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  • Enquête au paradis. - Pétillon (Dargaud, 2009)

    enquete paradis.jpgJack Palmer enquête au Bürgenzell, petite royauté, sur une affaire de divorce. Il réussit à prendre en photo un mari soi-disant insolvable alors qu'il sort d'une banque avec un valise pleine de billets. Jusque là rien de grave, mais sur cette photo apparait un autre homme, un mafieux qui vient faire un dépôt discrètement et cherche à tout prix à récupérer cette photo. La royauté s'en mêle car le prince doit épouser une jeune Française. Bref Palmer se trouve involontairement mêlé à une affaire financière internationale qui le dépasse !

    Cette fois Pétillon s'en prend aux finances, aux paradis fiscaux, traiders, mafieux et autres responsables des crises actuelles. Comme d'habitude Palmer joue les naïfs et ne s'en sort pas trop mal. Pour ce qui est  de la morale, elle nous dit sans surprise que tout lien avec l'actualité récente serait purement fortuite... Du bon Pétillon, peut-être moins hilarant que L'enquête corse mais toujours agréable à lire.

  • L'impasse. - Antoine Choplin (La fosse aux ours, 2006)

    choplin.jpgUn pays indéterminé, sans doute un pays de l'Est, qui sort d'une guerre. Deux histoire parallèles. La première se passe dans une impasse. La famille de Timour y a trouvé refuge parmi les ruines. Dans l'autre histoire, il y a Oleg Youssov, un soldat qui parcourt la ville avec ses camarades et comme eux, pille tout ce qu'il trouve, même s'il y met moins d'ardeur que les autres. Mais Oleg et Timour se sont rencontrés dans la bibliothèque de l'université presque en ruine, et ensemble ils se sont entraînés au lancer de poids, leur passion commune. Dans l'impasse la famille de Timour voit les soldats qui aprochent, les cris, les coups de feu. Que va-t-il rester de cette amitié entre Timour et Oleg dans cette confrontation...

    Découvert avec Cour Nord, et Radeau, Antoine Choplin est pour moi dans la même veine qu'Hubert Mingarelli. Avec une incroyable économie de moyen, il réussit à planter des histoires universelles et à décrire l'humanité qui demeure en tout homme même dans des situations extrêmes. Ici les relations entre les deux hommes sont subtiles car chacun sait qu'ils peuvent se rencontrer dans d'autres circonstances. Et cette circonstance se produit et donne un roman d'une incroyable densité. Cet auteur est une belle découverte pour moi cette année.

    L'avis de Laurent

     

  • Lulu femme nue, T.1 et T.2. - Etienne Davodeau (Futuropolis, 2008 et 2010)

    lulu 1.jpgPour le énième fois, Lulu va à un entretien d'embauche et est éconduite. Trop d'années sans travailler, plus dans le coup. Lulu n'en peut plus. Quand son mari l'appelle et lui demande à quelle heure elle arrive à la gare, elle reste dans le vague. Elle prend une chambre d'hôtel, mange au restaurant et, poussée par la vitalité de Solange, une VRP, elle part avec elle le lendemain et se retrouve sur la côte. Ces moments de solitude, tellement rares, lui sont précieux et la transforment. Des rencontres, inimaginables encore hier, lui semblent naturelles.... A la fin du 1er volume, nous laissons Lulu sur son banc, pas encore prête à rentrer chez elle.

     




    lulu 2.jpgDans le 2è volume, elle a changé de ville, mais elle n'a plus d'argent, elle commence à avoir une vie de SDF. Prise de court, elle essaie de voler le sac d'une vieille dame. Celle-ci, pas rancunière, et ravie qu'il lui arrive quelque chose, lui propose de l'héberger et de la nourrir quelques jours. En échange elle lui demande de lui raconter tout ce qu'elle voit et ressent pendant ces journées.

     

     



    J'ai profité de la parution du 2è volume pour lire les deux à la suite. On entre tout de suite dans l'histoire car le récit commence par un dîner, chez Lulu, mais sans elle, entre des amis à elle et ses enfants. Tous se demandent ce qui lui est arrivé, pourquoi elle est partie. Chacun connait un morceau de l'histoire et peu à peu, au fil des deux livres, le puzzle se reconstitue. Lulu s'est confiée,mais par forcément à son mari. Ses amis en savent un peu. Sa (grande) fille l'a mieux comprise. Son mari, fou furieux, qui est d'alleurs absent à ce dîner, est le seul à laisser aller sa colère sans comprendre qu'il est peut-être un peu responsable de cette fuite.

