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  • J'ai épousé un Casque bleu . - David di Nota (Gallimard, 2007)

    783d2f5f51a2319db4d32da2f46f2e43.jpgLe roman commence comme un récit léger, brillant, d'un narrateur versaillais de bonne famille, entouré d'amis et s'ennuyant dans les soirées. Proche de sa mère, il est sévère avec son père, un militaire peu présent ni à la maison ni même en France. "J'ai épousé un Casque bleu" dit de lui sa femme ! Son séjour à l'hôpital est perturbant pour le narrateur qui tente de se rapprocher de lui en s'informant sur les événements de Bosnie, puis en partant là-bas avec lui. La réflexion sur le rôle exacte des Casques bleus, "le maintien de la paix", alors que le pays est en guerre, est incisive, parfois drôle, souvent cruelle. Qui sait quoi ? Qui fait quoi ? Est-ce une mascarade ?


    La distance constante apportée au récit par le narrateur en fait presqu'une fable sur la guerre et sur l'humanitaire. Les relations avec le père cimente le tout et lui donne son unité. Voilà un livre sérieux, certes, mais dont le style irréprochable crée des images fortes.

     


    Merci à Olivia de m'avoir fait découvrir ce roman qui lui tient à coeur pour des raisons très personnelles.

     

    L'avis du Magazine littéraire , de Benoit Duteurtre et d'Eric Neuhoff

  • There will be blood (de Paul Thomas Anderson, avec Daniel Day Lewis et Paul Dano), 2007

    4cdc422b8c39ca045c9c33894d12cf9a.jpgLes Etats-Unis au début du XXè siècle. Daniel Plainview, chercheur d'or, trouve par hasard un gisement de pétrole et alors commence l'irrésistible ascension de ce "pétrolier" comme il se nomme qui va, par tous les moyens, racheter des terres et développer l'extraction du pétrole. Dans cette région perdue, le pétrole sera une manne pour tous mais un prêtre/prédicateur mettra en garde les habitants et aussi Daniel contre les dérives possibles. Et en effet les conflits éclatent, la communauté se désolidarise. Seul avec son fils, Daniel va tout à tour séduire, convaincre, mais aussi tromper et haïr.

     

    Le résumé seul ne suffit pas à exprimer l'extraordinaire fresque que P.T. Enderson a réussi à bd540350a17f51ac75fb64e7c8d44009.jpgcréer. Après un début fascinant, presque sans une parole pendant une vingtaine de minutes, peu à peu les personnages crèvent l'écran et prennent vie sous nos yeux. La première comparaison qui m'est venue à l'esprit est "Les raisins de la colère". A cause du sujet bien sûr, une ruée, vers l'or noir cette fois. A cause de Daniel Day Lewis, fabuleux, qui a par moment des airs d'Henri Fonda. Et surtout par le parralèle entre l'aventure collective et le destin individuel qui est magnifiquement traité. De plus, les dérives du capitalisme et de la religion en ce début de siècle ont des airs bien contemporains et même universels ! Bref pour moi c'est un chef d'oeuvre !


    L'avis tout aussi enthousiaste de BMR-MAM

  • Fun Home . - Alison Bechdel (Denoël Graphic, 2006)

    2a79f71ec28a188d5c7d8704f31ba050.jpgDans cette bande dessinée, de la famille des "romans graphiques", l'auteur, Alison Bechdel, retrace de manière non-chronologique son enfance et sa jeunesse. Nous sommes aux Etats-Unis pendant les années Nixon. Sa famille : une mère aimant le théâtre. Deux frères. Mais surtout un père prof de français et directeur d'un salon funéraire, le "Fun Home" (Funeral Home), passionné d'art et de décoration, passant tout son temps dans la restauration de leur maison du XIXè. Et surtout un père, elle le découvre quand elle est adolescente, qui a régulièrement des relations homosexuelles avec des jeunes hommes. Alison commence à tenir son journal quand elle a dix ans, des textes mais aussi du dessin qui va devenir son mode d'expression privilégié. Elle écrita tout sur ce journal sauf ce qu'elle a du mal à s'avouer elle-même, et encore plus à ses parents : elle est homosexuelle !

    Ce récit est donc l'exploration de cet itinéraire très personnel qu'elle illustre d'un joli dessin noir et blanc. La relation compliquée entre elle et son père est certainement ce que je retiendrai de ce livre. Un père tyrannique, pas du tout proche de ses enfants. Mais en même temps un amoureux de la littérature avec lequel elle échangera beaucoup en étant étudiante. Et ce secret de famille qu'est l'homosexualité de son père, puis sa mort (accident ? suicide ?) dont elle se sentira longtemps coupable.


