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  • Still life (de Jia Zhang Ke, avec Han Sanming, Zhao Tao, Huang Yong )

    medium_18757118.jpgSan Ming fait un voyage de plusieurs jours en bateau pour rejoindre  la ville de Fengje. Il a pour toute adresse quelques lignes sur un petit morceau de carton. Mais en arrivant il se rend compte que la rue qu'il cherchait a été engloutie, comme une grande partie de la ville, sous les eaux du barrage des Trois Gorges. Des populations entières doivent quitter leur maison car le barrage doit encore s'étendre. Logé de façon sommaire, il trouve un travail comme démolisseur. Ce qu'il cherche : son ex-femme et surtout sa fille qu'il n'a pas vu depuis seize ans.... Parrallèlement Shen Hong vient à Fengje voir son mari qui l'a quittée depuis deux ans.

    Que l'on ne se trompe pas, ces deux histoires ne se rejoindront pas. Ici pas d'histoire convenue avec happy end obligée. Pas de drame non plus. C'est la vie la plus quotidienne qui est filmée magnifiquement par le réalisateur. Les contrastes entre le gigantisme des travaux entrepris et la vie des individus sont frappants. Le côté documentaire (car il y a aussi cet aspect) ne gomme jamais l'humanité avec lequel chaque personnage est filmé. Le rythme lent n'est jamais pesant. Le commentaire de mon mari à la sortie : "Ca, c'est du cinéma !".

    Ce film a obtenu le Lion d'Or à la dernière Mostra de Venise.

    Le commentaire de BMR et d'In Folio

  • Ceci n'est pas une lettre de candidature . - Corinne Maier (Mille et une nuits, 2007)

    medium_9782755500189.2.gifCorinne Maier avait déjà secoué le cocotier du politiquement correct avec son essai Bonjour Paresse, un ouvrage cinglant sur la grande entreprise et la manière dont celle-ci encourageait la passivité et l'inertie plutôt que l'initiative et l'intelligence. Pour cela, elle avait été licenciée de l'entreprise où elle travaillait (EDF).

    Deux mois après son départ, une annonce paraît dans Le Monde, celle de son poste à pourvoir. A la lecture de l'intitulé qui laisse présager de hautes responsabilités et un travail exaltant, et qui exige des diplômes et des compétences particulièrement élevés, elle a l'idée de postuler .... Et d'imaginer toutes les réponses que l'on aurait envie de faire à ce genre d'annonce ! Suivent une trentaine de lettres de candidature fictives mais disant, comme l'indique le sous-titre du livre, "tout ce que vous aimeriez écrire à un recruteur sans oser poster la lettre" ! Par exemple que vous préférez vivre avec moins d'argent mais profiter de vos enfants et de votre maison. Ou que vous aimeriez bien connaître les compétences du chasseur de têtes qui est chargé du recrutement ! Ou que vous avez les compétences et que vous travaillez à EDF, mais que la société préfère recruter à l'extérieur que promouvoir ses agents !

    Ou comment, en ces temps où on exalte "la France qui travaille", "les Français qui se lèvent tôt" et les "profiteurs qui touchent le RMI", cela remet les choses en place ! On ne peut pas dire que ça remonte le moral car on rit plutôt jaune, mais il fallait le dire et elle l'a fait ! Décidément j'apprécie de plus en plus Corinne Maier !

  • Poème en chaîne

    Bonne idée que cette chaîne de poèmes proposé par Jos le Livrophile.


    Je vais rester classique avec


    L'Invitation au voyage de Baudelaire.



    Ce poème m'a toujours suivie. Je l'ai eu comme texte à étudier au Bac de français. Ensuite j'ai découvert la mise en musique qu'en avait fait Henri Duparc et l'interprétation de Jessie Norman a été un de mes premiers achats classique. Puis j'ai découvert la version de Régine Crespin que je réécoute régulièrement. La musique de Duparc me semble maintenant indissociable de ce poème !

