Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Roman policier - Page 10

  • Le doigt coupé de la rue du Bison . - François Caradec (Fayard noir, 2008)

    caradec_rompol.jpgAu Boyard, café bien parisien, les conversations animées s'arrêtent quand le chien du patron entre avec un doigt dans sa gueule. Un vrai doigt appartenant à une femme car il a un ongle verni en rouge. Le commissaire Pauquet, qui est surnommé "In the pocket", est chargé de l'enquête. Les témoins ne manquent pas et chacun a son avis sur la question, mais beaucoup pensent que ce doigt appartient à une dame du quartier qui a (mystérieusement) disparu. Aurait-elle rejoint son fils en Amérique du Sud ? Et toutes ces histoires qui se sont passées dans le quartier et dans ce café à la Libération, ces règlements de compte, auraient-ils à voir avec ce doigt coupé ? En fouillant dans le passé des uns et des autres, le commissaire Pauquet se rend compte que chacun a quelque chose à se reprocher...

    L'auteur s'en donne à coeur joie pour restituer une atmosphère parisienne grâce aux dialogues savoureux. Membre de l'Oulipo, il aime construire et déconstruire, jouer avec les mots, surprendre le lecteur.... Parfois un peu trop car le lecteur se perd un peu dans cette désorganisation organisée et j'avoue avoir manqué de clés pour saisir toutes les allusions...

     

    La critique de Rayon polar

     

    François Caradec était notamment le biographe d’Alphonse Allais, de Lautréamont et de Raymond Roussel. Membre de l’Oulipo et du Collège de Pataphysique, il a récemment publié chez Fayard le Dictionnaire des Gestes et Le Café concert. Il est décédé le 13 novembre 2008.

     

  • Le médecin de Lhassa . - Bernard Grandjean (Ed Kailash, coll Mystère et boule d'opium, 2004)

    23993546_p.jpgJe suis tombée sous le charme de cette petite série policière, donc en voilà un deuxième, et ce n'est pas fini...

    Cette fois Betty, jeune universitaire européenne basée à Calcutta, est amenée à partir à Katmandou pour étudier les archives que feu lama Ngawang a léguées à l'université. En rentrant à son hôtel un soir, elle se prend de sympathie pour une jeune mendiante, mais celle-ci se fait bousculer et perd une peinture religieuse ancienne dissimulée sous un cache. Pourquoi possédait-elle cet objet, et pourquoi tant de personnes veulent-elles rassembler cette série de trois peintures ? Il semble que des secrets de médecine tibétaine y soient inscrits. Et les services secrets chinois eux-mêmes seraient prêts à tout pour récupérer ces objets !

    Ce récit est particulièrement bien mené, avec toujours en toile fond l'exil des Tibétains et la main-mise des chinois sur le Tibet. Les rôles secondaires sont souvent très drôles, le médecin voisin de Betty, la jeune femme américaine que j'avais déjà vue dans le précédent,.... L'auteur nous présente toujours la vie quotidienne et les coutumes tibétaines, sans oublier la modernité bien présente là-bas aussi. Bref une lecture distrayante et vraiment agréable, plus que jamais d'actualité avec ce mois-ci la Chine qui refuse toujours toute négociation à propos de l'indépendance du Tibet.

    Et toujours ces ravissants petits livres aux belles couvertures.

    L'avis de Michel, tout aussi fana que moi, et le site de l'auteur qui parle de sa connaissance et de son attachement au Tibet.

  • Bird . - Marc Villard (Joëlle Losfeld, 2008)

    9782070787593.jpgCécile travaille de nuit au SAMU social. Avec ses collègues elle parcourt Paris, donne des boissons chaudes aux sans-abri ou les ramène au centre. Pourtant elle cherche quelqu'un. Son père, un musicien de jazz, qu'elle avait cru mort, est en fait un sans-abri qui erre dans Paris. Réussira-t-elle à le trouver. Parallèlement on voit deux sans-abri se faire tabasser par des jeunes de bonne famille en quête d'émotions fortes. Mais l'un d'eux perdra son téléphone portable avec lequel il avait filmé la scène...Les deux histoires finiront bien sûr par se rejoindre.

