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Les routes de l'imaginaire - Page 63

  • L'éclipse . - Serge Rezvani (Actes Sud, 2003)

    medium_9782742743520.gifVoilà un livre que j'avais dans ma pile depuis plusieurs mois et que je ne me décidais pas à lire. J'avais déjà lu plusieurs livres de Rezvani, notamment ceux, autobiographiques, qui racontaient sa vie avec Lula, sa compagne depuis cinquante ans.

    Le 11 août 1999, le jour de l'éclipse, le diagnostic tombe : maladie d'Alzheimer. Ce livre est le journal d'une année avec Lula alors que la maladie l'empêche déjà de lire, d'écrire, de communiquer, rend son comportement incohérent et sa compagnie épuisante. Rezvani a toujours dit qu'il s'en occuperait jusqu'au bout et qu'elle resterait toujours dans leur maison, "La Béate", dans le Midi. C'est ce qu'il réussit à faire mais à quel prix ! Le désespoir est omniprésent dans ce récit où il essaie de reconnaître la femme qui'il a tant aimée dans cette malade hors du monde. Parfois quelques brefs accès de lucidité font prendre conscience à Lula de sa maladie, mais la plupart du temps elle ne reconnait pas son mari, tient des propos insensés et accomplit des actes irrationnels ou dangereux. On sent bien que Rezvani essaie d'exorciser son désespoir en décrivant jour après jour cette cohabitation et en répétant combien il a aimé Lula et combien il l'aime encore.

    Il s'en occupera en effet jusqu'au bout puisqu'il fera construire une maison de gardien à "La Béate" pour héberger une aide médicale qui l'aidera dans les derniers mois. Lula décèdera en décembre 2004.

    Fait assez étonnant, alors qu'il avait formé avec Lula un couple mythique (cinquante ans de vie commune sans se séparer une seule journée), il se remariera dès la fin 2005 avec Marie-José Nat ! Il faut croire qu'il ne pouvait pas vivre seul !!!

  • Cul-de-sac . - Douglas Kennedy (Folio, 1998)

    medium_9782070338306.gifTrès franchement, je n'ai jamais pu lire plus de trois pages des romans de Douglas Kennedy, mais celui-là, son premier roman et seul roman policier, je pensais bien qu'il me plairait car je venais de lire Cinq matins de trop et j'étais en plein dans l'atmosphère brûlante du désert australien.

    En effet, c'est tout à fait comme chez Kenneth Cook. C'est au bout du monde, il fait très très chaud, il n'y a rien à faire sinon faire attention aux kangourous et boire des litres de bière bien fraîche. C'est ce que fait Nick, journaliste américain en vacances, qui rêvait de découvrir l'ouest de l'Australie, ses vastes espaces et son désert brûlant. Après avoir acheté un combi VW, il part sur la piste. Mais attention, la prochaine pompe est à 400 km, les kangourous traversent la route sans regarder... Et, à un arrêt essence-douche-bière, il rencontre Angie, jeune Australienne costaude, qui fait du stop et monte dans son combi. Elle a du caractère, Angie, mais, ma foi, il y a aussi des avantages alors, pour quelques, jours, ils font combi commun. Jusqu'à ce que, le jour où il s'apprêtait à lui faire comprendre que leurs chemins se séparaient, .... il se réveille complètement groggy, sale et déshydraté près de sa belle Angie mais dans un village perdu au fin fond du bush et complètement coupé du monde ! Il avait bel et bien été enlevé et n'avait aucune chance de fuir de cet endroit sans route carossable et où tout le monde le surveillait ! Mais essayer de partir est sa seule chance de ne pas devenir fou...

    Vous aurez compris que, quand on commence ce polar, on a beacoup de mal à s'arrêter. La situation cauchemardesque du héros vous pousse à continuer (même après minuit, eh oui Cuné) (it's a private joke...) pour voir jusqu'où ça va le mener. Si vous ne l'avez pas lu, allez-y, le bonne soirée est garantie !

  • Maintenant c'est ma vie . - Meg Rosoff (Albin Michel, 2006)

    medium_9782226170064.gifC'est la curiosité qui m'a poussée à lire ce livre. En effet à l'origine il s'adresse aux adolescents mais il a reçu des tas de prix prestigieux à l'étranger et, en France, on ne parle que de lui dans les revues pour ados.

