Intermède musical : un concert de jazz bienvenu en ces temps agités, d'autant que le trio Aldo Romano (batterie), Baptiste Trotignon (piano) et Rémi Vignolo (contrebasse) reprenaient les thèmes des années 65-75 enregistrés dans leur dernier disque "Flower Power". "L'esprit de 68" comme l'a d'entrée annoncé Romano ! Les morceaux de Zeppelin, Dylan, Murray Head, Simon and Garfunkel revus et corrigés par nos trois artistes prenaient un aspect tout nouveau. Pour ma part j'ai apprécié certains morceaux mais en revanche je n'ai pas trouvé le moindre air jazzy à "The end" des Doors ! Et j'ai trouvé que les trois musiciens n'étaient jamais meilleurs que quand ils jouaient "Milestones" ou d'autres standards de jazz, Romano notamment, toujours imperturbable et impérial à la batterie, les autres excellents aussi avec leur instrument. Un concert peut-être pas inoubliable mais très agréable.
Les routes de l'imaginaire - Page 55
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Concert de jazz : Romano / Trotignon / Vignolo
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Volkswagen Blues . - Jacques Poulin (Actes Sud Babel, 1998)
Papillon a raison, ce livre c'est un vrai bonbon ! C'est doux, c'est tendre, on n'a pas envie que ça s'arrête !
Quand Jack prend son combi Volkswagen (une histoire qui commence avec un combi Volkswagen ne peut pas être mauvaise...), il est bien décidé à retrouver son frère qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'années. Il ne pensait pas faire le chemin avec une jeune fille fantasque, libre comme l'air, métissée indienne et mécanicienne de son état ! Pourtant c'est avec elle qu'il va reconstituer l'itinéraire de ce frère qui semble avoir suivi la piste des pionniers, de Québec à San Francisco, par la route de l'Oregon, avec "Sur la route" de Kerouac dans la poche ! Ce road-movie à travers le Canada puis les Etats-Unis est la quête d'un homme à la recherche de son enfance et de ses souvenirs, ça va se transformer en un morceau de vie exalté par l'appétit de vivre de la jeune fille.
Quand j'avais lu La tournée d'automne, j'avais cherché des renseignements sur Jacques Poulin, j’avais vu que les mêmes thèmes (livres, écriture, tendresse, douleur de vivre) et les mêmes personnages (Jack Waterman) se retrouvaient dans tous ses livres.
Je reprends mon commentaire d'alors qui convient complètement aussi à ce livre : ce ne sont pas les péripéties qui comptent mais les réflexions des personnages sur eux-mêmes et sur la vie. Beaucoup de tendresse, d’émotion et aussi d’humour permettent de traiter des sujets sérieux. Ce livre est aussi un bel hommage à la littérature avec les références à Hemingway et Kerouac.
Une très belle phrase trouvée sur un article consacré à Jacques Poulin définit bien l’atmosphère de ses livres : ses personnages, est-il écrit, « frôlent le bonheur et craignent de s’en approcher de peur qu’il disparaisse ».
Je rajoute le commentaire d'un bloggeur québécois (Louis) : "Jacques Poulin écrit des fictions qui, étrangement, ressemblent à nos vies, ou à tout le moins à ce que nos vies pourraient être. Ses passions, ses réflexions, ses questionnements sont les nôtres. Il est toujours fascinant de découvrir nos pensées sous la plume d'un autre que nous."
Les avis tout aussi passionnés de Papillon , Allie, Lhisbei, Frisette
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SWAP RECU !!!
Merci mille fois à Alice qui m'a gentiment envoyé deux livres de Nancy Huston dans le cadre du SWAP de Flo . Allez savoir pourquoi, mais je n'ai jamais lu de livre de Nancy Huston alors que je n'en entends que du bien partout !!!! Je vais donc commencer par "La virevolte".
Et j'ai aussi reçu plein de marque-pages. ( Comment sait-elle que j'en fais collection ????? )
Et un mini-livre-post-it (vous voyez ce que je veux dire ?)
