Voilà un très joli petit livre au beau papier ivoire avec des illustrations sepia de Tardi, dans la collection "Carnets littéraires" de l'Estuaire, éditeur belge. Rencontre d'un auteur et d'un dessinateur sur un thème qui, d'un commun accord, devait être parisien et, je cite, "un peu glauque" !
Marc, la trentaine, mène une vie rangée et méthodique dans un pavillon de la banlieue parisienne. Licencié, il se retrouve un peu par hasard convoyeur de fonds mais continue à mener sa vie sans surprise. Mais un jour le drame se produit, ils sont braqués. Ses deux compagnons meurent brûlés dans le fourgon tandis que lui, blessé, fracturé, meurtri mais vivant, développe le "syndrôme du survivant" : pourquoi sont-ils morts, pourquoi a-t-il survécu ? Et commence la descente vers la dépression, le manque d'argent, la déchéance. Un jour par hasard il rencontre un serrurier qui dépanne les gens à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Quel drôle de métier. Pas de patron. Pas d'horaire précis. Est-ce que ça ne pourrait pas l'occuper et lui faire oublier les idées qui lui trottent dans la tête ?.....
Comme d'habitude chez Benacquista, ses personnages à un moment donné ont une rupture dans leur vie et cette rupture sera l'occasion d'un nouveau départ. Les situations sont difficiles, l'atmosphère très noire, mais on s'attache à ce personnage et on continue en se demandant comment Benacquista va réussir à faire expier à son héros son sentiment de culpabilité... C'est vrai que je suis une inconditionnelle de Benacquista, donc j'ai un a-priori favorable pour ses textes. Celui-là, animé par le dessin de Tardi, est parisien et glauque en diable, mais j'aime beaucoup !