     

    medium_bvoyage.3.jpg
    (Luxe, calme et volupté, par Henri Matisse)



    Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l'âme en secret
    Sa douce langue natale.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    - Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

     

  • Non-dits. - Gisèle Fournier (Folio / Editions de Minuit, 2000)

    medium_9782070315284.gifQuand Mathilde revient trente ans après dans la ferme qui a été celle de ses vacances d'enfant, tout lui revient par bribe : sa mère, au caractère instable, son père mort subitement dans la grange, sa tante célibataire autoritaire et revêche, son autre tante (trop ? )soumise, son oncle silencieux et travailleur. Mais quelle était cette sensation de malaise omniprésent, pourquoi les pleurs de l'une, les cris de l'autre, les coups d'oeil à la dérobée ?

    Dévoilées par petites touches, chapitre après chapitre, par les voix de chacun des acteurs, les relations familiales étaient en fait construites autour de non-dits, de manigances, de secrets de famille qui n'en étaient pas pour tout le monde, de situations reproduites à l'insu ou non des protagonistes.

    D'une écriture minimaliste pour les sentiments mais lyrique pour la nature environnante, Gisèle Fournier nous livre peu à peu les clés de cette "tragédie antique" où chacun reconnaitra les secrets qu'abrite chaque famille. A lire d'une traite (c'est ce que j'ai fait hier soir !) pour s'immerger dans l'histoire !

     Je vous laisse découvrir le très bon texte de Moustafette qui m'a donné l'envie urgente de le lire ! Et celui d'Amandine.

  • Concert de jazz : Romano / Trotignon / Vignolo

    medium_images3.jpg

    medium_images.21.jpgIntermède musical : un concert de jazz bienvenu en ces temps agités, d'autant que le trio Aldo Romano (batterie), Baptiste Trotignon (piano) et Rémi Vignolo (contrebasse) reprenaient les thèmes des années 65-75 enregistrés dans leur dernier disque "Flower Power". "L'esprit de 68" comme l'a d'entrée medium_images2.jpgannoncé Romano ! Les morceaux de Zeppelin, Dylan, Murray Head, Simon and Garfunkel revus et corrigés par nos trois artistes prenaient un aspect tout nouveau. Pour ma part j'ai apprécié certains morceaux mais en revanche je n'ai pas trouvé le moindre air jazzy à "The end" des Doors ! Et j'ai trouvé que les trois musiciens n'étaient jamais meilleurs que quand ils jouaient "Milestones" ou d'autres standards de jazz, Romano notamment, toujours imperturbable et impérial à la batterie, les autres excellents aussi avec leur instrument. Un concert peut-être pas inoubliable mais très agréable.

  • Volkswagen Blues . - Jacques Poulin (Actes Sud Babel, 1998)

    medium_9782742718009.jpgPapillon a raison, ce livre c'est un vrai bonbon ! C'est doux, c'est tendre, on n'a pas envie que ça s'arrête !

    Quand Jack prend son combi Volkswagen (une histoire qui commence avec un combi Volkswagen ne peut pas être mauvaise...), il est bien décidé à retrouver son frère qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'années. Il ne pensait pas faire le chemin avec une jeune fille fantasque, libre comme l'air, métissée indienne et mécanicienne de son état ! Pourtant c'est avec elle qu'il va reconstituer l'itinéraire de ce frère qui semble avoir suivi la piste des pionniers, de Québec à San Francisco, par la route de l'Oregon, avec "Sur la route" de Kerouac dans la poche ! Ce road-movie à travers le Canada puis les Etats-Unis est la quête d'un homme à la recherche de son enfance et de ses souvenirs, ça va se transformer en un morceau  de vie exalté par l'appétit de vivre de la jeune fille.

    Quand j'avais lu La tournée d'automne, j'avais cherché  des renseignements sur Jacques Poulin, j’avais vu que les mêmes thèmes (livres, écriture, tendresse, douleur de vivre) et les mêmes personnages (Jack Waterman) se retrouvaient dans tous ses livres.

