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Les routes de l'imaginaire - Page 54

  • Dialogue avec mon jardinier (de Jean Becker, avec Daniel Auteuil et Jean-Pierre Darroussin)

    medium_18748966.jpgUn peintre parisien quinquagénaire, Daniel Auteuil, revient dans la maison de son enfance, en province. Pour s'occuper du terrain en friche, il passe une annonce pour trouver un jardinier. Le hasard fait qu'il s'agit d'un ancien camarade d'école primaire, Jean-Pierre Darroussin. Ils sont heureux de se retrouver mais à mille lieux l'un de l'autre ! Auteuil est préoccupé par son art et ses modèles féminins alors que Darroussin a les pieds bien sur terre et prend à coeur son rôle de jardinier. Ils se côtoient et peu à peu s'instaure un dialogue entre le provincial-cheminot en retraite et le parisien-artiste, et même une amitié. La franchise et la simplicité avec lesquelles Darroussin voit le monde amusent d'abord Auteuil, puis le font réfléchir sur le sens réel de sa vie à lui.

    Un peu réticente à l'idée d'aller voir ce film, je dois dire que je ne me suis pas ennuyée. Comme mon résumé ne le dit pas forcément, c'est d'abord une comédie. On rit beaucoup dans ce film. Darroussin est très à son aise et exprime bien la bonhomie et le bon sens que l'on prête aux gens simples, et Auteuil, peut-être moins convaincant, nous fait rire avec ses allures d'artiste qui s'interroge ! Certes le tout est un peu caricatural ( le sage provincial et le parisien qui a tout à apprendre ) et il ne faut pas chercher de messages dans ce qui n'est qu'un prétexte pour mettre en valeur deux excellents comédiens. Comme le dit BMR, "frais et sans prétention" ! Et l'avis de Philippe.

     

  • De soie et de sang . - Qiu Xiaolong (Liana Levi, 2007)

    medium_9782867464447.gifOn retrouve ici pour la cinquième fois l'inspecteur Chen, policier amateur de poésie et de littérature, dans le Shanghaï des années 1990. Cette fois il est confronté à des meurtres en série de femmes vêtues d'une "qipao" rouge (vêtement traditionnel chinois). Comme pour provoquer la police, les corps sont déposés dans des avenues très fréquentées de la ville. Officiellement Chen ne s'occupe pas de l'affaire car il a pris un congé pour reprendre des études de littérature, mais qui sait si les romans et les meurtres ne vont pas se rejoindre ?

    J'avais vraiment beaucoup aimé les quatre premiers romans de cet auteur qui présentaient l'évolution de la Chine actuelle à travers des intrigues policières. La corruption, le poids du passé politique, le pouvoir du Parti encore aujourd'hui, la transformation radicale de la ville de Shanghaï, autant de thèmes que l'on découvrait à travers des intrigues qui n'étaient que des prétextes pour mettre en valeur tous ces changements. Cette fois le thème choisi, un serial killer, m'a beaucoup moins intéressé. Des histoires de maniaque sexuel, on en a déjà vu mille fois, et j'ai trouvé que le côté "polar exotique chinois" était beaucoup moins présent que dans les autres romans. Certes il y a toujours le plaisir de retrouver l'inspecteur Chen, lettré et gourmet, mais l'intrigue est très prévisible et la chute assez banale. A recommander donc uniquement aux fanatiques de la série. En revanche, pour ceux qui ne connaissent pas, lisez les précédents !

     L'avis de Michel, pas du tout d'accord avec moi  ;-)

  • Retour en terre. - Jim Harrison (Christian Bourgois, 2007)

    medium_9782267019209.jpgDécouvrir un nouveau roman de Jim Harrison est toujours un plaisir, d'autant plus que celui-ci est plus intimiste que les autres, plus personnel. En effet il s'agit de Donald qui, atteint par une sclérose en plaques, décide de demander à sa famille de l'aider à mourir. Pour s'y préparer, il est d'abord allé passer trois jours sans boire ni manger dans un coin de l'Ontario qui lui permet d'être en communion avec la nature. Donald est métissé indien et la nature et les animaux, les ours notamment auxquels on attribue presque un esprit humain, sont essentiels dans sa vie. Autour de lui, ses proches se préparent à sa disparition.

