Autre grande figure de la littérature israélienne (avec Appelfeld), Amos Oz. Je n'avais rien lu de lui et j'ai choisi de le découvrir par son autobiographie, imposant livre de presque 600 pages.
Sortant de plusieurs livres d'Appelfeld, j'ai d'abord été déstabilisée par le style, beaucoup moins lyrique et beaucoup plus "bavard" si je puis dire. Mais très vite on est emporté par la puissance de cette évocation qui nous mène de la vie de ses grand-parents au 19è siècle en Europe de l'Est jusqu'à la création d'Israël et même jusqu'à quelques incursions de nos jours.
Les parents de l'auteur ont tous les deux été élevés dans des familles juives non pratiquantes et ont de solides racines intellectuelles et littéraires. Le père parle une quinzaine de langue et ce n'est qu'à cause d'un concours de circonstances qu'il n'a pas été nommé professeur à l'Université mais est resté bibliothécaire à la Bibliothèque nationale de Jérusalem. Sa mère a une culture très russe et française et donne des cours particuliers. Elevés en Europe
de l'Est , ils rejoignent Israel en 1919 pour l'un et dans les années 30 pour l'autre. Leur minuscule appartement en sous-sol, à Jerusalem, est tapissé de livres et chez eux littérature et tolérance vont ensemble. Bien sûr une telle "saga" ne va pas sans des portraits étonnants, des anecdotes émouvantes et des circonstances tragiques. On est littéralement emporté par l'itinéraire de cet auteur dont la vie personnelle se mêle à l'histoire mondiale.
Pourtant, au milieur du livre, une brèche apparaît : il nous annonce que sa mère s'est suicidée à 38 ans alors qu'il avait onze ans (il est né en 1939). Et soudain ce livre nous apparait comme une quête désespérée de comprendre. Pourquoi ce suicide, pourquoi cet abandon, pourquoi son père ne lui en parle-t-il jamais, même quand Amos Oz partira à quinze ans dans un kibboutz (il y restera quarante ans) ? Le livre, sous un aspect très agréable à lire et dans un style très enlevé, est une tentative de mieux connaître cette mère, son histoire et son entourage, et peut-être les raisons de sa mort !
L'avis tout aussi enthousiaste de Pierre Assouline
Voilà un OVNI cinématographqiue tel que je les aime ! Un film israélien sur une fanfare militaire égyptienne qui vient donner un concert en Israël. En arrivant à Tel-Aviv personne ne vient les chercher et ils doivent se débrouiller pour rejoindre en car le village où ils sont invités. Mais ils se sont trompés et arrivent dans un village perdu où ils doivent passer la nuit. Voir ces militaires partager le quotidien d'une ravissante tenancière de bar et de ses amis est étonnant et réjouissant ! Les silences, les incompréhensions, mais aussi les relations subtiles qui se nouent pendant cette soirée est un régal. Les moments émouvants succèdent aux scènes franchement drôles et c'est le plus bel exemple de rapprochement des peuples que l'on puisse trouver (notamment la séquence où le militaire égyptien apprend au jeune israélien timide comment draguer la fille d'à côté !) Vraiment un film très original à ne pas manquer !





Encore un Appelfeld, mais celui-là j'en avais entendu tellement de bien ;-)
Appelfeld a commencé à écrire en faisant des romans sur la Shoah. Certains lui ont d'ailleurs reproché de romancer l'horreur de ce vécu. Il s'en explique dans son autobiographie Histoire d'une vie en écrivant que les enfants qui, comme lui, ont été emprisonnés dans les camps, n'avaient pas les mots pour exprimer cette horreur, et que c'est uniquement par des sensations, et, pour lui, par l'écriture de ces sensations, qu'il sera possible d'en parler.

Le hasard a voulu que, dans ma série "Littérature israélienne" (préparation pour une présentation dans le cadre du travail), je prenne ce livre qui est exactement sur le même sujet que L'immortel Bartfuss d'Appelfeld !
Après l'autobiographie d'Appelfeld, j'ai eu envie de lire d'autres livres de cet écrivain qui s'est surtout fait connaître en écrivant des oeuvres de fiction autour de la Shoah.