    Je reprends mon commentaire d'alors qui convient complètement aussi à ce livre : ce ne sont pas les péripéties qui comptent mais les réflexions des personnages sur eux-mêmes et sur la vie. Beaucoup de tendresse, d’émotion et aussi d’humour permettent de traiter des sujets sérieux. Ce livre est aussi un bel hommage à la littérature avec les références à Hemingway et Kerouac.

    Une très belle phrase trouvée sur un article consacré à Jacques Poulin définit bien l’atmosphère de ses livres : ses personnages, est-il écrit, « frôlent le bonheur et craignent de s’en approcher de peur qu’il disparaisse ».

    Je rajoute le commentaire d'un bloggeur québécois (Louis)  : "Jacques Poulin écrit des fictions qui, étrangement, ressemblent à nos vies, ou à tout le moins à ce que nos vies pourraient être. Ses passions, ses réflexions, ses questionnements sont les nôtres. Il est toujours fascinant de découvrir nos pensées sous la plume d'un autre que nous."

    Les avis tout aussi passionnés de Papillon , Allie, Lhisbei, Frisette 

  • SWAP RECU !!!

    medium_9782742706945.jpgMerci mille fois à Alice qui m'a gentiment envoyé deux livres de Nancy Huston dans le cadre du SWAP de Flo . Allez savoir pourquoi, mais je n'ai jamais lu de livre de Nancy Huston alors que je n'en entends que du bien partout !!!! Je vais donc commencer par "La virevolte".

    Et j'ai aussi reçu plein de marque-pages. ( Comment sait-elle que j'en fais collection ????? )

    Et un mini-livre-post-it (vous voyez ce que je veux dire ?medium_9782844203380.gif)

    Et merci à Alice d'avoir envoyé son paquet aussi rapidement. (heu.... moi je réfléchis mais je n'ai encore rien acheté...)

     

    Et merci à Flo pour son organisation

     

  • Les naufragés du Batavia, suivi de Prosper . - Simon Leys (Points Seuil, 2005)

    medium_9782020654357.jpgEn 1629, au large de l'Australie, un navire hollandais fait naufrage. Trois cents rescapés se massent sur les îlots avoisinants. Mais alors que le capitaine part chercher du secours, les deux tiers des survivants sont massacrés par un membre de l'équipage devenu fou ! Cette tragédie a marqué les esprits et de nombreux ouvrages y ont été consacrés. Simon Leys, mieux connu pour ses essais sur la Chine, voulait depuis longtemps écrire un livre sur le sujet. Ce ne sera finalement que ce petit récit qui retrace cette incroyable histoire et donne envie, c'est l'auteur qui le confirme, d'en lire davantage sur le sujet.

    Le second récit, Prosper, est aussi très intéressant et surtout très bien écrit. Simon Leys a accompagné un voilier thônier breton pour une campagne de pêche. C'était en 1958, les bateaux n'avaient pas encore les équipements modernes que l'on connaît, et c'était vraiment l'aventure de partir ainsi plusieurs semaines à la pêche au thon. Leys décrit très bien le monde de la pêche en mer, les hommes, le navire, les tempêtes, la vie à bord telle qu'on l'a vue dans de nombreux films.....

    En général j'aime bien les récits maritimes sauf s'ils utilisent un vocabulaire trop spécialisé (la série des Patrick O'Brian est trop indigeste pour moi) . Leys n'étant pas marin de métier, même s'il connaît bien le sujet, il décrit ce monde de manière très vivante et précise sans nous assommer de mots inconnus (enfin.. quelques uns quand même pour moi..) et j'ai passé un bon moment à lire ses deux petits récits.

