Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les routes de l'imaginaire - Page 67

  • Rencontre avec trois illustratrices jeunesse

    Dans le cadre d'un Salon du livre jeunesse, j'ai eu l'occasion d'inviter des illustratrices jeunesse utilisant des techniques originales (papier déchiré, gravure sur bois, collages ). Cette rencontre a permis de découvrir trois femmes passionnantes, aux univers très personnels. Un petit coup de coeur toutefois pour Sara qui réussit avec sobriété (très peu de couleur et pas de texte) d'exprimer des émotions très fortes.

     

    Charlotte Mollet
    Après des études de dessin et de gravure, elle se fait connaître comme illustratrices de livres pour enfants. Elle utilise des techniques très variées et toujours très colorées.
    Elle va prochainement illustrer un conte érotique de Caroline Lamarche.

     

    Sara
    Artiste secrète, Sara compose des albums sans texte en papier déchiré. Son style est reconnaissable entre tous. Elle mène parallèlement une carrière de peintre et anime des ateliers d'illustrations avec les enfants et les adultes.


    May Angeli
    Après des études d'arts appliqués, et d'arts graphiques, May Angeli se consacre à la peinture sur bois et à la création de marionnettes. Elle a également travaillé pour des films d'animation, des spectacles de marionnettes et le cinéma. May Angeli use de techniques et d'outils très divers pour illustrer ses ouvrages, de l'aquarelle douce aux tons plus colorés des crayons couleurs en passant par les tons pastels de la craie grasse.

  • L'Anti-livre noir de la psychanalyse. - Jacques-Alain Miller (Seuil, 2006)

    Comme on l’aura compris, « L’Anti-livre noir de la psychanalyse », c’est la réponse du berger à la bergère du « Livre noir de la psychanalyse » . Jacques-Alain Miller a voulu éviter  de faire un gros livre bourré de chiffres et de référence, aussi il a demandé à une quarantaine de psychanalystes d’écrire quelques pages chacun sur le sujet. En bref, tous dissertent sur le mode « Comment peut-on être TCC ? » (thérapies cognitivo-comportementales) . Le ton est délibérément léger et moqueur, rappelant quelques grosses bourdes attribuées aux TCC et aussi le danger qu’elles représentent. Ce ne sera sans doute pas un ouvrage inoubliable, mais c’est facile à lire et plutôt convaincant !

  • Monster (vol 1 à 18) . - Naoki Urasawa (Kana, 2005)

    J'ai fait durer le plaisir autant que je le pouvais, mais bon, il faut bien terminer ! J'ai donc lu aujourd'hui le 18ème et dernier volume de Monster ! Et voilà qui me réconcilie avec les mangas que j'avais pour l'instant moyennement appréciés, il faut dire qu'à part bien sûr Taniguchi, je n'avais lu que des histoires d'adolescents. Avec Monster, on est un niveau au-dessus.

    Le contexte historique tout d'abord. L'histoire commence en 1986 en Allemagne, avant la chute du Mur de Berlin. Puis dix ans plus tard, en Allemagne puis à Prague.
    Les personnages ensuite. Le héros,  Kenzo Tenma, est un brillant neuro-chirurgien qui travaille à l'Hôpital de Düsseldorf. Apprécié par le directeur, fiancée avec sa fille, il est promis à un bel avenir. Pourtant, quand il choisit de soigner en urgence un jeune garçon blessé plutôt que le Maire de la ville ("Chaque vie a-t-elle la même valeur ?"), il ne sait pas qu'il a sauvé la vie de Johann qui deviendra un terrible tueur en série. Accusé des premiers meurtres, Tenma devra quitter son travail, fuir et essayer de retrouver Johann. La soeur jumelle de Johann, Nina, cherche elle aussi à le retrouver. Runge, un commissaire brillant et obstiné, persuadé de la culpabilité de Tenma, va tenter de le retrouver et de l'inculper. Une multitude de personnages secondaires vont accompagner plus ou moins longtemps Tenma et Nina pendant deux longues années de poursuite.
    L'action démarre très vite, en effet tous ces éléments nous sont donnés dès le premier volume, et les autres épisodes se succèdent avec bien sûr énormément de péripéties. Le suspense est vraiment bien ménagé et nous tient en haleine tout au long des 18 volumes.

