Voilà une nouvelle collection dirigée par Jean-Bernard Pouy et dans laquelle on va retrouver toute l'équipe du Poulpe. En prenant ce livre, je m'attendais d'ailleurs à retrouver un peu ce ton au second degré sur des sujets graves.
Ici le sujet est grave mais le ton aussi. A Barbès, Sara, jeune Congolaise, vient à Paris pour essayer de réussir dans le peinture et le dessin. Bien sûr, comme elle n'a pas de papier, elle a dû recourir aux passeurs et doit rembourser le billet et les faux papiers. Une seule solution, la prostitution. Mais elle veut s'en sortir, Sara, et elle s'en sortira peut-être, mais à quel prix....Pour l'aider, Tramson, éducateur de rue, qui aide comme il peut les paumés du quartier.
On retrouve le ton de Marc Villard, entre poésie et noirceur. C'est la réalité qui l'intéresse, même si c'est parfois insoutenable. Ici il montre bien, même si on le savait déjà, que prostitution et sans-papier est synonyme d'enfer !
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Le petit bleu de la côte ouest . - Manchette / Tardi (Les Humanoïdes associés, 2005)
Bon, il fait décidément trop chaud pour lire autre chose que des bandes dessinées ou des livres jeunesse ! Et puis je ne l'avais pas encore vue, celle-là... pourtant Manchette et Tardi ça aurait du m'attirer l'oeil !
Je trouve que les univers de ces deux auteurs vont bien ensemble. On est habitués au beau graphisme noir et blanc de Tardi, à ses personnages croqués simplement mais de façon très suggestive, à ses atmosphères "noires", c'est le cas de le dire. Et Manchette qui vient nous raconter une histoire incroyable : alors qu'il roule, Gerfaut voit une voiture en percuter une autre. A l'intérieur, un blessé grave; Il l'emmène à l'hôpital. Quelques jours plus tard, c'est lui qui est poursuivi et que l'on essaie de tuer. Son départ au bord de la mer n'y fera rien, son retour en cachette à Paris non plus. Deux tueurs essaient implacablement de le tuer. Et commence une folle poursuite, une planque au fond des montages, de nouveau la poursuite.
On lit cette bande dessinée d'une traite, suspendu aux traits de Tardi qui nous livre l'essentiel de Manchette grace à ses évocations précises. Mieux qu'un polar : un polar en BD ! -
La Tentation : Carnet de voyage au Pakistan . - Renaud De Heyn (T 1, 2, 3) (La Cinquième couche, 2004)
C'est d'abord la couverture du Tome 2 qui m'a attirée, ce dessin rouge chatoyant d'un tapis oriental. Tiens, un carnet de voyage, j'aime bien. Mêlé à de la bande dessinée, comme Le Photographe de Guibert !
Ici l'auteur fait un voyage au Pakistan en 1996 et essaie, par ses rencontres avec les habitants, de mieux comprendre l'Islam. L'Islam, une religion de fanatiques ? Pas toujours bien sûr, ses discussions avec les Pakistanais le prouvent. Il a même la tentation de se convertir !
Visiblement inspiré par les carnets de Delacroix au Maroc, Renaud De Heyn mêle d'une très belle façon récit illustré, bande dessinée et aquarelles aux magnifiques couleurs. -
Lapoigne à la Foire du Trône. - Thierry Jonquet (Folio junior, 2006)
Thierry Jonquet fait partie des "polardeux" français que j'adore et dont je lis à peu près tout, aussi bien en adulte qu'en jeunesse. Ici il s'agit d'un petit polar pour adolescent où l'on retrouve la verve et l'humour de l'auteur.
Le héros, Lapoigne, est un clochard sympathique au grand coeur. Pour débarrasser son amie la mère Muzard qui a des explosifs dans sa cave, il emprunte la camionnette d'un copain qui tient un stand à la Foire du Trône. Mais en chemin il percute une automobile qui contient une jeune fille ligotée ! Pas question de livrer cette histoire à la police qui ne croirait pas ses déclarations, il va s'occuper lui-même (avec quelques amis) de cette embrouille !
Le style est truculent, les personnages attachants. Bref ça plaira aux jeunes et je le conseille aussi aux parents au passage !
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Haunted heart. - Renée Fleming (Decca, 2006)
Je l'avoue, j'ai un faible pour les voix, j'aime le jazz et j'aime l'opéra. Donc quand une artiste lyrique vient s'essayer au jazz, j'ai toujours une oreille qui traîne. Mais ce n'est pas toujours gagné, je me souviens de Barbara Hendrix qui s'était essayée à chanter Duke Ellington et ça paraissait vraiment artificiel. Jessie Norman aussi, avec sa voix immense, paraissait déplacée dans le jazz.
Chez Renée Fleming, que l'on connaît surtout comme interprète des lieder de Richard Strauss et de Schubert, c'est différent. En écoutant une interview, j'ai appris qu'elle avait appris à chanter en faisant du jazz et du lyrique et que c'était presque du hasard si elle avait plutôt opté pour le lyrique. Ca s'entend car dans ce disque, où elle mélange d'ailleurs standards de jazz, mélodies de John Lennon et de Joni Mitchell, et adaptations de Berg, elle a vraiment la tessiture adaptée pour interpréter tous ces standards. Sa voix prend par moment des accents de chanteuse de soul et c'est un plaisir de l'écouter reprendre "When did you leave heaven", avec la guitare de Bill Frisell qui l'accompagne presque dans tous les morceaux. A écouter en boucle le soir, au frais, avec son chéri.....
