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  • L'affaire du voile. - Pétillon (Albin Michel, 2006)

    Notre inspecteur favori (rappelez vous qu'il a réussi à retrouver un homme dans le maquis corse...) a cette fois une enquête délicate : il doit retrouver une ravissante jeune fille blonde qui a quitté ses parents. De source sûre, elle aurait pris le voile.... Pour la retrouver il doit donc infiltrer discrètement (on lui fait confiance...) les boutiques de vente de voiles et tchadors, les mosquées et autres écoles coraniques.
    Pétillon s'en donne à coeur joie en faisant jouer le naïf à son héros, un peu perdu dans le monde des intégristes islamiques et dans les querelles de chapelles (c'est le cas de le dire) des différentes mosquées ! Il n'est pas trop méchant quand même (après l'histoire des caricatures, on fait attention) mais il épingle bien les exagérations et les contradictions (pour un oeil européen) de l'Islam.
    A noter le très pratique tapis de prière avec GPS...

  • Le très corruptible mandarin. - Qiu Xiaolong (Liana Levi, 2006)

    C'est toujours un plaisir de retrouver les romans policiers de Qiu Xiaolong. Le Shanghaï contemporain n'en finit pas nous réserver des surprises à nous autres occidentaux. La modernisation ultra-rapide de la ville n'empêche pas la coexistence, souvent détonnante, avec les coutumes plus anciennes et c'est toujours surprenant à découvrir.
    Les intrigues des romans de Qiu se ressemblent toujours un peu. Il s'agit toujours de dénoncer les dérives qu'apportent inévitablement l'occidentalisation de la ville. Corruption, passe-droits, faveurs, ... comment les éviter ? Et même Chen, l'inspecteur de police héros de cette série, pourtant muni d'une éthique stricte, ne peut éviter de suivre la tendance. La course à l'urbanisation, notamment, concerne tout le monde, aussi bien les politiques qui donnent les autorisations, les financiers qui investissent, et les habitants qui cherchent à se loger.
    Davantage qu'un polar, c'est un témoignage de Shanghaï aujourd'hui et de la formidable mutation de la ville. Et l'omniprésence de la poésie chinoise (Chen est aussi poète) donne au récit une légèreté bien agréable.

  • Hommage à Jacques Lacarrière

    La semaine dernière la bibliothèque municipale de Poissy (Yvelines) proposait une soirée d'hommage à Jacques Lacarrière (décédé en 2005) pour inaugurer un cycle intitulé "Marcheurs des villes et marcheurs des champs". La soirée était placée sous le signe de la poésie et de la littérature. Gil Jouanard (écrivain, auteur de "Moments donnés", "Venise",...) animait la rencontre. L’amitié entre Jacques Lacarrière et Gil Jouanard date des premières Rencontres Poétiques de La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, créées par ce dernier. Leur relation n’a cessé de s’enrichir et de se renforcer au long des multiples voyages et randonnées effectuées ensemble. Les deux écrivains voyageurs avaient beaucoup à partager.
    Gil Jouanard était accompagné de Zéno Bianu (poète, dramaturge et traducteur) et de Luis Mizon (poète argentin). La présence de Sylvia Lipa Lacarrière (femme de Jacques Lacarrière), comédienne, était particulièrement émouvante. Elle a notamment lu un certain nombre de textes tirés du recueil "Sourates" de Jacques Lacarrière.

    La prochaine rencontre de ce cycle aura lieu le jeudi 15 juin avec Jacques Réda, poète, "marcheur de Paris" et amateur de jazz (il écrit dans "Jazz Magazine")

  • L'Or de Cajamalca. - Jakob Wassermann (L'Ecole des Loisirs, coll Medium, 1990)

    Ce livre est édité en collection jeunesse, mais il pourrait tout aussi bien être chez un éditeur pour adulte. En effet, d'une part l'histoire est celle d'un épisode véridique de l'arrivée des Espagnols au Pérou au XVIè siècle, d'autre part le style est superbe, précis, le vocabulaire riche et évocateur. L'auteur, un allemand mort en 1934, a eu à souffrir de l'antisémitisme. Il était considéré par Thomas Mann comme un des grands romanciers du XXè siècle.

    Dans ce récit, les Espagnols, pour assouvir leur soif d'or, ont l'idée de faire prisonnier le "Grand Inca", Atahualpa, pour l'échanger contre de l'or. Les Incas ne comprennent pas cette fièvre qui s'empare des Européens dès que de l'or est en jeu. Alors que ceux-ci devraient être des êtres modérés qui apportent la civilisation (et aussi le catholicisme), ils se comportent comme des Barbares. Les scènes sont vues par un chevalier espagnol qui comprend peu à peu à quel point les moeurs espagnoles sont cruelles. Le pire est atteint quand, bien qu'Atahualpa ait donné tout l'or promis aux Espagnlos, il est tué par ceux-ci. 