    L'auteur a su créer une atmosphère très particulière avec des personnages attachants dans une Allemagne à peine remise de la réunification. Dans Monster, on trouve certes de l'aventure et du suspense mais aussi de l'intolérance, de la corruption et la vision de l'Europe par un Japonais !
    Urasawa a déjà vendu plus de 100 millions de livres dans le monde (impressionnant, non?). Après Monster, il a écrit deux autres séries, dont une qui est traduite en français ("20th Century's Boy") et qui est, parait-il aussi réussie que celle-ci.

     

  • Chut..... je lis "Monster"....

    Depuis mercredi dernier, et pour encore quelques jours, j'ai abandonné tout loisir mangeur de temps pour faire un seule chose : lire  Monster ! (si, je suis quand même allée passer le dimanche au Salon du Livre...)

    Monster, kezako ? C'est un manga de 18 volumes que l'on peut classer dans la catégorie "thriller".

    Davantage de commentaires dans quelques jours quand j'aurai terminé...

  • Rencontre avec Caroline Lamarche

    Belle rencontre avec Caroline Lamarche dimanche au Salon du Livre. Je venais de lire "Le jour du chien" et j'étais vraiment contente de l'entendre parler de ses autres livres, beaucoup plus sulfureux visiblement, notamment "Carnets d'une soumise de province". Bien que publié dans la collection Blanche de Gallimard, il a fait scandale à sa parution il y a quelques années. Caroline Lamarche a d'ailleurs évoqué Pauline Réage à propos de ce livre et du thème de la domination.

    Caroline Lamarche est quelqu'un de très intéressant, qui construit une oeuvre très personnelle. Elle est d'une extrême gentillesse et a pris le temps de parler avec moi à la fin de la rencontre et de noter les références du livre de Malika Mokeddem, "Mes hommes", dont je lui ai parlé.

  • Le jour du chien. - Caroline Lamarche (Minuit, 1996)

    Les éditions de Minuit nous réservent souvent de belles surprises, ce livre en est une. Ecrit par une auteure belge dont c’était alors le premier roman, il est vraiment l’exemple de ce que l’on peut écrire à partir du "rien". Le rien c’est un chien perdu qui court sur l’autoroute au milieu des voitures. Six automobilistes s’arrêtent et chacun laisse son esprit vagabonder à la suite de cet incident. Mais chez chacun d’eux, ce chien perdu, sans doute abandonné, va rappeler des souvenirs douloureux toujours liés à un abandon. Décès d’un père, départ d’une épouse, fin d’un amour, décès d’un époux. Les émotions enfouies resurgissent soudain à cette simple vision.
    Caroline Lamarche passe d’une vie à l’autre avec simplicité et sobriété, trouvant les mots justes pour que l’on investisse l’histoire dès les premiers mots. Quelle réussite pour un premier roman ! Je serai curieuse de lire ce qu’elle a écrit ensuite.

  • Rue Deschambault. - Gabrielle Roy (Boreal, 1996)

    On entend souvent parler de Gabrielle Roy quand on lit des textes sur la littérature québécoise, elle est considérée comme la mère de la littérature québécoise moderne, mais je n'avais encore jamais réussi à trouver un de ses livres. Voilà qui est fait avec cette "Rue Deschambault ".

    En dix-huit récits autobiographiques, Gabrielle Roy nous plonge dans l'atmosphère du Manitoba, province du centre du Canada, où son père travaillait pour l'accueil des immigrants. Elle fait partie d'une famille nombreuse qui vit modestement et les anecdotes qu'elle évoque avec beaucoup de vivacité et d'humour montrent la dureté de la vie là-bas au début du XXe siècle. Vu par les yeux d'une enfant, tout paraît incroyable, et les histoires de voisinage d'alors deviennent des événements. Quand sa famille prend un noir comme locataire, les voisins d'abord s'offusquent… puis font pareil et essaient même de faire mieux ! Quand un Italien vient construire sa maison sur le terrain mitoyen, toute la famille est en émoi… mais ce n'est qu'une maisonnette en bois dans laquelle il fait venir sa femme malade. Mais quand sa sœur aînée, trop handicapée pour rester chez eux, est enfermée dans une clinique, ou quand son oncle essaie vainement de trouver un lieu adéquat pour sa femme asthmatique, ce ne sont plus des souvenirs souriants, mais c'était la vie là-bas !