    L’histoire : de nos jours, Daisy, 15 ans, quitte les USA, son père et sa belle-mère pour rejoindre des cousins en Angleterre. Là-bas elle fait la connaissance d’une famille hors du commun. Ses quatre cousins s’élèvent quasiment tout seuls dans une grande maison à la campagne, leur mère étant souvent en déplacement. Mais la guerre se déclare, une guerre assez effrayante, un mélange de terrorisme et d'occupation. Leur maison est réquisitionnée et ils sont séparés, Daisy avec sa cousine et ses trois cousins ensemble. La vie quotidienne sera dure, avec beaucoup de moments insoutenables et quelques instants de répit parfois. Les retrouvailles auront lieu mais sans que ce soit non plus une happy end.

    Les critiques et la plupart de mes collègues sont plein d’enthousiasme pour ce roman, louant la poésie, le scénario, les personnages. Je dois dire que je ne suis pas de cet avis. Certes c’est ce qu’on appelle un " roman d’apprentissage ", où Daisy passe de l’enfance à l’âge adulte le temps du récit, mais le reste est décevant. Un vocabulaire et un style plats. Une histoire qui piétine (j’ai failli, à la moitié du livre, aller voir directement la fin), beaucoup de longueurs. Et une hésitation perpétuelle entre le roman d’anticipation et " Jeux interdits " ! Quant à la fin, on devine que ça va se terminer comme avec Amélie Poulain et son fiancé dans " Un long dimanche de fiançailles ".

    Je suis bien sévère avec ce roman, mais j’ai été tellement enthousiasmée par d’autres romans pour ado (" A la croisée des mondes " de Pullman, les romans de Christian Lehmann, " Le passage " de Sachar, etc…) que je suis devenue difficile. Mais si certains l’ont aimé, je suis ouverte à la discussion !….

  • Le gone du Chaâba ; Beni ou le paradis privé ; Le marteau-pique-coeur . - Azouz Begag (Seuil)

    medium_images.28.jpeg"Le gone du Chaâba", voilà un livre que j'avais prévu de lire depuis longtemps. Je connaissais l'histoire, je connaissais l'auteur (notre actuel "ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances") mais j'ai quand même été bluffée ! Récemment je lisais Annie Ernaux qui disait qu'entre l'enfance de son père et celle de François Mauriac (qui étaient contemporains) , il semblait y avoir trois siècles de distance. Entre l'enfance de Begag et la mienne, à peine plus récente, il y a aussi des siècles. Son jeu préféré, avec ses copains, était d'aller fouiller dans les ordures quand la benne venait les déverser au bout de leur bidonville par exemple, et je parle de la ville de Lyon dans les années soixante, pas de Calcutta ou du Caire ! Bien sûr pas d'eau courante, de la terre sur le sol des baraquements, aucun moyen de faire les devoirs correctement. Malgré cela, il est le seul dans la famille qui ne se débrouille pas trop mal à l'école. Mais le livre s'arrête alors qu'il est en sixième.. Vite il me faut la suite.....

    Dans "Béni  ou le paradis privé" c'est son adolescence qu'il raconte. Cette fois lui et sa famille ont été relogés dans un HLM à Lyon avec le confort moderne. Moins de misérabilisme donc mais le dur apprentissage pour Azouz du racisme latent dans la cité et dans la vie quotidienne. Un passage émouvant, celui où il va pour la première fois en boîte avec des copains, pas plus riches que lui mais à la peau plus claire. Tout le monde entre dans la boîte.. sauf lui à qui on medium_images.29.jpegdemande sa carte de membre !!

    Le tout est écrit sans haine ni esprit de revanche. C'était comme ça, c'est tout. Et il avait la chance de bien "apprendre à l'école" comme disait ses parents; Même si je trouve qu'il est allé se fourvoyer dans ce gouvernement, je reconnais qu'il doit beaucoup à l'école de la république et que c'est sans doute dans cette continuité qu'il essaie de faire quelque chose maintenant au niveau de l'Etat.

