1944. Marianne court, poursuivie par la foule. Son crime : avoir eu un enfant avec un Allemand. Les habitants vont l'attraper, la lyncher et la tondre, c'est le châtiment.

2015 : Garance, jeune femme capitaine de gendarmerie, va s'occuper d'un meurtre. Un jeune prof d'histoire, Mehdi Azem, est retrouvé mort près d'un village. A proximité, trois maisons qui appartenaient à la même famille. Il avait acheté la première. La seconde appartient à Rose Marceau et sa mère Colette, nonagénaire. La troisième aux cousins, le père, sa femme et ses trois enfants.

L'histoire va se poursuivre avec, en parallèle, les événements de 1944 et ceux d'aujourd'hui. On découvre la période trouble de l'Occupation avec les rivalités et les jalousies qui se déchaînent. Et on se rend compte qu'aujourd'hui encore c'est difficile pour un prof d'histoire d'évoquer le thème de la Collaboration sans déclencher des tempêtes dans les familles concernées.

Très bon polar bien rythmé qui associe avec beaucoup de talent le présent et le passé. J'avoue que je l'ai lu de manière inhabituelle : j'ai d'abord lu tous les chapitres sur la guerre, puis tous ceux qui se passent aujourd'hui ! Et, miracle, ça fonctionne quand même grâce à un excellent dénouement de dernière minute ! Une auteur que je ne connaissais pas et dont je vais m'empresser de lire les autres polars.

L'avis de Dominique

Dans le Nord, sur une zone industrielle portuaire, là où les usines, les friches et les entrepôts abandonnés forment un paysage hors du temps, les habitants vivent au jour le jour. Mona qui vit avec son père, Cyril, dans une caravane. Wilfried dont le seul plaisir est le surf casting. Gilles qui cherche à tuer un phoque pour enfin faire plaisir à son père dévasté par ses années de chômage. La misère économique et affective est partout. Sauf peut-être chez Louis qui est élevé par son oncle Michel et reçoit beaucoup l'amour...

Pascal Dessaint décrit un univers désespéré où le malheur des gens vient autant de leurs difficultés financières que de leur misère affective. Peu d'amour réel et généreux mais des petits arrangements, des hasards malheureux et des vengeances tragiques. Le tout forme un tableau très noir. Seuls les trois adolescents gardent un peu d'espoir dans l'avenir malgré l'atmosphère sombre. Pour deux d'entre eux il y aura une lueur... L'auteur a décidément beaucoup de tendresse pour ses personnages paumés, un peu à la "Olivier Adam", et il a le grand mérite de faire de ces "invisibles" de réels personnages de roman !

Suite au commentaire de Cathulu, je précise en effet qu'il y a aussi de l'humour, très noir mais de l'humour ! En fait il y a aussi un côté déjanté qui, quand je l'ai lu, m'a fait penser aux romans de Pascal Garnier. Avis aux amateurs...;-)

L'avis très enthousiaste de Clara et de Cathulu

Pascal Dessaint à Saint-Malo en juin dernier

Cette fois, Voltaire est en "exil" en Lorraine à cause de ses écrits, mais il ne peut s'empêcher de revenir à Paris pour venir en aide à sa chère Emilie du Châtelet. En effet celle-ci vient de trouver un cadavre dans son placard (au sens propre !). Cependant Voltaire est interdit de séjour à Paris et il devra se montrer très discret pour ne pas être arrêté. La solution qu'il choisit est de se déguiser en femme, il peut ainsi passer relativement inaperçu et nous donner, en prime, quelques maximes pleines d'esprit sur le fait que l'on peut réfléchir tout en ayant une jupe...Hérault, le lieutenant général de police, saura fermer les yeux sur ses frasques puisque celui-ci fait son boulot en traquant le meurtrier...

Cet opus, le cinquième, est particulièrement enlevé et on se régale à observer Voltaire faisant preuve d'esprit et souvent de férocité envers ses contemporains ! Il est toujours égocentrique, persuadé de sa supériorité sur tout et tous, jamais à cours d'idée mais toujours là pour faire surgir la vérité !