    Marc Villard est un auteur dont j'aime énormément à la fois le style romanesque, le sens du rythme qu'il sait donner à ses romans, et la manière dont il parle des problèmes sociaux actuels. J'avais lu, entre autres, Quand la ville mord où une jeune congolaise sans papier ne réussissait pas échapper à la prostitution. Ici la réalité de la vie des SDF et sa violence quotidienne est décrite sans complaisance. Cela ne l'empêche pas donner un ton léger aux passages avec Cécile, et de glisser des notes de jazz au milieu de tout cela.... Un très joli texte à la poésie jazzy et urbaine....

    L'avis tout aussi positif d'Alain

     

  • Le dragon dans le jardin de thé . - Bernard Grandjean (Editions Kailash, collection Mystère et boule d'opium, août 2008)

    9782842681692.gifBetty Bloch est une universitaire dont le terrain de prédilection est l'Asie, et notamment l'Inde et le Tibet. Aussi quand on lui propose une mission en Himalaya sur l'opéra tibétain actuel, elle accepte tout de suite. Mais son collègue a une idée en tête : profiter de ses connaissances du terrain pour lui faire résoudre un mystère. Depuis quelque temps, des personnes ont été attaquées, d'autres effrayées par ce qui ressemble à un dragon. Plusieurs moines ont même déserté le monastère. Parallèlement les résistants tibétains font tout ce qu'ils peuvent pour survivre dans ce camp de réfugiés face à l'oppression chinoise.

    Ce petit roman policier est d'une facture tout à fait classique. Des meurtres. Une enquêtrice dont ce n'est pas le métier. Un univers exotique. Mais j'ai trouvé que le contexte politique était vraiment bien évoqué sans non plus être trop pesant. La vie quotidienne tibétaine est bien décrite et l'auteur ne manque pas d'humour pour faire évoluer ses personnages. Bref une lecture agréable et divertissante.

    Il faut ajouter que les petits livres de la collection "Mystère et boule d'opium" chez Kailash sont des petites merveilles. De belles couvertures vertes avec un dessin naïf en relief, un beau papier. Une réussite.

  • La récup . - Jean-Bernard Pouy (Fayard noir, 2008)

     

    9782213637778.gifAntoine, serrurier "rangé des voitures" depuis quelque temps, accepte une dernière fois de fracturer une serrure pour s'acheter le tour de façonnage qui lui permettra de travailler honnêtement. Mais si l'opération se passe bien, en revanche non seulement ses commanditaires ne le paient pas, mais en plus ils le laissent pour mort sur le quai d'une gare ! Passé la première déprime, il fait tout ce qu'il peut pour les retrouver, mais ce qu'il découvre est beaucoup trop gros pour lui. A partir du château cambriolé, il remonte la piste de la Mafia russe et des collusions avec le pouvoir politique. Réussira-t-il seul à se faire payer ou au moins à sauver sa peau ?

    Comme d'habitude Pouy est un excellent raconteur d'histoires et il nous embarque dans ce récit avec tout l'humour dont il sait faire preuve. L'intrigue égratigne au passage la politique et l'économie, en ce moment ça ne peut pas faire de mal ! Et avec ce héros sympathique, on ne peut pas lâcher le livre avant la fin et comme on a le sourire au lèvres presque tout le temps (j'adore l'humour de Pouy...), on passe un bon moment !

    L'avis de Jean-Marc Laharrère et de Jeanjean

     

  • Un lieu incertain . - Fred Vargas (Viviane Hamy)

    06a6933e69d5b8909306ee830f06c544.jpgJe n'ai pas pu attendre qu'il arrive à la bibliothèque et je suis allée l'acheter dès sa parution (et oui, même quand on est bibliothécaire, on achète des livres..).