    Le roman est construit à quatre voix et c'est l'occasion d'entrer dans l'intimité de chacun. Donald d'abord qui se sent le descendant d'une lignée d'hommes qui ont chacun suivi leur chemin sans faillir, courageusement, toujours en liaison avec la nature. K ensuite, l'ami de Clare (la fille de Donald), beaucoup plus jeune que Donald, mais qui est comme lui proche des éléments naturels et qui l'accompagne dans ses derniers souhaits d' "aventure" tout en essayant de poursuivre sa relation avec la bouillante Clare. Puis David (qui était le héros de De Marquette à Vera Cruz, que je me suis empressée d'acheter, je ne l'avais pas lu celui-là..) le frère de Cynthia (la femme de Donald), qui garde ses idéaux de jeunesse et essaie tant bien que mal de s'adapter à la vie responsable d'adulte. Et enfin Cynthia, la femme de Donald, qui, bien qu'ayant accepté la décision de Donald de mourir, nous livrera ses impressions très intimes pendant les mois qui suivent cette mort.

    Bien différent des autres romans de Jim Harrison qui privilégiaient plutôt les grands espaces et les histoires familiales mâtinées de tradition indienne, celui-ci aborde franchement le thème de la mort et de son approche aussi bien par Donald que par sa famille. Les retours en arrière permettent de mieux connaître les familles de Donald et Cynthia et nous accrochent tout de suite car Harrison est toujours un merveilleux raconteur d'histoires, mais la partie plus intime nous bouleverse encore plus. Sans mièvrerie, l'auteur sait parler avec sincérité de la mort et de la sagesse qu'il faut acquérir à son approche. Presque pas d'intrigue dans ce livre mais une méditation sur notre précarité sur terre et, par dessus tout, sur l'amour de la vie !

    Le très beau commentaire d'Adeline/Hécate (dont se souviendront les anciens de Zazieweb)

  • On achève bien les disc-jockeys. - Didier Daeninckx (Ed la Branche, Suite Noire, 2006)

    medium_9782353060009.gifL'émission "Levée d'écrou" s'adresse chaque semaine aux prisonniers. Parmi eux, Manu, qui promet à Crista, l'animatrice, de venir la voir dès sa libération. En effet, à peine sorti, il passe à la radio et propose ses services pour faire leur site Internet. Bien sûr il propose aussi quelques téléphones portables de contrebande, mais surtout il s'attire la sympathie de tout le monde. Jusqu'au jour où il intervient en direct pour dénoncer de mauvais traitements à la maison d'arrêt de Bois d'Arcy...

    Comme à son habitude, Daeninckx utilise le polar pour dénoncer des injustices. Ici il évoque la vie en prison mais pas seulement... Je n'en dis pas plus mais sachez que la chute est très bonne !

  • Par-dessus bord . - Kenneth Cook (Autrement, 2007)

    medium_9782746709324.jpgCeux qui avaient lu Cinq matins de trop l'an dernier ne l'auront pas oublié : Autrement avait alors fait découvrir Kenneth Cook, cet auteur australien mort en 1987.

    Par-dessus bord est tout à fait dans la même veine. Pendant qu'il pêche en mer, Jack Foster porte secours à des marins italiens qui ont des enuis. Hélas l'un d'eux meurt et les Italiens décident de vendre ce navire qui porte malheur. Pour Jack Foster, c'est l'occasion inespérée d'acquérir un thonier de cette taille à un prix intéressant. Malgré tout il lui faut faire un très gros emprunt. Il réussit à obtenir un emprunt pour la moitié de la somme et il signe. Cet engagement est irrévocable et il le sait, s'il n'obtient pas le reste de la somme, il perd tout. Mais rien à craindre, la banque lui a promis de lui prêter le reste dès qu'il aurait le certificat de conformité. Quand il va le lendemain faire faire ce certificat, il tombe de haut : il ne peut pas obtenir son certificat, la coque est abîmée à l'intérieur, c'est réparable mais il faut de l'argent pour la réparation ! Or il n'a plus un sou devant lui et il doit la moitié de la somme du bateau aux Italiens dans deux semaines ! Il est face à une impasse ! La seule chose qui pourrait le sauver, c'est une pêche "miraculeuse" de thons, mais il a beau aller chaque jour en mer (en espérant de rien heurter avec son bateau pas réparé), les bancs de thons ne sont pas en vue ! Et c'est une longue descente aux Enfers qui commence pour Jack !