Et merci à Alice d'avoir envoyé son paquet aussi rapidement. (heu.... moi je réfléchis mais je n'ai encore rien acheté...)
Et merci à Flo pour son organisation
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Les naufragés du Batavia, suivi de Prosper . - Simon Leys (Points Seuil, 2005)
En 1629, au large de l'Australie, un navire hollandais fait naufrage. Trois cents rescapés se massent sur les îlots avoisinants. Mais alors que le capitaine part chercher du secours, les deux tiers des survivants sont massacrés par un membre de l'équipage devenu fou ! Cette tragédie a marqué les esprits et de nombreux ouvrages y ont été consacrés. Simon Leys, mieux connu pour ses essais sur la Chine, voulait depuis longtemps écrire un livre sur le sujet. Ce ne sera finalement que ce petit récit qui retrace cette incroyable histoire et donne envie, c'est l'auteur qui le confirme, d'en lire davantage sur le sujet.
Le second récit, Prosper, est aussi très intéressant et surtout très bien écrit. Simon Leys a accompagné un voilier thônier breton pour une campagne de pêche. C'était en 1958, les bateaux n'avaient pas encore les équipements modernes que l'on connaît, et c'était vraiment l'aventure de partir ainsi plusieurs semaines à la pêche au thon. Leys décrit très bien le monde de la pêche en mer, les hommes, le navire, les tempêtes, la vie à bord telle qu'on l'a vue dans de nombreux films.....
En général j'aime bien les récits maritimes sauf s'ils utilisent un vocabulaire trop spécialisé (la série des Patrick O'Brian est trop indigeste pour moi) . Leys n'étant pas marin de métier, même s'il connaît bien le sujet, il décrit ce monde de manière très vivante et précise sans nous assommer de mots inconnus (enfin.. quelques uns quand même pour moi..) et j'ai passé un bon moment à lire ses deux petits récits.
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Histoire de ma vie. - Lao She (Folio, 2005)
Tiré du gros recueil Gens de Pékin, ce petit récit retrace la vie d'un vieux Chinois. Il revient sur son enfance, au début du siècle, à Pékin. Bien que plutôt doué à l'école, il est rapidement mis en apprentissage chez un "colleur de papier". Mais bientôt les rites qui nécessitaient des "collages de papier" (figurines en papier reproduisant des objets ou des personnages de la vie réelle, et utilisées pour les noces et les funérailles) tombent en désuétude et il doit choisir un autre métier. Sans diplôme, sans relation, il n'y a qu'une possibilité : agent de police ! Il y restera presque jusqu'à la fin de sa vie, bien que ce travail soit mal payé, mal considéré et surtout empreint de ridicule au yeux de l'auteur. Son récit est plein d'anecdotes ridiculisant ou montrant l'inutilité de la police telle qu'elle était alors conçue. Sans autorité, sans moyens, les policiers ne peuvent rien faire et ne sont intéressés que par la conservation de leur poste et de leur maigre solde !
Pris tout seul, ce récit nous laisse un peu sur notre faim mais il donne envie de lire le gros Gens de Pékin et surtout le célèbre Quatre générations sous un même toit qui est la grande fresque historique qui a rendu célèbre son auteur.
Allie vient de faire un post sur un autre roman du même auteur, La cage entrebaillée, qui tourne aussi en ridicule les moeurs de l'époque.
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Funérailles célestes . - Xinran (Philippe Picquier, 2005)
J'avais lu une très bonne critique de Flo sur ce livre et je dois dire que pour moi aussi ça a été une belle découverte. Il faut dire que j'aime beaucoup les récits de voyage et que ce récit est entre le roman et le récit de voyage.
L'auteur, Xinran, était journaliste en Chine (elle habite maintenant en Angleterre) et en 1994 dans le cadre de son émission sur les femmes chinoises, on lui indique la présence d'une femme chinoise habillée en tibétaine dans une ville voisine. Elle va la voir, l'interroge, et ce qu'elle lui raconte dépasse tout ce qu'elle avait entendu jusque là !
