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  • Le roman d'une maison. - Serge Rezvani (Actes Sud,2001)

    medium_rezvani.gifVoilà un livre inclassable ! Il fait partie de cette collection d'Actes Sud qui s'appelle "Archives privées" et donne carte blanche à un auteur pour parler de sujets intimes. Et Rezvani nous parle de ce qui est très intime pour lui, sa maison. Ou plutôt leur maison, à lui et à Lula.

    Tout au long de son oeuvre, il évoque cette demeure, "La Béate", dans le massif des Maures. C'est là qu'il s'est installé il y a quarante ans avec la femme de sa vie, Lula, après avoir abandonné la vie parisienne. Ils resteront tout le temps là-bas et l'oeuvre de Rezvani sera intimement liée à cette demeure. L'isolement, la medium_images.19.jpgnature sauvage, le paysage, tout sera pour lui des éléments de son inspiration. Ce récit est aussi pour lui l'occasion de revenir sur sa vie en suivant le fil de cette maison. Quelques photos l'accompagnent. A lire si on est amateur de la très belle oeuvre littéraire de Rezvani.

  • Blog d'Essel : La traçabilité du lecteur sur Internet

    Bravo à Essel qui, à partir des réponses à son questionnaire, a fait une excellente étude sur l'évolution des pratiques de lecture avec les nouvelles utilisations d'Internet. Voir le texte complet sur son blog.

     

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    Les petits carnets d'Essel

  • Peabody se mouille . - Patrick Boman (Le Serpent à Plumes, 2001)

    medium_9782877307239.gifSuite des aventures de Peabody, inspecteur britannique en poste en Inde en 1899. Il est obèse, obsédé et repoussant, mais le justice lui tient au corps et il n'aura de cesse de la faire respecter.

    Ici c'est un morceau de prépuce offert dans une boîte au Raja local qui met le feu aux poudres. Qui ose faire une telle offense au Prince ? D'autant plus que le même jour on retrouve un homme avec des vêtements luxueux mort à la porte du palais ( jeté par-dessus les murailles ? ). Peabody est chargé d'enquêter mais il y a une telle effervescence en ce moment au Palais que ces enquêtes passent au second plan. Le prince actuel, anesthésié par l'opium, a du mal à résister aux assauts de son frère et de sa soeur qui guignent le trône. Quel rôle doivent jouer les Britanniques dans ces querelles de palais ? Peabody, le pasteur, la femme du pasteur et le "Résident" eux-mêmes ne sont pas toujours solidaires...

    C'est un régal de lire ces aventures qui nous plongent au coeur de l'Inde la plus populaire et, c'est vrai, la plus pittoresque ! Peabody n'est pas du tout un sujet britannique comme on l'imagine, il aime l'Inde et les Indiens et se complait à vivre parmi eux au grand dam de ses compatriotes qui passent une grande partie de leur temps à comploter afin d'obtenir un peu plus de pouvoir. Mais Peabody est plus roublard qu'eux et il réussira, sans en avoir l'air, à changer le cours des choses dans cette vallée du Gange bien agitée !

  • Anna M. (réalisé par Michel Spinosa, avec Isabelle Carré et Gilbert Melki)

    medium_18748689.jpgAnna est relieuse à la BNF, elle vit seule avec sa mère, émigrée russe, et son chien. A la suite d'un accident qu'elle provoque, elle est hospitalisée et tombe amoureuse de son médecin, ou plutôt elle est persuadée que celui-ci est tombé amoureux d'elle. Elle commence alors à le harceler : elle le suit, lui téléphone, lui offre des cadeaux, lui écrit. Mais peu à peu cette obsession devient maladive. Elle simule un accident pour porter plainte contre lui, réussit à s'engager comme baby-sitter dans l'appartement voisin pour l'espionner.... La tension monte et le spectateur se demande jusqu'où va aller cette folie....

    Autant le dire tout de suite, je l'ai pas du tout été sensible à cette histoire qui oscille entre drame psychologique et thriller. Malgré l'excellent jeu d'Isabelle Carré (elle atteint vraiment les sommets d'Isabelle Huppert ou Isabelle Adjani dans ce genre de film), le scénario est trop bancal pour être plausible. Le médecin proteste mollement contre ce harcèlement ; malgré des preuves flagrantes de folie, Anna n'est pas inquiétée ; même une fois internée, elle est rapidement relâchée ; les scènes les plus éprouvantes  (sirop rouge versé dans le lit, enfants maltraités) sont caricaturales. Bref je n'ai pas trouvé ce film sans intérêt mais je l'ai trouvé pesant et mettant mal à l'aise sans pour autant faire passer une angoisse qui aurait pu être hitchcockienne.