    Le troisième livre, "Le marteau-pique-coeur", est très émouvant car il traite de la mort de son père. Les souvenirs qui affluent, l'enfance qui revient, et surtout le côté arabe qui revient très fort car l'enterrement doit bien sûr se faire en Algérie avec toutes les traditions. Un très beau livre à lire et à offrir.

  • De la difficulté de choisir des livres pour les vacances. Ou comment partir avec 5 livres et revenir avec 12 !

    medium_images.27.jpegJe ne sais pas vous, mais moi je ne sais jamais à l'avance ce que j'aurai envie de lire ! Pour les vacances c'est dramatique ! Je regardais toutes les belles listes de bouquins que les bloggueuses emportaient dans leurs bagages, et la veille du départ je ne savais toujours pas lesquels prendre dans la mienne de (grande) pile !

    D'abord la FNAC s'était trompée dans ma commande, elle m'avait mis "Le sourire du chat" de François Maspero en grand format au lieu de poche, donc ma première idée était à l'eau. Bon j'opte pour "Le gone du Chaaba" d'Azouz Begag, pour le dernier Jim Harrison, pour "L'éclipse" de Rezvani, pour le dernier Dalembert (envoyé directement par l'auteur ! il faudrait quand même que je le lise !), et pour le dernier Jacqueline Harpman. Un bon choix, éclectique !

    Oui mais voilà, une fois lu, très vite, "Le gone du Chaaba" (incroyable enfance dans les bidonvilles d'un futur chercheur au CNRS et même ministre !), je n'avais aucune, mais aucune envie d'aller dans l'Ouest américain avec Harrison, ni à Haïti avec Dalembert, ni d'entendre parler d'Alhzeimer avec Rezvani ! Je voulais savoir comment il avait fait, Begag, pour sortir de son bidonville et être chercheur au CNRS, je voulais rester avec lui, point final !!!! Il a fallu attendre 2-3 jours qu'on aille dans la grande ville-avec FNAC pour acheter la suite et même la suite de la suite.

    Voilà quelques jours d'occupés. Mais une fois Begag fini, c'était presque pareil ! J'avais envie soit de livres autobiographiques intimes pour rester dans le même univers, soit carrément d'un bon polar qui me changerait, or j'avais oublié à la maison "Cul de sac" de Douglas Kennedy que j'avais précieusement gardé pour les vacances. Re-grande ville-avec FNAC et j'optai pour les récits autobiographiques d'Annie Ernaux, que j'avais lus il y a longtemps et medium_images.25.jpegque j'avais envie de relire. Et pour un petit Claudel. Et pour un petit Benameur.

    Il a fallu que je rentre à la maison pour avoir envie de me plonger dans le très dur "Eclipse" de Rezvani. Et ensuite, ouf, dans "Cul de sac" !

    Conclusion : c'est compliqué d'expliquer comment on choisit ses lectures, en tout cas pour moi !!! (et je vais me mettre aux commentaires de tous ces livres, promis...)

  • Blog en vacances

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    Allez, c'est mon tour. Maintenant que Cuné est rentrée, mon ami Philippe aussi, c'est aux autres de partir ! Pas mal de livres dans le sac entre les robes et les pulls (ben oui, il se met à faire frais tout à coup), mais pas que de la lecture non plus, les vacances c'est fait pour se balader, rencontrer des gens et visiter des lieux, il faut bien changer un peu ses habitudes. Alors bon courage à tous ceux qui travaillent en août et à bientôt de retrouver nos blogs à la fin de mois, moi je vais aller écouter du jazz dans le Sud-Ouest dans un bon festival en plein soleil !

  • Un homme dans sa cuisine. - Julian Barnes (Mercure de France, 2005)