    Comme Michel Tremblay raconte son enfance à Montréal, Gabrielle Roy (1909-1983) évoque la vie dans cette province du Manitoba qu'elle quittera ensuite pour venir s'établir à Montréal et poursuivre son œuvre d'écrivain du social, des petites gens et de l'observation minutieuse de la vie quotidienne.

  • Les plumes du coq. - Conrad Detrez (Actes Sud Babel, 1995)

    "Les plumes du coq" fait partie des romans autobiographiques de Conrad Detrez, auteur belge né en 1937, dont la vie a largement inspiré l'oeuvre. Elevé dans de sévères institutions religieuses, il envisage de devenir prêtre et entreprend des études au grand séminaire de Liège. Epris de liberté, il le quitte pour partir en Amérique du Sud où il découvre à la fois les grands combats politiques et l'homosexualité. Il partira ensuite enseigner en Algérie puis soutenir la Révolution des Oeillets au Portugal avant d'être nommé attaché culturel à l'ambassade de France à Managua. Il est mort du sida en 1985. Son oeuvre sera le résultat de ce mélange détonnant, notamment "L'herbe à brûler" qui relate sa vie et qui recevra le Prix Renaudot en 1978.

    Dans "Les plumes du coq" il relate ses années d'internat où des religieux fanatiques inculquent aux élèves l'obsession de la chasteté (qui bien sûr ne fait qu'encourager les "amitiés particulières") et le culte de "l'Epoux", sorte de représentation du Christ inspirée de l'imagerie catholique. Les descriptions y sont baroques, à la limite du réel et de l'imaginaire. La cruauté s'allie au burlesque pour donner une oeuvre très originale dans laquelle il faut se laisser porter comme dans un conte fantastique.

  • Mes départs. - Panaït Istrati (Folio, 2005)

    Panaït Istrati est surtout connu pour avoir écrit "Kyra Kiralina" et la suite, mais toutes ses oeuvres sont intéressantes.
    Dans ce petit récit, il nous ramène à son enfance en Roumanie. Son père, contrebandier grec, ayant disparu à sa naissance, sa mère, roumaine, très pauvre, a bien du mal à l'élever. Bien qu'assez doué pendant les quelques années où il va à l'école, il doit travailler très jeune et, fasciné par le pays de son père, choisit de s'engager comme garçon à tout faire (c'est-à-dire toutes les tâches les plus dures, dix-neuf heures sur vingt-quatre ! ) chez un Grec dans une taverne sur le port, le long du Danube. C'est là qu'un employé le prend en amitié et lui offre ce qui sera déterminant pour son avenir, un dictionnaire roumain-grec ! Il y découvre le monde et n'a plus qu'un idée, s'embarquer sur un de ces paquebots qui partent du fleuve. Il sera passager clandestin, puis jeté dehors à Naples où il manquera mourir de faim avant de repartir... n'importe où !
    Le récit s'arrête là mais c'est pour lui le début de nombreux voyages où il développera son sens de l'observation et où il puisera plus tard l'inspiration pour ses romans. Sa rencontre avec Romain Rolland en 1921 sera déterminante et l'amènera à écrire son oeuvre en français. Vivant, réaliste et truculent, son style met en valeur les personnages et les anecdotes qui ont marqué sa jeunesse.

  • Les Lettres chinoises. - Ying Chen (Actes Sud, 1993)

    Voilà un beau roman épistolaire, roman d'amour qui plus est !
    Yuan choisit de partir de Shanghaï et d'aller poursuivre ses études à Montréal. Tout lui pèse en Chine, il souhaite changer de vie et le Canada est pour lui un des symboles de la liberté. Mais à Shanghaï il laisse Sassa, sa fiancée. Celle-ci se sent rassurée et protégée par la vie en Chine et elle n'imagine même pas en partir. D'ailleurs quand elle demande son passeport, le destin est contre elle...
    La lecture de leurs lettres traduit bien l'évolution de leurs sentiments. En effet même si l'un et l'autre se jurent amour et fidélité, peu à peu l'idée qu'ils se font de leur pays et de l'exil les éloigne l'un de l'autre.
    L'auteur est chinoise et est partie vivre à Montréal. Elle a sans doute elle-même ressenti ces impressions mitigées sur les joies et les angoisses de l'exil.