Bong-gu et sa mère débarquent à Séoul en plein hiver. Le père de Bong-gu est parti à la capitale pour trouver du travail mais il ne donne plus de nouvelles. Dans cette grande ville hostile, l'enfant et sa mère rencontrent un homme âgé et une petite fille qui essaient de les aider...
Ce petit manhwa (manga coréen), malgré son sujet plutôt noir (la grande ville inhumaine, l'indifférence des gens, la misère) donne une vision optimiste de la vie d'abord par son happy-end, ensuite grâce à son dessin vraiment ravissant. Tout est en couleurs pastels et ces bleus et roses associés au blanc de la neige et au gris de la ville donnent curieusement un univers tout en douceur. A découvrir.
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Jinbé . - Mitsuru Adachi (Tonkam, 2004)
Sur un sujet délicat à traiter, voilà un manga très intéressant. L'histoire : Jinbé, la quarantaine, ancien célèbre gardien de but travaillant maintenant pour un aquarium, a été marié à peine un an avec Rikako avant qu'elle ne meure. Rikako avait une fille, Miku, à laquelle Jinbé s'est attaché comme si c'était sa propre fille. Mais, en grandissant, les relations entre Miku et Jinbé deviennent moins claires. Miku admire Jinbé. Jinbé n'imagine pas sa vie ans Miku. Quand le "vrai père" de Minku réapparaît, les sentiments des uns et des autres se brouillent...
Sans que jamais ce ne soit dit clairement, c'et le thème de l'inceste qui est traité de façon très subtile. Les rapports humains sont complexes et entre l'amour paternel, l'amour filial, et l'amour tout court.... Le dessin, tantôt en noir et blanc, tantôt en couleur, est plutôt naïf, mais ne nous y trompons pas, ce n'est pas un manga pour enfant. Rien de choquant mais le sujet ne les intéressera sans doute pas. -
Rencontre du troisième type..... avec la SF
Allez, on va parler de science-fiction. Oui, je sais, je n'ai même pas de catégorie SF, c'est pour vous dire comme j'en lis souvent ! Mais mardi c'était différent, j'organisais, dans le cadre de mon travail, une journée d'étude sur la science-fiction. Mais attention, pas la science-fiction "Stars wars" avec des robots, des mondes inter-galactiques et Harrison Ford qui passe en vitesse-lumière, mais la science-fiction comme réflexion sur l'évolution de la société humaine. Les problèmes écologiques, la survie de l'espèce, la génétique, le totalitarisme, la consommation,... Voilà autant de thèmes très actuels traités dans un esprit de prospective. Dans ces ouvrages c'est un cri d'alarme qui est poussé par les auteurs afin de mettre en garde les hommes sur les dangers qui nous attendent si nous ne faisons rien (dans pas mal de domaines...). Les grands auteurs du genre : Jean-Pierre Andrevon, Ayerdhal, Pierre Bordage, Philip K Dick, Frank Herbert, Ursula Le Guin, Norman Spinrad. Et bien sûr les classiques : Orwell, Huxley, Jules Verne,...
Pour ceux qui veulent découvrir des ouvrages dans ce genre, je conseille vivement ceux de la collection "Autres mondes" chez Mango. Ils traitent de sujets proches de nous mais qui risquent de devenir dramatiques si nous ne faisons rien. "La loi du plus beau" de Christophe Lambert, par exemple, présente une société où les gens sont classés selon des critères de beauté et c'est précisé dans les annonces . Comment survivre quand on est "mal classés", se révolter ou se soumettre ?
Les auteurs présents, Claude Ecken et Joëlle Wintrebert, proposent aussi des romans très accessibles sur des thèmes très modernes (les médias, la génétiques, ...)
Pour ceux qui voudraient avoir davantage de références bibliographiques, envoyez-moi un mail. -
Rencontre avec Jacques Reda
Hier soir la bibliothèque municipale de Poissy (78) accueillait, dans le cadre de son cycle "Marcheurs des villes et marcheurs des champs", Jacques Reda. Les amateurs de poésie le connaissent comme poète, ceux de jazz comme spécialiste de jazz (il écrit dans "Jazz Magazine" depuis quarante ans) et ceux de récits de voyage l'apprécient comme "écrivain voyageur". Je l'avais entendu dans une interview d'une heure, il y a quelques semaines, sur TSF Jazz (89.9), il parle très bien du jazz, qu'il connait bien, mais il s'en tient aux grands anciens. Pas de salut après Coltrane et Miles Davis. Je connais aussi son côté "marcheur des villes et des champs", notamment dans les quartiers de Paris. Il écrit une prose riche et recherchée, c'est un vrai plaisir de lire ses chroniques (il nous a avoué qu'il ne prenait aucune note, il retranscrit tout assez longtemps après.... au risque d'inventer un peu.... mais qu'importe !). Je dois dire que le personnage ne m'a pourtant pas particulièrement séduit. Il n'a plus rien à prouver et ne s'embarrasse pas d'artifices pour séduire son public. Mais bon, une heure de littérature pure, c'est toujours bon à prendre !