En 1956 Wen est étudiante en médecine. Elle épouse Kejun, médecin, qui s'engage dans l'armée chinoise et est envoyé au Tibet. Peu après Wen apprend la mort de son mari, sans précisions sur les circonstances de cette mort. Bouleversée, elle décide de s'engager elle aussi et part au Tibet pour essayer de comprendre si son mari est bien mort, et si oui, comment. Mais les combats sont violents entre tibétains et chinois et elle est rapidement au milieu des combats. A l'occasion de l'un deux, elle sauve une femme tibétaine qui a appris le chinois et leur servira de guide et d'interprète. Mais de nouveau les combats les atteignent et toutes deux sont blessées et recueillies par une famille de nomades qui les soignent et les gardent avec eux. Wen met des mois avant de réaliser qu'elle ne peut rien faire seule et qu'elle doit rester avec cette famillee dont le mode de vie est à des années lumière de sa vie de chinoise. Les saisons passent, les années passent. Sa compagne tibétaine ayant aussi disparue, elle part à sa recherche sans jamais oublier son mari. Ce sera l'occasion pour elle de marcher pendant des mois et même des années dans les montagnes sacrées du Tibet et de vivre au coeur des croyances tibétaines.
Comme Flo, j'ai vécu à l'heure tibétaine pendant toute la lecture de ce livre. Ce n'est pas tant l'exotisme qui m'a intéressée (encore que les us et coutumes des Tibétains sont intéressants à méditer ...) que la découverte puis la cohabitation avec la spiritualité tibétaine qui font de ce récit une magnifique leçon de tolérance et d'humanisme. La postface douche un peu notre enthousiasme en expliquant qu'il y a des approximations, des incohérences et des a-priori. Sans nier que Xinran a certainement un peu brodé sur le récit de Wun (elle a mis dix ans à l'écrire, ce livre), il n'en reste pas moins que c'est une histoire hors du commun à laquelle on ne peut pas rester indifférent.
L'avis de Flo, de Bill et de In Folio (et bientôt ceux d'Allie et d'Hervé)
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Le serrurier volant. - Tonino Benacquista et Tardi (L'Estuaire, 2006)
Voilà un très joli petit livre au beau papier ivoire avec des illustrations sepia de Tardi, dans la collection "Carnets littéraires" de l'Estuaire, éditeur belge. Rencontre d'un auteur et d'un dessinateur sur un thème qui, d'un commun accord, devait être parisien et, je cite, "un peu glauque" !
Marc, la trentaine, mène une vie rangée et méthodique dans un pavillon de la banlieue parisienne. Licencié, il se retrouve un peu par hasard convoyeur de fonds mais continue à mener sa vie sans surprise. Mais un jour le drame se produit, ils sont braqués. Ses deux compagnons meurent brûlés dans le fourgon tandis que lui, blessé, fracturé, meurtri mais vivant, développe le "syndrôme du survivant" : pourquoi sont-ils morts, pourquoi a-t-il survécu ? Et commence la descente vers la dépression, le manque d'argent, la déchéance. Un jour par hasard il rencontre un serrurier qui dépanne les gens à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Quel drôle de métier. Pas de patron. Pas d'horaire précis. Est-ce que ça ne pourrait pas l'occuper et lui faire oublier les idées qui lui trottent dans la tête ?.....
Comme d'habitude chez Benacquista, ses personnages à un moment donné ont une rupture dans leur vie et cette rupture sera l'occasion d'un nouveau départ. Les situations sont difficiles, l'atmosphère très noire, mais on s'attache à ce personnage et on continue en se demandant comment Benacquista va réussir à faire expier à son héros son sentiment de culpabilité... C'est vrai que je suis une inconditionnelle de Benacquista, donc j'ai un a-priori favorable pour ses textes. Celui-là, animé par le dessin de Tardi, est parisien et glauque en diable, mais j'aime beaucoup !
