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  • Je, François Villon . - Jean Teulé (Julliard, 2006)

    d435f616aa4127b5179dd004397b5113.gifLu dans le cadre du Club de lecture des blogueu(ses)rs

    Dans un Moyen-Age dur et violent où la vie est un perpétuel combat, le jeune François, orphelin de père et bientôt de mère,  est confié à Guillaume de Villon, chanoine et chapelain, alors qu'il a huit ans. Celui-ci l'élèvera comme s'il était son fils et lui fera suivre des études. A vingt ans il a fait de solides études littéraires et juridiques et est clerc. Mais François, qui prend le nom de Villon, aime aussi fréquenter les mauvais lieux et les camarades voleurs et même assassins. A cette époque il écrit ses premier poèmes qui sont lus dans les tavernes. Il continuera à écrire des poèmes tout au long de sa vie. Il prend part à des rixes et, après l'assassinat d'un prêtre, il doit fuir Paris. Gracié, il revient mais est de nouveau mêlé à un cambriolage et fuit cette fois vers Angers puis est accueilli à Blois à la Cour de Charles d'Orléans. Emprisonné et torturé à la prison de Meung sur Loire, il rentre à Paris où de nouveau il est emprisonné et cette fois banni pour dix ans de la capitale. Ce sera la dernière fois que l'on aura des nouvelles de lui.

    Voilà, me direz-vous, une belle histoire médiévale comme celles de Jeanne Bourin dans "La chambre des dames" ou "Très sage Héloïse" ! Que nenni ! (voilà que je parle comme à l'époque...). Jean Teulé a pris le parti d'écrire son roman à la première personne et d'imaginer la manière dont on pouvait ressentir, voir, sentir la vie à Paris au Moyen-Age ! Et on est d'emblée plongé dans un Moyen-Age de violence, de puanteur, de torture, de gibet à ciel ouvert, de viol, de famine, de brutalités, d'épidémie, etc... Et cette vie François Villon la reçoit de plein fouet dès son plus jeune âge puisque, par exemple, sa mère a eu les deux oreilles coupées pour avoir volé deux fois.

    Toute cette violence qui est décrite, certains diront sans doute trop complaisamment, a été pour moi le révélateur du pourquoi de la poésie de Villon. Je connaissais la "Ballade des dames du temps jadis" (par Brassens) et surtout la "Ballade des pendus" mais j'avais du mal à apprécier une poésie aussi morbide et aussi excessive. Après avoir lu ce livre, c'est devenu évident pour moi que Villon ne pouvait pas écrire autre chose ! La mort est une compagne quotidienne pour lui et il écrit forcément sur les gueux ses amis, sur le gibet omniprésent à Paris, sur la paillardise de la vie. "Je trouve mon inspiration dans les bas lieux, dans les amours de coin de rue. Mon seul arbre est la potence" écrit-il. Ce sont ses vers sur la mort et surtout sur l'angoisse de la mort qui, à mon avis, émeuvent le plus !

    Bref j'ai été passionnée par ce livre car, même si certains passages vous mettent un peu le coeur au bord des lèvres, on a l'impression, en le refermant, d'être entré dans l'intimité de François Villon et de mieux le connaître. Pour ceux qui veulent poursuivre, il existe une biographie de Jean Favier (historien spécialiste du Moyen-Age) chez Fayard.