    medium_9782715225084.gifC'est toujours un plaisir pour moi d'ouvrir un livre de Julian Barnes. Cet écrivain anglais très francophile ne m'a jamais déçue, et j'ai lu une bonne partie de ses livres (mais pas le gros "Une histoire du monde en dix chapitres et demi"). J'aime son humour, sa délicatesse et son écriture fluide.
    Ici ce n'est pas vraiment un roman, plutôt un essai sur la cuisine (il a aussi été critique gastronomique) et c'est une bonne surprise. Elevé dans une famille traditionnelle où seules les femmes s'approchaient du fourneau, il a été obligé de s'y mettre quand il a commencé à vivre seul; Et il s'est pris au jeu ! Des dizaines de livres de cuisine, plein d'essais culinaires, des tas de recettes mises en pratique ! Seule faiblesse de notre auteur : c'est un "obsessionnel anxieux" (c'est lui qui le dit). C'est-à-dire qu'il faut qu'il ait absolument tous les ingrédients, leur mesure exacte et des explications extrêmement précises sinon c'est la panique ! Suivent donc quelques beaux exemples de panique, pas mal de réussites aussi et quelques belles réflexions sur les auteurs de livres de cuisine, les ingrédients, les invités, etc...
    En résumé : un régal et une bonne idée de cadeau pour un homme (et pour une femme aussi bien sûr)

  • Quand la ville mord. - Marc Villard (Suite noir, Ed La Branche)

    medium_9782353060016.gifVoilà une nouvelle collection dirigée par Jean-Bernard Pouy et dans laquelle on va retrouver toute l'équipe du Poulpe. En prenant ce livre, je m'attendais d'ailleurs à retrouver un peu ce ton au second degré sur des sujets graves.
    Ici le sujet est grave mais le ton aussi. A Barbès, Sara, jeune Congolaise, vient à Paris pour essayer de réussir dans le peinture et le dessin. Bien sûr, comme elle n'a pas de papier, elle a dû recourir aux passeurs et doit rembourser le billet et les faux papiers. Une seule solution, la prostitution. Mais elle veut s'en sortir, Sara, et elle s'en sortira peut-être, mais à quel prix....Pour l'aider, Tramson, éducateur de rue, qui aide comme il peut les paumés du quartier.
    On retrouve le ton de Marc Villard, entre poésie et noirceur. C'est la réalité qui l'intéresse, même si c'est parfois insoutenable. Ici il montre bien, même si on le savait déjà, que prostitution et sans-papier est synonyme d'enfer !

  • Le petit bleu de la côte ouest . - Manchette / Tardi (Les Humanoïdes associés, 2005)

    medium_9782731616705.gifBon, il fait décidément trop chaud pour lire autre chose que des bandes dessinées ou des livres jeunesse ! Et puis je ne l'avais pas encore vue, celle-là... pourtant Manchette et Tardi ça aurait du m'attirer l'oeil !
    Je trouve que les univers de ces deux auteurs vont bien ensemble. On est habitués au beau graphisme noir et blanc de Tardi, à ses personnages croqués simplement mais de façon très suggestive, à ses atmosphères "noires", c'est le cas de le dire. Et Manchette qui vient nous raconter une histoire incroyable : alors qu'il roule, Gerfaut voit une voiture en percuter une autre. A l'intérieur, un blessé grave; Il l'emmène à l'hôpital. Quelques jours plus tard, c'est lui qui est poursuivi et que l'on essaie de tuer. Son départ au bord de la mer n'y fera rien, son retour en cachette à Paris non plus. Deux tueurs essaient implacablement de le tuer. Et commence une folle poursuite, une planque au fond des montages, de nouveau la poursuite.
    On lit cette bande dessinée d'une traite, suspendu aux traits de Tardi qui nous livre l'essentiel de Manchette grace à ses évocations précises. Mieux qu'un polar : un polar en BD !

  • La Tentation : Carnet de voyage au Pakistan . - Renaud De Heyn (T 1, 2, 3) (La Cinquième couche, 2004)

    medium_9782960018684.gifC'est d'abord la couverture du Tome 2 qui m'a attirée, ce dessin rouge chatoyant d'un tapis oriental. Tiens, un carnet de voyage, j'aime bien. Mêlé à de la bande dessinée, comme Le Photographe de Guibert !
    Ici l'auteur fait un voyage au Pakistan en 1996 et essaie, par ses rencontres avec les habitants, de mieux medium_9782930356044.gifcomprendre l'Islam. L'Islam, une religion de fanatiques ? Pas toujours bien sûr, ses discussions avec les Pakistanais le prouvent. Il a même la tentation de se convertir !
    Visiblement inspiré par les carnets de Delacroix au Maroc, Renaud De Heyn mêle d'une très belle medium_9782930356112.giffaçon récit illustré, bande dessinée et aquarelles aux magnifiques couleurs.