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Du sang sur Vienne. - Frank Tallis (10/18, 2007)
Deuxième volume de la série "Max Liebermann" qui se passe à Vienne début 20ème et dont le héros est un psychiatre élève de Freud.
Cette fois notre ami est confronté aux meurtres horribles d'un serial killer et il essaie d'aider son ami l'inspecteur Reinhardt. Sont tués et mutilés des femmes, mais aussi des hommes selon une logique qu'il est difficlie de comprendre. Parrallèlement Max continue ses activités à l'hôpital et il essaie de voir plus clair dans ses fiançailles avec Clara. Tout lui sera utile pour aider à résoudre cette énigme et comme d'habitude la psychanalyse sera un élément déterminant.
Comme dans le premier volume, l'auteur décrit très bien Vienne à cette époque, notamment le développement des sociétés secrètes à cette période qui vont contribuer à développer les idées antisémites. C'est aussi l'occasion de voir que la place des femmes était encore inconfortable et que les études médicales qui, théoriquement, leur sont ouvertes, sont encore difficiles d'accès. Comme dans le premier volume, trop de descriptions nuisent au rythme mais j'en ai passé un certain nombre et ai finalement bien aimé la suite de cette série attachante.
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La justice de l'inconscient. - Frank Tallis (10/18, 2007)
Il fallait vraiment que le contexte historique m'intéresse (Vienne début 20ème et un héros élève de Freud) et que j'aie beaucoup de temps devant moi pour me replonger dans ces "Grands détectives 10/18" que j'ai beaucoup lus mais qui maintenant m'accrochent beaucoup moins.
C'est le premier volume de la série. Max Liebermann, psychiatre, a l'habitude d'aider son ami l'inspecteur Rheinhardt à résoudre ses enquêtes. Cette fois une femme médium est retrouvée morte dans une pièce fermée de l'intérieur. Intervention surnaturelle ou simple tout de passe-passe ? Les habitués de ses séances sont tous entendus mais apparemment aucun ne peut être coupable... sauf que Max saura interpréter des détails, des lapsus et même des rêves ! Ou comment la psychanalyse vient en aide à la police !
Le point intéressant de cette série est la reconstitution de la Vienne d'alors. Les rues, les monuments, les concerts (dirigés par Mahler), la naissance de la psychanalyse (avec les interventions de Freud), le développement de l'antisémitisme, et bien sûr les patisseries, omniprésentes dans la société ! Le point négatif est que l'auteur a voulu trop en faire et s'est montré trop bavard. Chaque lieu est décrit pendant de longs paragraphes, les actions sont diluées. C'est dommage car 150 pages de moins à ces 450 pages auraient amélioré le rythme du roman.
J'ai quand même passé un bon moment de lecture car je me suis attachée à ce jeune psychiatre qui a bien du mal à imposer ses théories psychanalytiques face à une psychiatrie encore bien barbare !
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Le roman d'une maison. - Serge Rezvani (Actes Sud,2001)
Voilà un livre inclassable ! Il fait partie de cette collection d'Actes Sud qui s'appelle "Archives privées" et donne carte blanche à un auteur pour parler de sujets intimes. Et Rezvani nous parle de ce qui est très intime pour lui, sa maison. Ou plutôt leur maison, à lui et à Lula.
Tout au long de son oeuvre, il évoque cette demeure, "La Béate", dans le massif des Maures. C'est là qu'il s'est installé il y a quarante ans avec la femme de sa vie, Lula, après avoir abandonné la vie parisienne. Ils resteront tout le temps là-bas et l'oeuvre de Rezvani sera intimement liée à cette demeure. L'isolement, la nature sauvage, le paysage, tout sera pour lui des éléments de son inspiration. Ce récit est aussi pour lui l'occasion de revenir sur sa vie en suivant le fil de cette maison. Quelques photos l'accompagnent. A lire si on est amateur de la très belle oeuvre littéraire de Rezvani.