    La distance qu'elle instaure dans son récit est une qualité, elle a aussi un revers, celui de retenir un peu l'émotion. Toutefois je retiendrai la force de ce récit, le talent de cette dessinatrice et la qualité de son écriture.


    Les avis, proches du mien, de Laurent et InColdBlog

     

  • Le rapport Stein . - Jose Carlos Llop (Jacqueline Chambon, 2008)

    49dd4be932411e2466feb2fbe2f82a5e.jpgMajorque à la fin des années soixante. Le héros est dans un collège de jésuites où la vie est scandée par les cours et les offices. Il vit avec ses grands-parents, ses parents étant à l'étranger pour "affaires". C'est un adolescent rêveur et sensible très attaché à son environnement et à ses amis. Quand soudain arrive au collègue un nouveau, Stein, dont la désinvolture et la liberté d'allure étonnent et provoquent l'admiration. Son attitude, sa maison splendide, sa soeur (aussi splendide), tout provoque un choc chez le héros et ses amis. Mais d'où vient-il ? L'un d'entre eux entreprend de faire des recherches sur lui et sa famille, d'où le "rapport Stein" qui replongera dans le passé espagnol proche et encore très douloureux.


    Ecrit à la première personne, ce récit est un très beau "roman d'apprentissage" où le héros passe de l'adolescence à l'âge adulte en quelques mois. L'écriture épouse bien les états d'âme d'un adolescent et les questions à propos de Stein donnent envie de ne pas lâcher le récit. J'ai été très touchée par ce roman et je pense que je suivrai cet auteur dont j'avais déjà lu "Parle-moi du troisième homme". L'auteur est né en 1956 à Palma de Majorque.

  • Clarabel dans le "Magazine littéraire" !

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    Je viens de recevoir le numéro d'avril du Magazine littéraire. Il propose une enquête : "Que valent les blogs littéraires" ? Et aux côtés de Ron l'infirmier, de Pierre Assouline et d'auteurs-blogueurs, qui est citée comme étant une "blogueuse altruiste" qui "consomme des livres au kilomètres", aussi bien des romans actuels que des classiques méconnus et de la littérature jeunesse ? Notre Clarabel qui est, je cite, "devenue une actrice à part entière de la scène littéraire" ! Si ce n'est pas le début de la gloire, ça y ressemble ! Bravo à toi Clarabel :-)

  • La route . - Cormac McCarthy (L'Olivier, 2008)

    720e0f527b5182948bf7e8055bc61795.jpgJ'aime entrer dans les romans de McCarthy comme j'aime entrer dans ceux de Mingarelli. Dans les deux cas, on se trouve plongé dans un univers sans référence historique ni géographique, où les personnages évoluent comme mus par un destin implacable. Dans ce roman c'est encore plus vrai que dans les précédents.


    Sur une route, on ne sait pas où, on ne sait pas quand, un père et son enfant marchent. Autour d'eux un paysage post-apocalyptique où aucune vie n'apparait. Les villages ont été pillés. Une fine couche de cendre recouvre tout. Que faire sinon marcher, marcher , aller vers un Sud où on trouvera la mer. La nourriture : quelques restes trouvés dans les maisons pillées. Le sommeil et le froid : à l'abri d'un rocher ou d'un arbre. Le danger : quelques rares groupes de pillards qu'il faut à tout prix éviter. Le trésor : cet enfant qui est miraculeusement en vie et que le père essaie de réconforter malgré la situation.


    On entre ou pas dans ce genre de récit, mais quand on y entre, c'est vraiment magnifique. On sait que l'écriture de McCarthy est toujours très sobre et les descriptions  comme les dialogues sont réduits au minimum. Pourtant au bout de quelques pages on s'attache d'une manière incroyable à l'errance de ces deux personnages dignes de Beckett et de "En attendant Godot". L'amour, la mort, la survie, tout est dit là sur l'essentiel de ce qui fait l'essence de la vie. Sans jamais lasser le lecteur, McCarthy nous nous emmène sur cette route sans fin où, pourtant, la vie de ces deux personnages est ce qu'il y a de plus important au monde.


    L'avis tout aussi enthousiaste de Essel, de Philippe, de Bellesahi et de  Fluctuat

     

  • Podcastez Amos Oz sur France-Culture !

     

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    Vous souhaitez entendre la voix de ce magnifique auteur ? Vous souhaitez prolonger le plaisir de lecture de "Une histoire d'amour et de ténèbres" ? Le soir de 20 h à 20h30 vous n'êtes pas disponible pour écouter "A voix nue" de France-Culture ?

    Podcastez les cinq émissions qui passent toute cette semaine. Il suffit de télécharger iTunes si vous ne l'avez pas encore et de podcaster l'émission depuis le site de France-Culture (la manip est très simple)

     

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    De la lecture sur la littérature israélienne : Lire du mois de mars propose un dossier sur la littérature juive (un peu plus large qu'israélienne donc).