http://www.virginmega.fr/Musique/StreamPreviewUrl/Album/101190088.wmx
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Nothing serious. - Roy Hargrove (verve, 2006)
Roy Hargrove a été découvert par Wynton Marsalis. Après avoir joué avec les plus grands, il met sa trompette au service d'un jazz plutôt latin ou funky. Pourtant je le découvre vraiment avec cet album qui propose un jazz très traditionnel avec des ballades sensuelles et des mélodies qui vous restent dans la tête. Essayez avec celle qui porte le nom de l'album, vous verrez....
http://www.virginmega.fr/Musique/StreamPreviewUrl/Album/101304375.wmx -
Insoupçonnable. - Tanguy Viel (Minuit, 2006)
Insoupçonnables sont les relations entre le narrateur et Lise. Amants, ils deviennent frère et soeur le temps du mariage de Lise avec Henri, riche commissaire-priseur. Mais frères, Henri et Edouard le sont aussi. Et les deux fratries vont s'observer attentivement. Quand Lise et le narrateur organisent le faux enlèvement de Lise, avec demande de rançon à Henri, cette affaire tourne mal. Seul Edouard peut-être sait que....
Décrit comme çà, c'est un thriller. En fait on a presque l'impression de lire un scénario avec ce petit roman édité chez Minuit. Ecrit à la première personne, il tourne et retourne les sentiments du narrateur, ses doutes, ses atermoiements, tout cela dans une langue très originale qui tord la syntaxe, comme sont souvent tordus les fils de nos pensées.
C'est le premier livre de Tanguy Viel que je lis et j'ai bien envie d'aller jeter un oeil sur le précédent qui vient de sortir en poche, "L'absolue perfection du crime". -
Une enfance intouchable : la condition des hors-castes en Inde. - Balwant Singh et Philippe Godard (Syros, coll J'accuse, 2006)
La collection J'accuse, chez Syros, propose aux adolescents un témoignage suivi d'un petit dossier documentaire. Ont déjà été traités les réfugiés politiques, les enfants au travail, les mutilations sexuelles,....
Ici l'auteur raconte son enfance. Né dans une caste d'intouchable (ou "hors-caste"), il a toujours difficilement supporté d'être mis à part et mal considéré par les autres castes, alors que l'acceptation de sa caste est évidente pour la majorité des gens. Malgré tous les freins dus à son statut d'intouchable (ne pas toucher les autres, ne pas manger en même temps qu'eux, etc..), il a réussi à poursuivre des études, est devenu avocat dans le domaine social et aide à lutter contre le système des castes.
Ce témoignage est sobre et efficace. Il présente bien la situation des intouchables en Inde et fera découvrir aux adolescents mais aussi aux adultes la réalité du système des castes dans ce pays. -
BlogAnniversaire
Comme Clarabel, mon blog a un an ! En fait c'est elle qui m'a donné l'idée de me lancer. On se côtoyait (on se côtoie toujours d'ailleurs) sur Zazieweb, quand je l'ai vue créer son blog. Au bout de quelques jours, j'étais convaincue ! Ca n'avait pas l'air si difficile, et puis ça avait l'air amusant. La suite, on la connait ! Le plaisir de faire partager mes lectures et mes rencontres avec des auteurs, mes coups de coeur en musique (là je ne suis pas tellement régulière, mais comme j'écoute beaucoup de musiques, jazz et classique, je n'ai pas toujours le temps de faire des posts!). Et la surprise d'avoir des messages d'auteurs. Et les liens qui se nouent avec d'autres blogonautes (Cuné, Allie, Menon, Tatiana, Amandine, Clarabel bien sûr, et mes amis Philippe et Myriade). Je vais sur d'autres blogs mais ceux-là j'y vais tous les jours (oui, je sais Cuné, comme moi ils ne font pas forcément des mises à jour quotidiennes... mais bon, nobody is perfect !). Je faisais déjà des commentaires de lectures que je mettais sur mon site http://perso.orange.fr/cathe/ , donc ça ne me change pas beaucoup, sauf que c'est beaucoup, beaucoup plus simple de mettre à jour un blog plutôt qu'un site ! (adieu Frontpage, HTML, ...). Allez, on repart pour une année !
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Cinq matins de trop. - Kenneth Cook (Autrement, 2006)
Si vous aimez les histoires charmantes, les bons sentiments et les happy ends, passez votre chemin. Dans ce livre s'exhalent des parfums de jeu, d'alcool et de sang. Avec quelques pâles rayons d'espoir toutefois.
Grant est instituteur dans le fond du désert surchauffé d'Australie. Aussi, quand les grandes vacances arrivent, il prend le car pour Bundanyabba, petite ville surchauffée et poussiéreuse, avant de rejoindre Sydney par avion. A "Yabba", le semblant de vie tourne autour des bars et de la salle de jeu. C'est tentant pour Grant d'y passer la soirée et d'y jouer ses maigres économies. Au jeu, c'est bien connu, on gagne, on gagne, .... jusqu'à ce qu'on perde tout ! Mais à Yabba, la solidarité existe (c'est le rayon d'espoir). On propose, tout le monde propose à Grant des verres de bierre. Un repas, et de la bierre. L'hospitalité, et de la bierre. Le massacre des kangourous, et de la bierre. Dans un dernier sursaut, Grant essaie de se sortir de cet enfer et de rejoindre Sydney avec un chauffeur routier...
Ce livre se lit comme un thriller, d'une traite jusqu'à la fin. Les situations violentes dans lesquelles se retrouve le héros sont d'autant plus difficiles à supporter qu'elles sont proposées de bonne foi par les autochtones et qu'elles contribuent à l'initiation de Grant à la "vraie vie".
Je me disais que c'était un livre très cinématographique mais j'ai lu qu'il avait été adapté au cinéma sous le titre Outback (Le réveil de la terreur).
L'auteur, écrivain australien célèbre, l'a écrit en 1961 et il est mort en 1987.