  • Les types comme moi. - Dominique Fabre (Fayard, 2007)

    medium_9782213631424.2.gifJ'avais fait un commentaire enthousiaste de son dernier roman, "La serveuse était nouvelle", car j'avais été enchantée par ce style fluide qui permettait de donner vie à une existence morne et répétitive d'un garçon de café. Avec ce nouveau roman je suis ravie car j'ai l'impression de lire la suite de cette vie. Pourtant le héros n'est pas le même, il est dans un bureau, mais l'atmosphère est la même.

    Un homme ayant passé la cinquantaine (éléments autobiographiques ? ), n'ayant pas de problèmes particuliers de travail ou d'argent, voit passer sa vie, une vie ordinaire faite de solitude et de quotidien. Le passage d'un ami d'enfance ravivera des souvenirs oubliés, dans une banlieue (Asnières-Gennevilliers,..) désormais méconnaissable.

    Ces gens ordinaires, Fabre en fait des héros de romans par la magie d'une poésie mélancolique à laquelle je suis très sensible. Cette fois un peu d'optimisme viendra éclairer cette vie non pas sombre mais sans couleurs : la rencontre sur Internet d'une femme avec laquelle une seconde chance va peut-être pouvoir donner une lumière douce. Ou comment un roman peut, par mots feutrés, donner à voir la vie comme elle va.

     
  • Nue propriété (réalisé par Joachim Lafosse, avec Isabelle Huppert, Jérémie Renier, Yannick Renier)

    medium_18716368.jpgDans une belle propriété au coeur de la Belgique, une femme vit seule avec ses deux grands fils jumeaux. Désireuse de changer de vie et influencée par le séduisant voisin, elle envisage de vendre la maison. Les réactions des garçons sont très différentes. Alors que l'un comprend sa mère, l'autre ne peut envisager de quitter cette maison et il a des réactions extrêmement violentes. De fait, arrivés à l'âge adulte, ils doivent tous deux penser à quitter la cellule familiale, mais leurs sentiments sont si différents qu'elle entraîne une véritable guerre entre les deux frères.

    Filmé de manière très artisanale avec une seule caméra, sans musique et sans effets spéciaux, ce film tient tout entier grâce au jeu des acteurs. Isabelle Huppert en mère passionnée est extraordinaire, et les frères Rénier (frères dans la vie et dans le film) sont excellents. Certes le film est parfois un peu maladroit, le procédé technique parait parfois trop systématique, mais l'impression général qui en ressort est celle d'une extrême violence dans la famille et d'un trop plein d'émotions difficiles à exprimer et encore moins à canaliser. A conseiller aux amateurs de névroses familiales (j'aime bien, moi ;-)  ), quant aux autres...

    L'avis d'Amandine

     

  • La maison du retour. - Jean-Paul Kauffmann (Nil, 2007)

    medium_9782841113088.jpgJe fais partie de la génération qui a vu pendant trois longues années l'annonce à la TV du nombre de jours de détention de ceux qu'on appelait "les otages du Liban". Et c'est toujours avec beaucoup d'émotion que je revois l'image de leur arrivée à Paris le 5 mai 1988. Jean-Paul Kauffmann est hagard, amaigri, sans ses lunettes, et surtout sans Michel Seurat mort en captivité. Vous me direz qu'être otage ne fait pas forcément de vous un bon écrivain, mais Kauffmann est quelqu'un qui a un vrai style. On l'a vu dans les très beaux "La chambre noire de Longwood" (le récit de la captivité de Napoléon à Sainte-Hélène) et "L'Arche des Kerguelen". Dans "La maison du retour" il raconte l'origine de cette vocation d'écrivain (au départ il était journaliste).

    Au retour de sa captivité, il ne se sent pas capable de reprendre le cours normal de sa vie à Paris, il a besoin d'une sorte de sas pour réapprendre à vivre. Il décide d'acheter une maison, plutôt dans la région de Bordeaux en bon amateur de vin qu'il est. Mais c'est pour une maison perdue dans les Landes qu'il aura le coup de foudre. Et là, pendant de longs mois il va cohabiter avec les deux ouvriers qui restaurent la batisse, découvrant cette nature landaise un peu sauvage, comme lui. Cette parenthèse lui sera nécessaire pour retrouver la notion de temps, les saisons, la nature qui se met en sommeil puis revit. Pour toute lecture "les Georgiques" de Virgile et pour toute musique, un disque de Haydn. La radio des maçons lui donne quelques nouvelles de l'extérieur.