     

  • Battement d'ailes . - Milena Agus (Liana Levi, 2008)

    68069afac84acf11b4511a33e66073f8.gifDans un lieu retiré de Sardaigne, au bord de la mer, Madame vit dans une grande maison reconvertie en chambre d'hôtes. Elle est seule, avec ses robes faites de tissus récupérée, toujours entre deux amants provisoires, et refusant de vendre aux promoteurs. Ses voisins, un grand-père original, une adolescente amie, un jeune homme trompettiste partie à Paris...

    Comme dans "Mal de pierres", l'auteur nous présente un très beau personnage de femme qui va à l'encontre de ce que la société attend. Les autres personnages sont bien décrits et attachants. La nature environnante, très sauvage, forme un cadre parfait pour cette histoire un peu fantasque, où la passion et  la fantaisie se heurtent au conformisme de la société.

    Est-ce la narration, faite par l'adolescente, qui m'a gênée ? Cette histoire est racontée par cette jeune fille elle aussi un peu en dehors des normes (des souffles de vent ou battements d'ailes lui rappellent son père mort) et il n'est pas plausible, à mon avis, qu'elle puisse raconter tout ce qu'elle raconte (désolée pour les répétitions..). Ou alors il faut voir cette histoire comme un récit complètement imaginé par cette adolescente, et là ça change tout ! Ce serait la vie quotidienne de ce coin de Sardaigne décrite par une jeune fille à l'imagination exacerbée et qui verrait le monde à travers ses fantasmes ?

    A noter que j'avais été parmi les enthousiastes de "Mal de pierres" !

    L'avis beaucoup plus positif de Papillon

  • Bazar magyar . - Viviane Chocas (Héloïse d'Ormesson, 2006)

    4ea3aa25a0e839a55cac06ba55e9095a.jpgNée en France de parents hongrois, l'auteur ne connait de la Hongrie que quelques parents venus en visite et surtout quelques plats locaux rituellement faits par ses parents. De la langue, rien. Du pays, rien. Des événements de 1956 non plus. On les appelle "les événements" mais tout est fait pour oublier ces années et s'intégrer au pays d'adoption, la France. Pourtant l'auteur est attirée par cette langue qu'elle ne connait que par les plats et les ingrédients qui, alors, forment des mots rudes qui s'allient à la saveur particulière des mets. Quand elle devra aller à Budapest en tant que journaliste en 1989, elle reconnaîtra cette langue et y associera tout de suite ses souvenirs culinaires. Et l'émotion va surgir, violente.

    Dans ce récit qui n'est, au départ, que l'évocation d'un pays d'origine, thème assez récurrent, l'émotion surgit vraiment dans la seconde partie. C'est là que l'auteur va découvrir ce pays à l'occasion de la chute du mur de Berlin et du rideau de fer. La violence des émotions qui secouent alors les Hongrois se mêle à ses émotions à elle en découvrant ce pays et cette langue jusque là à peine découverte. C'est vraiment un joli récit qui parle de la recherche des racines et aussi de l'importance de la cuisine comme lien entre les hommes !

    Lu dans le cadre du Prix des lecteurs d'une bibliothèque-amie sur la littérature hongroise.

  • Hier . - Agota Kristof (Seuil, 1995)

    7d8057cbe4a7f1db71e8e7760c4ca76c.jpgQuand le psychiatre demande à Sandor de lui parler de son enfance, il s'invente des parents morts dans les bombardements, un orphelinat et un exil. Pourtant lui sait que tout cela est faux. Sa mère : une prostituée dont il entend les ébats dans la chambre à côté. Son père : l'instituteur, marié et père de famille, qu'il poignarde sans réussir à le tuer. Line : la fille de l'instituteur, son amour de jeunesse qu'il a dû quitter. Quand il la retrouve de nombreuses années plus tard, il ne lui révèle pas qu'elle est sa demi-soeur et continue à l'admirer et à l'aimer.

    Entre délire et réalité, ce roman nous transporte, comme souvent chez Agota Kristof, dans un monde d'exil et de malheurs. Le sujet de ce livre est tout ce qu'il y a de plus sordide, pourtant elle réussit à ne pas sombrer dans le pathos grâce à une écriture dépouillée. En évitant toute description et tout sentiment, elle donne au texte une belle universalité. A ne pas lire toutefois si on veut quelque chose de léger et de distrayant....

    Lu dans le cadre du Prix des lecteurs d'une bibliothèque-amie sur la littérature hongroise. Agota Kristof est hongroise mais, réfugiée en Suisse, elle écrit en français.