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Michel Portal et le quatuor Ysaye
Beau concert vendredi dernier du quatuor Ysaye accompagné par Michel Portal à la clarinette.
En ouverture, un morceau qui m'émeut toujours profondément, l"Adagio et fugue K546" de Mozart, morceau inachevé qui propose deux mouvements. Dans le second, la reprise du thème successivement par chaque instrument ajoute encore un effet lancinant à ce thème déjà sombre.
Le quintette pour clarinette de Mozart, ensuite, puis celui de Brahms, formaient l'essentiel du programme. Romantisme et mélancolie chez Brahms. Tragique puis allégresse dans l'oeuvre de Mozart écrite à la fin de sa vie et aux accents presque beethovéniens.
En bis, un superbe morceau de Piazzolla, inattendu après cette soirée classique; Mais on sait que Portal a un pied dans le classique et un autre dans le jazz. J'aurai d'ailleurs le plaisir de le revoir cet été au festival de Jazz d'Uzeste aux côtés du maître des lieux, Bernard Lubat ! -
Océan Pacifique. - Hubert Mingarelli (Seuil, 2006)
C'est la première fois que Mingarelli publie des nouvelles, encore que ses romans publiés en collection jeunesse pourraient être qualifiés de nouvelles par leur taille et par leur "unité".
Ici l'auteur nous fait entrer dans trois histoires avec la mer comme toile de fond. Dans la première, trois marins se retrouvent sur un bâteau dans le Pacifique au moment d'un essai nucléaire. Comme tout bon marin (et tout bon héros de Mingarelli...) , ils étaient déjà plutôt silencieux, mais ce nuage atomique les laisse sans voix. Seuls les souvenirs de leur mère au loin leur apportent un peu de réconfort. Le réconfort, voilà également ce qu'apporte le chien Giovanni dans la seconde nouvelle. Pour les marins présents, il symbolise celui auquel on peut parler, et même se confier, sans être ridicule. Et enfin le jeune garçon qui monte sur le toit de sa maison avant de partir, le lendemain, sur un bâteau, cherche à emmagasiner des souvenirs et à être rassuré par un père encore très proche.
On retrouve les thèmes chers à Mingarelli, les relations à deux, les relations père-fils, la solitude enfin, inéluctable, quelques soient les relations tissées avec les autres, avec un style épuré et minimaliste où chaque mot est indispensable. -
Le métier d'homme. - Alexandre Jollien (Seuil, 2002)
Cet homme, handicapé de naissance (Infirme Moteur Cérébral) nous donne ici une belle leçon de vie. Non pas qu'il mette son handicap en avant, il ne prône pas du tout la souffrance comme moyen d'épanouissement, mais il transforme sa faiblesse obligée en une force créatrice. Ce qui lui a permis d'apprivoiser ainsi la souffrance, c'est l'étude de la philosophie. La question est la même pour tout le monde : qu'est-ce qu'être un homme, comment apprendre ce "métier" qui ne s'étudie nulle part ? Lui c'est le stoïcisme qui l'a aidé à comprendre comment donner un sens à sa vie. A la faiblesse, à la souffrance, il oppose la force et le combat. La haine, le ressentiment ou la colère qu'il pourrait éprouver à cause de condition, il les convertit en une singularité qui fait de lui un homme à part entière.
Davantage qu'un livre écrit par handicapé, c'est bien un livre sur la signification de l'existence et il nous touche très personnellement. -
Dans les bois éternels. - Fred Vargas (Viviane Hamy, 2006)
Le Vargas nouveau est arrivé. Alors, est-ce un bon, un très bon, un moyen ? Elle nous a tellement étonnés avec ses polars qui n'en sont pas, ses fantaisies, sa malice et ses personnages imprévisibles, qu'on lui demande beaucoup ! Cette fois c'est un (très) bon (on avait été nombreux à être déçus par "Sous les vents de Neptune"). Adamsberg nous sort un bon vieux meurtre de sous les fagots, probablement commis par une infirmière septuagénaire récidiviste, avec un élixir de longue vie à la clé, à base de cheveux de vierge morte, d'os de coeur de cerf et de bave de serpent (j'exagère à peine). Ajoutez à cela une querelle enfantine qui a mal tourné et qui met face à face, quarante ans après, Adamsberg et le nouveau, Veyrenc, qui s'exprime en alexandrin quand l'heure est grave. Oui franchement on a bien notre Vargas des meilleurs jours, on est surpris et charmés par ses trouvailles, et c'est çà qu'on aime chez elle !