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Les routes de l'imaginaire - Page 58

  • Fujisan. - Akira Saso (Casterman, Sakka, 2005)

    medium_fuji_san.gifLe Mont Fuji est pour les Japonais un symbole de force et de sagesse. C'est aussi un lieu qui peut susciter suicide, dépression ou idées noires chez les personnes fragiles. Dans ce recueil, six petits récits nous montrent comment l'apparition du Mont Fuji dans un ciel clair peut bouleverser la vie des protagonistes.

    Rinko, qui ne se remet pas de la mort de son frère, va-t-elle rejoindre le grand nombre de personnes qui se jettent sous le train ? Tarumi, de constitution faible, survit pourtant à ses proches medium_mont_fuji_2.jpegqui meurent les uns après les autes. Le père d'Hiroshi, pour sauver son fils, est prêt à revenir sur ce qui s'est passé trente-cinq ans avant.

    Ces six récits expriment avec beaucoup de justesse la tragédie qui peut s'abattre à un moment donné sur des personnes fragiles. Le Mont Fuji est à la fois admiré par tous et maudit pour être déclencheur de tous ces malheurs !

  • La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, avec Thomas Thieme, Martina Gedeck, Ulrich Mühe)

    medium_images.48.jpegJe crois que les films que j'ai vus depuis le début de l'année vont passer au second plan maintenant que j'ai vu celui-là !  Il a déjà eu beaucoup de récompenses en Allemagne et en aura certainement d'autres.

    L'histoire. En Allemagne de l'Est au début des années 80, un couple d'artistes (metteur en scène et actrice) est mis surmedium_Pfilm143491661465612.jpeg écoute et filmé par la Stasi. En effet, bien que fidèles au Parti, ils inspirent de la méfiance aux dirigeants. L'agent Wiesler, un homme du Parti particulièrement inflexible, est chargé de leur surveillance. Pendant des jours il les voit vivre, lire, échanger, rencontrer d'autres artistes, s'aimer.... Peu à peu il ne peut s'empêcher de s'attacher à ce couple.....

    Ce film présente à la fois une intrigue romanesque prenante, une réflexion sur l'artiste et la politique, et un retour dans le Berlin communiste. Dans une interview dans Télérama, le réalisateur dit qu'il trouvait que l'on avait une visions assez positive, voire même assez drôle, de l'Allemagne de l'Est à travers "Good-bye Lenin" et il souhaitait revenir sur cette période. Il le fait magnifiquement ! Les prises de vue sont soignées, les extérieurs très bien rendus dans des couleurs froides et les intérieurs bien filmés avec au contraire beaucoup de chaleur. Les comédiens sont excellents, notamment Wiesler (Ulrich Mühe). Vraiment c'est un film magnifique que je conseille à tous et toutes d'aller voir !

  • La mère du 1084. - Mahasweta Devi (Actes Sud, 2001)

    medium_la_mere-130x250.jpegCe livre est très différent de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent sur l'Inde. Ici c'est le récit d'une mère qui cherche à comprendre pourquoi son fils a été assassiné. Pendant les années 70, il faisait partie des jeunes du mouvement maoïste bengali contre lequel la répression policère a été terrible. Son récit est un aller-et-venu entre le temps de l'enfance de Brati, les jours qui précèdent sa mort, et maintenant. Sa douleur est encore aggravée par la nécessité d'avoir rendu secret cet assassinat (par respectabilité) et de ne pas avoir pu lui rendre les hommages funéraires rituels. Quel sens encore trouver à la vie après ce drame ? L'écriture, magnifique, retrace l'itinéraire de cette femme qui s'éloigne peu à peu de son milieu, la bourgeoisie, de sa puissance et de son hypocrisie, pour comprendre ce qu'est réellement la vie.

     

  • Peabody met un genou à terre. - Patrick Boman (Picquier, 2003)

    medium_9782877306850.gifQuelle bonne surprise que ce roman policier ! J'assimilais cette série, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, à celle de Sarah Dars  qui présente un héros détective brahmane plutôt insipide dans une Inde édulcorée.

    Ici pas du tout ! Le héros est fonctionnaire de police de l'Empire britannique (l'histoire se passe autour de 1900) mais il est plongé jusqu'au cou dans les bas-fonds de Delhi ! Sexagénaire obèse, grand fumeur et libidineux, il parle l'hindi et peut donc se mêler à la foule indienne et être au contact avec toutes les couches de la société. Le récit, pas du tout politiquement correct (les vices de tous les corps de la société y sont abondamment décrits), grouille de détails, de couleurs, presque d'odeurs. Ca a un air de "Parfum" de Süskind ce livre ! Et l'intrigue tourne autour des malversations des hauts fonctionnaires britanniques qui ne souhaitent pas que le vicieux et encombrant Peabody se mêle de leurs affaires ! Mais il est aussi gros que fin limier et aussi vicieux qu'honnête et épris de justice !