  • Histoire de ma vie. - Lao She (Folio, 2005)

    medium_9782070422081.gifTiré du gros recueil Gens de Pékin, ce petit récit retrace la vie d'un vieux Chinois. Il revient sur son enfance, au début du siècle, à Pékin. Bien que plutôt doué à l'école, il est rapidement mis en apprentissage chez un "colleur de papier". Mais bientôt les rites qui nécessitaient des "collages de papier" (figurines  en papier reproduisant des objets ou des personnages de la vie réelle, et utilisées pour les noces et les funérailles) tombent en désuétude et il doit choisir un autre métier. Sans diplôme, sans relation, il n'y a qu'une possibilité : agent de police ! Il y restera presque jusqu'à la fin de sa vie, bien que ce travail soit mal payé, mal considéré et surtout empreint de ridicule au yeux de l'auteur. Son récit est plein d'anecdotes ridiculisant ou montrant l'inutilité de la police telle qu'elle était alors conçue. Sans autorité, sans moyens, les policiers ne peuvent rien faire et ne sont intéressés que par la conservation de leur poste et de leur maigre solde !

    Pris tout seul, ce récit nous laisse un peu sur notre faim mais il donne envie de lire le gros Gens de Pékin et surtout le célèbre Quatre générations sous un même toit qui est la grande fresque historique qui a rendu célèbre son auteur.

    Allie vient de faire un post sur un autre roman du même auteur, La cage entrebaillée, qui tourne aussi en ridicule les moeurs de l'époque.

  • Funérailles célestes . - Xinran (Philippe Picquier, 2005)

    medium_9782877307529.jpgJ'avais lu une très bonne critique de Flo sur ce livre et je dois dire que pour moi aussi ça a été une belle découverte. Il faut dire que j'aime beaucoup les récits de voyage et que ce récit est entre le roman et le récit de voyage.

    L'auteur, Xinran, était journaliste en Chine (elle habite maintenant en Angleterre) et en 1994 dans le cadre de son émission sur les femmes chinoises, on lui indique la présence d'une femme chinoise habillée en tibétaine dans une ville voisine. Elle va la voir, l'interroge, et ce qu'elle lui raconte dépasse tout ce qu'elle avait entendu jusque là !

    En 1956 Wen est étudiante en médecine. Elle épouse Kejun, médecin, qui s'engage dans l'armée chinoise et est envoyé au Tibet. Peu après Wen apprend la mort de son mari, sans précisions sur les circonstances de cette mort. Bouleversée, elle décide de s'engager elle aussi et part au Tibet pour essayer de comprendre si son mari est bien mort, et si oui, comment. Mais les combats sont violents entre tibétains et chinois et elle est rapidement au milieu des combats. A l'occasion de l'un deux, elle sauve une femme tibétaine qui a appris le chinois et leur servira de guide et d'interprète. Mais de nouveau les combats les atteignent et toutes deux sont blessées et recueillies par une famille de nomades qui les soignent et les gardent avec eux. Wen met des mois avant de réaliser qu'elle ne peut rien faire seule et qu'elle doit rester avec cette famillee dont le mode de vie est à des années lumière de sa vie de chinoise. Les saisons passent, les années passent. Sa compagne tibétaine ayant aussi disparue, elle part à sa recherche sans jamais oublier son mari. Ce sera l'occasion pour elle de marcher pendant des mois et même des années dans les montagnes sacrées du Tibet et de vivre au coeur des croyances tibétaines.

    Comme Flo, j'ai vécu à l'heure tibétaine pendant toute la lecture de ce livre. Ce n'est pas tant l'exotisme qui m'a intéressée (encore que les us et coutumes des Tibétains sont intéressants à méditer ...)  que la découverte puis la cohabitation avec la spiritualité tibétaine qui font de ce récit une magnifique leçon de tolérance et d'humanisme. La postface douche un peu notre enthousiasme en expliquant qu'il y a des approximations, des incohérences et des a-priori. Sans nier que Xinran a certainement un peu brodé sur le récit de Wun (elle a mis dix ans à l'écrire, ce livre), il n'en reste pas moins que c'est une histoire hors du commun à laquelle on ne peut pas rester indifférent.

    L'avis de Flo, de Bill et de In Folio (et bientôt ceux d'Allie et d'Hervé)