Dans ce livre, l'éditeur nous propose une douzaine de nouvelles inédites de Lawrence Block ayant pour héros Matt Scudder. Grande figure du héros de polar américain, Matt Scudder est un ancien flic qui a quitté la police après avoir tué accidentellement une fillette lors d'une fusillade. Cet accident détruit sa vie personnelle, il divorce, ne voit presque plus ses enfants et devient détective privé et alcoolique. Ce n'est que bien plus tard qu'il essaiera d'arrêter de boire et qu'il commencera à fréquenter assidument les réunions des Alcooliques Anonymes.

Ces nouvelles, écrites à différents moments de la vie de Scudder, sont un bon résumé de l'évolution de sa vie et il ravira ses fans dont je fais partie ! C'est à mon avis le personnage de privé qui a le plus d'épaisseur psychologique dans la littérature policière. Ici nous le retrouvons à différents moments de sa vie, soit au début quand il est encore un pilier de bar et qu'il doit démêler les histoires d'autres marginaux. Soit quand il est plus "clean" et qu'il traite des affaires avec beaucoup de diplomatie. En bon privé, il va toujours chercher la vérité plutôt que le coupable, quitte même à modifier un peu les faits et à aider un peu la réalité pour rester fidèle à ses convictions et à son humanité.

Dans la postface, Lawrence Block nous raconte à quels moments ces nouvelles on été écrites et pourquoi il ne réussit pas à abandonner son héros...

L'avis du Blog du polar

Gabriel, dit le Poulpe, se morfond à Paris sans Cheryl. Une annonce attire son attention : dans le massif de la Chartreuse, un jeune homme a été retrouvé mort attaché à une croix avec l'inscription 'Stat crux". Il part là-bas sous prétexte d'écrire un roman policier et essaie se s'acclimater au village, nourri comme un coq en pâte dans l'auberge locale. Il apprend que régulièrement les croix des sommets sont détruites. Ce qui n'était qu'un jeu devient inquiétant après ce meurtre. Mais visiblement Gabriel se mêle de ce qui ne le regarde pas car lui aussi est menacé de mort...

J'aime de temps en temps retrouver le Poulpe et sa nonchalance. Ici il est quand même bien bousculé par les locaux de ce village qui veulent bien des touristes mais pas des curieux. Un petit coup de griffe au passage (gentil le coup de griffe) sur les écolos-marginaux, et l'auteur nous entraîne dans une intrigue fort sympathique !

En 1992, alors que Los Angeles est déchiré par les émeutes, Harry Bosch découvre le cadavre d'une jeune femme, une journaliste danoise. Sa mort est mise sur le compte des émeutes. Vingt ans plus tard, alors que Bosch est au Bureau des Affaires non résolues, il est chargé de reprendre cette enquête. Patiemment, minutieusement comme il sait le faire, il remontera le temps jusqu'à la guerre du Golfe, retrouvera des indices et essaiera de comprendre pourquoi cette jeune femme  a été retrouvée morte dans cette ruelle isolée...

Avoir imaginé la suite de la carrière de Bosch dans ce Bureau des Affaires non résolues (depuis 2005), est la bonne idée de Connelly. En effet ça lui permet de mettre en valeur les qualités du policier, la patience, l’opiniâtreté, la remise en question de toute vérité. Comme le précédent, Ceux qui tombent, c'est un très bon cru et on admire la construction de l'enquête, d'abord chaotique, puis implacable !

L'avis tout aussi positif de Dominique

Dashiell Hammett, l'auteur de dizaines de nouvelles policières et de romans noirs, dont Le faucon maltais, a commencé sa carrière comme détective dans l'agence Pinkerton. C'est cette agence qu'il mettra plus tard en scène dans ses romans (rappelez-vous d'Humphrey Bogart dans le rôle de Sam Spade...)

Une commande a été passée à huit auteur de polars pour rendre hommage à Hammett en le mettant en scène à vingt ans, détective chez Pinkerton.

Grâce à l'imagination de ces très bons auteurs, on a réellement l'impression de cotoyer Hammett au début de sa carrière. Encore jeune, un peu naïf, mais honnête et désireux de découvrir la vérité plutôt que le coupable, selon la formule consacré, il met tout en oeuvre pour parvenir à ses fins. Jeune femme enlevée par son amant syndicaliste, politiciens corrompus, fantômes, Amérique profonde... Ces huit récits sont un régal pour les amateurs de polars noirs et une plongée dans les Etats-Unis des années vingt et trente.

Bizarrement ce livre parait chez Syros dans une collection pour adolescents alors que le public intéressé est clairement adulte...