    Voilà un polar qui nous plonge tout droit au coeur d'une Inde contrastée et vivace.

    De mère française et de père suédois, Patrick Boman passe une grande partie de sa vie à voyager, à écrire des romans et à être journaliste.

  • Molière (de Laurent Tirard, avec Romain Duris et Fabrice Luchini)

    medium_images.47.jpegC'est vrai que les critiques n'étaient pas très bonnes, mais un film sur Molière avec Duris et Luchini, ça ne peut pas être totalement mauvais ! Et en effet ce n'est pas mauvais. Bien sûr il faut complètement oublier le "Molière" De Mnouchkine, ça n'a rien à voir. Ici c'est plutôt une pochade sur une période mal connue de la vie de Molière (les quelques mois qu'il a passés en prison). Il est sauvé de la prison par un certain M. Jourdain qui souhaite plus que tout être "bien en Cour" et plaire à une jeune femme pleine d'esprit qui tient un Salon, et Molière est là pour lui apprendre à jouer la comédie ! S'en suit une série de scènes souvent drôles, parfois touchantes, où le réalisateur s'amuse à introduire des "mots" célèbres et des situations tirés des pièces de Molière. Certes ça manque un peu de cohésion et de vraisemblance, mais Tirard a voulu s'amuser et nous amuser, et franchement on ne s'ennuie pas du tout. Et pour l'excellente prestation de Luchini qui cabotine à souhait, ça vaut le déplacement.

  • Death Note . - Takeshi Obata (Kana, 2007)

    medium_deatht1.2.gifVoilà, j'ai succombé à la déferlante "Death Note" (si vous n'avez pas d'ado fan de manga, vous ne pouvez pas comprendre ;-)  ). Depuis plusieurs mois, les ados téléchargent les épreuves de ce manga sur Internet (c'est pratique de lire des mangas sur un écran, n'est-ce pas ?...) . Et ça y est enfin, le volume 1 est sorti la semaine dernière. Le second ne va pas tarder, etc...

     

    L'histoire : Light Yagami, dix-sept ans, ramasse par hasard un carnet intitulé Death Note, objet qui provient du monde des dieux de la mort. En écrivant le nom d'une personne dans ce carnet, on provoque la mort de cette personne dans les quarante secondes. Light, qui trouve corrompu le monde dans lequel il vit, voit là une occasion unique de supprimer les êtres malfaisants. Or, l'agenda a été volontairement abandonné par Ryuk, un dieu de la mort qui s'ennuie. Il apparaît à Light, lui explique certaines fonctions du carnet et reste avec lui pour voir ce qu'il va en faire....Devant de nombreuses morts inexpliquées de criminels à travers le monde, Interpol reçoit medium_images.46.jpegl'aide d'un mystérieux L, véritable « détective joker » capable de résoudre n'importe quelle énigme, mais dont personne ne connaît ni le visage ni la voix. Entre Light et L, tous deux persuadés d'agir pour la justice, s'engage un véritable combat....

     

    Et oui, le combat du bien et du mal et parfois la difficile distinction entre les deux, c'est un thème connu mais qui est ici bien renouvelé par le mélange de réalisme (c'est le Japon aujourd'hui avec les problèmes quotidiens) et de fantastique. Franchement j'ai trouvé ce premier volume très prenant, les personnages attachants et étonnants. Je ne ferai pas une chronique à chaque fois (le second sort vendredi...) mais promis une bonne synthèse à la fin. J'ai de la chance (enfin... mon porte-monnaie a de la chance), il n'y a QUE douze tomes et la série est finie !

  • Mariage arrangé. - Chitra Banerjee Divakaruni (Picquier, 2001)

    medium_287730521X.08._AA240_SCLZZZZZZZ_.jpegL'auteur, surtout connue pour son roman "La maîtresse des épices", nous propose ici un très beau recueil de nouvelles sur le thème du mariage et de l'amour.

     

    Ces onze nouvelles décrivent comment les femmes vivent aujourd'hui la tradition du mariage arrangé, tradition toujours vivace en Inde. Qu'elles soient en Inde ou aux Etats-Unis, comment peuvent-elles concilier à la fois l'appartenance à une culture et le respect de la liberté individuelle ? Ces nouvelles offrent de magnifiques portraits de femmes indiennes contemporaines, courageuses et volontaires qui essaient de prendre en main leur destin avec toutes les difficultés que cela comporte. Il n'y a pas de réponse unique, chacune essaiera de se construire un avenir meilleur que ce qu'elle vit aujourd'hui. L'une décidera de quitter l'homme (américain) qu'elle aime parce qu'il refuse de comprendre qu'elle attend l'approbation de sa mère. Une autre, au risque d'être bannie par tous, quittera sa belle-famille où elle habite pour éviter qu'on lui impose un avortement (elle attend une fille). Une autre, qui habite aux Etats-Unis avec son mari indien, ne supportera pas que l'ami d'enfance de son mari vienne s'installer chez eux pendant des mois en recréant le mode de vie indien et l'affirmera haut et fort.medium_images.43.jpeg 

