, "un peu glauque" !

    Marc, la trentaine, mène une vie rangée et méthodique dans un pavillon de la banlieue parisienne. Licencié, il se retrouve un peu par hasard convoyeur de fonds mais continue à mener sa vie sans surprise. Mais un jour le drame se produit, ils sont braqués. Ses deux compagnons meurent brûlés dans le fourgon tandis que lui, blessé, fracturé, meurtri mais vivant, développe le "syndrôme du survivant" : pourquoi sont-ils morts, pourquoi a-t-il survécu ? Et commence la descente vers la dépression, le manque d'argent, la déchéance. Un jour par hasard il rencontre un serrurier qui dépanne les gens à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Quel drôle de métier. Pas de medium_serrurier-volant-benacquista.2.gifpatron. Pas d'horaire précis. Est-ce que ça ne pourrait pas l'occuper et lui faire oublier les idées qui lui trottent dans la tête ?.....

    Comme d'habitude chez Benacquista, ses personnages à un moment donné ont une rupture dans leur vie et cette rupture sera l'occasion d'un nouveau départ. Les situations sont difficiles, l'atmosphère très noire, mais on s'attache à ce personnage et on continue en se demandant comment Benacquista va réussir à faire expier à son héros son sentiment de culpabilité... C'est vrai que je suis une inconditionnelle de Benacquista, donc j'ai un a-priori favorable pour ses textes. Celui-là, animé par le dessin de Tardi, est parisien et glauque en diable, mais j'aime beaucoup !

     

  • Le roman d'une maison. - Serge Rezvani (Actes Sud,2001)

    medium_rezvani.gifVoilà un livre inclassable ! Il fait partie de cette collection d'Actes Sud qui s'appelle "Archives privées" et donne carte blanche à un auteur pour parler de sujets intimes. Et Rezvani nous parle de ce qui est très intime pour lui, sa maison. Ou plutôt leur maison, à lui et à Lula.

    Tout au long de son oeuvre, il évoque cette demeure, "La Béate", dans le massif des Maures. C'est là qu'il s'est installé il y a quarante ans avec la femme de sa vie, Lula, après avoir abandonné la vie parisienne. Ils resteront tout le temps là-bas et l'oeuvre de Rezvani sera intimement liée à cette demeure. L'isolement, la medium_images.19.jpgnature sauvage, le paysage, tout sera pour lui des éléments de son inspiration. Ce récit est aussi pour lui l'occasion de revenir sur sa vie en suivant le fil de cette maison. Quelques photos l'accompagnent. A lire si on est amateur de la très belle oeuvre littéraire de Rezvani.

  • Les types comme moi. - Dominique Fabre (Fayard, 2007)

    medium_9782213631424.2.gifJ'avais fait un commentaire enthousiaste de son dernier roman, "La serveuse était nouvelle", car j'avais été enchantée par ce style fluide qui permettait de donner vie à une existence morne et répétitive d'un garçon de café. Avec ce nouveau roman je suis ravie car j'ai l'impression de lire la suite de cette vie. Pourtant le héros n'est pas le même, il est dans un bureau, mais l'atmosphère est la même.

    Un homme ayant passé la cinquantaine (éléments autobiographiques ? ), n'ayant pas de problèmes particuliers de travail ou d'argent, voit passer sa vie, une vie ordinaire faite de solitude et de quotidien. Le passage d'un ami d'enfance ravivera des souvenirs oubliés, dans une banlieue (Asnières-Gennevilliers,..) désormais méconnaissable.

    Ces gens ordinaires, Fabre en fait des héros de romans par la magie d'une poésie mélancolique à laquelle je suis très sensible. Cette fois un peu d'optimisme viendra éclairer cette vie non pas sombre mais sans couleurs : la rencontre sur Internet d'une femme avec laquelle une seconde chance va peut-être pouvoir donner une lumière douce. Ou comment un roman peut, par mots feutrés, donner à voir la vie comme elle va.

     
  • La maison du retour. - Jean-Paul Kauffmann (Nil, 2007)

    medium_9782841113088.jpgJe fais partie de la génération qui a vu pendant trois longues années l'annonce à la TV du nombre de jours de détention de ceux qu'on appelait "les otages du Liban". Et c'est toujours avec beaucoup d'émotion que je revois l'image de leur arrivée à Paris le 5 mai 1988. Jean-Paul Kauffmann est hagard, amaigri, sans ses lunettes, et surtout sans Michel Seurat mort en captivité. Vous me direz qu'être otage ne fait pas forcément de vous un bon écrivain, mais Kauffmann est quelqu'un qui a un vrai style. On l'a vu dans les très beaux "La chambre noire de Longwood" (le récit de la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène) et "L'Arche des Kerguelen". Dans "La maison du retour" il raconte l'origine de cette vocation d'écrivain (au départ il était journaliste).