    Cette fois c'est un meurtre particulièrement horrible qui échoit à la brigade du commissaire Adamsberg : un homme âgé a été assassiné et coupé en une multitude de morceaux dans sa villa de Garches. Le jardinier, déjà condamné plusieurs fois, est rapidement soupçonné du meurtre, trop rapidement au goût d'Adamsberg qui va faire appel à sa légendaire perspicacité pour découvrir la vérité. Mais la vérité n'est jamais évidente chez Vargas, et ici des pieds coupés et déposés devant un cimetière de Londres, puis un oncle serbe croyant aux vampires vont embrouiller le tout pour faire un polar hors du commun, comme d'habitude chez Vargas !


    Je ne suis absolument pas objective puisque je suis une inconditionnelle de Vargas et surtout du commissaire Adamsberg, donc dès les premières lignes je soupire d'aise à l'idée de retrouver la fantaisie, la poésie et l'originalité de Vargas. Chez qui d'autre peut-on lire un polar sans retrouver les ficelles habituelles ? Où les personnages sont-ils à ce point dans la réalité crue et dans une bulle  comme ce "pelleteur de nuages" d'Adamsberg ? Et où peut-on voir évoquer à la fois des réalités sociales actuelles et des peurs ancestrales qui donnent naissance à des boucs émissaires sans âge ?


    Amateur de polars réalistes, passez votre chemin, n'est-ce pas Michel ? Mais amoureux de belle langue et de fantaisie, précipitez-vous sur ce Vargas qui est l'un de ses meilleurs !

    Les avis enthousiastes de Sylvie, Cathulu et Jean-Marc Laharrère

     

  • La danseuse de Mao . - Qiu Xiaolong (Liana Levi, 2008)

    12a456742cd83abc4cc091a0d27e7fe3.jpgVoilà un auteur que je suis depuis le début et ses romans ont toujours été de bonnes surprises. L'intrigue n'est en général qu'un prétexte pour montrer la formidable évolution de la Chine à la fin des années 1990 et l'auteur réussit à bien nous accrocher avec son sympathique héros, l'inspecteur Chen, amateur de littérature et poète à ses heures.


    Dans ce nouveau récit, c'est la période concernant Mao qui est évoquée. Le gouvernement confie à Chen une enquête portant sur un document compromettant concernant Mao, et que détiendrait Jiao, petite-fille d'une amie proche de Mao. Pour mener son enquête, Chen doit revenir sur la période de la Révolution culturelle et sur la vie privée de Mao. Révéré comme un Dieu, il avait quand même des préoccupations très humaines et ses "petites concubines" ont été nombreuses et parfois maltraitées. L'une d'elles aurait donc eu des documents ou photos compromettantes et les aurait légués à sa fille puis à sa petite fille.


    Cette fois encore l'aspect policier est presque secondaire par rapport aux questions qui se posent dans le Shanghai actuel. La cohabitation des jeunes et des anciennes générations, la spéculation immobilière, les intérêts financiers, la "mode Mao", tout cela est décrit de manière très agréable. J'avais été déçue par son précédent livre, De soie et de sang, qui était une banale histoire de serial killer, mais celui-ci m'a beaucoup plu. Les citations, extraits de poèmes et évocations culinaires qui émaillent le récit, donnent un ton particulier et original à ces romans. Et j'avais eu le plaisir de rencontrer Qiu au Salon du livre sur la Chine il y a quelques années et de parler avec lui (en anglais...) et j'imagine toujours Chen avec son visage sympathique et souriant !

  • Train perdu, wagon mort . - Jean-Bernard Pouy (La Vie du Rail / Points Seuil, 2003/2008)

    7d7f880ef014ee61ccfedbafdf3fe65e.jpgQuand je ne sais pas quoi lire, qu'aucun livre ne trouve grâce à mes yeux, j'ai un remède infaillible : prendre un roman de Jean-Bernard Pouy ! Il a le don de m'accrocher dès les premières lignes ! Ce roman ne fait pas exception.