    J'ai adoré cette BD, ses dessins aux couleurs sepia, avec toutefois quelques touches de bleu, ses personnages attachants et qui évoluent au fil de l'histoire. En fin j'ai adoré Lulu. Quel personnage attachant ! Je ne connaissais de Davodeau que ses BD "sociales" Rural et Les mauvaises gens. je découvre un auteur plein de sensibilité attentif au quotidien d'une femme. Une belle découverte.

  • Le vrai con maltais. - Marcus Malte (Baleine, Le Poulpe, 1999)

    malte.jpgCe jour-là le Poulpe, notre Gabriel Lecouvreur, traîne son ennui dans son bar préféré. Seule anecdote marquante : Vlad, l'homme à tout faire du café, un Roumain un peu fruste et même un peu muet, n'est pas venu travailler depuis plusieurs jours, sans prévenir. Et justement, en rentrant chez lui, Gabriel est abordé par Vlad qui lui remet un paquet  en lui disant qu'il comprendrait et qu'il saurait quoi en faire. Le paquet en question s'avère être un faucon en or massif, "le" faucon maltais, celui-là même dont parle Dashiell Hammett dans son roman. Mais que faire de cet objet ? Le rendre à l'ordre des Chevaliers de Malte ? Le donner à la police ? Le garder ? Le revendre ? Mais Gabriel n'a pas encore eu le temps de se décider qu'il est déjà la cible de "chasseurs de faucon"...

    Voilà un Poulpe que je n'avais pas lu et que je me devais de lire après celui de Maïté Bernard Même pas Malte. Comme d'habitude Marcus Malte s'amuse bien dans cette aventure et nous y entraîne avec plaisir. A lire donc dans l'ordre ou dans le désordre avec Dashiell Hammet et Maïté Bernard !

  • Mammuth (de Gustave Kervern, Benoît Delépine, avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau) 2010

    mammuth.jpgSerge vient d'avoir soixante ans, il travaillait dans une usine de salaison et doit prendre sa retraite à contre-coeur. Mais il lui manque des papiers et il enfourche sa "Mammuth", une grosse moto des années soixante, et part sillonner les routes de Charente pour retrouver ses anciens employeurs, tenancier de boîte de nuit, fossoyeur, forain...Il y retrouve aussi ses souvenirs d'enfance, et aussi une nièce un peu à la marge. Il ne trouve pas tous ses papiers mais il retrouve surtout l'envie de vivre...

    J'avais vu Louise Michel du duo Kervern/Delépine donc je m'attendais à du cinéma bien déjanté. Ce film l'est moins, il met plutôt en valeur des personnages très simples mais touchants. Depardieu est très présent et son physique impressionnant est souvent filmé de très près. Poésie et humour se cotoient dans ce film qui est loin des produits formatés qui fleurissent sur les écrans. Certes c'est inégal mais c'est original, poétique et plein d'humanité et ça j'aime bien. 

  • Utu. - Caryl Ferey (Folio policier, 2008)

    utu.jpgPaul Osborne, policier, avait donné sa démission lors d'une enquête en Nouvelle-Zélande avec son collaborateur, Fitzgerald (c'est le roman précédent, Haka, mais on peut les lire séparément, j'en suis la preuve...). Celui-ci a réussi à démanteler un réseau mais  il s'est suicidé à la fin de cette enquête. C'est avec ces données qu'Osborne, spécialiste de la question maorie, retourne sur le terrain de cette enquête. Il se trouve confronté à plusieurs données. Le chef du réseau maori a, semble-t-il, été tué par Fitzgerald, mais son corps n'a jamais été retrouvé. Une jeune femme, comptable, est retrouvé noyée avec les jambes mutilées. Un écrivain, auteur d'essais plutôt pro-colonialistes, se fait voler une hâche de guerre maorie chez lui. Une jeune top-modèle, avec laquelle Osborne, passe une partie de la nuit, est assassinée sauvagement. Parrallèlement Osborne renoue avec son passé puisqu'il a habité ce pays et été follement amoureux d'une jeune maorie qu'il essaie, en même temps que son enquête, de retrouver.