    Au retour de sa captivité, il ne se sent pas capable de reprendre le cours normal de sa vie à Paris, il a besoin d'une sorte de sas pour réapprendre à vivre. Il décide d'acheter une maison, plutôt dans la région de Bordeaux en bon amateur de vin qu'il est. Mais c'est pour une maison perdue dans les Landes qu'il aura le coup de foudre. Et là, pendant de longs mois il va cohabiter avec les deux ouvriers qui restaurent la batisse, découvrant cette nature landaise un peu sauvage, comme lui. Cette parenthèse lui sera nécessaire pour retrouver la notion de temps, les saisons, la nature qui se met en sommeil puis revit. Pour toute lecture "les Georgiques" de Virgile et pour toute musique, un disque de Haydn. La radio des maçons lui donne quelques nouvelles de l'extérieur.

    J'ai lu ce livre d'une traite, complètement immergée dans cette solitude au milieu des pins, avec quelqu'un à la redécouverte de la vie. L'humour n'est pas absent  de ce récit, au contraire avec les descriptions des deux maçons énigmatiques, de l'agent immobilier insaisissable, de l'architecte pressé et des voisins qui lui donnent des conseils pour son "airial" (clairière enserrée dans une vaste pinède). Dix-huit ans après, il peut enfin revenir sur sa captivité mais sans insister, en choisissant de ne conserver que l'amour de la vie qu'il a retrouvé sans doute un peu grâce à cette maison.

     

  • L'Atlantique Sud. - Jérôme Tonnerre (Grasset, 2006)

    medium_9782246707912.gifLe héros (qui s'appelle Jérôme Tonnerre) est un passionné de voyage. Il a tous les guides de tous les pays, l'équipement du randonneur, la carte de fidélité du Vieux Campeur... Bref il est incollable sur les trajets, les refuges et les vaccins. Pourtant.... il n'a jamais quitté son arrondissement parisien. Il voyagerait bien mais.... oui mais quoi ???? Le problème se pose avec encore plus d'acuité quand, à la mort de sa mère bien aimée, il trouve un papier écrit de sa main précisant qu'elle veut être incinérée et avoir ses cendres dispersées dans l'Atlantique Sud. Le frère et la soeur étant de toute façon occupés à autre chose (la soeur a fait son "coming out" et le frère doit gérer sa femme qui vient de faire le sien...), c'est Jérôme qui doit s'en occuper. Oui mais l'Atlantique Sud, c'est où ? Mimizan Plage ou le Brésil ? Il lui faudra beaucoup d'imagination, de constance et de courage pour venir à bout de ses démons phobiques !!!

    Voilà enfin un livre drôle, et c'est suffisamment rare pour le remarquer. L'humour noir du début (avec les Pompes funèbres et le Crématorium) évolue en règlement de compte familial et en traitement de la phobie des voyages. C'est léger, pas inoubliable sans doute, mais à conseiller pour passer une bonne soirée. Et puis... moi-même j'adore les livres de voyage mais.... ai-je vraiment beaucoup voyagé ?  ;-)

    L'avis de Laurent, et celui de Florinette.

  • Marilyn dernières séances. - Michel Schneider (Grasset, 2006)

    medium_9782246703716.2.gifEncore un livre sur Marilyn me direz-vous ! C'est vrai qu'elle a beaucoup inspiré les écrivains et biographes de tous genres. Ici c'est une facette en partie inexplorée qui est présentée : sa psychanalyse avec Ralph Greenson.
    Michel Schneider, psychanalyste et habitué des biographies de personnalités (Proust, Baudelaire, Glenn Gould,...), a eu accès à de nouvelles sources, toutefois pas aux correspondances privées qui sont toujours inaccessibles au public. En revanche il a extrait de la biographie de Greenson, de ses entretiens et de tous les récits autobiographiques des vedettes de l'époque, ce qui concernait Marilyn et ses psychanalyses.

    Je dis bien "ses" psychanalyses car elle a constamment été en analyse comme on peut l'être toute sa vie aux Etats-Unis (voir les films de Woody Allen et Woody Allen lui-même...). Profondément fragile, Marilyn n'a jamais réussi à faire le lien entre son image publique et sa personnalité profonde. Dans ce livre on voit bien sa dépendance à ces séances où elle essayait vainement de se comprendre. Dépendance aux séances mais aussi aux médicaments que ses analystes lui prescrivaient à foison. Ceux-ci d'ailleurs se mêlaient de tout , de sa vie, de sa carrière, de ses finances... C'est pourquoi on a accusé Greenson d'avoit sinon littéralement tué Marilyn, du moins de l'avoir encore plus fragilisée physiquement et psychologiquement par ces dépendances.medium_images.34.jpeg

    Ce livre est aussi une chronique du cinéma hollywoodien et de ses liens avec la psychanalyse. En fait celle-ci était utilisée comme les techniques de l'Actor Studio : rappelez-vous vos souvenirs d'enfant, les événements douloureux qui vous ont marqués, revivez vos émotions passées, cela vous aidera à mieux jouer ! C'est bien sûr à mille lieux de la psychanalyse européenne. Pourtant Marilyn a été analysée par Anna Freud (fille de...), gardienne du Temple s'il en est !