    Je vous préviens tout de suite : "happy end" ne fait pas partie du vocabulaire de Kenneth Cook et, comme dans le précédent roman, c'est noir, très très noir ! Le héros est pris au piège comme ses poissons dans les nasses et nous sommes là, impuissants, à espérer un miracle pour lui ! Aussi prenant qu'un thriller, c'est aussi un témoignage sans concession sur le monde des pêcheurs, solidaires quand il s'agit de porter secours en mer, mais impitoyables quand l'un d'entre eux porte la mouise ! Je ne sais pas combien de romans de cet auteur Autrement va nous sortir, mais je lirais bien mon Cook chaque année !

  • Chat sauvage. - Jacques Poulin (Actes Sud,1998)

    medium_9782742717149.jpgAprès avoir terminé Volkswagen Blues, j'étais trop triste de quitter l'univers de Jacques Poulin aussi, dès qu'un autre de ses livres m'est tombé sous la main, hop ! Cette fois le héros (Jack, toujours le même) est écrivain public. Or un jour il reçoit la visite d'un vieux monsieur qui souhaite écrire une lettre à sa femme. Elle est partie mais il voudrait lui écrire qu'il pense encore à elle et que peut-être.... Mais Jack a à peine commencé la lettre que le vieux monsieur s'en va. Intrigué Jack essaie de le suivre dans les petites rues de Québec. Il semble que son client soit un des conducteurs de carioles avec chevaux qui promènent les touristes. La vie continue, ponctuée des visites à son amie Kim qui habite juste l'étage au-dessus. Celle-ci est thérapeute mais une drôle de thérapeute : elle soigne le corps (massages, ...) et l'esprit en même temps (par la parole). Quand le vieux monsieur, un jour, revient, Jack n'est pas étonné....

    Comme d'habitude chez Jacques Poulin, tout est dans l'atmosphère poétique et nostalgique qui imprègne ses romans. Dès la première page, on s'attache à ce héros écrivain public et à ce vieux monsieur. Et l'ambiance du vieux Québec achève de vous accrocher au récit. Je n'en dis pas plus : je suis une inconditionnelle de Poulin, voilà c'est tout !!!!

  • Still life (de Jia Zhang Ke, avec Han Sanming, Zhao Tao, Huang Yong )

    medium_18757118.jpgSan Ming fait un voyage de plusieurs jours en bateau pour rejoindre  la ville de Fengje. Il a pour toute adresse quelques lignes sur un petit morceau de carton. Mais en arrivant il se rend compte que la rue qu'il cherchait a été engloutie, comme une grande partie de la ville, sous les eaux du barrage des Trois Gorges. Des populations entières doivent quitter leur maison car le barrage doit encore s'étendre. Logé de façon sommaire, il trouve un travail comme démolisseur. Ce qu'il cherche : son ex-femme et surtout sa fille qu'il n'a pas vu depuis seize ans.... Parrallèlement Shen Hong vient à Fengje voir son mari qui l'a quittée depuis deux ans.

    Que l'on ne se trompe pas, ces deux histoires ne se rejoindront pas. Ici pas d'histoire convenue avec happy end obligée. Pas de drame non plus. C'est la vie la plus quotidienne qui est filmée magnifiquement par le réalisateur. Les contrastes entre le gigantisme des travaux entrepris et la vie des individus sont frappants. Le côté documentaire (car il y a aussi cet aspect) ne gomme jamais l'humanité avec lequel chaque personnage est filmé. Le rythme lent n'est jamais pesant. Le commentaire de mon mari à la sortie : "Ca, c'est du cinéma !".