    Après mon coup de coeur pour Zulu, j'avais hâte de retrouver Ferey et je n'ai pas été déçue. Même attachement profond à ses personnages à qui il donne une existance véritable. Même arrière-plan historique et social archi-violent avec la difficile cohabitation entre les blancs et les maoris. Même frénésie de pouvoir et d'argent chez les puissants de la ville qui ne reculent devant rien pour avoir toujours plus de profits. Même intrigue très alambiquée et très bien construite qui se nourrit peu à peu jusqu'au dénouement final.

    Ce livre a eu plusieurs prix à sa parution en 2005 et c'est amplement mérité. Il va bien au-delà d'un simple roman policier et vaut un cours d'histoire sur le peuple maori et son oppression. Je garde peut-être une petite préférence pour Zulu car l'Afrique du Sud m'est plus familière que la Nouvelle-Zélande mais je vais de toutes façons essayer de mettre la main sur le précédent, Haka.

    L'avis tout aussi positif de Sylvie

     

  • Les traîtres. - Thierry Bourcy (Folio, 2010)

    les traitres.jpgDans ce roman nous retrouvons le soldat Célestin Louise, policier dans le civil, qui est sur le front. Nous sommes en 1917, les combats s'intensifient. Pourtant un mort attire l'attention de Célestin. Un soldat, en allant pêcher dans le lac voisin (face aux tranchées allemandes), trouve un soldat mort dans l'eau, assassiné. Qui était ce soldat, qu'avait-il découvert pour être ainsi éliminé, et pourquoi toute cette compagnie est-elle tout à coup transférée sur le terrible Chemin des Dames ? Un général fait confiance à Célestin mais cette fois les ramifications sont profondes et il risque de taper très haut dans la hiérarchie.

    Comme d'habitude l'époque est reconstituée de manière minutieuse, les lieux bien sûr, les combats, mais aussi l'état d'esprit des soldats, celui des habitants et aussi celui des Parisiens, bien loin de l'horreur des tranchées. Le quotidien des soldats est le plus poignant, mélange de peur, de résignation, de solidarité. Encore un très bon récit, le 4ème dans cette série sur la première guerre mondiale. Un 5ème est paru en grand format... j'attends sa parution en poche.

  • La fuite de Tolstoï. - Alberto Cavallari (Christian Bourgois, 2010)

    tolstoi.jpgEn 1910, dans la nuit du 27 au 28 octobre, Tolstoï, qui a 82 ans, quitte la propriété familiale avec son secrétaire, sans prévenir sa femme ni ses enfants. Il prend un train, puis un autre, essayant de brouiller les pistes. Ses proches sont prévenus, certains viennent le retrouver et essaient de le convaincre de rentrer. Mais il repart jusqu'à Chamardino où habite sa soeur, puis reprend un train mais, fiévreux, doit s'arrêter dans la petite gare d'Astapovo où il mourra quelques jours plus tard.

    Hasard de l'édition, après les derniers jours de Zweig, voilà ceux de Tolstoï. Pourtant il n'y a pas grand-chose de commun entre ces deux fins de vie. Tolstoï fuit sa propriété essentiellement pour des raisons familiales. Sa femme, avec laquelle il est mariée depuis presque 50 ans, est très instable psychologiquement et lui fait de nombreuses scènes. Certains de ses proches la soutiennent, d'autres au contraire sont du côté de Tolstoï. Celui-ci cherche un peu de paix, un peu de calme pour continuer à écrire.

    Le travail de recherche de Cavallari a été facilité par la quantité de sources parlant de cet épisode. Il faut dire qu'à cette époque en Russie tout le monde écrivait, tout le temps ! Chacun tenait son journal intime, les gens s'envoyaient des lettres, des télégrammes. Pendant ces quelques jours, je n'ai pas compté combien de courriers ont été échangés, mais c'est assez impressionnant. Et on peut ajouter les témoignages écrits des personnes qui ont reconnu Tolstoï ainsi que les articles des journaux locaux qui mentionnent son passage. Inutile de dire qu'il n'a pas réussi à garder longtemps son incognito !

    J'ai trouvé vraiment très intéressante cette plongée dans l'intimité de Tolstoï pendant quelques jours. On suit ses réflexions, son travail, ses inspirations, ses tiraillements entre la vie confortable et la vie austère qui l'attire...Il ne faudrait pas me pousser beaucoup pour que je me replonge dans Anna Karenine ou Guerre et paix...

    En cette année de centenaire de sa mort, de nombreuses publications sont prévues.