    Comme on le voit, cet ouvrage est vraiment foisonnant et franchement, bien que je ne sois pas idolâtre de Marilyn, je l'ai dévoré (530 p quand même !) et je l'ai trouvé bien écrit et vraiment fouillé sur le sujet. Quant aux polémiques qu'il déclenche chez les spécialistes de Marilyn... N'est-ce pas le propre de tout personnage entré dans la légende ?



    L'avis de mon mari
    : C'est un avis positif puisque c'est lui qui m'a incitée à le lire ! Eh oui, Marilyn intrigue toujours les hommes ! En plus de mes commentaires qui, m'a-t-il dit, expriment bien ce qu'il ressent, il a bien aimé le côté "les dessous d'Hollywood", non pas qu'il y ait des révélations croustillantes, mais plutôt l'impression que c'était alors le rassemblement de personnages plus névrosés les uns que les autres qui essayaient, souvent avec succès, de sublimer ça dans le cinéma !

     

  • Disparaître. - Olivier et Patrick Poivre d'Arvor (Gallimard, 2006)

    medium_9782070779666.gifComme beaucoup de monde, j'ai vu et revu le film de David Lean "Lawrence d'Arabie" et j'ai découvert Lawrence d'Arabie avec le visage de Peter O'Toole. Le film met magnifiquement en valeur la grandeur et la folie aussi de celui qui essaya désespérément de rassembler les nations arabes pour lutter contre les Turcs.

    Dans ce livre, les frères Poivre d'Arvor, familiers des récits d'aventure à quatre mains, plongent dans cette histoire déjà mille fois disséquée. Leur théorie : l'accident de moto qui tua Lawrence (vous savez, la première scène du film...) n'était pas accidentel, c'était un geste délibéré de celui qui ne medium_images.31.jpegsupportait plus ni la vie civile, ni le monde, ni la vie, ni personne. Des coïncidences troublantes viennent en effet étayer cette thèse, mais est-ce pour autant exact ?

    Les auteurs en profitent pour nous faire revivre les moments les plus importants de la vie du héros en s'inspirant surtout des "Sept piliers de la sagesse", le récit autobiographique de Lawrence.
    Franchement ce livre ne m'a rien appris sur Lawrence que je ne savais déjà (sauf les supputations...) mais bon, c'est toujours agréable de lire un ouvrage sur quelqu'un comme Lawrence dont on ne se lasse pas ! 

  • Le chat botté. - Patrick Rambaud (Grasset, 2006)

    medium_9782246671510.3.gifCette fois il n'y a que l'avis de mon mari ! Eh oui je ne l'ai pas lu (j'aime pas les romans historiques...), mais comme c'est un roman de la rentrée littéraire, je vous mets son commentaire :

    Le commentaire de mon mari : Patrick Rambaud a écrit plusieurs romans sur l'époque napoléonienne. Celui-ci est le quatrième après "La bataille", "Il neigeait" et "L'absent". Il connaît donc bien cette période et en particulier son personnage principal : Napoléon.
    Là il s'intéresse en quelque sorte à la genèse de ce personnage public en décrivant l'épisode du 13 Vendémiaire. S'appuyant sur de nombreuses sources, il nous restitue avec précision l'atmosphère et la vie quotidienne de l'époque à Paris. Mélangeant habilement ses talents de romancier et d'historien, il nous suggère une hypothèse intéressante et nouvelle sur cet événement.
    Pour résumer, c'est un roman bien fait qui se lit facilement et qui devrait plaire aussi bien aux "Napoléoniens" (comme moi) qu'aux simples amateurs de romans historiques!

  • Bonne nuit, doux prince. - Pierre Charras (Mercure de France, 2006)

    medium_9782715226364.gifLes rapports avec le père, voilà un sujet qui inspire beaucoup de romanciers, surtout si ces rapports ont été difficiles, voire conflictuelles. L'absence de communication, le silence du père, la difficulté pour le fils de trouver sa place,...Ce sont des thèmes que l'on ressasse une fois le père disparu. Si on avait su parler, si on avait pu dialoguer ! C'est exactement ce que Pierre Charras nous évoque ici à propos de son père disparu (encore que c'est bien noté "roman"..???) .

    Disons qu'il faudrait que l'on aborde chaque récit en oubliant tout ce qu'on a lu avant ! Si c'était le cas, je dirais que ce livre est particulièrement émouvant, pudique, qu'il évoque bien l'image du père aimant mais silencieux, et que l'on se retrouve tous un peu dans ces descriptions. Mais quand on a déjà lu des dizaines d'évocations semblables, on perd un peu de son enthousiasme ! Oui, c'est bien, mais peut-être manque-t-il le petit plus qui fait qu'on ne l'oubliera pas, comme on n'a pas oublié le père d'Annie Ernaux dans "La place", celui de Paul Auster dans "L'invention de la solitude" ou celui d'Azouz Begag dans "Le marteau pique-coeur", je pourrais aussi citer celui de Clémence Boulouque dans "Mort d'un silence", celui de Françoise Dolto dans "Père et fille",.....

    Pour ne pas finir sur une note trop négative, je dirais que j'avais dévoré Dix-neuf secondes du même auteur (quel suspense !) et bien apprécié Comédien (c'est son autre "métier")