    J'ai lu ce livre d'une traite, complètement immergée dans cette solitude au milieu des pins, avec quelqu'un à la redécouverte de la vie. L'humour n'est pas absent  de ce récit, au contraire avec les descriptions des deux maçons énigmatiques, de l'agent immobilier insaisissable, de l'architecte pressé et des voisins qui lui donnent des conseils pour son "airial" (clairière enserrée dans une vaste pinède). Dix-huit ans après, il peut enfin revenir sur sa captivité mais sans insister, en choisissant de ne conserver que l'amour de la vie qu'il a retrouvé sans doute un peu grâce à cette maison.

     

  • Deux sans barreur. - Dirk Kurbjuweit (Autrement, 2005)

    medium_9782746706095.gifCe livre est l'histoire d'une amitié inconditionnelle telle qu'on peut en connaître à l'adolescence. "La nuit où la fille tomba du ciel, Ludwig devint mon ami". Le roman commence ainsi. Ludwig et le narrateur se sont trouvés, comme on dit, et ne se sont pas quittés entre douze et dix-huit ans. L'école, les loisirs, le téléphone, c'est l'âge où on se dit tout et où on a beaucoup à se dire ! Et comme sport, ils en choisissent un qui nécessite d'être complètement en communion avec l'autre, l'aviron deux sans barreur, c'est-à-dire que les deux rameurs doivent avancer à la même cadence exactement et effectuer en même temps les manoeuvres. Leur défi pendant toutes ces années : battre des jumeaux qui pratiquent ce sport. Mais Ludwig a une sensibilité exacerbée, il est toujours celui qui propose de nouveaux défis, tente de nouvelles expériences. Rien n'est jamais acquis pour lui, il faut toujours aller plus loin. Le ton du récit annonce que cette histoire n'aura pas de happy end....

    Ce petit livre est vraiment magnifique. Le style sobre nous fait entrer au plus profond de cette histoire et des sentiments du narrateur. C'est le type même du "roman d'apprentissage" qui présente la lente transformation d'un enfant en adulte par le passage de cette période passionnée et douloureuse de l'adolescence. Le personnage de Ludwig qui nous apparaît toujours à travers le récit du narrateur est complexe, ardent, et son amitié pour le narrateur n'est pas sans ambiguité. Le narrateur au contraire parait entrainé par Ludwig, il est fasciné par lui mais lui cache quand même des éléments importants de sa vie (ses relations avec sa soeur notamment). L'absence totale de références géographiques ou temporelles en font, de plus, une histoire vraiment universelle. Vraiment ce récit est un coup de coeur pour moi. Je sais que InColdBlog l'a aussi a-do-ré (je cite). C'est vraiment un petit bijou à découvrir.

  • Ne touchez pas la hache (réalisé par Jacques Rivette, avec Jeanne Balibar, Guillaume Depardieu, Bulle Ogier, Michel Piccoli...)

    medium_18727077.jpgTiré de la nouvelle de Balzac "La Duchesse de Langeais", ce film, très fidèle, au texte, décortique les atermoiements amoureux entre une homme et une femme.

    Armand de Montriveau, général bonapartiste, tombe follement amoureux de la duchesse de Langeais, coquette parisienne. Celle-ci le fait languir, souffle le chaud et le froid, bref ne se donne jamais à lui. Montriveau décide alors de l'ignorer et de se venger. Ce n'est que là, sentant le général lui échapper, que la duchesse va se dévoiler.

    Le film débute cinq ans plus tard, dans le couvent d'une île espagnole...

    Ceux qui ont lu la nouvelle de Balzac connaissent à la fois l'histoire et le talent de l'écrivain pour exprimer précisément les tourments des âmes amoureuses. Rivette rend magnifiquement cette atmosphère en prenant son temps, en proposant bien sûr des décors magnifiques et bien éclairés, et surtout en dirigeant magistralement l'excellent Guillaume Depardieu (parfait dans ce rôle) et l'étonnante Jeanne Balibar. Certes le rythme est lent mais il s'accorde avec le temps du désir qui n'est pas le même selon qu'il s'agit de celui du fougueux général ou celui de la coquette duchesse. Vraiment j'ai trouvé ce film magnifique, il dure plus de deux heures mais je serai volontiers restée encore avec ces personnages balzaciens que, c'est vrai, j'aime particulièrement !