    Le style donne à ce récit une profondeur et une universalité étonnantes. Et rappelons-nous que Atahualpa Yupanqui, célèbre chanteur sud-américain, a pris ce nom en hommage au sacrifice du "Grand Inca".

  • Petite philosophie du voyage. - Thierry Tahon (Milan, coll Pause-Philo, 2006)

    Je classe ce livre dans la catégorie "Récit de voyage" mais c'est plutôt une réflexion sur le voyage qu'un récit. En tout cas c'est un livre dont je me suis sentie proche au point d'avoir eu l'impression d'en avoir écrit des phrases entières !!! Il faut dire que l'auteur n'est pas un grand voyageur (comme moi) mais apprécie les récits de voyage et s'interroge beaucoup sur le désir de voyage. Voyager, çà signifie quoi ; que cherche-t-on au loin ; le tourisme, est-ce du voyage, etc...Veut-on partir pour contempler d'autres paysages, mais connait-on bien ceux qui nous entourent ? La préparation du voyage n'est-elle pas l'essentiel, quand l'imagination se met en marche ? Et est-on déçu ou surpris par la réalité de l'ailleurs ? Part-on pour vérifier que l'ailleurs est bien comme on l'imagine ; ou pour être complètement surpris et peut-être même déstabilisé ?
    Les nombreuses références aux grands écrivains voyageurs que sont Nicolas Bouvier, Ella Maillart et Jacques Lacarrière font de ce livre un régal de tous les instants pour ceux qui s'interrogent sur le voyage, le désir de voyage ... et la littérature de voyage.

  • La fourrure de la truite. - Paul Nizon (Actes Sud, 2006)

    Ce Suisse allemand se fait rare, pourtant chacun de ses ouvrages est un petit bijou ("Canto", "Dans la maison les histoires se défont",...)
    L'histoire est toujours mince. Ici le narrateur a hérité de sa tante un petit appartement à Paris. Il hésite à se l'approprier complètement, il le hume, l'apprivoise. Mais son grand plaisir est d'errer dans les rues de Paris et de retrouver dans les bars des sensations perdues, et même, qui sait, un peu d'amour et de désir.
    L'histoire est ténue. C'est le style précis, léger, presque virevoltant, qui donne au récit cette merveilleuse impression d'être une invitation au voyage, un voyage parisien mais surtout intérieur.

  • Les mauvaises gens : une histoire de militants. - Etienne Davodeau (Delcourt, 2005)

    Déjà beaucoup de commentaires sur cette bande dessinée qui a eu le Prix du meilleur album au Festival d'Angoulême 2006, le Prix du Public et celui du Scénario. Dans la région de Cholet, dans les années d'après-guerre, la vie est difficile pour les ouvriers. Les parents de l'auteur vont peu à peu découvrir, grâce au curé et aux JOC, le militantisme. Tout une période défile devant nous et les luttes d'hier nous rappellent que des gens se sont battus pour que nous ayions une vie meilleure.

    J'avais eu un coup de coeur pour "Rural" du même auteur qui inaugurait sa période bande dessinée documentaire. "Les mauvaises gens" est de la même veine. A lire absolument.

  • "Nicolas Bouvier : 22 Hospital Street"

    Arte a passé le week-end dernier ce film mi-fiction, mi-documentaire sur le séjour de Nicolas Bouvier à Sri-Lanka. Ce séjour se situe après son périple de deux ans à travers les Balkans, la Turquie, l'Iran et une partie de l'Asie en 1955. Il était alors tout jeune et venait de réaliser son rêve de partir avec son ami Thierry Vernet. Ce voyage devait profondément le marquer et bouleverser durablement son oeuvre. Très longtemps après il en tirera son chef d'oeuvre "L'usage du monde". Et donc, à la fin de ce périple, il arrive à ce qui s'appelait alors Ceylan, il y reste seul car Thierry y retrouve sa fiancée et repart en Europe. C'est alors qu'il attrape la malaria et d'autres cochonneries et reste plusieurs mois dans un état semi-délirant, attendant désespérément que la saison des pluies s'arrête pour reprendre un avion.

    C'est sa quête existentielle et ses débuts d'écrivain itinérant que retrace "Nicolas Bouvier: 22 hopital street", un documentaire riche en émotions réalisé par Christophe Kühn. Marchant dans les traces de Bouvier, le cinéaste tente de comprendre comment il en est venu à considérer le voyage comme un préalable à la découverte de soi et comme la condition de l'éveil du potentiel de chacun. A voir absolument. Et lire, si on ne l'a pas déjà fait, "Le poisson-scorpion" qui retrace cet épisode.