     

    Nous sommes dans un train de nuit en Europe centrale. Le narrateur est un enseignant qui doit faire une conférence dans la capitale. Il connait le trajet, il est confiant. Et soudain, en pleine nuit, le train s'arrête. Rien d'inquiétant jusque là sinon que tout à coup les voyageurs se rendent compte que c'est leur wagon qui est arrêté, seul au milieu de nulle part ! Et heure après heure l'inquiétude monte car aucun secours ne vient. Les pique-niques des uns des autres s'amenuisent. La panique commence à gagner les voyageurs. Vaut-il mieux rester là et attendre, ou essayer de partir à pied.....

     

    J'ai tout de suite été prise par cette ambiance de fin du monde que Pouy décrit très bien, sans pathos, juste avec les mots qu'il faut pour saisir les réactions des uns et des autres. Pas d'exagérations non plus, mais l'inquiétude qui se propage chez ces voyageurs qui se rapprochent soudain (pas mal la jolie rousse dans le compartiment du narrateur...). Pas la peine d'en faire un film, on se le passe devant nos yeux le film...Pouy fait monter le suspense et nous oblige à lire ce roman noir d'une traite.....

  • A genoux . - Michael Connelly (Seuil, 2008)

    59267ac9868a2182994dc8f6f9005f34.jpgJ'attends toujours avec impatience les nouveaux romans de Connelly. C'est un des seuls auteurs étrangers de polars que je continue à lire depuis le début et qui ne me déçoive jamais. Bien sûr il y a des  livres plus ou moins réussis, mais globalement j'aime beaucoup ce que fait Connelly, notamment la série des Harry Bosch.

     

    Dans ce dernier livre, nous retrouvons, comme dans quasiment tous les romans américains actuels, la suite du 11 septembre. Ici il s'agit du meurtre d'un médecin qui avait accès à du césium (métal qui entre dans la composition des explosifs) et rapidement la piste des islamistes apparait. Trop rapidement d'ailleurs au goût d'Harry Bosch qui trouve que tout s'enchaîne un peu trop bien. Ne serait-ce pas pour redorer le blason d'un FBI, et même d'un gouvernement, qui accumule les échecs ? Notre policier favori va faire comme tout bon détective : chercher non pas le coupable mais la vérité ! Et bien sûr il lui faudra prendre quelques chemins de traverse pour s'opposer à la bêtise de ses supérieurs pour démêler cette intrigue.

     

    L'intrigue est solide et bien menée, les réflexions subversives sur le gouvernement actuel sont réjouissantes et surtout la chute est excellente ! Un très bon Harry Bosch à lire d'une traite :-)

  • Les enquêtes du commissaire Collura . - Andrea Camilleri (Fayard, 2008)

    3d57966e7049c21024ff8f9fddc54fbd.gifAprès les ouvrages d'Annie Ernaux et de Simone Weil, j'avais envie de lire quelque chose de léger, ce livre est vraiment arrivé à point !

    Camilleri a publié ces huit nouvelles dans le quotidien "La Stampa" pendant l'été 1998 et elles sont rassemblées dans ce recueil. En fait ce ne sont pas vraiment des nouvelles, plutôt huit petites histoires dans un même cadre et avec les mêmes personnages. Le héros : le commissaire Collura qui accepte d'être "commissaire de bord". Le lieu : le huit clos d'un paquebot de croisière. Les personnages : les passagers ! Divers mystères, plus ou moins visibles, intriguent Collura : un chanteur qui appuie toujours sur sa moustache, un bébé qui disparait, un époux fidèle qui quitte sa chambre chaque soir, des bijoux tombés à l'eau,... Collura retrouvera son flair de policier pour percer à jour ces énigmes !

    Ecrites avec légèreté et humour, ces histoires font irrésistiblement penser à Agatha Christie et on se régale pendant une heure à démêler ces énigmes sur fond de croisière, bien loin du Camilleri habituel et de son sicilien commissaire Montalbano !