    Ce film a obtenu le Lion d'Or à la dernière Mostra de Venise.

    Le commentaire de BMR et d'In Folio

  • Ceci n'est pas une lettre de candidature . - Corinne Maier (Mille et une nuits, 2007)

    medium_9782755500189.2.gifCorinne Maier avait déjà secoué le cocotier du politiquement correct avec son essai Bonjour Paresse, un ouvrage cinglant sur la grande entreprise et la manière dont celle-ci encourageait la passivité et l'inertie plutôt que l'initiative et l'intelligence. Pour cela, elle avait été licenciée de l'entreprise où elle travaillait (EDF).

    Deux mois après son départ, une annonce paraît dans Le Monde, celle de son poste à pourvoir. A la lecture de l'intitulé qui laisse présager de hautes responsabilités et un travail exaltant, et qui exige des diplômes et des compétences particulièrement élevés, elle a l'idée de postuler .... Et d'imaginer toutes les réponses que l'on aurait envie de faire à ce genre d'annonce ! Suivent une trentaine de lettres de candidature fictives mais disant, comme l'indique le sous-titre du livre, "tout ce que vous aimeriez écrire à un recruteur sans oser poster la lettre" ! Par exemple que vous préférez vivre avec moins d'argent mais profiter de vos enfants et de votre maison. Ou que vous aimeriez bien connaître les compétences du chasseur de têtes qui est chargé du recrutement ! Ou que vous avez les compétences et que vous travaillez à EDF, mais que la société préfère recruter à l'extérieur que promouvoir ses agents !

    Ou comment, en ces temps où on exalte "la France qui travaille", "les Français qui se lèvent tôt" et les "profiteurs qui touchent le RMI", cela remet les choses en place ! On ne peut pas dire que ça remonte le moral car on rit plutôt jaune, mais il fallait le dire et elle l'a fait ! Décidément j'apprécie de plus en plus Corinne Maier !

  • Poème en chaîne

    Bonne idée que cette chaîne de poèmes proposé par Jos le Livrophile.


    Je vais rester classique avec


    L'Invitation au voyage de Baudelaire.



    Ce poème m'a toujours suivie. Je l'ai eu comme texte à étudier au Bac de français. Ensuite j'ai découvert la mise en musique qu'en avait fait Henri Duparc et l'interprétation de Jessie Norman a été un de mes premiers achats classique. Puis j'ai découvert la version de Régine Crespin que je réécoute régulièrement. La musique de Duparc me semble maintenant indissociable de ce poème !

     

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    (Luxe, calme et volupté, par Henri Matisse)



    Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l'âme en secret
    Sa douce langue natale.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    - Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

     

  • Non-dits. - Gisèle Fournier (Folio / Editions de Minuit, 2000)

    medium_9782070315284.gifQuand Mathilde revient trente ans après dans la ferme qui a été celle de ses vacances d'enfant, tout lui revient par bribe : sa mère, au caractère instable, son père mort subitement dans la grange, sa tante célibataire autoritaire et revêche, son autre tante (trop ? )soumise, son oncle silencieux et travailleur. Mais quelle était cette sensation de malaise omniprésent, pourquoi les pleurs de l'une, les cris de l'autre, les coups d'oeil à la dérobée ?

    Dévoilées par petites touches, chapitre après chapitre, par les voix de chacun des acteurs, les relations familiales étaient en fait construites autour de non-dits, de manigances, de secrets de famille qui n'en étaient pas pour tout le monde, de situations reproduites à l'insu ou non des protagonistes.

    D'une écriture minimaliste pour les sentiments mais lyrique pour la nature environnante, Gisèle Fournier nous livre peu à peu les clés de cette "tragédie antique" où chacun reconnaitra les secrets qu'abrite chaque famille. A lire d'une traite (c'est ce que j'ai fait hier soir !) pour s'immerger dans l'histoire !

     Je vous laisse découvrir le très bon texte de Moustafette qui m'a donné l'envie urgente de le lire ! Et celui d'Amandine.