Un très bon article sur un blog de polar que je ne connaissais pas

L'inspecteur Erlendur commence sa carrière dans la police et il patrouille la nuit avec ses deux coéquipiers. Chauffeurs alcoolisés, accidents, tapage nocturne, cambriolages, les nuits sont agitées à Reykjavik. Mais Erlendur se soucie d'un clochard qui vient de mourir, on l'a trouvé noyé et on a conclu à un accident. Le même jour, une jeune femme part à pied d'une soirée et ne rentre jamais chez elle. Bien que n'étant pas chargé de ces deux affaires, Erlendur enquête de son côté. Il avait croisé plusieurs fois ce clochard, avait bavardé avec lui et il aimerait comprendre cette mort, surtout que le clochard s'était plaint d'un incendie volontaire dans le sous-sol qu'il occupait.

C'est sur un rythme assez lent qu'avance ce roman, on découvre Erlendur, sa ténacité, sa sensibilité aussi, l'attention qu'il porte aux autres. Et on s'attache à ce policier qui s'obstine à vouloir comprendre la mort d'un simple clochard. Pour ma part, bien qu'étant amateur de polars, je n'ai encore jamais lu cette série et je pense que la publication de ce livre qui démarrre les aventures d'Erlendur sera l'occasion de découvrir la suite qui a eu tellement de succès (La cité des jarres, L'homme du lac, La voix,...)

Les avis très positifs de Clara et de Cathulu

Indridason à St Malo (mai 2015)

Pour les amoureuses d'Erlendur, il nous a dit qu'il ne savait pas encore s'il allait le sauver de la situation périlleuse dans laquelle il l'a mis, donc pour le moment il fait des flash-backs !

Suite de Yeruldelgger où l'on avait fait connaissance de cet inspecteur et de la vie à Oulan-Bator en Mongolie. Ici on le retrouve avec sa collègue Oyun. Celle-ci enquête sur un cavalier bizarrement retrouvé mort sur son cheval et sous un yack au milieu de la steppe. Un beau militaire lui vient en aide et lui fait retrouver les plaisirs charnels. Cela va-t-il durer ? Et Yeruldelgger de son côté a des ennuis avec la police des polices qui le soupçonne d'un meurtre avec pour preuves des bandes de video-surveillance. Pour se défendre, il va enquêter et révéler des affaires de contrebande, d'espionnage et de trafic d'êtres humains. Tout cela va nous entraîner en Normandie où des adolescents sont retrouvés morts dans des containers...

Comme dans le premier volume, on voit que la  la corruption qui gangrène le pays est le principal problème actuel en Mongolie, et dans beaucoup d'autres pays voisins. L'intrigue, assez alambiquée et avec de nombreuses méandres, m'a un peu perdue et je suis moins enthousiaste que pour le premier. Heureusement il y a toujours la magie des yourtes, de la steppe et des personnages très attachants et je lirai tout de même la suite s'il y en a une...

L'avis de Yv, plus enthousiaste, ainsi que d'Hélène

Et oui, petit coup de jeune de Blogspirit qui propose des designs beaucoup plus épurés. Ca me plait bien :-)
Les auteurs cités peuvent être retrouvés par les tags (dans les archives), c'est bien pratique (encore faut-il les avoir tous tagués...)
Et on verra plus tard pour une nouvelle bannière...

Melvin, jeune parisien un peu escroc, reçoit un faire-part de décès, celui de Lysia, une jeune corse avec laquelle il a eu une aventure quelques années auparavant. Pendant l'enterrement, il reçoit une balle perdue. Qui le tireur visait-il ? Pourquoi Lysia, tellement pleine de vie s'est-elle suicidée ? Et dans quelles circonstances est mort son frère quelques semaines plut tôt ? Melvin reste en Corse pour répondre à ces questions et il est amené à s'intéresser à une affaire datant des années trente où une fusillade a déclenché une véritable vendetta.

Comme dans plusieurs de ses romans, Daeninckx mêle histoire et polar pour nous raconter avec talent une histoire romanesque et dramatique. L'atmosphère lourde de la Corse et de ses clans est très bien rendue et on découvre cette affaire qui date de 1931 et qui a déclenché une répression particulièrement brutale. Mafia, haines ancestrales et vengeances... un cocktail violent qui donne un très bon polar !