     

    Toutes les histoires de ce recueil  sont quasiment des études sociologiques sur le mariage arrangé, le poids des traditions en Inde et le choc subi au contact de la civilisation américaine. L'auteur sait avec beaucoup de sensibilité exprimer la douleur et les questionnements des femmes indiennes d'aujourd'hui, surtout chez celles qui ont adopté un mode de vie américain, c'est une extraordinaire conteuse et j'ai eu l'impression que l'on me racontait des histoires tous ces soirs où j'ai lu ce recueil ! Voilà vraiment une belle manière (encore une....) de découvrir la littérature indienne. (Cuné c'est à toi que ce discours s'adresse ;-)...)

  • Séances de rattrapage (suite)

    medium_18608104.jpegVolver (de Pedro Almodovar, avec Penelope Cruz)

     

    C'était bien la première fois que je ratais un Almodovar ! Merci au festival Télérama qui permet ces "séances de rattrapage...". Je n'ai bien sûr pas  regretté d'y être allée ! Moins excentrique que ses précédents films, Volver est vraiment un hymne à la femme, et surtout à la femme espagnole. Tout le film est d'ailleurs très très "espagnol" ... Je ne dévoile pas l'intrigue pour ceux qui voudraient aller le voir. Disons qu'il s'agit d'histoires de fantômes et aussi de drames passionnels, tout ça dans un mélange à la fois tragique, fantastique et drôle. Pénélope Cruz est extraordinaire de beauté et de justesse ! Les autres femmes sont excellentes aussi. En revanche les hommes, que l'on voit très peu d'ailleurs, n'ont vraiment pas le beau rôle ! Hymne aux femmes donc dans ce très beau film qui n'est pas celui que je préfère d'Almodovar mais qui fait partie des films "à voir" comme on dit !

  • La chambre des parfums. - Inderjit Badhwar (Le Cherche Midi, 2004)

    medium_9782749101958.gifCe roman autobiographique de Badhwar est ma première déception en littérature indienne. La quatrième de couverture était pourtant alléchante. L'auteur, né en Inde en 1940, s'est installé aux Etats-Unis où il est devenu journaliste. Là-bas il a vécu la révolution des années soixante qui était à l'opposé des valeurs de son pays natal. Société figée en caste d'un côté, liberté extrême de l'autre. Religion omniprésente d'un côté, mise à bas de toutes les valeurs de l'autre. C'est à la mort de son père, dans cette "chambre des parfums" qui lui rappelle tant de souvenirs, qu'il essaiera d'apaiser le conflit intérieur qui n'a cessé de le hanter.

    Le sujet, très intéressant, est desservi par une écriture journalistique extrêmement banale. Quant à la construction du livre qui multiplie les découpages et les sauts dans le temps, elle est très gênante pour la lecture. Pour faire référence au post de Cuné, je pense que je peux dire que je n'ai pas aimé ce livre à cause du style défaillant et de la construction alambiquée, mais que le sujet est toutefois intéressant ! (pas trop méchante ma critique.. et puis ça m'étonnerait que l'auteur lise mon blog ;-)))  )

  • Du côté de chez Proust (d'après Marcel Proust, mise en scène J.L. Tardieu, avec Jacques Sereys)

    medium_images.41.jpegUne fois n'est pas coutume, je vais, comme Hervé, parler de théâtre (je n'y vais pas souvent...). En effet un de mes cadeaux de Noël était une place à ce spectacle. Il faut dire que je suis "proustomaniaque", donc rien ne pouvait me faire plus plaisir !

    Jacques Sereys, merveilleux comédien, nous restitue de larges extraits de Proust en prenant les "best of" de "La Recherche". Le début ("Longtemps je me suis couché...." ), puis les soirées chez les Verdurin, et enfin les "catleyas" de Swann et Odette. Le texte est magnifiquement rendu et même si l'on connaît bien ces passages, on les redécouvre avec joie. Seyrès s'amuse à cabotiner un peu quand il se medium_images.42.jpegmet dans la peau de Tante Léonie, de Madame Verdurin et d'Odette (je ne l'imagine pas aussi tarte, Odette, mais bon...), et cela permet de mettre en valeur une grande qualité de Proust : son humour. Les coups de griffe et l'ironie mordante sont omniprésents dans "La Recherche" et Sereys s'amuse bien à les pointer.

    Son talent (et sa mémoire ! 1h20 de Proust par coeur !!) a été couronné par le Molière du meilleur comédien en 2006 pour ce spectacle.